Robert, Ernest, Thomas, Tom et les alligators

Nous voici donc prêts pour le grand départ ! Enfin, le grand départ… appelons plutôt ça un galop d’essai. 3 jours pour faire le tour du sud de la Floride avant de revenir à Pompano.

Notre première étape est Key West. The southernmost point of continental USA. Evidemment, y a plein de choses intéressantes à faire sur la route des Keys. D’abord, y a Robert. Et il est où, Robert ? Et bah… Robert is here ! Here, pour être plus précis, c’est Florida City. A Florida City, soyons honnêtes, y a rien à voir. Mais y a Robert. Et ça doit franchement valoir son pesant de cacahuètes parce que des cars entiers de scouts s’arrêtent devant chez lui. Alors nous aussi.

Bon, en fait, Robert, il vend des fruits. Entiers, en morceaux, en confiture… t’as l’embarras du choix. Et puis, surtout, il fait des smoothies. Dont la réputation n’est plus à faire vu la longueur de la file devant le comptoir ! Ça tombe bien, on est morts de soif (il fait pas loin de 95°…) alors on opte pour un fraise-passion et un key lime. Parce que le key lime, c’est un peu la spécialité de la région. C’est un citron qui est tout petit, vert dehors, blanc dedans et avec un goût qu’on va avoir du mal à définir : « Non, c’est pas comme du citron vert mais c’est pas comme du jaune non plus… ah ! je sais pas ! y a trop de sucre, j’me rends pas compte ! ». Bref, 2 smoothies, 1 mangue et une photo avec Robert plus tard, nous voilà repartis. Direction la ferme d’alligators.

Bah oui, on est quand même dans la région des Everglades ! Je sais pas pour vous mais moi, quand on dit Everglades, mon cerveau se met à jouer le générique des Experts – Miami et je vois des air boats qui fendent les marais à 100 à l’heure en évitant les alligators et Horacio qui enlève ses lunettes en penchant sa tête sur le côté avant de dire… ouais, on sait pas bien ce qu’il va dire mais ce qui est certain, c’est qu’il va coffrer les méchants. Bref, autant dire qu’on est pas là pour cueillir des marguerites mais bien pour se frotter aux longues et sournoises dents (si, des dents aussi ça peut être sournois) de ces jolies bêbêtes… Mais comme on est en saison des pluies (encore ?? oui, encore…) les marais sont hauts et ces messieurs-dames les alligators se planquent assez facilement derrière les hautes herbes. Afin donc de se familiariser avec les bestioles pour mieux les repérer en milieu naturel, on va d’abord voir de quoi il retourne dans une ferme. Là, y en de toutes les tailles, de toutes les sortes (oui, y a plusieurs sortes) mais ils ont tous un point commun… on laisserait pas négligemment traîner sa main de l’autre côté de la clôture. C’est que ça n’a pas l’air bien vif posé là, au soleil, en pleine digestion, sans même battre des paupières. Mais suffit d’un pet de mouche mal placé et hop hop hop ! un grand coup de queue et un claquement de mâchoire plus tard, l’importun a disparu laissant place à un grand sourire plein de dents… A propos de bouches et d’alligators, vous connaissez l’histoire de la grenouille à grande bouche ? Je ne vais pas vous la raconter là mais à l’occasion, pensez à me la demander, je la fais super bien.

Bref, après s’être extasié devant les petits, les moyens et les gros et s’être fait bien peur devant la dépouille de près de 4 mètres d’un vieil alligator de près de 70 ans (c’est que ça vit longtemps ces p’tites bêtes si c’est bien nourri, hein !), passons à l’action. Et nous voilà à embarquer sur un des fameux air boats pour un petit tour sur le marais… Un peu attrape-couillon mais pour un peu, j’aurais cru que c’était Horacio himself qui conduisait le bateau. Et la chasse fut bonne : pas moins de 6 paires d’yeux qui émergent de l’eau suivies de leurs incomparables sourires et une démonstration de glissade sur hautes herbes accompagnée de rinçage complet à l’eau marécageuse… que demander de plus ?

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Mais c’est pas tout, on a de la route à faire et quelle route ! Près de 165kms de route et 42 ponts sur la mer reliant entre elles les îles des Keys… Le paysage est fabuleux et on se dit que ça a dû être un sacré chantier de construire ce ruban d’asphalte… et qu’avant ça, ça devait être une sacrée expédition de se rendre à Key West !

