Seattle

Au beau milieu de la nuit, je suis réveillée par quelqu’un qui tambourine à ma porte. Ça devait bien arriver un jour… « Cannon Beach Police Departement ! » Et m*** !  Je pourrais bien faire la morte mais… j’ouvre mon rideau et ma portière et je prends mon air le plus courtois possible… « Oui ? C’est pour quoi ? »

Bon, bah en fait, on n’a pas le droit de camper dans les limites de la ville. Et Flipper n’étant pas extrêmement discret tout seul sur son parking, Monsieur le Shérif nous a grillés… Cela étant dit, Monsieur le Shérif est assez sympa : après avoir vérifié mes papiers, il m’indique où je peux aller me garer sans me faire enquiquiner. Je me déplace donc de quelques kilomètres et je me rendors…

Le lendemain matin, je m’offre une petite balade matinale le long de la plage. C’est qu’en plus d’un gigantesque troupeau de mouettes, de gros cailloux comme tombés de nulle part parsèment la plage. Il fait beau, le soleil et les nuages créent un joli tableau, y a juste l’eau de ce foutu océan qui est toujours aussi froide… Et je réalise qu’en fait, c’est la dernière fois que j’y mets mes pieds dans cet océan ! Parce que finalement, j’ai décidé d’aller directement à Seattle et de quitter donc cette côte que je suis depuis près de 2000 kilomètres…

Mais avant de retrouver la civilisation, je traîne encore un peu en chemin le temps de faire une lessive et d’admirer l’embouchure de la Columbia River avec son pont de 7kms séparant l’Oregon du Washington.

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Et puis, doucement (à pas plus de 90km/h) mais donc sûrement, je continue la route jusqu’à arriver en fin d’après-midi dans la grande Seattle. LA capitale du Nord. LA ville qui a vu naître Nirvana, Starbucks, Boeing, Microsoft et Meredith Grey. LA ville de la coolitude quoi ! Bon, il paraîtrait que parfois, Seattle est aussi surnommée Rain City… mais ça, c’est pour ceux qui ont pas la foi…

Moi, j’ai la foi. Et j’ai la technique éprouvée, testée et approuvée du Park & Ride. Je me gare donc en plein milieu de la pampa banlieue dans une magnifique tour de béton et je saute dans un bus direction downtown. Bon, Seattle, c’est visiblement plus grand que Portland parce que pour rejoindre le centre-ville, faut bien compter 40 minutes… Mais peu importe, me voici en plein cœur de la ville à déambuler au p’tit bonheur la chance entre les buildings.

Au p’tit bonheur la chance… pas tout à fait quand même. Je sais ce que je cherche. Parce qu’en plus de tout ce que j’ai déjà nommé plus haut, Seattle, c’est aussi la ville du World’s Best Mac & Cheese… Etant donné que c’est devenu mon nouveau hit meal du moment, je pouvais pas louper ça ! J’atterris donc chez Beecher’s qui se targue de proposer cette merveille. Bon, faut dire qu’ils y mettent les moyens : ils font eux-mêmes leur fromage et pour te le prouver, ils ont vitré tout leur labo de production et tu peux observer les employés se mettre les doigts dans le nez et regarder le lait cailler pendant que t’as des fils de cheddar qui te tombent du menton. La classe.

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« Et alors ? » me direz-vous, « C’était comment ? ». Bah, c’était pas mal. Y avait la bonne quantité de fromage, ce qu’il fallait d’épices mais les pâtes étaient vraiment trop cuites… genre bouillie-colle. Alors pour les World’s Best… faudra repasser…  c’est le désappointement.

Après ce premier petit tour de repérage, je rentre me faufiler discrètement dans Flipper. C’est qu’encore une fois, le squattage de parking est moyennement pas du tout toléré…

Le lendemain matin, après une nuit bercée par les claquements de portières, les klaxons des gens qui vérifient qu’ils ont bien fermé leurs portes (oui, si tu rappuies sur le bouton alors que les portes sont déjà fermées, ça klaxonne…) et les types qui viennent chercher leur voiture en chantant à tue-tête (non mais chut-euh ! y  des gens qui dorment ici…), je repars à l’assaut de la ville.

