Bienvenue au paradis

Ce dimanche matin quand je me réveille, c’est presqu’en sifflotant. Aujourd’hui, je prends l’avion pour les Galapagos ! Youhou !

Tranquillement, je boucle mon sac, je prends mon petit déj et je confirme à la réception qu’il faudra appeler un taxi à 9h… l’avion est à 11h30, facile, easy, j’ai le temps. J’ai même tellement le temps qu’à 8h45, je checke mes mails et que comme ça, par hasard et juste parce qu’en fait, je l’ai pas fait la veille, je vérifie l’horaire de mon vol… 9h30. Bien. Ne pas paniquer. Prendre une grande inspiration et… sprinter !!

De toute façon, il n’est juste pas envisageable de rater cet avion alors, peu importe la méthode, va falloir se débrouiller. D’un ton parfaitement calme, je demande donc à la réception d’appeler le taxi illico presto. Oui, j’en ai marre d’attendre, finalement, je vais y aller tout de suite. 7 minutes plus tard, le taxi est devant la porte, et à peine le chauffeur a-t’il ouvert sa portière que j’ai déjà claqué la mienne après avoir balancé mon sac dans le coffre. En voiture Simone ! La première bonne nouvelle c’est qu’on est dimanche matin. Le trafic est quasi nul, les chauffeurs de taxi sud-américain roulent comme des cinglés, en 12 minutes, on est à l’aéroport et il est tout juste 9h.

Je sais pas vous mais moi, on m’a toujours dit qu’il faut y être 2 heures avant à l’aéroport. Alors comme ça, là, tout de suite, on pourrait se dire, ouais bah… c’est mort. Et bah non. Je plonge dans la file d’attente réservée à la business class et je me mets à supplier la fille du guichet de me prendre en priorité puisque mon vol décolle dans 30 minutes. Et là, c’est le drame, elle me répond qu’elle est désolée mais qu’ils ont fermé le check-in pour ce vol… C’était sans compter sur mon pouvoir suraigu de chouinage persuasion : avec quelques larmes au coin de l’œil je lui dis : « Mais… c’est pas possible ! Il faut ab-so-lu-ment que je monte dans cet avion… ». Alors, elle hésite un peu et puis elle finit par dire : « Bon… ok, donnez-moi votre passeport et allez faire sceller votre sac là-bas. Et dépêchez-vous ! ». T’inquiète paupiette, je suis à 2 doigts de lui claquer une bise mais j’ai à peine le temps de jeter mon passeport sur son comptoir et je suis déjà devant le scanner. Ah oui. Parce que pour aller aux Galapagos, y a tout un tas de formalités que normalement tu ne fais pas quand tu prends un vol national. Faut faire scanner ta valise, faut qu’un petit monsieur y attache un petit bout de plastique pour que tu ne puisses rien mettre dedans après qu’il ait tout vérifié et faut que tu fasses la queue à un autre guichet pour payer une taxe de 10 dollars. Clairement, j’ai pas le temps d’aller payer cette foutue taxe. Alors la fille du guichet me dit : « Tant pis, c’est pas grave, vous n’aurez qu’à dire que vous avez perdu le papier en arrivant aux Galapagos et avec un peu de chance, ils vous feront payer là-bas sans vous mettre d’amende. » Pas besoin de me le dire 2 fois, je suis déjà en train de courir vers les portiques de sécurité. Là, je jette mon autre sac dans le tube à rayons X, j’arrache ma ceinture (quelle idée d’avoir mis une ceinture ce matin !), je récupère le tout de l’autre côté du tube et je vole littéralement jusqu’à la porte d’embarquement où les derniers passagers sont en train de faire la queue pour monter dans l’avion. Le cœur qui bat à 130 à l’heure, je tends ma carte d’embarquement au steward qui a du mal à comprendre pourquoi je suis hors d’haleine et qui me laisse passer en me souhaitant un bon vol. Ca y est, je l’ai fait, je vais bien prendre cet avion, je suis l’invinciiiiiiible ! Yeeeehaaaa !

C’est au moment de boucler ma ceinture que je réalise que dans la précipitation, j’ai laissé mon chapeau dans le tube à rayons X… Et m*** ! Il n’est évidemment pas question de ressortir pour aller le récupérer, de toute façon, on roule déjà sur le tarmac… Crotte de biquette ! Certes, je suis dans l’avion mais je viens de faire cadeau d’un splendide panama à 40 dollars à l’agent de la sécurité ! Ça m’apprendra à ne pas vérifier l’heure de mon vol la veille…

Deux heures plus tard, sous les nuages, on devine les côtes des Galapagos. Une pluie de confettis éparpillés au beau milieu de l’océan. Mais plutôt sauvages les confettis. Du genre, un tas de petits volcans pelés et désertiques. Brrr… pas accueillant pour un sou.