En tout cas, nous, on arrive just on time pour le coucher de soleil. Soi-disant un des must en terme de coucher de soleil. Mouais… certes, c’est pas mal, mais à cette époque de l’année, le soleil se cache juste derrière une petite île plutôt que de s’abîmer dans l’océan alors ça frustre un peu. Une fois le soleil disparu, la foule s’éparpille dans les rues le long du port où s’alignent les bars et les restos qui servent tous les meilleurs fruits de mer du coin : comment faire son choix ? On finit par trancher : ce soir, ce sera dégustation de key lime pie, LA spécialité de Key West.  On se rend donc chez Kermit’s (non, pas la grenouille), réputé faire la meilleure key lime pie du monde. Mais là, même la bouche pleine, toujours aussi difficile de savoir exactement quel est le goût du fameux key lime… trop de sucre, trop de crème fouettée, on reste sur notre faim. Enfin, pas vraiment, on n’en peut plus mais pour le key lime, ça reste un mystère.

Le lendemain matin, place à la culture. Parce qu’à Key West, y a pas que des vieux plein aux as, des kékés qui se la pètent et des gens bizarres qui veulent te tirer les tarots. Non, non, non. Fut un temps, y avait du beau monde… Ernest Hemingway y a passé une bonne dizaine d’années avec sa deuxième femme et ses 60 chats. Non, c’est pas une blague. 60. Et en plus, ces chats ont la particularité d’avoir 6 griffes à chaque patte. « Ont » parce que des chats, y en a toujours plein la baraque. Et pour ceux qui l’ignoreraient, un chat, normalement, ça a 4 griffes à chaque patte. Autant dire que quand il en a 6, il est un peu encombré. Enfin ceux-là, ils ont pas l’air malheureux à se vautrer sur tous les fauteuils et les lits de la maison alors qu’il y a plein de panneaux interdisant aux touristes épuisés de ne serait-ce que penser à poser une fesse sur une chaise…

Enfin pour nous, pas trop le temps de traîner. Il faut refaire toute la route dans l’autre sens puis traverser tous les marais jusqu’à Fort Myers. En route, on s’arrête quand même dans la Shark Valley qui fait partie du parc national des Everglades. Comme son nom l’indique, ici, y a pas l’ombre d’un requin mais plutôt un bon paquet de nos amis les alligators… Cette fois, c’est à bord d’un petit bus qu’on longe le marais. L’eau est à moins de 30cms, frisson garanti quand les hautes herbes se mettent à trembler  à notre approche ! Mais aujourd’hui, la chasse est moins fructueuse : on n’aperçoit « que » 3 bébés d’à peine 50cms de long. Par contre, on est gâtés côté oiseaux. De très grands hérons et des tas d’aigrettes de toutes les couleurs chassent en cette fin d’après-midi et surveillent le marais depuis le sommet des bosquets. Et pas l’ombre d’un moustique à l’horizon alors qu’on nous avait promis un massacre dans les règles !

En quittant la Shark Valley, notre œil affûté repère une masse sombre le long de la route. Un alligator a du essayer de faire du stop. Ça a foiré.

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Au matin du 3ème jour de notre périple, on continue notre tournée des grands hommes. Aujourd’hui au programme, les résidences d’hiver des Messieurs Edison et Ford qui étaient non seulement amis mais voisins. Ces 2 grands inventeurs avaient établi leurs quartiers d’hiver à Fort Myers parce qu’au début du siècle dernier déjà, on savait qu’il valait mieux passer l’hiver en Floride que dans le Montana (quoique je doute qu’ils aient jamais mis les pieds dans le Montana mais bon…). Du coup, ils se sont fait bâtir de charmants bungalows le long de la rivière et Edison, entre l’invention de l’ampoule et du phonographe, a mené tout un tas de recherches sur le caoutchouc pour que son pote Ford puisse fabriquer à grande échelle des pneus pour ses bagnoles. Il est pas trop sympa, cet Edison ?

Tant qu’on est dans le coin, on va ensuite faire un petit tour à la Six Mile Cypress Slough Reserve. On se dit qu’il est temps qu’on chasse l’alligator par nous-mêmes. Mais visiblement, on n’est pas encore suffisamment entraînés. On a beau fixer les marais à s’en crever les yeux en essayant de ne pas se liquéfier sous le cagnard, on n’y trouve que des tortues. Et un petit lézard tout rouge. Mais on ne se laisse pas abattre pour autant ! On file à Naples (oui, Naples) où on s’empiffre de frites de patate douce accompagnées, bien sûr, de nos premiers burgers. Et pas n’importe quels burgers ! Les burgers de chez Brooks Gourmet Burgers. Sur la carte, y a même un doughnut burger, un burger entre 2 doughnuts… mais on n’ose pas. C’est tout juste s’il ne faut pas nous rouler pour ressortir. Pourtant, on trouve encore le courage (si, c’est du courage !) d’avaler une petite (toute petite !) glace après avoir bavé sur la vitrine pleine de pommes au sucre et de fudge de chez Kilwin’s. Ah, le fudge… je sais pas avec quoi c’est fait mais à la 4ème bouchée, je pense qu’on est bon pour un triple pontage !

