Facilo l’espagnolo !

C’est ce que tout le monde m’a dit quand j’exprimais de vagues craintes sur ma capacité à communiquer avec les gens de ce côté-ci du monde alors que lors de ma longue scolarité, je n’avais jamais mis les pieds dans un cours d’espagnol.

Facilo, facilo, peut-être, mais en attendant, je me disais qu’avec mon anglais à son meilleur niveau, j’arriverai bien à me débrouiller. C’était sans compter qu’ici, c’est comme en Chine, les gens qui parlent anglais, ça se compte sur les doigts de la main. Il a donc bien fallu s’y mettre.

Et de façon surprenante, en 5 semaines, je me suis pas si mal débrouillée. A force de tendre l’oreille, j’ai fini par comprendre presque tout ce qu’on me disait (en même temps, je fais mes courses au marché, j’envoie pas des missiles nucléaires en orbite), j’ai appris à compter (très utile quand tu veux pas te faire arnaquer par le premier chauffeur de taxi qui klaxonne) et je sais demander mon chemin. Certes, c’est un bon début mais ça reste un peu frustrant quand j’essaye de creuser un peu la discussion. Du coup, j’ai donc décidé de m’y mettre sérieusement. J’ai donc signé pour une semaine intensive sur les bancs de la Amauta Spanish School : 4 heures de cours collectif le matin et 1 heure de cours individuel en fin de journée. Entre les deux… bah ! je fais la sieste , qu’est-ce que vous croyez ?

Et là, j’ai enfin compris ce que tout le monde disait. Effectivement, quand on parle français, l’espagnolo, c’est pas bien difficile. A 2 ou 3 exceptions près, un « o » ou un « a » bien placé et le tour est joué ! Bien sûr, c’est pas non plus aussi simple que ça. Ça se saurait. Mais mes nouveaux co-détenus camarades de classe sont, pour la majorité, anglophones et ils galèrent bien plus que moi.

Le côté poil à gratter, c’est que je me retrouve avec des devoirs. Des devoirs ! Moi ! La fille dont la religion lui interdit depuis 6 ans de travailler le week-end ! Dire que je m’inflige ça de ma propre volonté… un comble ! Mais après une semaine, j’ai tout de même multiplié mon vocabulaire par 100 et je suis capable d’avoir une vraie conversation avec la fille de l’hôtel qui me donne mon petit déj tous les matins. Et ça, ça fait plaisir.

Alors, vamos, reste plus qu’à mettre tout ça en pratique. Ce qui ne devrait pas être très compliqué vu qu’il me reste encore un peu plus de 6 semaines en Espagnolie (quoi ? on dit bien la Francophonie !).

Hasta luego muchachos !


Photos ici.

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Vacances à Cuzco

Il me reste maintenant 2 semaines à tuer avant de m’envoler pour l’Equateur. Et pourquoi donc 2 semaines ? Pourquoi ne pas enchaîner ? Qu’est-ce qu’elle va faire la p’tite dame pendant ces 2 semaines ?

Wow, wow, wow. On se calme. D’abord, c’est pas si simple, les billets d’avion ont déjà été modifiés et si je voulais encore changer, faudrait que je me tranche un bras (oui, le billet tour du monde a aussi ses inconvénients mais j’en reparlerai plus tard). Donc, oui, mon prochain vol n’est que dans 15 jours. Ensuite après 9 mois de voyage à changer de maison tous les 3 jours et tout particulièrement après les 3 dernières semaines avec Gauliard Tour, je suis claquée. Oui, mesdames et messieurs, cla-quée. C’est pas parce que je ne passe pas 8 heures par jour derrière un bureau à répondre aux 120 mails quotidiens de mes clients préférés que j’ai pas le droit d’être fatiguée. La preuve. Alors je fais un break. Pendant 2 semaines, je ne fais… rien. Mais pas question de rien faire à Lima. On y mange bien, certes, tout le monde l’aura compris, mais la ville ne vaut vraiment pas le coup de s’y attarder aussi longtemps. Alors j’ai décidé d’aller passer mes vacances dans une petite ville fort sympathique… Cuzco.