J’atterris à San Cristobal, le plus à l’est des 2 aéroports de l’archipel. Le plan est d’aller au port et d’embarquer sur le premier ferry à destination de Santa Cruz (oui, j’aurais pu atterrir directement à Santa Cruz mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?). Mais avant de faire quoi que ce soit, il faut d’abord payer la taxe d’entrée aux Galapagos. 100 dollars. Et en cash, je vous prie. Oui, oui. En plus des 10 dollars qu’il fallait payer à Guayaquil. Mettons qu’il y ait en moyenne 150 passagers par avion et que chacun paye 100 dollars en cash… quel est l’âge du capitaine ? Non mais sans blague, ça fait un paquet de billets qui se promènent, non ?

Bref, toujours est-il que j’ai fini par me retrouver au port (enfin, le mot embarcadère conviendrait mieux) et que là, j’ai réalisé que j’avais beau être dans la capitale de l’archipel, on était dimanche matin et que tout était fermé. Et comble du bizarre, il n’y avait qu’un seul ferry dans la journée et il ne partait pas avant 15h. J’avais donc 4 belles heures devant moi à poireauter sur un banc en esquivant les lions de mer qui venaient se réchauffer sur les pavés. 4 heures, c’est long. Surtout quand il commence à faire faim. J’ai bien pensé à bouffer un iguane qui passait par là mais le problème aux Galapagos, c’est que t’as pas le droit de toucher à un cheveu de la moindre bestiole. Parc national oblige… Et puis le ferry est arrivé (un petit hors-bord, contenance maxi 30 personnes), on est monté dedans (moi et les rares pékins encore vivants en cette belle journée) et on est parti pour Santa Cruz. 2 heures à fond les ballons dans l’océan démonté à se prendre des paquets de mer en pleine face… Gé-nial… Je suis trempée jusqu’à la petite culotte et finalement, heureusement que j’avais rien mangé.

Et enfin, presque 10 heures après avoir quitté précipitamment Guayaquil, j’ai pu poser mon paquetage à l’hôtel à Puerto Ayora, LA ville de Santa Cruz. Et je suis aussitôt ressortie pour 1/ trouver quelque chose à me mettre sous la dent, 2/ commencer la tournée des agences de voyage pour dénicher une petite croisière en lastminute pas cher… Parce que c’est ce qu’on fait ici. Des croisières. Tout simplement parce que sur la quinzaine d’îles de l’archipel, seules 3 sont habitées. Pour aller voir ce qu’il se passe sur les autres, faut donc embarquer à bord d’un des 65 bateaux autorisés à naviguer dans les eaux de l’archipel. Oh ! Et quand je dis « pas cher », j’me comprends… Ici, le moindre hostel est à 20 dollars la nuit (contre 10 sur le continent) et une croisière pas chère veut dire qu’il faut compter environ 130 dollars par jour. Autant dire que les backpackers ne courent pas les rues. Cela étant dit, je finis par trouver une agence qui semble sérieuse et aux tarifs raisonnables mais en ce début de soirée, on n’arrive pas à se mettre d’accord sur l’itinéraire. En voyageant seule, j’ai toutes les chances de pouvoir profiter des annulations de dernière minute et d’obtenir de bons tarifs. Qu’à cela ne tienne, de toute façon, je réfléchis mal l’estomac vide et puis j’ai pas prévu de partir avant 2 jours, j’ai donc le temps.

Le lendemain matin, je retourne à l’agence. Cette fois, le gérant me trouve un itinéraire qui a l’air très intéressant (pleins d’animaux à aller chatouiller, des volcans, des petits poissons et des grosses baleines au menu) et après négociation, je m’en sors pour 900 dollars pour 5 jours / 6 nuits. Oui, je sais, vous avez failli tomber de votre chaise… Figurez-vous que si j’avais réservé cette croisière depuis Quito, j’aurais payé plus du double. C’est ça qui fait tomber de sa chaise… Le hic, c’est que le départ est prévu le soir même et qu’il faut donc que je négocie avec l’hôtel de décaler ma réservation pour la nuit prochaine et que je trouve 900 dollars en cash en moins de 3 heures (non, rien de chez rien ne se paye en carte bleue ici…). Heureusement, la vie est bien faite. Il se trouve que si tu te pointes au guichet de la banque avec ta carte bleue et ton passeport, ils peuvent te donner des montants faramineux en petites coupures… Petites coupures que tu t’empresses d’aller filer à ton agence de voyage et hop ! la boucle est bouclée ! En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, tu t’es soulagé de 900 dollars.