Avant de reprendre la route, on fait tout de même un petit tour sur la plage. Des kilomètres de sable blanc que viennent lécher les vagues du Golfe du Mexique… L’air est brûlant, le sable est brûlant, l’eau est plus que chaude, on se demande bien comment font les gens étalés sur leurs serviettes pour ne pas tirer la langue… Le temps de remonter en voiture et un énorme orage éclate faisant s’abattre des trombes d’eau jute derrière nous ! Des éclairs zèbrent le ciel, le tonnerre roule au-dessus de nos têtes… impressionnant ! Mais on est déjà loin. On file vers Pompano où nous attendent la piscine et un bon dîner entre amis. Demain, on repart pour de nouvelles aventures…

Photos ici.

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Maillami baby !!

Ce matin, le réveil sonne à 5h30. Non pas parce que j’ai un avion à prendre (quoique si, mais mon avion est à 12h30, pas la peine de s’énerver…). Non pas parce que c’est le réveil du voisin qui me jette hors de mon lit. Non. Simplement parce qu’à 6h, y a une coupure d’eau dans toute la ville et que si tu veux prendre une douche et te laver les cheveux, bah… c’est maintenant. Du coup, à 6h, je me retrouve prête pour le petit-déj sauf que, pas de bol, le petit déj, c’est pas avant 7h… Bon, de toute façon, aujourd’hui va être une journée consacrée à l’attente et à l’ennui donc autant s’y mettre tout de suite !

Parce que oui, au programme aujourd’hui, un vol pour Miami et de très longues heures à poireauter. Avant, après, pendant… on ne compte plus. Mais tout ça dans un but précis et ô combien exaltant ! Parce que ce soir, à Miami, je récupère mon frère et ma mère, je les embarque dans la voiture (oui, on a loué une voiture) et c’est parti pour presque 3 semaines à travers le sud-est des Etats-Unis ! Yeehaa !!

Alors pourquoi aller en Floride me direz-vous ? C’est vrai, c’est plein de retraités, de moustiques, d’alligators, j’en passe et des meilleurs, il y fait une chaleur à crever (particulièrement au mois d’août) et Maillami est la capitale du bling-bling… sur le papier, ça ne remplit pas tout à fait tous les critères auxquels je vous ai habitués. Mais justement, il était temps de voir quelque chose de différent. Et puis, ce côté des Etats-Unis, j’y ai jamais mis les pieds, c’était l’occasion. Alors adios Costa Rica, hello USA !

Mais avant de nous embarquer pour un road trip sur les chapeaux de roues (c’est bien le problème avec les gens « en vacances »… ils n’ont jamais que 3 semaines devant eux, pas de le temps de traînasser), on va profiter quelques jours de l’hospitalité d’amis de ma mère qui ont un appartement à Pompano Beach. Rarement entendu un nom de ville qui sonne plus soleil, plage et minettes en bikini et pourtant… c’est plutôt le Wisteria Lane de Maillami. A part un soupçon d’alligator qui rôde autour de la piscine, rien ne vient troubler la tranquillité de ce petit patelin. On y passe donc quelques jours histoire de se remettre du décalage horaire pour les uns, de faire un peu de lessive pour les autres et d’organiser un peu notre périple. On commencera doucement avec une petite balade le long de l’océan à Fort Lauderdale et un bon resto dans la marina à Lighthouse Point, puis on accélèrera franchement le rythme avec une grosse journée dans la fameuse Maillami, à arpenter la ville le nez en l’air pour admirer les buildings art déco (tout n’est pas moche à Maillami, loin de là et c’est plutôt une bonne surprise) tout en essayant de ne pas fondre sur place (quoi ? il fait 90 degrés ! c’est pas moi qui invente, c’est marqué partout !).  Et puis bien sûr, une fois qu’on aura bien mal aux pieds, on ira s’étaler sur le sable de South Beach (oui la South Beach de Maillami Beach), là où les mecs bodybuildés au point qu’ils ne peuvent plus marcher avec les bras le long du corps partagent le sable avec des minettes tatouées de la tête aux pieds et quelques familles suréquipées (parasol, chaises avec porte-gobelet, glacière… rien ne manque) et où l’océan est si chaud qu’on a du mal à croire que c’est bien l’Atlantique. L’Atlantique mes amis ! Une première dans le AL’s World Tour ! Cela étant dit, après une journée à crapahuter dans la fournaise, la baignade est loin d’être désagréable. Et pour finir notre journée en beauté, on ira s’offrir quelques bonnes tranches de bœuf chez Fogo de Chao, une steakhouse brésilienne qui ferait bien d’ouvrir une succursale à Paris

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Et déjà, il est temps de reprendre la route. Le sud de la Floride nous attend. Parce que de la faune extraordinaire du coin, nous, pour l’instant on n’a vu que la jeunesse dorée qui roule en Hummer limousine rose, les basses faisant vibrer le trottoir et une coupe pleine de bulles à la main. Alors certes, c’est déconcertant mais ça manque d’un petit « je ne sais quoi » comme ils disent par ici…

Photos ici.