Cette fois, comme j’ai du temps devant moi (et une politique budgétaire à respecter), je prends le bus. Alors, je vous confirme, faut avoir un peu de temps devant soi : le trajet dure 22 heures… Courageuse mais pas téméraire, je me suis quand même payé un billet chez Cruz del Sur, une des compagnies de bus les plus luxueuses du pays. J’ai donc droit à un siège immense, qui s’incline presque complètement, avec un écran perso comme dans l’avion (enfin… pas chez Air Europa, d’accord), des repas servis dans des boites en carton et un steward particulièrement attentionné qui m’offre un labourage massage gratuit des lombaires par coups de genoux. Bref, je ne vois presque pas passer le trajet.

Arrivée à Cuzco, j’ai des projets. Non parce que, c’est pas parce que j’ai dit que j’allais rien faire que je vais rester à végéter pendant 15 jours. J’ai contacté une association qui s’occupe d’enfants en difficulté et je dois donner quelques cours d’anglais et recevoir en échange quelques cours d’espagnol. Ah oui, parce que j’ai aussi décidé qu’il était temps de prendre le taureau par les cornes et de faire en sorte que ce voyage me permette de rajouter une ligne sur mon CV : « Espagnol – niveau baragouinage ». L’association gère aussi une auberge dans laquelle je décide d’établir mon campement. Evidemment, quand j’arrive, on m’explique qu’en fait, en ce moment, c’est vraiment extraordinaire, y a tellement de volontaires qu’ils ne savent plus quoi en faire et du coup, comme moi je ne reste que 10 jours, bah… je vais pas donner de cours. Du coup, pas de cours d’espagnol non plus. 22 heures de bus, ça vous ramollit les nerfs. Ça tombe bien parce que je crois que j’aurais pu m’agacer. Un tout petit peu, mais m’agacer quand même.

Bon, tant pis, je trouverai un autre moyen d’occuper mes journées. Occupons-nous d’abord des contingences matérielles. Je dois commencer par faire un petit tour au marché et au supermarché pour pouvoir me nourrir pendant les prochains jours. Ah oui, finie la grande vie, je vais rentabiliser la cuisine de ma nouvelle maison. A grands coups de pâtes et de riz, certes. J’ai pas postulé à Top Chef non plus. Et puis, je me dis que quand même, tout ça, c’est trop bête, l’idée des cours d’espagnol, ça me plaisait bien alors trouvons une école de langue qui puisse me rendre bilingue en 8 jours ! 48 heures plus tard, c’est chose faite, j’ai signé, la semaine prochaine, estoy una estudiante.

En attendant, je dors, je lis (la médiathèque de l’Alliance Française a tout un tas de bouquins que j’ai pas encore lus), je bois du Yop, je fais copain-copain avec le chien de la maison, je fais chaque jour un petit tour dans la ville et je vais admirer le défilé du jour. Parce que j’ai eu la bonne idée de revenir ici alors que c’est la fête de la ville. Et la fête dure 9 jours pour finir en apothéose le 24 juin par l’IntiRaymi, une fête inca qui célèbre le soleil et le début de la nouvelle année inca. C’est donc un festival de couleurs, de fanfares, de costumes, de chars, de confettis, de ballons, de danses et de gens qui marchent au pas toute la journée. Du délire.

Et la semaine s’écoule ainsi, lentement et sereinement. Demain, je retourne à l’école.

Photos ici.