Quand je repasse pour payer, le guide naturaliste de la croisière (obligatoire pour toute excursion dans le parc) est là. Il me dit que puisque je ne fais rien cet après-midi, je n’ai qu’à venir à la visite des hautes terres de Santa Cruz. Et allez, c’est cadeau, c’est gratuit ! Du coup, j’ai à peine le temps de repasser à l’hôtel, de préparer mes affaires, de reporter la nuit déjà réservée à la semaine suivante et de revenir à l’agence pour sauter dans un taxi où m’attend déjà Maya, israélienne et préparateur physique dans l’armée (non, elle rigole pas), une de mes colocs de bateau de la semaine à venir. On nous dit qu’on va aller avec un autre guide et un autre groupe, on comprend pas tout mais on suit. On se retrouve donc avec toute une famille américaine (3 générations, la casquette rivée au front… amaaaazing !) à patauger dans la bouillasse à la recherche de tortues géantes, à ramper six pieds sous terre dans des tunnels de lave et à contempler d’immenses trous sans fond à s’en donner le tournis. En fin d’après-midi, on quitte nos Américains (sooooo nice to meet you !) et on retourne en ville où après avoir récupéré nos sacs, on fait la connaissance du reste de notre groupe et on embarque enfin sur notre yacht… Estrella de Mar qu’il s’appelle. Ca fait rêver, non ? En attendant, on découvre notre nouvelle maison. Plutôt une bonne surprise, les cabines ne sont pas trop microscopiques, la salle à manger est belle et on n’est que 8 alors que le bateau est dimensionné pour 16. On nous explique alors que finalement, on va retourner dîner en ville parce que… parce que quoi, d’ailleurs ? on sait pas, on comprend pas, c’est pas clair, mais en tout cas, on repart donc dans l’autre sens. Et après un festin de riz, de haricots et de poulet, on remonte à bord. L’équipage nous conseille d’avaler des pilules contre le mal de mer. C’est vrai qu’on n’est pas encore en mer et pourtant, le bateau tangue bien comme il faut… Cette nuit, on fait route vers Sombrero Chino, un îlot au sud de l’île de Santiago. C’est donc bercés par la houle et par le ronronnement des moteurs qu’on s’endort tout en s’éloignant de Santa Cruz

estrella de mar

Love…

Exciting and new…

Come aboard…

We’re expecting youuuuuu…

Photos ici.

Guayaquil

Le trajet vers Guayaquil doit être fantastique quand il fait beau. La route serpente à flan de montagnes et dévale les 2500m de dénivelé en plongeant dans des vallées verdoyantes parsemées de petits villages… quand la visibilité est de plus de 2 mètres, ça doit vraiment être spectaculaire. Bon, pas de bol, moi, comme d’habitude, j’avais la tête dans les nuages… Genre noyée dans des paquets de coton. On voyait à peine les voitures qui arrivaient en face ce qui nous a valu quelques jolis coups de frein parce que, bien sûr, c’est pas parce qu’on n’y voit rien que le chauffeur roule plus prudemment que d’habitude… Noooon, pourquoi faire ? En plus, au bruit que font les freins, on peut vraiment avoir toute confiance… Enfin bref ! Dès que le bus arrive dans la plaine, la température remonte de près de 10 degrés et on retrouve la moiteur si agréable des tropiques… ah ! ça faisait longtemps que j’avais pas sué à rien faire !

C’est plutôt rigolo d’arriver à Guayaquil. Le paysage se transforme tout à coup : on passe des petits lacets de montagne aux gigantesques plantations de bananiers. Ça s’étale à perte de vue… impressionnant. Et puis d’un coup, paf ! la ville ! Genre énorme, tentaculaire, grise, polluée… mmmh ! tout ce qu’on aime ! Et finalement, assez dépaysant après avoir passé tout ce temps dans la cambrousse ou dans des villes coloniales à l’architecture un poil plus soignée. Le terminal terrestre (la gare routière quoi !) est énooorme… avec un vrai centre commercial à l’intérieur, pas moins de 20 quais différents, du carrelage partout, des néons… je me sentirais presque perdue, dis donc ! Je retrouve vite mes réflexes : direction la sortie et les taxis. J’ai définitivement renoncé à comprendre comment fonctionnent les bus dans cette partie du monde, y a jamais moyen de savoir où ils vont ! Et puis ils sont systématiquement bondés et après mon sac sur le dos, c’est vite un calvaire. Alors c’est confortablement vautrée sur la banquette d’un taxi que je file vers le centre-ville. Et c’est vraiment en plein centre que j’ai décidé de poser mon paquetage, au Manso Hotel. Situation idéale, prix en parfait accord avec mon budget, insonorisation catastrophique et retour en fanfare des cafards dans la salle de bain mais bon… on est en zone tropicale et puis c’est vraiment des tout petits cafards…

