Le trajet vers Guayaquil doit être fantastique quand il fait beau. La route serpente à flan de montagnes et dévale les 2500m de dénivelé en plongeant dans des vallées verdoyantes parsemées de petits villages… quand la visibilité est de plus de 2 mètres, ça doit vraiment être spectaculaire. Bon, pas de bol, moi, comme d’habitude, j’avais la tête dans les nuages… Genre noyée dans des paquets de coton. On voyait à peine les voitures qui arrivaient en face ce qui nous a valu quelques jolis coups de frein parce que, bien sûr, c’est pas parce qu’on n’y voit rien que le chauffeur roule plus prudemment que d’habitude… Noooon, pourquoi faire ? En plus, au bruit que font les freins, on peut vraiment avoir toute confiance… Enfin bref ! Dès que le bus arrive dans la plaine, la température remonte de près de 10 degrés et on retrouve la moiteur si agréable des tropiques… ah ! ça faisait longtemps que j’avais pas sué à rien faire !
C’est plutôt rigolo d’arriver à Guayaquil. Le paysage se transforme tout à coup : on passe des petits lacets de montagne aux gigantesques plantations de bananiers. Ça s’étale à perte de vue… impressionnant. Et puis d’un coup, paf ! la ville ! Genre énorme, tentaculaire, grise, polluée… mmmh ! tout ce qu’on aime ! Et finalement, assez dépaysant après avoir passé tout ce temps dans la cambrousse ou dans des villes coloniales à l’architecture un poil plus soignée. Le terminal terrestre (la gare routière quoi !) est énooorme… avec un vrai centre commercial à l’intérieur, pas moins de 20 quais différents, du carrelage partout, des néons… je me sentirais presque perdue, dis donc ! Je retrouve vite mes réflexes : direction la sortie et les taxis. J’ai définitivement renoncé à comprendre comment fonctionnent les bus dans cette partie du monde, y a jamais moyen de savoir où ils vont ! Et puis ils sont systématiquement bondés et après mon sac sur le dos, c’est vite un calvaire. Alors c’est confortablement vautrée sur la banquette d’un taxi que je file vers le centre-ville. Et c’est vraiment en plein centre que j’ai décidé de poser mon paquetage, au Manso Hotel. Situation idéale, prix en parfait accord avec mon budget, insonorisation catastrophique et retour en fanfare des cafards dans la salle de bain mais bon… on est en zone tropicale et puis c’est vraiment des tout petits cafards…
Après une bonne douche, je m’installe sur la terrasse de l’hôtel qui surplombe le Malecon. Le Malecon c’est l’immense promenade des Anglais qui longe la berge du Rio Guayas (qui donne son nom à la ville) sur près de 3kms. Guayaquil est située sur le delta de la rivière et quand on regarde l’horizon, on se croirait plutôt en bord de mer. Cracra la mer. Genre bien boueuse avec des trucs qui flottent dedans mais ça fait quand même bien plaisir. C’est vrai, j’aime bien la montagne toussa toussa mais la mer… c’est pas pareil. Bref, de mon perchoir, j’observe les Guayaquiliens (quoi ? et pourquoi pas ?) qui sortent du bureau et viennent se balader sur le Malecon en ce vendredi soir. Y a toujours une ambiance un peu particulière dans les villes qui ont un front de mer ou de rivière… j’aime bien. Après les avoir bien regardés, je finis par les rejoindre. Le Malecon est ponctué de cafés, restos, jeux pour enfants… y a même un centre commercial où faudrait me payer pour que j’achète quoi que ce soit et dieu sait que ça fait un bout de temps que j’ai pas fait de shopping mais… pourquoi ont-ils aussi mauvais goût ? N’empêche, avec un seul pull et une petite glace à la main, ça aurait bien un petit parfum de vacances tout ça… (oui, je sais, c’est tous les jours les vacances, vous allez pas me le répéter à chaque fois !)
En rentrant à l’hôtel, j’ai le plaisir de découvrir que la salle juste à côté de ma chambre fait office de piste de danse pour un groupe de seniors du coin… Et vas-y que ça tangotte, valsotte et s’écrabouille les pieds jusqu’à pas d’heure !
Le lendemain matin, je pars à la recherche d’un petit déj décent. C’est-à-dire qui ne soit pas à base de maïs, de viande grillée et de tortilla. Bah non, la gastronomie sud-américaine, j’arrive pas à m’y faire… Et là, miracle, je tombe sur un joli café où ils vendent des mini-croissants tout chauds et tout croustillants… que du bonheur ! D’autant plus que 2 pâtés de maison plus loin, je trouve une jugueria (un bar à jus de fruits en quelque sorte) qui fait des jus frais au litre… La journée commence bien !
L’estomac réjoui, je pars me balader dans la ville. Je suis toujours surprise de constater qu’ici, même dans les grandes villes, les boutiques ouvrent rarement avant 10h et les gens ne commencent à bouger qu’après le déjeuner. Je fais donc le tour des églises de la ville (oui, je vais bientôt passer un master en églises sud-américaines, je crois que je commence à avoir un certain niveau), je manque écrabouiller un iguane terrestre qui faisait une pause au beau milieu de l’allée d’un parc (le parc en question est en fait plein d’iguanes terrestres, c’est rigolo, on dirait des dinosaures) et je finis par aller grimper les 444 marches du Cerro Santa Ana pour contempler la ville d’en haut. Clairement, je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée, la moitié de la ville fait la même balade… Mais c’est vraiment joli, toutes ces petites maisons colorées qui couvrent la colline malgré le ciel qui est toujours gris (c’est officiel, le soleil en Equateur c’est une énorme publicité mensongère…).
En fin de journée, les pieds en feu et la gorge desséchée, je finis par me crasher sur la terrasse de l’hôtel. Et après une petite chupe de camarones, encore une fois, je refais mon sac. Parce que demain… je vais où ? Haha ! Demain, je vais… aux GALAPAGOS !!! A moi les îles paradisiaques, la plage, les tortues géantes, les raies mantas et les bébés requins qui jouent dans les vaguelettes ! A moi les petits poissons grillés, les petits poissons crus, les petits poissons frits ! Haha ! Je vois vos têtes d’ici ! Et bah quoi ? Faites un tour du monde ! C’est pas compliqué tout de même !
Photos ici.