Cuzco

Après toutes ces marches, on a décidé… qu’on allait pas s’arrêter en si bon chemin ! On décide donc de visiter Cuzco. For the record, Cuzco est à 3400m d’altitude. Mais après tout ce temps à crapahuter à plus de 3000m, c’est tout juste si on s’en rend compte… (enfin… si, on s’en rend compte un peu quand même…)

Il y a fort fort longtemps, Cuzco était la capitale de l’empire inca. L’endroit était hautement symbolique en terme d’astrologie (et les Incas, l’astrologie, ça les connaît) et de mythologie (là aussi, ils sont assez balèzes). Quand les Espagnols sont arrivés sur leurs chevaux, ils ont mis la ville à sac et puis ils ont décidé que c’était bien joli mais c’était pas bien pratique d’avoir une capitale en plein milieu de la montagne. Eux, ils voulaient un port pour pouvoir expédier tout l’or qu’ils piquaient à la mère patrie. Du coup, ils ont déplacé la capitale à Lima. Et Cuzco a doucement mais sûrement sombré dans l’oubli (enfin pas non plus complètement, mais clairement, la ville n’avait plus grande importance). A l’époque, les Espagnols sont passés à côté du Machu Picchu. Difficile à croire mais personne ne leur a dit qu’il y avait peut-être un truc à aller voir de ce côté. Le Machu Picchu, c’est un Allemand, en 1911, guidé par un gamin du coin qui a fini par mettre les pieds dedans. Depuis, les Péruviens ont construit un train et Cuzco est devenue la ville la plus touristique au monde du pays. La différence, c’est que les Cuzqueños (les habitants de Cuzco, hein, pas ceux qui boivent de la Cuzqueña…) sont assez fiers de leurs racines incas et perpétuent un certain nombre de traditions. De même, le patrimoine architectural de la ville est bien protégé et du coup, Cuzco ne ressemble à aucune autre ville péruvienne. C’est plein de petites ruelles pavées en pente à 45° (si, à 45°, quand il pleut, j’ose même pas imaginer comme ça doit glisser), d’escaliers, de places, de placettes et d’églises. Alors là, des églises, y en a par milliers (… ou tout du moins par dizaines) ! Et puis, tout autour, c’est truffé de ruines incas qu’on sait plus ou moins bien ce qu’elles font là. Oui parce que les Incas, ils étaient peut-être très forts en astrologie mais en écriture… c’est une autre histoire. Et ils ont pas laissé de mode d’emploi.

Mais nous, des ruines incas, on vient déjà de s’en farcir un petit bout alors pour commencer, on descend sur la Plaza de Armas avec la ferme intention de visiter les 4 églises (oui, 4, faut ce qui faut) qui bordent la place. En fait, ces églises ont été construites sur les anciens palais des Incas (ah oui parce qu’en fait l’Inca, celui avec un grand « I », c’était le roi des Incas. Les autres… je sais pas comment on les appelait) quand les Espagnols ont décrété que c’en était fini du dieu du soleil et de la lune et que maintenant, fallait faire des courbettes devant un type cloué sur une croix. Notre ami le Lonely nous recommande chaudement de faire le tour de ces églises si particulières qui mêlent la tradition chrétienne espagnole, un peu d’art maure et bon nombre de références aux croyances andines. Bah oui, comme les prêtres n’étaient pas complètement débiles, ils ont bien compris que pour attirer leurs nouveaux fidèles dans leurs églises, il allait falloir s’adapter. Mais pour pouvoir admirer tout ça avec nos petits yeux de touristes, il faut avoir le porte-monnaie bien rempli ! Et oui, ici, faut payer pour rentrer dans les églises. Toutes les églises. Et nous, on est des rapiats pas Crésus. On se dit : « Quitte à en visiter une, autant visiter la cathédrale. A 25 soles l’entrée, ça fait ch*** mais bon, c’est quand même dommage de rien voir du tout. » Et puis, je tente le coup dit « de la carte vitale ». C’est-à-dire que je demande un tarif étudiant pour tout le monde et que je tends ma carte vitale comme justificatif… Et emballé, c’est pesé ! On ne paye plus que 12,5 soles par personne ! Alors oui, je sais, c’est mal, faut pas tricher. Mais franchement, même à Saint Pierre de Rome, ils font pas payer l’entrée et je ne me suis jamais sentie l’âme d’un grand sponsor de l’église… En plus, on a même droit à un audioguide en français qui nous raconte tout plein de choses sur la Señorita Linda, pourquoi y a plein de miroirs partout et comment les Incas ont intégré leurs références à cette nouvelle religion. Ça valait le coup de s’offrir la visite (surtout à moitié prix).

