Peut-être que je ne fais pas partie de la team ultralight et peut-être que ça va bien se passer…

« Et toi, c’est quoi ton base weight… ? »

Parcourir 4 240 kms avec sa maison sur son dos implique forcément de se poser quelques questions en terme de choix de matériel et d’équipements. Prenons le plus simple : la tente. Est-ce que je veux une tente ? Un simple abri ? Un hammac ? Est-ce que je tente de dormir à la belle étoile et inch’allah ? Bon, moi je choisis la tente. Parce que j’ai peur des ours et qu’une paroi de tente, c’est bien connu, ça empêche les ours de venir te renifler dans le cou au milieu de la nuit. Et puis aussi parce qu’en cas de pluie, je crois que je vais préférer être dans une tente qu’à la belle étoile. Mais la question ne s’arrête pas là, évidemment. Quelle tente ? 1 place ? 2 places ? Autoportante ? Pas autoportante ? Simple paroi ? Double paroi ? Ah non mais je vous le dis, c’est loin d’être simple !! Une fois qu’on a choisi quel type de tente on veut, il faut encore comparer les différentes marques, les différents modèles, les différents matériaux… bref, il y a de quoi y passer des heures carrées. Et on peut faire ça pour la tente mais aussi pour le sac de couchage, la veste de pluie, le réchaud, etc… Et plus le temps passe, plus la liste du matériel s’allonge… Pourtant, le maître mot de toute cette préparation c’est UL-TRA-LIGHT.

En préparant cette nouvelle aventure que va être le PCT, j’ai découvert un monde nouveau. Un monde fait de gens qui traquent le moindre gramme superflu, qui sont même capables de fabriquer eux-mêmes leur matériel, du sac à dos au réchaud en passant par le sac de couchage, et dont la question existentielle est donc… « Et toi, c’est quoi ton base weight… ? ». Ce sont les ultralight.

Faire partie de la team ultralight, c’est utiliser entre autre un nouveau vocabulaire. Le « base weight » par exemple. Traduit littéralement, le « base weight » c’est ton « poids de base ». Et non, en réalité, ce n’est pas le tien mais celui de ton sac. Celui de ton sac avec dedans tout ton matériel mais sans ce qu’on appellera les « consommables » (nourriture, eau, fuel…) et sans les vêtements que tu porteras. Pour être acceptable, ton base weight ne doit pas dépasser 15lbs. Ah oui, parce que du coup, dans la team ultralight, tu oublies le système métrique et tu te mets à compter en pounds, ounces, etc… Toujours est-il que si tu dépasses les 15lbs, t’es foutu, tu n’es plus considéré comme un ultralight. Pour rappel, 15lbs ça fait moins de 7kg. Avoir un sac qui pèse moins de 7kg avec ta tente, ton sac de couchage et des vêtements pour quand il fait froid, quand il pleut, ça demande un peu d’entraînement et surtout d’avoir choisi chaque élément extrêmement soigneusement…

Faire partie de la team utralight c’est donc entrer dans la compét’ du « mon sac est mieux fait que le tien ». Et à l’heure qu’il est, ce qui s’avérait au début être un sujet de curiosité m’agace désormais prodigieusement… C’était rigolo de regarder ce que chacun mettait dans son sac. Quels sont les choix les plus populaires, ce que les thru-hikers des années précédentes recommandaient, ce qu’ils avaient détesté… Seulement, bien que sur le papier, alléger son sac semble aller de soi, il faut savoir qu’en terme d’équipement, les 100 grammes de moins se payent généralement en centaines d’euros supplémentaires. Et tout le monde n’a donc pas les moyens de rejoindre la team ultralight. Pour autant, certains membres de cette team ont une petite tendance à penser qu’ils détiennent LA vérité et que tous ceux qui ne font pas l’effort de vendre leurs 2 reins pour s’offrir le nec plus ultra du matériel ultralight n’ont rien compris à la vie. Quant à leurs chances de finir le PCT, elles sont considérées comme nulles. C’est à se demander comment faisaient les gens qui ont fait le PCT il y a 20 ans quand l’ultralight n’existait pas…

Extraits choisis d’une conversation Facebook avec un fanatique (qu’on appellera Toothbrush Man) :
TB Man : Si tu veux ambitionner de finir il te faut un sac de max 9 kgs base weight.
Moi : Ah oui? tu crois que si mon base weight c’est 10kg je pourrais pas finir? Mon sac pèse déjà 2.15kg alors…
TB Man : Je dirais que quasi impossible, ou alors un chemin de croix. L’année dernière j’ai fait Washington et Oregon Sobo et j’ai vu quasi aucun gros sac. Faut que tu partes avec un petit sac ou que tu investisses dans un ultralight.
Moi : Ah oui? c’est très intéressant. Tu coupes le manche de ta brosse à dents?
TB Man : Oui bien sûr. Le poids de ton sac c’est le plus important.
Moi : Je crois que je peux finir le trail sans être ultralight. Rendez-vous à l’arrivée?
TB Man : Finir sans être ultralight ça relève du gros gros gros challenge, bonne chance !
Moi : Bah je serai ravie de te montrer qu’on peut y arriver ! Bonne chance à toi aussi !
TB Man : On fait tous une tentative de thru-hike, an attempt. J’ai vu personne finir avec un gros sac, c’est bien d’être humble.
Moi : Je pense qu’il faut tenter sa chance et si vraiment je trouve que le sac est un problème, je changerai.
TB Man : Oui
Moi : En attendant, je sais que mon sac est confortable à porter même avec des charges lourdes.
TB Man : Perso j’avais un Osprey de 1.6 kgs et j’ai dû changer, tu verras.
Moi : T’inquiète pas, je te tiendrai au courant !
TB Man : Je te recommande les sacs de chez ULA.
Moi : Tu as quoi comme tente ?
TB Man : Un Go Lite Shangri La, c’est un tarp (un tarp c’est juste une bâche qui sert d’abri, ça n’est pas fermé comme une tente).
Moi : J’imagine que tu considères que prendre une tente c’est n’importe quoi…
TB Man : En partie. Il y a des tentes de 1kg. Au-dessus, je pense que c’est complètement hypothéquer toute chance de finir. La première attempt c’est souvent là où on apprend tout… C’est pour ça que c’est mieux de commencer par une section. Il y a aussi la possibilité de sauter une section.
Moi : Hike your own hike… (c’est un truc qui se dit beaucoup parmi les personnes qui tentent le PCT : chacun vit son expérience à sa façon, pas de « vrais » ou de « faux » PCT)
TB Man : Pour pouvoir finir à temps, beaucoup font ça.
Moi : J’ai entendu parler de beaucoup de gens qui ont fini la première fois qu’ils ont tenté le PCT pourtant.
TB Man : Oui. Après il y a différentes façons de terminer : skipping or not skipping (skipper, c’est sauter une section parce qu’elle est trop difficile par exemple).
Moi : Je pense a beaucoup de gens qui n’ont pas skipper de section. Seulement les fire closures (parfois, une portion de trail est fermée car il y a eu un incendie et il peut être dangereux de passer par là). Et tu fais le PCT en solo?
TB Man : Oui, mais avec toute la community. C’est une vraie famille.
Moi : Et comme dans toutes les familles, y a surement des gens adorables et d’autres qu’on aime moins… L’avantage c’est que la montagne est grande.
TB Man : C’est ça. Moi j’aime marcher à mon rythme, être seul la journée puis retrouver des gens le soir et en ville. Marcher en groupe ça a beaucoup de contraintes mais c’est chouette aussi.