Après une bonne douche, je m’installe sur la terrasse de l’hôtel qui surplombe le Malecon. Le Malecon c’est l’immense promenade des Anglais qui longe la berge du Rio Guayas (qui donne son nom à la ville) sur près de 3kms. Guayaquil est située sur le delta de la rivière et quand on regarde l’horizon, on se croirait plutôt en bord de mer. Cracra la mer. Genre bien boueuse avec des trucs qui flottent dedans mais ça fait quand même bien plaisir. C’est vrai, j’aime bien la montagne toussa toussa mais la mer… c’est pas pareil. Bref, de mon perchoir, j’observe les Guayaquiliens (quoi ? et pourquoi pas ?) qui sortent du bureau et viennent se balader sur le Malecon en ce vendredi soir. Y a toujours une ambiance un peu particulière dans les villes qui ont un front de mer ou de rivière… j’aime bien. Après les avoir bien regardés, je finis par les rejoindre. Le Malecon est ponctué de cafés, restos, jeux pour enfants… y a même un centre commercial où faudrait me payer pour que j’achète quoi que ce soit et dieu sait que ça fait un bout de temps que j’ai pas fait de shopping mais… pourquoi ont-ils aussi mauvais goût ? N’empêche, avec un seul pull et une petite glace à la main, ça aurait bien un petit parfum de vacances tout ça… (oui, je sais, c’est tous les jours les vacances, vous allez pas me le répéter à chaque fois !)

En rentrant à l’hôtel, j’ai le plaisir de découvrir que la salle juste à côté de ma chambre fait office de piste de danse pour un groupe de seniors du coin… Et vas-y que ça tangotte, valsotte et s’écrabouille les pieds jusqu’à pas d’heure !

Le lendemain matin, je pars à la recherche d’un petit déj décent. C’est-à-dire qui ne soit pas à base de maïs, de viande grillée et de tortilla. Bah non, la gastronomie sud-américaine, j’arrive pas à m’y faire… Et là, miracle, je tombe sur un joli café où ils vendent des mini-croissants tout chauds et tout croustillants… que du bonheur ! D’autant plus que 2 pâtés de maison plus loin, je trouve une jugueria (un bar à jus de fruits en quelque sorte) qui fait des jus frais au litre… La journée commence bien !

L’estomac réjoui, je pars me balader dans la ville. Je suis toujours surprise de constater qu’ici, même dans les grandes villes, les boutiques ouvrent rarement avant 10h et les gens ne commencent à bouger qu’après le déjeuner. Je fais donc le tour des églises de la ville (oui, je vais bientôt passer un master en églises sud-américaines, je crois que je commence à avoir un certain niveau), je manque écrabouiller un iguane terrestre qui faisait une pause au beau milieu de l’allée d’un parc (le parc en question est en fait plein d’iguanes terrestres, c’est rigolo, on dirait des dinosaures) et je finis par aller grimper les 444 marches du Cerro Santa Ana pour contempler la ville d’en haut. Clairement, je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée, la moitié de la ville fait la même balade… Mais c’est vraiment joli, toutes ces petites maisons colorées qui couvrent la colline malgré le ciel qui est toujours gris (c’est officiel, le soleil en Equateur c’est une énorme publicité mensongère…).

En fin de journée, les pieds en feu et la gorge desséchée, je finis par me crasher sur la terrasse de l’hôtel. Et après une petite chupe de camarones, encore une fois, je refais mon sac. Parce que demain… je vais où ? Haha ! Demain, je vais… aux GALAPAGOS !!! A moi les îles paradisiaques, la plage, les tortues géantes, les raies mantas et les bébés requins qui jouent dans les vaguelettes ! A moi les petits poissons grillés, les petits poissons crus, les petits poissons frits ! Haha ! Je vois vos têtes d’ici ! Et bah quoi ? Faites un tour du monde ! C’est pas compliqué tout de même !

Photos ici.