Toutes ces bondieuseries, ça creuse. Alors on file s’assoir dans un petit resto caché dans une ruelle derrière la place après avoir slalomé entre les rabatteurs qui veulent nous faire manger des sushis, de la pizzas et autres burgers. Et là, chez Victor et Victoria, pour la modique somme de 18 soles, on engloutit le menu especial : salade de crudités, chaudron de soupe, truite ou porc à l’ananas et petite part de tarte, le tout arrosé de maté de coca. Faudra nous rouler dehors…

La suite de la journée consiste à digérer déambuler calmement dans la ville, à contempler les murs incas (ah oui, ils étaient aussi très fort en maçonnerie, ils arrivaient à tailler jusqu’à 12 angles presque droits dans une seule pierre), à faire un peu de shopping souvenir et à grimper jusqu’à un Christ Rédempteur illuminé avec le meilleur goût alors que le soleil tombe derrière les montagnes et que le ciel vire au violet…

Le lendemain matin, c’est dimanche. Et le dimanche…on va à la messe. Encore ? Oui… encore… En ce dimanche matin, on aperçoit depuis la terrasse de l’hôtel que la Plaza de Armas est bien animée. Y a des défilés qui passent avec force lever de gambettes, chars, statues de saints portées à bout de bras, fanfares et danseurs. Quand on arrive sur la place, on assiste même au lever des couleurs incas et péruviennes. Le tout avec force armée et police locale. Comme on y comprend rien (bah oui, c’est pour quoi tout ce cirque ?), on commence par demander à un des policiers qui fait la sécurité. Mais entre les coups de feu et les trompettes, on n’entend pas un mot de ce qu’il raconte et on est toujours aussi perplexes.

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Et puis, on demande à une petite dame qui s’est assise sur un banc un peu à l’écart et qui nous offre des quartiers de mandarine et elle, elle nous explique que tous les dimanches, c’est pareil. Y a une école ou une institution qui défile et puis, y a toujours une bonne occasion pour faire prendre l’air aux saints qui décorent les églises. En tout cas, ils font pas les choses à moitié ces Cuzqueños ! Mais comme le spectacle dehors est finalement plus rigolo que le spectacle dedans, et que la messe, faut pas en abuser, on préfère suivre les processions dans les rues plutôt que d’aller se tanner les fesses sur un banc à écouter chanter les enfants de chœur…

A midi, on veut retourner chez Victor et Victoria. Mais c’est le jour du Seigneur… et Victor a décidé que les fourneaux resteraient éteints. Du coup, on se rabat sur une polleria, un resto qui sert surtout du poulet grillé, une grande spécialité péruvienne. Hormis une rencontre imprévue avec un piment qui n’avait pas annoncé son nom, c’est plutôt bon. Et on savoure… parce que notre prochain repas sera servi dans une boîte en carton.

Et oui, parce que cet après-midi, on prend l’avion pour Lima et on enchaîne avec un bus de nuit pour Huaraz. C’est la dernière étape du Gauliard Tour et pas des moindres : on va se mesurer à la Cordillera Blanca…

Photos ici.

Gauliard Tour in Machu Picchu !!

Ce matin, quand on quitte Puno, c’est Gauliard Tour et le club du 3ème âge. Juste pour se donner un aperçu de ce à quoi on pourrait ressembler dans 40 ans, on s’est offert LE trajet en bus pour feignasses. Aujourd’hui, on fait Puno-Cuzco avec la compagnie Inka Express et ça, si c’est pas pour p’tits retraités, j’m’y connais pas !

