Taquile

Ce dimanche matin, on quitte Arequipa de bonne heure. Le bus pour Puno part à 8h. Evidemment, à cette heure-là, c’est le seul moment où on n’est pas harcelé par les taxis dans la rue… On arrive quand même à en dégoter un qui râle un peu quand il comprend qu’il doit charger tous nos sacs mais après lui avoir fait une brillante démonstration de Tetris, il se met à zigzaguer dans les rues et nous dépose à bon port.

Au moment de monter dans le bus, le contrôleur nous fait comprendre qu’il nous manque quelque chose. On n’a pas payé la taxe d’utilisation de la gare… 2 soles par tête ! Il faut donc aller à un autre guichet pour acheter des petits tickets roses. Grrrr… et pourquoi donc n’est-ce pas inclus directement dans le prix du ticket ? J’vous l’demande…

Ce matin, on traverse donc tout le pays d’ouest en est pour rejoindre Puno. On va passer 3 jours au bord du lac Titicaca. A 14h, on arrive à destination. La ville n’a pas beaucoup changé depuis la semaine dernière. On part d’abord se trouver un petit hôtel pas cher bien camouflé entre une boulangerie et un magasin de fringues. Tellement bien camouflé qu’on est les seuls clients. Après avoir vérifié que l’eau de la douche est chaude (… mouais, vite fait), on prend la direction du port. On veut acheter des billets de bateau pour aller passer 2 jours sur Taquile, une jolie île un peu plus loin sur le lac. Rien de plus facile ! Arrivés au port, on rencontre un petit monsieur en costume traditionnel qui tricote. A l’occasion, il paraît qu’il est aussi capitaine de bateau et justement, ça tombe bien, demain, il va sur Taquile. Il nous donne donc rendez-vous le lendemain à 7h45 sur la jetée.

En attendant, la nuit tombe déjà alors on fait quelques courses pour le dîner et pour les prochains jours parce que sur Taquile, tout sera beaucoup plus cher bien sûr. Mais comme la cuisine de notre hôtel n’est pas tout à fait digne de Top Chef, ce soir, on décide de s’offrir un festin de poulet grillé et de frites. Comme on n’a pas tout compris, on a choisi l’option avec soupe au quinoa et Pepsi gratuit… Le tout arrosé de maté de coca bien sûr !

Le lendemain matin, après une nuit plus que fraîche (non, le chauffage n’est toujours pas arrivé à Puno), on est au port à l’heure dite. On embarque pour près de 4 heures de traversée. Mais d’abord, on a le droit à un petit stop sur les îles Uros, des îles flottantes fabriquées par les habitants à l’aide des fameux bambous qui poussent sur le lac. Il y aurait à peu près 75 îles amarrées sur le lac ce qui permet aux touristes de s’étaler… On nous explique alors comment les îles sont fabriquées, comment vivent les gens dessus et qu’il faut regarder où on met les pieds parce que sur les bords, c’est un peu moisi et on pourrait se retrouver dans l’eau plus vite que prévu. C’est très joli et les gens sont très accueillants mais comment faire la part de la réalité et du show monté pour les touristes… ? Au moment de repartir, les femmes s’alignent sur la berge et nous font de grands signes en chantant Bamos a la playa o-ohohoho

Et vers 12h, on arrive enfin sur Taquile. Depuis le ponton jusqu’à la place centrale du village, on entame une petite grimpette qui nous laisse à bout de souffle. C’est qu’on est à 3900m ! Là, on attend que la famille qui doit nous héberger vienne nous chercher. En effet, sur l’île, ce sont les habitants qui décident qui héberge qui, selon une sorte de roulement pour que tout le monde profite de la manne touristique. Nous, on finit chez Pedro. Plus qu’un homestay, sa maison ressemble à une maison d’hôte avec plusieurs chambres réservées aux invités. Le dîner et le petit déjeuner sont inclus mais nous seront servis dans une pièce à part. Pas vraiment d’échange et de partage avec la famille.

En attendant, on décide d’aller explorer l’île. La majorité des touristes ne restant que 2 ou 3 heures sur place, on se retrouve très vite tout seuls. On se baladera toute l’après-midi le long de petits sentiers, effrayant parfois quelques moutons qui se demandent bien ce qu’on fait là. En revenant au village, on aura même droit à un très très beau coucher de soleil sur le lac.

