Goa, Goa, Goa… Je sais pas vous, mais moi, quand j’entends Goa je pense plage de sable fin, palmiers, mer turquoise et bons hippies coincés dans les années 70 qui fument des joints en faisant du yoga et en dissertant sur la paix dans le monde. Je peux aussi entendre groupes d’Israéliens fraîchement délivrés du service militaire qui viennent faire la fête et fumer des joints (à tel point que le gouvernement indien pose désormais des restrictions aux visas pour les Israéliens) ou gros Russes ivres morts qui picolent de la vodka dès le petit déj, qui sont tous rouges et qui beuglent jusqu’à 4 heures du mat. L’un n’empêche pas l’autre.
Evidemment, Goa, ce n’est pas que ça. Déjà, Goa, c’est un état, pas une ville. On ne peut donc pas dire : « je vais à Goa ». C’est grammaticalement incorrect (et Dieu sait si on est tatillon sur la grammaire sur ce blog…). C’est donc un tout petit état, certes, mais qui a été colonisé par les Portugais, une exception dans l’Inde britannique, ce qui saute aux yeux tant en terme architectural que culinaire ou musical et qui fait donc son charme et sa particularité.
Et pour ceux qui se posent la question : fumer, c’est mal et la drogue, c’est illégal. Même à Goa. Bon, c’est pas très difficile d’en trouver mais si t’as envie de visiter les cellules des prisons indiennes, ça te regarde, chacun sa vision du tourisme.
Bon, on n’arrive pas comme ça à Goa, genre « youhou ! je débarque, je vais me la couler douce pendant une semaine ». Non. On se tape d’abord 16 heures de bus… Oui madame. 16 heures. Dans un bus sans clim et sans couchette. Parce que les couchettes, ça sert à rien, de toute façon, la route est trop défoncée et le chauffeur est trop indien et qu’avec la clim, il fait trop froid, t’es obligé de sortir un pull de ton sac et ça, c’est no way.
Puis, une fois que tu es arrivé en Goa (puisque c’est comme ça qu’il faut dire) et plus précisément à Mapusa, tu prends encore un petit bus local pour atteindre la plage de tes rêves à Anjuna dit Anjuna-la-hippie, ça tombe bien. Bon, le chauffeur du bus pour Anjuna, il a pas du tout comprendre au concept de « hippie » parce qu’il fait tourner en boucle Justin Bieber à fond les ballons. Après une nuit blanche et à la 17ème heure de trajet, ça m’a valu une belle crise de fou rire avant de chanter avec le chauffeur « Baby, baby, baby, ooooooh ! ». Incredible India !
Après m’être installée dans une petite guest house qui fait aussi resto, salon de beauté, loueur de vélos et cybercafé, je pars donc avec ma serviette sous le bras, fermement décidée à rattraper mon bronzage backpacker ridicule (c’est-à-dire que j’ai les bras et le visage noirs, la marque des tongs sur les pieds et tout le reste d’une pâleur à rendre jaloux un lavabo… mais pas indien le lavabo, hein ? parce que là aussi, ils aiment la faïence flashy).
Première constatation, les touristes occidentaux sont bien là. Rien qu’à la terrasse de la guest house, je trouve un Suisse (trop bizarre d’ailleurs…), 2 racailles québécoises (kromeugnon l’accent québécois sur le langage 9-3), 2 Israéliennes, un couple d’Allemands, un couple d’Anglais, et une Américaine et une Espagnole venue faire un stage de yoga.
En arrivant sur la plage, petit moment de solitude avec ma serviette : y a pas de plage, y a juste une falaise ! Pour la plage, faudra attendre la marée basse… et de toute façon, y a que des rochers. Je marche donc le long de la falaise histoire de choisir le meilleur bar pour le coucher de soleil (c’est pas compliqué, ils s’appellent tous Sunset, ça devrait m’aider…). Les sentiers sont bordés d’échoppes de fringues, de sacs, de tentures et de sandales pour touristes. Les invitations pleuvent : « Come see my shop ! », « No shopping, just looking ! », « Promise you come back tomorrow ! ». Mais ma volonté est inflexible ! Je finis par trouver la plage, une petite bande de sable coincée entre 2 rochers. Là, on se croirait à Saint Trop’ : un très esthétique alignement de bars, musique à fond, et demoiselles rouges fluo en bikini entourées d’Indiens qui font des photos. Occidentales, les demoiselles. Et russes (c’est facile à reconnaître les Russes : ça hurle des trucs qui ont l’air très méchants tout le temps). Les Indiennes se baignent en jeans, elles.
Mais je ne suis pas venue à Anjuna que pour la plage (heureusement…) ! Le mercredi, il y a le « fameux » flea market qui déplace les foules depuis bientôt 3 ou 4 décennies.Bon alors en fait de flea market, ce sont les mêmes échoppes qui se déplacent juste 300 mètres plus loin pour se rassembler sur un terrain vague avec 3 ou 4 vaches… Clairement décevant.
La vérité, c’est que je ne reste pas à Anjuna. Trop de touristes, trop d’échoppes pour touristes tenues par des touristes qui ne sont jamais repartis, trop de d’Indiens qui essayent de t’extorquer quelques roupies… Je descends dans le Midi. A ma connaissance, personne ne rentre chez lui, là-haut dans le brouillard. Conquérir des plages vierges de tout Russe et grignoter du poisson grillé. Ça, c’est la vraie vie.
Photos ici.