D’abord, quand on monte dans le bus, y a une hôtesse qui nous offre à boire. Nous, on vient de prendre notre petit déj sur les bancs de la gare routière, on n’est pas vraiment in the mood. Ensuite, on nous compte, on nous recompte et on nous re-recompte pour être sûr qu’il n’y en ait pas un qui se soit perdu aux toilettes (ce qui va être un des grands sujets de la journée). Et puis, il y a le guide. Manuel. Qui parle tellement bien anglais qu’on le comprend mieux en espagnol. Mais surtout, il parle. Beaucoup. Trop.

Aujourd’hui, grâce à Manuel, on va visiter en chemin quelques sites touristiques intéressants le long de la route. Mais comme dans tout voyage organisé, Manuel, il est pas là pour enfiler des perles, tout est minuté. Alors c’est 10 minutes de pause photo par-là, 5 minutes de pause pipi par-ci (très important la pause pipi, Manuel nous en fera faire pas loin de 6 en 10 heures, à croire qu’il pense qu’on ne maîtrise déjà plus nos vessies…) et 20 minutes de pause shopping au beau milieu de nulle part (si on était mauvaise langue on dirait que Manuel, il touche une comm’ sur les achats que font ses touristes). Le tout sans cesser de recompter ses petits (toujours au cas où…). Et à l’heure prévue, on arrive à Cuzco. Là, à la descente du bus, on a 2 objectifs très simples : aller acheter un ticket de bus pour Santa Maria le lendemain et aller à l’hôtel. On négocie avec un taxi pour qu’il nous emmène faire les 2. Et en chemin…

En chemin, notre taxi nous demande si on va au Machu Picchu le lendemain. Perspicace le taxi, vu que tout touriste qui veut aller à Santa Maria est en route pour le Machu Picchu.

Il est temps de faire un petit aparté sur le comment donc va-t-on au Machu Picchu quand on n’est pas milliardaire. Non, parce que si on est milliardaire, c’est facile : on prend le train à Cuzco, ça coûte 70$ l’aller, 70$ le retour et à la descente du train à Aguas Calientes, on remonte aussi sec dans un bus qui nous emmène à l’entrée des ruines où là, on s’arrache un bras on paye son entrée 45€ (à vrai dire non, on a acheté son ticket sur internet à l’avance parce que c’est tellement blindé qu’il est difficile d’acheter son ticket sur place le jour même). Facile.

Quand on n’est pas milliardaire, plusieurs options s’offrent à nous. La première, c’est celle du « Je suis un warrior, je fais tout à pied mais j’ai 10 jours devant moi » : on peut marcher depuis Cuzco comme le faisait nos ancêtres les Incas et les villages étapes sont (dans l’ordre) Ollaytaytambo, Santa Maria, Santa Teresa, Hydroelectrica (qui n’est pas un village mais bien une centrale électrique) et Aguas Calientes. Une variante de cette marche de cinglés est le non moins fameux Inca Trail. Quoi qu’il en soit, faut bien prévoir 4 jours de marche aller, 4 jours de marche retour et 2 jours pour s’en remettre. La deuxième option est celle du « J’ai vraiment pas un rond mais j’ai pas toute la vie devant moi quand même ». Là, faut un peu compter sur la chance et enchaîner les collectivos tout le long du chemin (les étapes sont les mêmes). Sauf qu’à Hydroelectrica, y a pas le choix, faut se mettre à marcher le long des rails jusqu’à Aguas Calientes. C’est super easy, y en a pour 2 heures tout à plat, tout le monde peut le faire. Si tout se passe bien, ça peut se faire sur la journée. Si y a le moindre pépin, comme un glissement de terrain, un camion renversé sur la piste ou un autre truc dans le genre, va falloir envisager de dormir quelque part le long de la route. Là, en comptant un peu sur sa bonne étoile, on peut donc prévoir 1 journée de trajet aller, 1 journée sur place et 1 journée pour le retour. Reste enfin la 3ème option dite celle du « Je ne suis pas complètement fauché non plus et j’ai bien l’intention d’être efficace ». Cette option consiste donc à prendre un minibus directement de Cuzco à Hydroelectrica, puis de marcher le long des rails jusqu’à Aguas Calientes. Le lendemain, après la visite des ruines, même chose en sens inverse et hop ! à 22h, vous êtes de retour à Cuzco (fracassés, le dos et les fesses démolis mais pile poil à l’heure pour prendre une bonne douche et filer au lit). Pour les plus feignants (OK, j’avoue, on s’est laissé convaincre), y a même moyen de prendre le train uniquement sur la portion Aguas CalientesHydroelectrica pour la modique somme de 18$… vous pourrez alors dire que vous avez pris un des trains les plus chers du monde.