A aucun moment ce pauvre garçon n’a entendu le sarcasme dans mes réponses. Par contre, me dire que je n’avais aucune chance de réussir le PCT parce que j’avais un sac confortable, une tente et aucune intention de couper le manche de ma brosse à dents ne l’a absolument pas perturbé… Une des raisons pour lesquelles j’ai envie de faire le PCT est de rencontrer plein de gens différents, ouverts d’esprit, curieux et bienveillants. Heureusement, la montagne est grande et avec un peu de chance, je ne rencontrerai jamais Toothbrush Man…

Du coup, j’avais finalement considéré l’éventualité de ne pas peser mon sac du tout. Comme ça, quand on m’aurait demandé quel est mon base weight, j’aurais pu répondre : « j’en sais rien, je l’ai pas pesé… »

Hélas, je me suis assise avec une balance et j’ai commencé à peser tout ce que j’avais. Le résultat a été sans appel : adieu team ultralight, mon base weight devrait être aux alentours des 10kg. Je dis bien « devrait » parce qu’arrivé à 7kg, j’ai arrêté de compter… Mais j’ai déjà testé mon matériel, j’en suis très satisfaite et je n’ai aucunement l’intention d’en changer. Au bout du compte, le poids du sac revient à faire un compromis entre budget, expérience et confort.

Et puis qu’est-ce que tout le monde dit déjà ? Ah oui ! HIKE YOUR OWN HIKE, bordel !

Donc bon, je vais avoir un sac un peu lourd. Je vais quand même mettre un pied devant l’autre et marcher chacun de ces 4200 foutus kilomètres. Je vais sentir le poids de chacune des choses que j’emporte à chaque fois que je vais gravir ne serait-ce qu’une colline. Et ça n’en sera que plus gratifiant arrivée au sommet.

« Mais… tu ne vas jamais réussir à garder le rythme avec les autres ! » Tant mieux ! C’est MON aventure, MON PCT. Peut-être que si le soir j’ai envie de mettre mes chaussettes en poil d’opossum toutes douces pour garder mes pieds au chaud après 12 heures de misère, j’ai le droit. J’ai le droit d’emporter un clavier bluetooth pour continuer à écrire sur ce blog et partager mon aventure avec vous. J’ai le droit de ne pas avoir envie de prendre de piolet parce que je ne sais pas m’en servir de toute façon. Et même si mon sac pèse un peu plus lourd que ce que Toothbrush Man considère comme étant la limite acceptable, ça ne veut pas dire que je ne vais pas vivre un truc extraordinaire. Et peut-être que ça veut justement dire que je vais vivre un truc extraordinaire parce que je le vivrai à MA manière.

Alors peut-être que je ne fais pas partie de la team ultralight et peut-être que ça va bien se passer. Très bien se passer même…

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J’ai un rencard…

On est le 24 janvier 2017, je suis à Benghazi. Il est 20h25 et je m’excuse, je sors de table. De toute façon, j’ai pas faim. Et puis je suis attendue. J’ai attendu ce rendez-vous toute la journée. Depuis 8h ce matin, j’y pense. A ce moment précis, il y a près de 2000 hikers connectés sur le site de la Pacific Crest Trail Association. Dans 5 minutes, à 10h30 Pacific Standard Time, soit 20h30 ici, chacun d’entre eux va se mettre à cliquer frénétiquement dans l’espoir de réserver un permis pour la saison 2017.

5… 4… 3… 2… 1… Crash… Le site internet a planté, impossible de charger le formulaire d’inscription. Tachycardie. Actualise, actualise, actualise… Rien à faire, on est bien trop nombreux, c’est planté. Les minutes passent. Mon index droit convulse sur ma petite souris.

Subitement, sur la page Facebook de la PCT Class of 2017, quelqu’un poste un message : « Ca y est ! Je l’ai ! ». Les convulsions redoublent.

Pour doubler mes chances, de ma main gauche, je convulse également sur mon téléphone. Quelques heureux gagnants affichent leur bonheur crânement à la Facebook du monde. Et à 20h53, le miracle se produit. Sur mon téléphone, subitement, après un énième clic, le petit cercle qui tourne sans fin cède la place au formulaire d’inscription. J’en ai le souffle coupé.

Seules 35 personnes peuvent s’inscrire par jour. Les permis s’envolent. Fébrilement, je rentre mon nom, quelques infos et le plus important : ma date de départ. Il ne reste déjà plus que 6 places. Quelques instants plus tard, un mail de confirmation arrive dans ma boite mail. La pression retombe, je recommence à respirer. Pfff…

Le 14 avril prochain, j’ai un rencard dans un petit coin de désert californien. J’irai toucher de mes mains et de mes pieds le monument du terminal sud du PCT à Campo, Californie. Je mettrai un pied devant l’autre et quelques 150 jours plus tard, peut-être plus, j’atteindrai l’autre, celui du terminal nord à Manning Park, Canada. 150 jours… çe ne sera sûrement pas qu’une partie de plaisir. Il y aura des jours, je suis sûre, qui seront aussi frustrants et qui feront battre mon cœur de façon aussi chaotique qu’aujourd’hui. Et puis il paraît que ce n’est pas tant la destination que le chemin qui compte. Et celui-là, croyez-moi, j’ai hâte de le fouler.

