PCT Day 56 : Forrester Pass

du Mile 775 au Mile 788 (Bullfrog Lake Junction)

Le réveil sonne à 3h30. Ça pique. Cela étant dit la nuit a été tellement froide couchée sur la neige que je suis pas mécontente que ça s’arrête… Le rainfly de ma tente est couvert de givre, le pied de mon sac de couchage aussi. Évidemment, c’est pas le moment de faire sécher quoi que ce soit. C’est juste le moment de tout fourrer dans son sac et d’éventuelles boire un café. Éventuellement parce que si tu laisses ton café 2 minutes sans surveillance, il congèle dans le fond de ton pot comme Lucie va en faire l’expérience… D’ailleurs, y a pas que le café qui est congelé : nos chaussettes et nos chaussures n’ont pas vraiment séché des traversées de rivières de la veille. Mettre ses pieds dans des chaussures congelées à 4h du matin… merci le PCT… Du coup, on se promet que le cammping sur neige, c’était la première et la dernière fois.

On est tous prêts à 4h45, frontales vissées sur le front, et notre petite colonne s’ébranle direction Forrester Pass. On a presque 4 miles d’approche et d’ascension douce avant d’attaquer la paroi et le col à proprement parler. Le soleil se lève pendant l’approche et embrase le ciel. C’est magnifique. On en oublierait presque qu’on est sur le point de franchir un des cols les plus difficiles du trail…

Quand enfin on aperçoit le col dans la paroi, je reconnais aussitôt la chute de glace tout en haut que j’ai vue plein de fois en vidéo et qui me terrifie (mais je fais semblant que tout va bien, évidemment). Avant d’arriver là, il fait d’abord se hisser jusqu’aux lacets taillés dans la paroi. Y a tellement de neige qu’il n’ya plus de trail. On suit simplement les traces, droit dans le pentu, que des hikers passés probablement la veille ont laissées. Ça fait des marches bien profondes qui nous permettent d’arriver jusqu’à un geos tas de rochers qu’il faut escalader avant de reprendre l’ascension. C’est le moment où Emily se met à paniquer entre le vertige, la neige glacée sur laquelle on pourrait glisser à tout moment et les rochers qui roulent sous nos pieds. A nous tous, on l’aide à grimper, tranquillement, un pas après l’autre. Moi non plus je fais pas ma maline mais j’essaye de garder un air impassible et de faire comme si je maîtrisais parfaitement la situation… 

On arrive enfin aux lacets. Là, facile, on enlève les crampons et on déroule. On est à plus de 12000 pieds d’altitude et on est tous à bout de souffle. Et puis, après un dernier virage, elle est là… la chute de glace. Encore une fois, je prétends que j’ai même pas peur, je remets calmement mes crampons, j’accroche mes bâtons à mon sac et j’y vais. Pas trop lentement, pas trop vite. Il y a déjà pas mal de gens qui sont passés là les jours précédents et  les traces sont bien faites. Spider et Josh sont déjà de l’autre côté et nous filment. Après moi, Lucie et Eike passent tranquillement. Puis c’est le tour d’Emily, toujours paniquée mais elle garde son calme et nous rejoint sans jeter le moindre coup d’oeil en contrebas. Enfin, Urs ferme la marche et 5 minutes après, on est tous au col, ravis d’avoir fini cette  ascension et heureux d’être là. On prend des photos, on grignote une barre et puis on entame la descente de l’autre côté parce que comme tout bon col qui se respecte, y a du vent et on commence sérieusement à se refroidir…

La decente n’est pas vraiment mieux que la montée : normalement, si la neige est suffisamment molle, on peut se laisser glisser et gagner rapidement quelques miles. Mais il est encore tôt (on a mis que 3 heures pour grimper) et personne ne veut faire de la luge sur pente verglacée. Moi encore moins que les autres parce que mes exploits de la veille m’ont laissé le coccyx endolori…

Alors on descend doucement, nos crampons bien plantés dans la pente. Doucement mais sûrement on redescend tout ce qu’on a grimpé. Up a mountain, down a mountain… On fait notre pause dej vers 10h30 parce que les émotions ça creuse et qu’on est tous morts de faim.

Le reste de la journée on avance péniblement dans la neige. Là maintenant c’est officiel : la neige et les traversées de rivières, on en a plein le dos. Ça tombe bien puisque demain, on retourne en ville. En attendant, ce soir c’est encore chaussures mouillées et camping dans la neige (pas le choix, y en a partout…) et probablement au dessus d’une rivière gelée par dessus le marché…

Pendant qu’on dîne, on voit soudain s’accumuler les nuages gris foncé sur la montagne juste à côté. Bah manquerait plus que ça, tiens !

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