Bref, reprenons. Notre taxi s’intéresse donc à nos projets. Nous, évidemment, on confirme : bien sûr qu’on va au Machu Picchu ! Là, il se gare sur le côté de la route et il nous propose de nous trouver le fameux minibus qui va nous emmener direct à Hydroelectrica. Il nous rajoute même la nuit d’hôtel à Aguas Calientes, le dîner, le petit déj, le train pour revenir à Hydroelectrica le lendemain et le retour jusqu’à Cuzco ! Bon, là, on hésite. On avait décidé de se débrouiller par nous-mêmes mais on savait qu’il y avait un risque qu’on n’arrive pas à Aguas Calientes le jour prévu. Or, comme on avait acheté nos billets à l’avance, il fallait vraiment qu’on visite ces foutues ruines le 7. Du coup, après débat, on accepte la proposition du taxi. On négocie quand même le tarif et on s’en sort pour 75$ par personne. Correct mais évidemment, bien loin de ce qu’on pourrait faire en ne prenant que des transports publics. Sauf que là, on est sûrs d’être sur place en temps et en heure. On paye donc tout ça en cash sur la banquette arrière et notre taxi nous dépose à l’hôtel après nous avoir laqué une bise bien sonore et crié un « Hasta mañana ! ».

A Cuzco, on a décidé de s’installer à l’Albergue Municipal. Aucune idée de ce que cet endroit peut bien avoir de municipal mais en tout cas, c’est très propre, très frais (au sens propre du terme… ici non plus, les radiateurs ne sont pas arrivés) et pas cher du tout. Et en plus, ils nous laissent cuire nos pâtes alors qu’il est clairement indiqué que la cuisine est réservée au petit déjeuner. Nous, on trouve ça très bien. Du coup, je me la joue feignasse et j’envoie le reste de Gauliard Tour faire les courses pour le dîner pendant que je tente une mise à jour laborieuse du blog.