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PCT Training 2 – la Rota Vicentina

Reprenons cette histoire d’entraînement.

Je venais de passer 15 jours à gambader dans les montagnes. Et à ma plus grande surprise, ça n’avait pas été si horrible que ça. Ça avait même été carrément chouette. Mais pour être honnête, je n’avais aucune idée ni des dénivelés, ni des distances parcourues. Tout ce que je savais c’est que j’en avais encore sous la semelle mais pas non plus de quoi courir un ultratrail.

Alors je me suis dit que ça serait bien de savoir si j’étais capable de marcher 25 kilomètres avec un sac sur le dos. La dernière fois que j’avais marché sur une vraiment longue distance, c’était par une nuit froide de janvier. 39 kilomètres au pas de charge entre Beynes et Mantes-la-Jolie. De nuit. Oui. Non, c’était pas une lubie. C’était un morceau du Paris – Mantes à la marche. Et le lendemain, ou plutôt le surlendemain, avait été catastrophique. C’était plus des jambes que j’avais, c’était des poteaux. Je ne marchais plus, je glissais. Douloureusement. Les escaliers ? Même pas en rêve. Alors certes, on peut dire que l’absence totale d’étirements après l’épreuve était sûrement pour quelque chose dans mon état misérable mais pas que. Marcher 39 kilomètres comme ça, de but en blanc, je peux le faire. Y survivre, c’est moins sûr. Et recommencer le lendemain, ça, c’est carrément à exclure. Or dans l’idée de finir le PCT avant que la neige ne recouvre les montagnes du nord-ouest américain, il va falloir enchaîner les marches de plus de 25 kilomètres. Et non pas une ou deux fois comme ça en passant mais tous les jours. Plusieurs semaines durant. Mais soyons réalistes, si je commence dès le premier jour avec 35 kilomètres, je vais jamais tenir la distance. Je compte donc me la jouer diesel. Tranquille au début pour me chauffer puis augmenter le mileage (bah oui, puisqu’on compte en miles là-bas, on dit mileage, pas kilométrage) doucement mais sûrement.

Mais même comme ça, dès le départ, va pas falloir se laisser aller. C’est pas exactement une promenade du dimanche non plus… Et clairement, si je parcours moins de 25 kilomètres (15 miles) par jour, je vais prendre du retard. J’avais donc besoin de savoir si je pouvais marcher 25 kilomètres par jour, plusieurs jours d’affilée. Et bien mesdames et messieurs, la réponse est… OUI !!! Mais laissez-moi vous raconter comment je sais ça.

Il y a un petit moment déjà, je m’étais dit que j’irais bien voir à quoi ressemble le Portugal. C’est vrai, le Portugal, c’est pas très grand, c’est juste à côté et on en entend jamais parler. Et puis j’avais lu le récit de voyage d’Adeline et elle parlait de Rota Vicentina, de petits sentiers, de falaises, de soleil qui se couche dans la mer… ça avait l’air vraiment sympa. Alors ni une ni deux, j’ai googlé « Rota Vicentina », lancé une recherche pour un vol Paris – Lisbonne et une demi-heure plus tard, j’avais un billet d’avion et un itinéraire parfait pour 15 jours de marche le long de la côte portugaise.

N’ayant jamais mis les pieds au Portugal, j’ai tout de même pris le temps de visiter Lisbonne. J’avais toujours entendu dire que c’était hyper sympa, mais c’était bien plus que ça. C’était carrément… wow… Les vieilles ruelles tellement jolies, le tram tellement grinçant et brinquebalant, la lumière tellement douce et chaude, la mer tellement scintillante qui surgit entre 2 rangées d’immeubles tellement colorés… c’était tellement chouette !! La gastronomie portugaise n’a rien gâché à la fête non plus : pasteis de nata, morue sous toutes ses formes, petit verre de vin cuit en terrasse… j’en venais presque à regretter de devoir quitter Lisbonne pour aller gambader dans la campagne.

Mais je n’étais pas là juste pour flâner le nez en l’air et me perdre dans les ruelles de l’Alfama au son du fado même si tout ça avait un charme indéniable. J’avais un programme sportif de haut niveau. Alors par une belle fin d’après-midi, j’ai grimpé dans un bus direction Porto Covo. Je suis arrivée à la nuit tombée. Le vent s’était levé. J’ai mis mon sac sur mon dos et j’ai avancé dans une jolie rue pavée façon station balnéaire avec ses boutiques pas très hautes et ses restos aux murs blanchis à la chaux. Y avait pas grand monde dehors, c’était la fin de soirée, les stores étaient déjà baissés. J’ai rapidement trouvé le Ahoy Porto Covo Hostel et Nicolas, son propriétaire. Nicolas est ultra gentil et une vraie mine d’info sur la Rota Vincentina. Il m’a briefé pendant près d’une heure devant la carte du parcours de mes 10 prochains jours : les plages où il faut absolument aller piquer une tête, les restos où il faut aller manger les meilleurs fruits de mer de la planète, les spots à pique-nique parfaits… bref, il était déjà 23h, je tombais de sommeil et je me suis donc écroulée sur mon matelas après avoir soigneusement préparé mes affaires afin de quitter mon dortoir au petit jour sans réveiller toute la maison.