Taquile - Lac Titicaca

Taquile – Lac Titicaca

Mais dès que le soleil est caché, la température se rafraîchit drôlement et on se dépêche de se réfugier devant le feu dans la cuisine de Pedro (où seules les femmes ont le droit d’officier semble-t’il). Ici, même si tout le monde a accès à l’électricité, on n’en abuse pas. Et Mamie est bien contente qu’on l’aide à y voir un peu plus clair pour éplucher ses patates avec nos lampes torches !

Le lendemain matin, après un solide petit déj (t’as déjà gobé un œuf dur au petit déj ?), on se met en tête de grimper au sommet de l’île. Seulement voilà, sans carte ou presque, on a beau essayé de suivre notre instinct, on se retrouve bientôt au niveau de la mer… On arrivera quand même à remonter jusqu’à ce qu’on imagine être des ruines incas mais pour le sommet, faudra repasser. En chemin, on croisera des enfants qui nous offriront de drôles de trucs à manger.

Et puis, on reprend nos affaires chez Pedro et on redescend de l’autre côté de l’île où nous attend le bateau qui nous ramène à Puno. Là encore, la traversée prend près de 4 heures mais peut-être est-ce parce que le capitaine aura du mal à garder son cap et nous fera zigzaguer longuement le long de la côte…

En revenant sur la terre ferme, on craque et on change d’hôtel. Il nous faut une bonne douche chaude et un lit dans lequel on ne va pas grelotter toute la nuit. Je ramène donc tout le monde dans l’hôtel dans lequel j’avais passé la nuit lors de mon premier passage à Puno. Coïncidence, on me redonne la même chambre et le même lit. Mais ô joie, en 10 jours, ils ont eu le temps de changer la robinetterie. Après nous être longuement décrassé sous l’eau brûlante, on sort dîner avec la ferme intention de manger de la trucha (enfin, moi, la trucha…). On se trouve un petit resto très sympa où le serveur, qui doit plutôt être un copain du cuisto qui passait par là, veut absolument qu’on aille visiter le temple de la Fertilité à quelques kilomètres de là. Comme on ne comprend pas bien de quoi il s’agit, il finira par nous montrer des photos fort explicites, nous expliquant que les femmes qui souhaitent tomber enceintes doivent s’assoir sur les symboles phalliques qui parsèment le temple et faire des offrandes d’eau sacrée… La fatigue, l’altitude ou juste nos nerfs qui lâchent, en tout cas, on se paiera une bonne crise de fou rire.

Malheureusement, on n’a pas le temps d’aller voir ce fabuleux temple. Demain, on reprend le bus et on file vers Cusco. La prochaine fois peut-être ?

Photos ici.

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Où l’on fait de vieilles blagues sur le lac Titicaca…

Allez, on se la fait une fois, on rigole un bon coup et après on redevient sérieux, OK ?

« Qui c’est qui va faire un titi caca sur les rives du lac Titicaca ? » … Mouahahahaha ! Pfff… qu’est-ce qu’on s’marre, non mais j’vous jure…

Bon, allons, reprenons. On a donc pris le bus depuis La Paz direction Copacabana. Non, pas le Copacabana où les filles se baladent en string sur le sable et où les gars ne peuvent pas marcher avec les bras le long du corps à cause de leurs triceps hypertrophiés. Le Copacabana où tu ne sors pas sans ton bonnet et où seuls les canards barbotent dans l’eau. Le Copacabana bolivien, au bord du lac Titicaca, un village de 6 000 habitants à 5kms de la frontière péruvienne. C’est notre dernière étape bolivienne.

Pour se rendre à Copacabana, il faut donc prendre le bus pendant 3h30. A un moment, la route passe sur le lac. Et non, y a pas de pont. Il faut prendre un bac. Tout le monde descend donc du bus et grimpe sur un bateau. Et le bus fait pareil. Mais sur un autre bateau. Tout le monde a donc les yeux rivés sur le bus, un peu anxieux de voir le bus (et surtout son sac à dos) arriver à bon port. Puis tout le monde remonte dans le bus et colle son nez à la fenêtre pour admirer le lac. Rien que la route, c’est déjà très très joli.

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Mais c’est pas le tout de faire sa maligne, en fin de journée, je me fais rattraper par un bon petit mal des montagnes. Bah oui, crapahuter dans la capitale la plus haute du monde et venir poser son paquetage sur les rives du lac le plus haut du monde, fallait bien que je finisse par payer toute cette hauteur. Du coup, ma tête pèse plus d’une tonne et la soirée se déroule un peu au ralenti à ingurgiter du maté de coca jusqu’à plus soif.