Le lendemain matin, notre taxi revient nous chercher pour nous emmener au minibus. On ne comprend pas tout mais il faut qu’on attende que le minibus soit plein pour partir. Et visiblement, c’est pas gagné. Il faut donc qu’on fasse le tour de la ville pour récupérer des touristes à droite à gauche. Il restera quand même une place libre ce qui agacera prodigieusement le patron mais pas le chauffeur qui lui, est stoïque. En attendant on part avec près d’une heure et demie de retard… Le truc, c’est qu’on a 7 heures de route à faire jusqu’à Hydroelectrica. Enfin de route… de route un peu, de piste beaucoup. Dans le minibus, ça s’occupe comme ça peut. Ça dort, ça écoute de la musique, ça chante… Oui, mesdames et messieurs, Gauliard Tour a le bonheur de voyager avec une charmante señorita qui chante en même temps qu’elle écoute son iTruc et qui chante fort et faux qui plus est ! Et là, 7 heures… c’est long. Notre chauffeur a beau conduire extrêmement bien, ça ne raccourcit pas la route pour autant. Et puis on n’a pas vraiment envie qu’il aille beaucoup plus vite parce que la route grimpe d’abord par un col à plus de 4300m d’où on a une vue plus que plongeante sur la vallée et les millions de petits lacets qui y redescendent avant de se transformer en piste qui longe un précipice plutôt vertigineux et nous, on aimerait quand même bien le voir, ce fameux Machu Picchu… C’est donc à 16h qu’on arrive enfin à Hydroelectrica. A peine le temps de sortir du minibus, il se met à pleuvoir des cordes. Il faut dire qu’en plus, on est redescendu à 1800m et qu’à cette altitude, on a l’impression de se retrouver en pleine jungle. On sort donc les capes de pluie et autres et en avant ! On a beau pas trop traîner, on met bien 2 heures à rejoindre Aguas Calientes et  on finit à la frontale. Le dîner étant inclus dans notre package, on déguste une dé-li-cieu-se milanese de pollo (… burp ! le les Milanais doivent se retourner dans leurs tombes…) au resto de l’hôtel. Mais trop c’est trop, on décide de s’offrir un petit dessert pour se remonter le moral. On dégote dans une petite ruelle une crêperie à la déco… plutôt chargée et on se jette sur la mousse au chocolat ! Enfin un truc bon à se mettre sous le palais ! Et puis on rentre se coucher de bonne heure : demain, lever à l’aube pour être parmi les premiers à accéder au Machu Picchu !

Et à 4h40, on est loin d’être les premiers… La queue devant la grille d’accès fait déjà 20 mètres. Quand on sait que quoi qu’il arrive la grille n’ouvre pas avant 5h, on se dit que le spectacle là-haut doit vraiment valoir le coup d’œil. Et à vrai dire, on n’en sait rien. Il se peut que la brume et les nuages couvrent entièrement les ruines et qu’on ne voit rien. C’est déjà arrivé. Mais nous, on est confiants. Et quand les gardes ouvrent enfin les grilles, on se précipite sur le chemin, les frontales vissées sur la tête. En fait, le chemin, c’est juste la piste qu’empruntent les bus (voui, rappelez-vous, y a des feignasses qui montent en bus). Sauf que la piste fait pas moins de 20 lacets et qu’entre les lacets, y a des marches pour les sportifs. Bon, on loupe les 2 premiers départs de marche parce que dans la nuit noire, c’est pas super bien indiqué mais rapidement, on retrouve la colonne de lucioles qui s’essoufflent dans la montée. Parce que c’est bien joli de s’élancer à toute allure dans ces 700 marches dont pas 2 n’ont la même hauteur… encore faut-il tenir la distance ! Et c’est pas peu fiers qu’on dépasse bientôt les groupes qui sont devant nous. On nous avait prédit 2 heures de montée, on arrive au parking en 50 minutes, c’est bon, on est affutés comme jamais (même si on s’est pris une bonne suée…). Et là… désappointement : on n’est pas les premiers. Les grosses feignasses en bus sont déjà là. Heureusement, on ne fait pas la queue bien longtemps et on passe enfin les barrières de contrôle. Là, je tente le « mais si, monsieur, j’ai vraiment besoin de mes bâtons de marche parce que j’ai un genou qui faible, mais alors très très faible » (non, ce n’est pas un mensonge, j’ai vraiment besoin de mes bâtons pour le reste de la grimpette. OK, c’est vrai, mon genou n’a rien…) et j’en rajoute même un peu en boitillant mais le monsieur ne veut rien savoir et m’échange mes bâtons contre un vieux manche à balai. Bon, c’est toujours mieux que rien.