Le lendemain matin, le vent était tombé et j’ai refermé doucement la porte de la maison au moment où les premiers rayons du soleil réchauffaient le chat de la voisine perché sur le muret. Un petit gratouillis sous le menton mais pas le temps de s’attarder. C’est qu’il y a 20kms à faire jusqu’à Vila Nova de Milfontes  et que je ne sais pas si ça va me prendre 5 heures ou 6 jours. J’ai des provisions dans mon sac pour les 4 jours qui viennent, ça devrait jouer. J’ai ajusté mes guêtres sur mes baskets, j’ai posé mes lunettes de soleil sur mon nez et en avant Guingamp ! Le sentier suivait la côte en grimpant sur la falaise sur en redescendant sur la plage. Rapidement, je me suis mise à marcher dans le sable. Parfait pour tester les guêtres. Le ciel était bleu, l’océan était bleu, le sable était presque blanc, il y avait des petites vaguelettes et le vent soufflait doucement juste comme il fallait et je déroulais les kilomètres. Je n’ai croisé quasiment personne jusqu’à arriver à l’entrée de Vila Nova. J’avais mis 5 heures. J’étais tellement fière de moi que j’avais envie de dire à tout le monde : « Hey ! Vous savez quoi ? Je viens de faire 20kms en 5 heures avec mon gros sac sur le dos et j’ai même pas mal aux pieds !! ». Y avait que des mouettes. Pour fêter ça je me suis assise sur un banc face à l’océan. Je me suis coupée de belles tranches de pain entre lesquelles j’ai plié de belles tranches de jambon fumé et de fromage au poivre. J’étais heureuse. Sale, mal peignée, avec des coulées de crème solaire dans le cou mais heureuse. J’ai un peu erré en ville avant de trouver le Hike & Surf Lodge où je devais passer la nuit puis j’ai passé l’après-midi à la plage. A Vila Nova de Milfontes, la plage se situe juste à l’embouchure de la rivière. L’eau est donc calme et paisible sur la plage et les surfeurs jouent avec les vagues un peu plus loin. Là encore, le vent rendait la chaleur parfaitement supportable et j’ai conclu cette belle première journée par un petit verre de porto en terrasse.

Le deuxième jour a commencé par la traversée de la rivière dans un petit bateau. Certes, j’aurais pu faire le tour et marcher quelques kilomètres de plus, mais franchement, c’était pas les kilomètres qui allaient manquer au cours de la semaine, j’ai donc estimé que traverser en bateau n’était pas tricher. La destination du jour c’était Almograve à quelques 15 kilomètres de là. 15 kilomètres ? Du gâteau après la journée de la veille !! Même genre de paysages, du sable, des dunes, du sable, des dunes… oh ! une petite échelle en bois pourri pour descendre une falaise de 12 mètres de haut… des vues de dingue depuis le haut de la falaise d’en face, du sable, des dunes, du sable, des dunes et puis Almograve. Il était à peine 11h quand je suis arrivée. Tellement tôt que la petite dame de la Pousada de Juventude voulait même pas me laisser accéder à mon dortoir… J’ai donc patienté, sagement assise dans le hall jusqu’à ce qu’il soit midi pétantes et j’ai enfin pu aller poser mon sac et prendre une douche. Je me suis ensuite fait à manger et je suis allée faire un petit tour dans le village. Pas grand-chose à voir à part quelques chats qui se chauffaient la couenne au soleil. A la Pousada de Juventude, y avait personne.  J’ai passé le reste de l’après-midi à l’ombre de la terrasse à lire et à sentir le vent sur mon visage. Le soir, je me suis cuisiné des pâtes sauce tomate dignes d’une cantine scolaire des années 80. J’avais hâte d’être au lendemain.

Au troisième matin, j’ai quitté Almograve dans la purée de pois. Ça donnait un petit côté mystique à la balade. Le soleil essayait bien de percer l’épaisse couche de nuages mais j’ai rarement pu apercevoir mon ombre. J’ai enfoncé un écouteur dans mon oreille gauche et j’ai écouté d’une oreille mon audiobook. Je marchais sur les falaises portugaises tout en pourchassant les criminels dans le Massachussetts. J’ai profité d’une mini éclaircie, pour pique-niquer assise au bord de la falaise, observant les nids de cormorans en contrebas. Mais j’ai pas vu passer les 22 kilomètres de la journée absorbée que j’étais dans mon livre. Je suis arrivée de bonne heure à Zambujeira do Mar. Je me suis assise sur un banc sur la petite place pavée qui surplombait la falaise et j’ai regardé les gens vaquer à leurs occupations. Un peu plus tard, je me suis installée à l’hostel Hakuna Matata. Y avait eu un orage la veille et l’eau était coupée. C’était bien dommage vu le besoin urgent que mes cheveux avaient de voir une douche. En fin d’après-midi, l’eau est revenue. Et j’ai repris forme humaine. Je suis ensuite allée faire quelques courses dans le village et j’ai passé la soirée à regarder des vidéos sur mon téléphone. L’hostel était quasi vide, pas un ronfleur à l’horizon, j’ai pu laver mes fringues et les étaler sur tous les lits du dortoir pour les faire sécher. Le lendemain, je me suis offert un jour off. Bah c’est vrai quoi. J’étais là pour marcher mais j’étais aussi un peu là pour profiter. Alors je suis allée à la plage où je me suis presqu’endormie en écoutant mon audiobook. J’ai préparé mon sac de bouffe pour les prochains jours, mangé une gigantesque salade et vidé mes chaussures de tout le sable accumulé dans les doublures. J’étais prête à repartir.

C’est tout juste si j’ai eu besoin de mettre le réveil le lendemain. J’ai remis mon sac sur mon dos, bouclé ma ceinture, ajusté mes guêtres et je suis repartie. A la fraiche. L’étape du jour me menait à Odeceixe à « seulement » 18kms de là. Alors j’ai pas forcé. J’ai pris mon temps. J’ai fait des pauses, j’ai admiré le paysage assise au bord de la falaise à ne penser à rien. Malgré tout, je suis arrivée de bonne heure à Odeceixe. Y avait personne à l’hostel. En fouinant un peu, j’ai trouvé une clé. Je suis donc entrée, j’ai posé mes affaires, pris une douche, fait un peu de lessive. Un peu plus tard, d’autres gens sont arrivés. Eux aussi, ils se baladaient le long de la Rota Vicentina. Ils se sont installés dans l’autre chambre, me laissant étaler toutes mes affaires tranquillement et brancher mes chargeurs sur toutes les prises. Un peu plus tard, je suis allée faire un petit tour dans le village. Très joli avec ses ruelles pavées en pente et ses maisons blanchies à la chaux. Y avait tout un tas de chats qui se doraient au soleil et qui ouvraient à peine à œil quand je tendais la main pour les caresser. Tout en haut du village, il y avait un ancien moulin à vent. Impossible de rentrer dedans mais la vue de là-haut était imprenable.