Le lendemain matin, ma tête a retrouvé son poids normal et on a décidé d’aller visiter l’Isla del Sol. On prend donc un bateau à 8h du matin au bout d’un petit ponton branlant et dans les vapeurs d’essence, on prend le large. Le soleil brille, l’eau s’étend à perte de vue et ondule à peine, la traversée dure près de 2 heures, seuls le vent et la température nous rappellent qu’on n’est pas sur la mer mais bien sur le fameux lac.

En arrivant à l’Isla del Sol, on se fait conduire jusqu’au petit musée qui expose quelques découvertes faites par l’équipe du commandant Cousteau au fond du lac. Là, on doit payer un droit d’entrée pour pouvoir aller se promener sur le sentier qui traverse l’île : 10 bolivianos par tête. Bien, c’était pas prévu mais on peut considérer que ces 10 bolivianos sont un droit d’entrée sur l’île, soit. On part donc à l’assaut des 13kms de crêtes qui traversent l’île d’un bout à l’autre. Les criques sont fabuleuses, les paysages incroyables, c’est magnifique. Chaque côte est une petite épreuve à 3850m d’altitude mais ça vaut la peine. Arrivés au milieu de l’île, on tombe sur 2 gars qui nous barrent la route et nous demandent de payer 15 bolivianos par tête (une fortune, clairement) pour pouvoir continuer notre chemin. Soit disant, le ticket du début ne concerne que la partie nord de l’île, ici, il faut payer pour la moitié sud. Je m’énerve, les traite à moitié de voleurs ce qui ne les fait pas sourciller et puisque tout le monde s’exécute, je finis par faire pareil en râlant. De toute façon, y a pas le choix, on doit atteindre le port au sud de l’île pour reprendre le bateau.

Ce qui devait arriver arriva. A la pointe sud de l’île, un troisième péage nous attend. Là, c’est 5 bolivianos par personne. Trop c’est trop, marre d’être prise pour une pigeonne ! Là, question de principe, je ne paye pas. No mas bolivianos ! Finalement, la petite dame nous laisse passer, en râlant elle aussi. Non pas que j’ai des épines au fond des poches, la question n’est pas là. Mais payer juste pour marcher sur un sentier et se faire racketter 3 fois sous prétexte que l’argent ne va pas dans la poche de la même communauté, faut pas pousser le bouchon Maurice !! D’autant plus qu’aucune agence ni compagnie de bateau qui vous amènent sur l’île ne vous préviennent qu’il faut payer un droit d’accès pour le sentier des crêtes. Pour un peu, ça gâcherait la balade qui pourtant vaut vraiment le coup.

Le lendemain, on traîne dans le village qui est plutôt calme, et on fait un petit tour à la basilique, démesurée, avant de prendre le bus après le déjeuner pour Puno, côté péruvien. En arrivant au poste frontière bolivien, on s’aperçoit qu’il nous manque un petit papier vert qu’on aurait dû avoir en entrant dans le pays. Qu’à cela ne tienne, le douanier nous en fait un antidaté, change de tampon, signe des 2 côtés de la carte et voilà ! on est sortis de Bolivie ! Quelques minutes plus tard, rebelote côté péruvien et hop ! nous voilà entrés au Pérou !

En fin d’après-midi, on arrive donc à Puno, 100 000 habitants, 2 gares routières et des tas de rabatteurs qui vous tombent dessus à peine descendus du bus. Là, on se laisse convaincre par une petite dame qui nous propose un hôtel en plein centre à 40 soles la chambre avec eau chaude (oui, on a encore changé de monnaie, à peine eu le temps de s’habituer aux pièces boliviennes). Eau chaude mais pas chauffage, bien sûr. De toute façon, le chauffage, depuis bientôt un mois que je traîne de ce côté du monde, ça semble être un truc complètement délirant. Y en a nulle part. Pourtant, il fait froid voire très froid. Il neige même parfois. Mais à part moi, visiblement, tout le monde s’en fout. Bref, on s’installe et on passe de longues minutes à s’ébouillanter sous la douche. On va ensuite faire un petit tour dans le centre-ville très animé en ce vendredi soir. Les gens se promènent, mangent des glaces, font des courses, y a plein de vendeurs de rues, ça fourmille. On finit par aller dévorer un steak d’alpaga (pas mauvais du tout) avant de rentrer se glisser sous nos piles de couvertures.