Et on y arrive enfin… Après une dernière volée de marche, le Machu Picchu…

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Le temps de prendre les premières photos sans personne et déjà des tas de petits points colorés se répandent aux 4 coins des ruines. Le soleil n’a pas encore pointé le bout de son nez mais les nuages sont loin et la vue valait bien de se lever avant les poules. Ça y est, je suis devant ma dernière merveille du monde, la check-list est complète, pour un peu, je pourrais rentrer à la maison (je rigole, c’est une blague, je ne raccourcirai pas le voyage pour tout l’or des Incas).

Et puis c’est pas fini. Parce que oui, mesdames et messieurs, on est Gauliard Tour ou on ne l’est pas ! Alors on ne s’arrête pas là. On a prévu de grimper le Huayna Picchu, vous savez, la montagne qui est derrière les ruines sur les cartes postales du monde entier. Et comme ils n’autorisent que 400 cinglés personnes par jour à grimper là-haut, il a fallu qu’on choisisse notre horaire. Et puisque rien ne nous arrête, on a choisi d’y grimper avant 8h. Alors en avant !

Et c’est encore 400 marches de plus, bien raides, bien glissantes, bien jamais de la même hauteur (non mais c’est quoi leur problème aux Incas ? Ils avaient pas les 2 jambes de la même hauteur ou quoi ? c’est si compliqué de tailler des pierres à hauteur régulière ?) et pour finir, un petit tunnel dans lequel il faut se contorsionner avant d’arriver au sommet. Mais de là… quelle vue ! Le soleil se met à éclairer les sommets enneigés aux alentours, quelques tout petits nuages glissent au-dessus des ruines et nous, on mitraille le tout dans tous les sens.

Montage Pérou

Et puis, une fois qu’on s’est rempli les yeux, on attaque la redescente jusqu’aux ruines qu’on va ensuite arpenter de long en large pendant quelques heures. En se débrouillant bien, on glane quelques infos auprès des guides qui inondent maintenant le site. En anglais, en français, en hébreu, y en a pour tous les goûts !

Et puis, en fin de matinée, on redescend jusqu’à Aguas Calientes. Bizarrement, y a plus personne dans les marches de ce matin. Faut dire qu’il fait maintenant pas loin de 25°C et avec l’humidité ambiante, même descendre est un véritable effort ! On a juste le temps de déjeuner avant de monter le train (oui, bon, bah on a déjà bien donné ce matin, on a le droit de se la jouer feignasse nous aussi !). Enfin tout juste parce que le premier resto dans lequel on s’installe n’a visiblement pas l’intention de nous servir avant l’année prochaine et que je me retrouve à finir ma croûte de pizza en courant jusqu’à la gare… où on s’effondre littéralement (si, on peut le dire) dans le train et malgré le toit panoramique (bah oui, c’est pas le train le plus cher au monde pour rien !), on ne verra pas grand-chose du paysage jusqu’à Hydroelectrica.

Au moment de remonter dans le minibus, y a un problème. On est 4, il ne reste que 3 places dans le bus qui a chargé des gens d’autres groupes en nous attendant. Nous, on se fout de savoir dans quel bus on rentre, on veut juste rentrer. Mais visiblement, c’est beaucoup plus compliqué que ça. Après 20 minutes de palabres entre chauffeurs, ils font ressortir un gars de notre bus et nous font grimper dedans. Je me retrouve coincée à l’avant sur une planche de bois entre le chauffeur et Miss Je-Chante-Tout-Fort-Et-Tout-Faux. Je pourrais qualifier ce trajet des 7 pires heures de ma vie (et mes fesses aussi) mais ça serait exagérer un chouilla et chacun sait que ce n’est pas mon genre… Bref, à 22h, on se retrouve à Cuzco où on se rapatrie à l’hôtel manger nos restes de pâtes en frictionnant nos fessiers endoloris avant de s’écrouler (pour de bon cette fois) sous nos piles de couvertures.

Demain, c’est samedi, on fait la grasse mat’ ! (et bah oui, ça change…)

Photos ici.