L’étape du sixième jour m’a amené à Aljezur, 18kms plus loin. Pour changer du sable et des dunes, le chemin suivait cette fois le canal d’irrigation de la Mira, la rivière du coin. La balade était facile, à plat, à peine besoin de repérer les petites marques rouges et blanches qui jalonnaient le sentier. Au bout d’un moment, j’ai même rejoint une forêt d’eucalyptus dont le parfum m’a ramenée plusieurs années en arrière sur la côte corse. Et puis j’ai fini par retrouver les dunes, le sable et la falaise. Et perché sur la falaise, Aljezur. Aljezur-le-vieux sur la falaise et Aljezur-la-nouvelle avec sa nationale et son supermarché en contrebas. L’Amazigh Design Hostel où j’ai posé mon sac était vraiment sympa. Creusé dans la paroi rocheuse avec une vue imprenable sur la vallée depuis le toit-terrasse. Encore une fois, j’étais seule dans ma chambre. Septembre dans ce petit coin de Portugal semblait être déjà hors saison.

Le lendemain c’était presqu’une journée de vacances : 12kms jusqu’à Arrifana. Le long de la falaise avec quelques passages par les plages. Du coup, j’en ai profité. J’ai traîîîîîîné. Je me suis baigné, j’ai fait une sieste. Et je suis arrivée à Arrifana en milieu d’après-midi. Probablement ma plus longue journée malgré le peu de kilomètres parcourus. Arrifana est très connu pour sa plage complètement encastrée entre 2 falaises ce qui en fait apparemment un spot de surf réputé. Je suis donc allée y faire un tour, regarder les enfants jouer au cerf-volant et compter tous les petits points noirs dans les vagues qui essayaient de se mettre debout sur leurs planches. Le Arrifana Destination Hostel est une usine à surfers. J’ai essayé de me fondre dans la masse mais avec mon bronzage de randonneuse et mes baskets de trail, j’ai eu le droit à quelques questions. L’occasion de rencontrer (enfin !) quelques Portugais en vacances. Bizarrement, peu de gens connaissaient la Rota Vicentina. Et l’idée de faire ça toute seule… totalement délirant apparemment…

Le lendemain, j’ai quitté Arrifana de bonne heure. C’était LA grosse étape de la semaine : direction Carrapateira à 24kms de là. J’avais eu des journées plutôt faciles les jours précédents, j’ai donc pris mon temps et je suis arrivée tranquillement à Carrapateira dans l’après-midi. Je me suis installée à la Pensao das Dunas. J’y suis restée 3 jours. Et comme l’avait si bien raconté Adeline, c’est vraiment un petit coin de paradis. Les propriétaires de la Pensao das Dunas sont uuuuultra gentils (et ils font un petit déj de dingue ce qui ne gâche rien), la plage est maaaaagnifique, y a des petits oiseaux qui chantent et j’ai même croisé un tout petit serpent qui m’a filé entre les doigts de pieds (que j’ai fort joli par ailleurs…). Bref, j’ai bien failli m’installer pour de bon à Carrapateira. Mais je n’étais pas encore arrivée au bout du bout du chemin. Il restait 2 étapes.

D’abord, il y a eu Vila do Bispo. Encore 22kms sous le soleil et le ciel bleu, à gambader joyeusement entre les champs en essayant d’approcher la faune locale. Pas d’océan pour une fois. Au GoodFeeling Hostel de Vila do Bispo, j’ai rencontré G., une Allemande. Elle voulait aller se balader. On s’est mis d’accord pour décoller à 7h le lendemain.

En ce dernier jour, on est donc parties de bon matin et très vite, on s’est retrouvé au bord des falaises à contempler l’océan 100 mètres plus bas. Cette dernière étape, malgré ses « petits » 14kms, c’était un peu l’apothéose de la balade. De la falaise encore plus découpée que d’habitude, des petits oiseaux partout, de la bruyère qui sent bon… A un moment, pendant qu’on papotait, on a voulu prendre un petit raccourci. Je me suis retrouvée suspendue par le bout des doigts à un morceau de caillou bien friable qui menaçait de dégringoler 50 mètres plus bas. Je suis remontée en rampant sur la falaise. Adieu raccourci. Mourir si près du but, ça aurait bien ballot. J’en ai été quitte pour une belle frayeur et une belle balafre sur le tibia gauche. On a donc sagement suivi le chemin et puis on a fini par arriver au Cabo de San Vicente. Tout au bout du bout du sud du Portugal. Et après presque 2 semaines à me croire seule au monde au paradis, j’ai retrouvé les cars de touristes et les stands de saucisses-frites qui vont avec. Drôle de sensation. J’ai quitté là G. qui est rentrée à Vila do Bispo et moi j’ai continué ma route en bus jusqu’à Sagres où j’ai ensuite sauté dans un train pour Faro.

Je n’ai passé qu’une petite journée à Faro où je prenais l’avion le soir même pour rentrer à Paris. C’est pas très grand, Faro, on peut l’explorer à pieds sans problème. J’ai eu le temps d’y manger une glace en regardant les petits poissons dans les eaux vertes du port et de traîner dans les vieilles ruelles pavées à la recherche d’un peu de fraîcheur. Et en fin d’après-midi, j’ai remis mon sac sur mon dos et j’ai pris la direction de l’aéroport. Les vacances étaient finies.

S’il n’y a qu’une chose à retenir de ce joli voyage au Portugal, c’est que cette partie de la côte portugaise est splendide. Tellement que je compte bien y revenir. Et aussi que Carrapateira est une excellente destination pour des vacances au calme, dans un paysage de carte postale. Et qu’en plus, c’est vraiment pas très cher. Surtout au mois de septembre. Bref, il n’y a pas qu’une seule chose à retenir de ce joli voyage au Portugal. Mais la plus importante c’est que j’arrive parfaitement à marcher plus de 20kms avec un sac sur le dos plusieurs jours d’affilée. Et je suis un peu rassurée.

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Cumulus Panyam 450

Bien sûr j’ai déjà fait du camping. Et bien sûr il m’est déjà arrivé de ne pas fermer un œil de la nuit parce que je me gelais dans ma tente. Pas de tapis de sol, sac de couchage bien trop léger, j’ai fait toutes les erreurs classiques du débutant.