Je commence par faire un petit tour au marché. Mais attention, pas n’importe quel marché, LE marché. Le Pike Place Market. Celui où les poissonniers se balancent des saumons à la tête, où les queues de homard font la taille de ma cuisse et où les touristes chinois font des photos des tas de pommes ! C’est bien sympa en tout cas, ça grouille, ça crie, ça se lance donc de gros poissons en chantant et c’est aussi là qu’a ouvert le first Starbucks ever… A voir la foule des gens qui se pressent pour y commander un cappuccino, on comprend mieux pourquoi ici, ils en ont mis à chaque coin de rue sans exception…

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Je reprends mes déambulations avec la ferme intention de trouver ce qui fait le charme de cette ville. On me l’a tellement vendue… Trop sûrement. En fait, elle est immense, étalée sur des kilomètres et traversée par des ponts, des lacs, des tunnels… un vrai chantier ! Mais honnêtement, la ville n’est pas belle. D’abord y a ce port… j’ai bien compris qu’il était énorme et de la première importance mais faut-il vraiment que toutes ces installations soient grises et moches ? Et puis, faut-il vraiment que l’autoroute passe en plein milieu de la ville ? Y aurait pas vaguement eu moyen de l’enterrer ? Non… y a de l’eau partout, les tunnels, ça doit pas être bien pratique. Bon, bah on aurait pu la faire passer un peu plus loin, je sais pas moi ! Bon, y a bien la Space Needle (oui, la grande tour en forme de soucoupe volante qu’on voit partout et qui ne contient… rien) qui essaye de rattraper le coup mais bon… La Space Needle, c’est un peu la Tour Eiffel de Seattle. C’est même carrément la Tour Eiffel de Seattle. Elle a été construite en 1962 pour l’Exposition Universelle et depuis, elle est restée là. Et comme pour la Tour Eiffel, les touristes font la queue pour grimper dessus. Sauf que c’est bizarre, au moment où je me pointe, y a personne… Et la gentille petite dame du guichet m’informe très simplement que cet après-midi, c’est fermé. Ah oui ? Et pourquoi donc ? Bah parce que y a quelqu’un qui a décidé de se faire une petite sauterie privée là-haut ! Très bien, le destin l’aura voulu, je n’y grimperai donc pas. De toute façon, à 17$ l’entrée, je me tâtais un peu alors…

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Je me rabats donc  sur l’EMP, l’Experience Music Project. Un musée un peu spécial consacrée à la musique en général et au rock en particulier. Avec bien sûr, une attention toute particulière dédiée à Nirvana, l’enfant chéri du pays. Dans ce musée, c’est rigolo, tu peux jouer à un genre de Guitar Hero, apprendre à scratcher comme un vrai DJ, donner un concert devant un public virtuel, bref, tu t’amuses comme un petit fou. Et puis quand même, par moment, tu te recueilles…

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… devant LA guitare de Jimmy Hendrix, celle sur laquelle il a joué à Woodstock. Ou encore devant un vieux pull tout moche porté par Kurt Cobain… des fois, l’émotion te prend à la gorge ! (je rigole, hein…)

Et puis, pour une fois que je suis en pleine civilisation, j’en profite, je vais au ciné. La fille qui vend les billets me conseille un bon gros blockbuster avec des immortels qui trucident des zombies (enfin… si j’ai bien compris) mais je préfère aller me décerveler bêtement devant une bonne comédie à happy end. We’re the Millers, ça s’appelle. Je me gondole, pas autant que mes voisins de derrière mais presque et je rentre raconter l’histoire à Flipper.

Après une nouvelle nuit dans mon parking (oui, celui-là, on pouvait y rester 48 heures, je rentabilise), il est temps de déménager. Faut pas abuser de l’hospitalité, c’est pas bien. De bon matin, je traverse donc la ville pour aller me réfugier dans un autre Park & Ride mais en banlieue nord cette fois. Evidemment, je tombe dans les bouchons et en plus, je mets un temps fou à trouver l’arrêt de bus censé être à proximité. Mais en fin de matinée, me revoilà au cœur de l’action. Je laisse mes poumons quelques part sur une colline pour trouver LE point de vue des clichés fond d’écran qui me feront soupirer à fendre l’âme dans quelques mois (au Kerry Park pour ceux que ça intéresse) et puis je redescends m’empiffrer de doughnuts (quoi ? j’ai éliminé par anticipation !).

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Et puis, comme décidément, je ne suis pas conquise par cette ville (non, je veux dire, Seattle, c’est sympa mais ça tient pas 2 secondes la comparaison avec New York ou San Francisco !), je décide de profiter du reste de l’après-midi pour aller barboter à la piscine… et oui, faut que je me lave les cheveux ! Sauf que comme par hasard, la piscine n’ouvre au public qu’à 18h et moi, je vais pas poireauter là d’autant plus que ce soir, j’ai 2 heures de route à faire avant d’aller me coucher. Parce que ça y est, la côte ouest c’est fini. Demain, si les vents sont favorables, je rejoins le dernier pays de cette aventure. Demain, je vais au Canada.

Photos ici.