Le lendemain matin on doit se rendre à l’aéroport de Juliaca, à 45kms de là, on a un vol pour Lima. Sur le papier, c’est simple, on doit prendre un colectivo (un taxi minibus) jusqu’à Juliaca et là-bas, prendre un autre colectivo jusqu’à l’aéroport. Pour prendre le colectivo pour Juliaca, faut aller au terminal terrestre (la gare routière). Oui, mais pas celui où on est arrivés hier. Non, le terminal zonal. Heureusement qu’on avait prévu un peu de marge… On finit par trouver le colectivo, on hisse nos sacs sur le toit et là, il faut encore attendre que le minibus soit plein avant de partir. Pas question de rouler à moitié vide !!

Au moment de décoller, on aperçoit une dernière fois le lac Titicaca par le hublot avant de disparaître dans les nuages…

Et 2 heures plus tard, nous voilà à Lima. En bus, le même trajet nous aurait pris plus de 24 heures… On grimpe dans un taxi qui nous amène jusqu’à Miraflores, le quartier riche de Lima, dans lequel on a réservé une auberge de jeunesse. En chemin, on observe la ville à travers les fenêtres. Une autre grande ville d’Amérique latine, grise, bétonnée, bordélique, aux installations électriques brouillonnes et à la circulation dantesque. Et soudain, la mer. L’océan plutôt. Qui déroule des vagues longues de plusieurs dizaines de mètres le long des plages de Miraflores. Et quelques grappes de surfeurs qui regardent l’horizon mais en combinaisons intégrales quand même…

On fait un petit tour dans le quartier et on tombe sur un petit resto de fruits de mer, le Punto Azul, qui nous semble bien sympathique. Il est 16h, pas vraiment l’heure de déjeuner mais le snack de l’avion est déjà loin alors… on se laisse tenter. Et bah, on regrette pas. De loin, le meilleur resto qu’on ait fait. Les portions sont gargantuesques mais surtout, c’est délicieux. On se partage un risotto à l’encre de seiche, aux crevettes et aux coquilles Saint-Jacques… mmmh ! L’assiette est tellement énorme qu’on arrive pas à finir et on aura même le droit d’emporter un petit doggy bag avec nos restes. On finit l’après-midi à se balader et à faire du lèche-vitrine dans le centre commercial qui domine la falaise de Miraflores et d’où on regarde le soleil tomber dans l’océan.

Dimanche matin, il fait gris. On a décidé d’aller visiter le centre du vieux Lima. On a pris le Metropolitana, un bus qui circule sur les grandes artères de la ville dans un couloir réservé et dont on n’a rien compris au plan mais qui nous a amenés à bon port. Pas grand-monde dans les rues, les magasins sont encore fermés, les cafés n’ont pas encore ouverts, on se demande un peu où sont les gens… Et après un grand tour à la Plaza de Armas, on a fini par les retrouver… à la messe ! Nous, on voulait simplement visiter l’église. On pouvait pas rentrer, c’était blindé. Du jamais vu. A la sortie, y avait même des camions de pompiers qui barraient la rue, des danseurs et une troupe de mariachis. Du coup, on s’est dit qu’il allait se passer quelque chose alors on a attendu. On était pas les seuls. La rue a commencé à se remplir jusqu’à ce qu’on se retrouve complètement coincés entre un immeuble et une voiture. Et quand enfin, la messe a été dite, la fanfare a éclaté et on a vu sortir Saint Dominique sur un char. Là, c’est devenu du délire. Les gens applaudissaient, lançaient des confettis, chantaient… et comme par magie, le soleil a fait son apparition. Divine, sûrement.

Comme toutes ces bondieuseries avaient fini par nous creuser, on est retournés manger dans le resto de la veille où cette fois, on a du faire la queue près d’une heure pour avoir une table. Mais encore une fois, on n’a pas regretté.

Et puis, il a fallu que je dise au-revoir à mon papa qui est reparti à Paris et comme tout bon backpacker qui se respecte, je suis allée à la laverie où j’ai passé le reste de l’après-midi à regarder mon linge tourner en observant les Limeños vaquer à leurs occupations.

Le Pérou s’annonce sous les meilleurs auspices, il fait même pas froid.

Photos ici et .