Comme j’ai l’intention de passer près de 6 mois à dormir dans toutes les conditions possibles et imaginables (le PCT passe par le désert sud-californien puis par les sommets de la Sierra Nevada avec des altitudes allant de 43 à 4009m), il a fallu prendre le sujet au sérieux. Je me suis donc lancée dans de grandes recherches. Il me fallait un sac léger, de bonne qualité, avec une température de confort à 0°C (j’ai toujours froid la nuit) et évidemment pas hors de prix. J’ai très vite compris que dans le monde du matériel ultraléger, le moindre gramme de moins se paye cher, très cher. Je regardais les tests faits par les professionnels, les commentaires des PCTers des années précédentes sur leurs choix, je m’étais même fait un petit tableau comparatif. Je trouvais des sacs de couchage qui cochaient toutes les cases sauf celle du prix. Je commençais même à me dire que je ne trouverai rien de bien en dessous de 400 euros. Et puis je suis tombée sur Cumulus, une marque polonaise pas très connue mais avec de très bons retours des utilisateurs. Et avec des prix encore élevés mais beaucoup plus raisonnables que leurs concurrents. Je leur ai écrit, ils m’ont répondu et on s’est mis d’accord : ils m’offraient une réduction sur le prix du Panayam 450 contre un article honnête et objectif sur mon blog. J’ai signé.

Pourquoi le Panyam 450 et pas le Panyam 600 ? Et puis ça veut dire quoi ces chiffres ? Ces chiffres, c’est le nombre de grammes de duvet d’oies polonaises contenu dans le sac.
Des oies polonaises ? Mais pourquoi des oies polonaises ?  Bah je viens de vous dire que Cumulus est une marque polonaise ! Alors ils prennent le duvet des oies de chez eux, ça semble bien normal. Et puis il se trouve que les plus grands élevages d’oies sont en Pologne. La vie est bien faite.
Et pourquoi un sac de couchage en duvet et pas en synthétique ? Le duvet est un isolant deux fois plus efficace que le meilleur isolant synthétique. Il est plus chaud, plus léger et perd son pouvoir gonflant très lentement. Bref, c’est exactement ce qu’il me faut.
Mais est-ce que t’es sûre que toutes les oies, polonaises ou pas, se valent ? Bien sûr que non ! Le pouvoir gonflant du duvet qui est son paramètre de base se mesure en « cuin », en anglais cubic inches. Et chez Cumulus, le duvet qu’ils utilisent à un pouvoir gonflant de 800 cuin (norme européenne). Ce qui est vraiment très bon.
Et donc le Panyam 450 ? Et bah le Panyam 450 contient 450g de duvet pour un poids total de 835g, a une température de confort de 0°C et une température limite de -6°C. Et je me suis dit que ça devrait être suffisant.

Quand le colis est arrivé à la maison mais il était tout petit et tout léger. Et quand il a été ouvert, le sac de couchage a littéralement jailli du carton. Au fond du carton, il y avait aussi 2 sacs : un petit sac de compression en synthétique et un gros sac en maille pour le stockage. Car autant c’est génial de pouvoir ranger son sac de couchage dans un tout petit volume quand on a besoin de le fourrer dans son sac à dos, autant il vaut mieux le stocker pas trop compressé quand on ne l’utilise pas pour que le duvet conserve ses propriétés de gonflant et de chaleur.

Première impression

Le sac de couchage Panyam 450 ressemble à une grosse couette bien gonflée et bien moelleuse. Le tissu intérieur est synthétique donc un peu glissant mais rien de gênant. La longueur du sac est parfaite (je mesure 1m70), j’ai assez de places pour plier un peu les jambes (je dors généralement sur le côté) et le zip s’attrape facilement mais il faut faire attention en le remontant car il a tendance à se coincer facilement dans le boudin qui sert d’isolant afin qu’il n’y ait pas de perte de chaleur justement par le zip. La capuche est large et la collerette se ferme facilement même si on se retrouve avec beaucoup de bouts de ficelle dans les mains. Quand je me suis glissée dans le sac de couchage, j’étais dans ma chambre, sur mon lit. Au bout de 5 minutes, j’avais si chaud que j’ai dû m’extirper de là. J’étais super contente et j’avais hâte de le tester en conditions réelles.

Pendant la rando

Le premier soir au bivouac, on était à 2270m d’altitude et il faisait froid. Très froid. La température pendant la nuit est tombée sous les 5 degrés. Quand je me suis glissée dans mon sac de couchage, j’avais les pieds gelés. Et impossible de m’endormir tant que j’ai les pieds gelés. 10 minutes après avoir posé ma tête sur mon oreiller (ou le tas de vêtement qui me servait d’oreiller), je dormais à poings fermés. J’ai dormi presque d’une traite jusqu’à ce que le réveil me sorte de mon cocon. Je ne portais qu’un t-shirt et un pantalon en coton très léger et je n’avais pas eu besoin de fermer la collerette ou de resserrer la capuche. Autant dire que quand j’ai sorti la tête de ma tente, j’étais de super bonne humeur : ce premier essai était une réussite.

Pendant la semaine suivante, on a bivouaqué dans des conditions assez différentes en terme d’altitude et donc de température. Et je n’ai jamais eu froid, ni aux pieds, ni ailleurs malgré un pyjama très léger. J’ai resserré la capuche une ou deux fois mais la plupart du temps, j’étais vraiment bien et j’ai presqu’eu parfois trop chaud !

Conclusion

Je recommande vraiment fortement le Cumulus Panyam 450 pour le bivouac en moyenne voire haute montagne quand les nuits ne descendent pas en-dessous de -5°C. En deçà, je n’en sais rien, j’ai pas testé.
Il est très léger, hyper facile de le ranger dans son sac de compression et sèche hyper rapidement s’il est légèrement humide à cause de la condensation (respiration ou contact avec la paroi de la tente).
L’équipe Cumulus est extrêmement réactive et la livraison est rapide (4 à 5 jours).

En tout cas moi, je suis ravie de mon achat et je pense avoir fait le bon choix pour mes 6 mois sur le PCT. To be followed…

PCT Training 1 – de Allos à Menton

Parfois, je me lance des défis à la noix. Souvent, les gens me disent que je suis folle. Des fois, je crois qu’ils ont raison… Prenons un exemple.

