N’en ferait-on pas un peu trop sur Valpo ?

Après avoir remis les pieds sur le continent bien plus tard que prévu, je n’ai pas eu d’autre choix que de passer la nuit à Santiago. Une drôle de sensation en rentrant dans l’immeuble de l’hostal, le portier qui me reconnaît, le type qui appuie sur les boutons à ta place dans l’ascenseur aussi (oui, c’était très classe comme immeuble), c’était un peu comme rentrer à la maison après les vacances…

La nuit fut courte. Le lendemain matin, je me suis levée aux aurores pour prendre mon premier bus chilien, direction Valparaiso où je dois retrouver mon père venu me rejoindre pour quelques semaines. Prendre un bus chilien après avoir traîné tant de temps dans les bus asiatiques, c’est comme être surclassé en business chez Emirates quand tu as l’habitude de voyager en éco chez Air France… D’abord, à la gare routière, t’as le choix entre une bonne dizaine de compagnies. Et depuis Santiago, il doit bien y avoir un bus toutes les 10 minutes pour Valpo (c’est comme ça qu’on dit quand on fait genre on est un grand voyageur). Et en plus, tu peux même choisir ta place dans le bus. Et en plus, ils mettent une étiquette sur ton sac quand ils le mettent dans la soute pour ne pas le rendre à quelqu’un d’autre « par mégarde ». Et en plus, y a monstre de place pour les jambes. Et en plus, le bus part à l’heure. Et en plus, y a un compteur qui te dit à combien le bus roule et si le chauffeur dépasse les 100km/h, ça sonne. Parce que les bus n’ont pas le droit de rouler à plus de 100km/h. Et en plus, les routes ne sont pas toutes défoncées et t’as l’impression de glisser sur un tapis volant. Bref, c’est le top du top…

Une petite heure et demie plus tard, j’arrive donc à Valpo où mon papa est venu me chercher à la gare routière et m’emmène à l’hostal, la Casa Verde Limon, une jolie maison toute verte (évidemment) perchée dans une des fameuses petites rues de Valparaiso. Parce que c’est pour ça qu’on est venus là. Pour les petites rues en pente, parfois très en pente, les maisons colorées, souvent très colorées, dont les murs sont ornés de street art bariolé, carrément très bariolé. 9 personnes sur 10 qui sont allées à Valparaiso vous chanteront sur tous les tons combien ils sont tombés sous le charme de la ville, de son port entouré de 42 cerros couverts de maisons multicolores donc, de son côté arty, bohème, de ses ruelles entortillées et de ses petites places ombragés et bien sûr, de ses ascensores, ces petits funiculaires qui vous hissent sur les hauteurs de la ville si vous êtes une trop grosse feignasse pour grimper (ou que vous avez acheté 6 packs de lait au supermercado). 9 personnes sur 10. Je suis la dixième. Alors non, j’ai pas détesté Valpo, j’ai juste pas très bien compris pourquoi la ville est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Certes, les maisons sont peintes de couleurs vives et c’est parfois joli, parfois moins joli, le fouillis des petites rues qui grimpent a son charme et il y a bien un bon million de peintures murales parfois drôles, parfois bizarres, parfois très réussies mais clairement, mon p’tit cœur ne s’est pas décroché. Beaucoup de bâtiments sont désaffectés, croulants voire franchement en ruines et puis on fait tout un foin de la maison de Pablo Neruda (pour les incultes, un extrêmement célèbre poète chilien très engagé qui a eu un Prix Nobel de Littérature et qui a été ambassadeur du Chili en France dans les années 70 après s’être présenté puis retiré en faveur d’Allende à l’élection présidentielle de l’année précédente) qui est censée être extraaaaordinaire et que franchement, j’ai trouvé sympa mais pas de quoi tomber par terre. Bref, on s’est quand même baladés toute la journée sous un grand soleil, du marché au sommet des cerros, du port aux grandes avenues, des cementerios à la Sebastiana, on est même tombés sur une manif de journalistes qui râlaient parce qu’ils n’avaient pas été augmentés depuis 14 ans (OK, motif validé) mais même la vue sur la baie et le Pacifique noyés dans la brume (c’est de la brume, hein, bien sûr, c’est pas de la pollution…) n’a pas réussi à nous emballer. Moralité, au lieu de rester 2 jours à Valpo comme initialement prévu, on est partis le lendemain matin, direction La Sereña, 450kms au nord, toujours dans un bus grande classe…

Photos ici.

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