Moi : « Hey ! Et si j’allais faire une rando de plus de 4000 kilomètres en 5 ou 6 mois, soit une moyenne de presque 30 bornes par jour ? »

Les gens : « Mais ma pauv’fille ! T’es complètement folle ! Pis comment tu vas faire pour t’entraîner ? »

Moi : « Ah ? Faut s’entraîner… ? »

Bref, je me suis dit que bien que la réussite d’un projet dépend à 90% du fait que tu y crois, il ne fallait peut-être pas complètement négliger le côté physique de l’affaire. Evidemment, je trouverai toujours des gens qui ont réussi le PCT sans avoir fait aucun entraînement particulier mais les experts sont tout de même relativement d’accord pour dire que s’entraîner un peu ne fait pas de mal…

Alors je me suis laissée convaincre. Bon. Sauf que pour s’entraîner à courir un marathon, on ne sort pas direct, courir un marathon. On fait de plus petites distances, on fait du fractionné (beurk !), on alterne les sorties courtes, les sorties longues, bref, on fait ça rationnellement, intelligemment, selon un planning bien établi. OK, mais concrètement, c’est quoi le plan pour s’entraîner pour le PCT ? Comment on fait pour s’entraîner à marcher 35 bornes par jour avec plus de 1000 mètres de dénivelé, en particulier quand on n’habite pas à la montagne et qu’avec un peu de chance, on n’a même pas le droit de mettre un pied à l’extérieur ? Bah voilà. En fait, on peut pas vraiment s’entraîner pour ça. Mais j’ai quand même essayé. D’abord parce que mon cerveau m’a dit que rester vautrée dans mon canapé, c’était quand même pas la meilleure idée et ensuite parce que je voulais tester mon matériel. Ou tout du moins une partie de mon matériel.

Cet été donc, comme tous les étés, je suis partie en rando avec les copains. Mais d’habitude, même si on fait pas de la rando de papis, on n’est jamais en autonomie complète à porter les tentes, les sacs de couchage, les réchauds et nos 3 repas par jour. D’habitude, on dort en refuge et on y prend nos dîners et petit-déjs. Ouais, peut-être qu’on fait un peu de la rando de papi en fait. Donc dans nos sacs, d’habitude, il n’y a que quelques fringues, des barres de céréales et les pique-niques de la semaine (et oui, on mange les melons en premier, on n’est pas complètement teubé). Et d’habitude, j’ai déjà parfois tendance à trouver mon sac lourd. Autant dire qu’à l’idée de porter ma tente et tout le reste pour jouer au parfait petit homme perdu dans la montagne, je me demandais si j’avais pas eu les yeux un peu plus gros que le ventre… Il a donc fallu élever le niveau.

D’abord, on a fait une boucle tous ensemble dans le Mercantour au départ d’Allos. On a fini la semaine en apothéose avec une nuit en bivouac au lac de Lignin à 2270m. D’abord, on a monté la tente. 5 minutes chrono ; un vrai succès. Ensuite on a fait chauffé de l’eau pour les nouilles chinoises. Le réchaud a fonctionné à merveille. Pas aussi rapide qu’un réchaud à gaz mais le pare-vent intégré est juste génial. Et puis la nuit a été bien froide mais roulée en boule dans mon Panyam 450, j’étais juste toasted comme on dit. Au petit matin, on a mis un peu de temps à faire sécher le double toit de la tente qui était tout mouillé à cause de la condensation. Mais malgré ça, l’expérience a été plus que réussie.

Du coup, une fois qu’on est redescendu de cette montagne-ci et qu’on a abandonné une partie des copains, on a pris un petit train, fait un peu de stop (toi aussi, fais du stop à 3 avec des gros sacs de rando…) et on est remonté sur cette montagne-là. Cette montagne-là, c’était Isola 2000 et le plan c’était d’aller mettre les pieds dans la Méditerrannée, sur la plage de Menton 8 jours plus tard. Sauf que cette fois, plus question de repas pantagruéliques et de la chaleur des dortoirs de refuge. Cette fois, c’était 8 jours tout seuls dans la montagne loin de la civilisation ou presque. Et ouais, sur le papier, ça me foutait les jetons…

On avait un peu préparé notre coup. J’avais été faire un tour à Auchan où j’avais rempli un caddie de sachets de semoule, de boîtes de thon, de soupes déshydratées, de muesli, de lait en poudre, de pâtes de fruits et de pom’potes. Vous auriez dû voir la tête de la caissière quand j’ai aligné tout ça sur son tapis. Elle a levé un sourcil et m’a jeté un regard perplexe genre : « mais tu vas nourrir un camp de vacances de gamins de moins de 5 ans ou quoi ? ». Ensuite, j’ai jeté tous les cartons, j’ai tout mis dans des sacs congélation (ah le sac congélation… le meilleur ami du randonneur… tu y mets ta bouffe, tes chaussettes sales, ton téléphone… pas tout dans le même sac, hein, évidemment…) et j’ai laissé ça mûrir une semaine dans un coffre de voiture pendant qu’on se promenait dans le Mercantour.

Quand on a quitté Isola 2000 après avoir fait un petit tour par le supermarché pour ajouter quelques produits frais (saucisson, jambon, pâté) à nos menus des prochains jours, j’avais un peu plus de 20kg sur le dos. C’était lourd. Tellement lourd que j’arrivais pas à soulever mon sac toute seule pour me le jeter sur le dos. Là, on était plus sur le papier et ça me foutait toujours les jetons. Mais c’était plus le moment de se poser trop de questions. Et la rando, c’est pas compliqué : tu mets ton pied droit devant ton pied gauche, puis ton pied gauche devant ton pied droit et tu recommences jusqu’à ce que mort s’ensuive… Alors lentement, j’ai soulevé mon pied droit, péniblement j’ai ensuite soulevé le pied gauche et puis j’ai recommencé. Et je suis pas morte. Je peux même dire que cette petite semaine, je l’ai grave kiffée.

Alors oui, on a vite réalisé qu’on aurait pu trouver une meilleure idée que la boîte de thon qui une fois vide prend autant de place que pleine ; oui, la pom’pote c’est lourd, super lourd ; oui, on a pris qu’une douche en 8 jours ; oui, y a un sac de muesli qui a explosé dans un sac et oui, récupérer du flocon de muesli dans un sac, c’est chiant ; oui, on a eu une chance de malade question météo puisqu’on a réussi à squatter un refuge la seule nuit où il y a eu de l’orage et oui, quand on est arrivé sur la plage de Menton, y a une petite fille qui s’est enfui en courant en criant : « Mais Mamaaannnnn, ils puent des pieds les gens !!! »

Et la morale de l’histoire c’est que je ne crois pas du tout que ces deux jolies semaines ont ressemblé de près ou de loin à ce qui m’attend sur le PCT. Mais je sais maintenant comment choisir un spot pour monter la tente, doser l’alcool à mettre dans le réchaud, vivre avec 2 t-shirts et 3 paires de chaussettes et surtout, j’ai plus les jetons. Je sais que je m’adapterai, que je trouverai ma routine et que je vais adorer ça. Et maintenant, j’ai hâte…

J-3…

AAAAAAAAAAAh !! Ca y est, cette fois, c’est panique à bord, l’échéance approche à grands pas !!
Déjà, j’arrête pas de dire « au revoir » à plein de gens et parfois c’est un peu triste quand même… Et puis des fois dans la vie, y a quand même des trucs qui arrivent pas, mais alors vraiment pas, au bon moment…

J’entends les mauvaises langues qui disent : « Mouais… bah t’es pas bien réactive ma grande… depuis le temps que tu nous pompes l’air avec ton tour du monde, il serait peut-être temps de te rendre compte de ce que qui va se passer !! »

Bon en tout cas, les choses les plus importantes sont faites : j’ai un polisseur à ongles, j’ai porté une dernière fois des chaussures très très jolies qui font très très mal aux pieds, j’ai visité Limoges, j’ai créé au moins 12 playlists sur mon iPod, j’ai changé 14 fois d’avis concernant la taille idéale du petit sac à dos et ma collection de vomi-bags s’enrichit… Comme qui dirait, je suis prête !

Let’s go fillette !!!

J-30… mais qu’est ce que j’ai bien pu oublier ?

Alors voilà, J-30 et je me retrouve face à l’éternelle question : mais… qu’est-ce que j’ai bien pu oublier ?
J’ai rayé une à une toutes les lignes de ma TO DO liste mais j’ai la vague impression d’avoir oublié quelque chose… Et puis de toute façon, il est statistiquement impossible que je sois prête avec 1 mois d’avance !!!

Je n’ai toujours pas fait l’essai du remplissage du sac à dos et donc je ne l’ai toujours pas pesé : les bonnes surprises pour la fin… J’ai encore plein de dilemmes impossibles à trancher : vraies baskets ou chaussures de marche légères ? duvet ou pas duvet ? jean ou pas jean ? Bref… je m’en sors pas !

Pour l’instant pas encore de vraie montée d’adrénaline mais quelques bouffées de nostalgie en disant « au revoir » à certains amis et collègues que je ne reverrai pas avant mon départ… C’est vrai que ça commence à faire bizarre…
M’enfin ! Toujours pas la trouille et même plutôt excitée et enthousiaste… Espérons que ça dure le plus longtemps possible !!

Premières formalités : le visa indien

Ca y est ! Je commence les démarches administratives, les vraies !

J’ai d’abord rempli consciencieusement mon petit formulaire sur le site internet du centre de demande de visa pour l’Inde : tout un poème, le lien qui ne marche pas, les questions dont je ne connais pas les réponses, …
Et puis j’ai fait très soigneusement la photocopie de tous les documents demandés (liste ici).
J’ai ensuite imprimé mon petit formulaire tout frais et j’ai voulu coller mes photos d’identité. Et là, surprise ! je n’avais pas le bon format… Et oui, faut surtout pas se gourer : les photos doivent être conformes aux normes établies par le gouvernement indien et bien sûr les photos établies dans les machines automatiques déployées sur le territoire français ne sont pas compatibles… En même temps, ça aurait été trop facile !!
J’ai donc eu le choix : faire des photos au centre de demande de visa parce que eux, ils ont les machines adaptées… (comme par hasard…) ou aller chez un photographe. J’ai choisi la 2ème option parce que j’avais peur de me faire piquer ma place dans la file d’attente des demandes de visa si je m’en échappais pour aller m’asseoir dans le photomaton… L’histoire dira plus tard que c’était une angoisse totalement exagérée…

Lundi après-midi, je vais d’un pas dynamique chez le photographe dont j’avais pris soin de vérifier les horaires d’ouverture sur internet. En arrivant devant la porte, je tombe nez à nez avec une petite feuille A4 m’indiquant « Horaires d’été – fermeture le lundi »… Seulement, j’avais prévu de déposer ma demande mardi matin avant d’aller au boulot et pas de photo… pas de visa, pas de visa… pas de voyage ! Hé ho, ça va pas non ?
Donc… mardi matin, l’empereur, sa femme et le petit prince, je suis retournée chez le photographe qui n’a pas pu s’empêcher de me faire une délicieuse remarque sur les milliers de petits cheveux qui flottent autour de ma tête et qui créaient un halo bizarre sur les photos… Bref, j’ai récupéré mes photos, j’ai foncé au centre de demande des visas et je me suis préparé psychologiquement à faire la queue pendant des heures…
Sauf que… il n’y avait que 12 personnes devant moi, c’était super bien organisé et ça ne m’a pris que 20 minutes ! J’étais presque déçue…

Évidemment, avant d’y aller, j’avais vérifié que ce n’était pas un jour férié indien. Bah oui, l’avantage de bosser dans les ambassades ou autres institutions de ce genre, c’est qu’on bénéficie des jours fériés du pays dans lequel on est ET de ceux du pays qu’on représente… à méditer pour plus tard…

Stage photo

Ce week-end c’est STAGE DE PHOTOGRAPHIE.
Bah oui, c’est pas le tout d’aller faire ma maline à l’autre bout du monde si je peux pas rapporter quelques jolis souvenirs et quelques belles images…
Comme je ne fais pas les choses à moitié, je me suis fait offrir 12 heures de cours (voilà à quoi servent les anniversaires…) avec au programme : profondeur de champ, capture du mouvement et lumière et exposition.
Pour ceux que ça intéresse, je suis passée par jeveuxetrephotographe.com, ça n’est pas donné mais j’ai bon espoir que ça me soit fort utile ! En plus, Thierry, le photographe qui donnait le cours, était vraiment très sympa, même si un peu désespéré quand il m’a vu sortir mon appareil de touriste…
Et voilà quelques exemples de ce que ça donne :

 

C’était vraiment très intéressant même si techniquement, j’ai été assez rapidement frustrée de ne pas pouvoir expérimenter les mêmes choses que mes petits camarades qui avaient des reflex…
Moralité : on peut vraiment faire de très chouettes images avec un reflex quand on connait 2 ou 3 « trucs » techniques et obtenir des effets vraiment sympas, mais je maintiens mon départ avec mon petit appareil d’amateur et je me ferai offrir un appareil de pro plus tard, quand je serai grande… A bon entendeur…