AL, apprentie yogi

Je crois que je commence à comprendre pourquoi certaines personnes arrivent à Goa et ne repartent jamais…

La plage est extraordinaire, la mer jamais en dessous de 26°C, les petits restos les pieds dans le sable sont parfaits pour laisser filer les heures les plus chaudes et le soleil se couche tous les soirs en laissant dans le ciel des trainées multicolores…

Voilà donc ma nouvelle routine : le matin, je me lève à 7h30 pour aller à mon cours de yoga, je prends ensuite un petit déj en regardant les bateaux partir en mer puis je me trouve un petit coin à l’ombre sur la plage pour ma première tournée de « rien ». A midi, je rentre faire la sieste dans mon hamac me mettre au frais sous le ventilateur de ma terrasse puis vers 16h, je retourne faire du « rien » vérifier si le sable n’est pas trop mouillé et une fois que le soleil est couché, je vais choisir le poisson que je mangerai grillé en sirotant un jus de mangue… La librairie a un stock de bouquins en français me permettant de passer allégrement les 4 prochaines années à rêvasser sous les palmiers, la tentation pourrait être grande de m’exiler quelques temps dans ce petit coin perdu !

Mais revenons au cours de yoga (j’ai bien vu que vous avez levé les sourcils en lisant ce passage). Il ne faudrait pas croire que je ne suis à Goa que pour le farniente. Palolem est LA capitale des cours de yoga. A Rome, fais comme les Romains, je me suis donc mise au yoga. Le maître yogi est très chouette. D’abord il a un look d’enfer avec son petit pagne noué autour de la taille et ensuite, il nous raconte des histoires pendant tout le cours en se calant un pied au-dessus de l’oreille ou en se passant la tête entre les genoux. Pendant ce temps, les apprentis yogi sont sensés l’imiter et tenir la pose pendant plusieurs minutes… Mouais… exactement ce qui me permet de faire la démonstration de ma souplesse et mon équilibre légendaires. Surtout quand les moustiques viennent me chatouiller le nez. Cela étant dit, je ne suis pas la seule à m’écrouler de temps en temps sur mon tapis en grognant. On est une petite dizaine à s’infliger cette séance de torture matinale mais il faut croire qu’on aime ça parce qu’on revient tous les matins faire le cobra ou des sun salutations et avec le sourire en plus !

Bon je ne fais pour l’instant aucune différence entre le yoga hatta et le yoga vinyasha, je ne mange pas encore de pépins de raisin et je n’ai aucune idée de ce que raconte mon maître yogi mais c’est plutôt rigolo. Et l’air de rien, c’est un vrai sport, on transpire à grosses gouttes. Ça me donnerait presqu’envie de m’inscrire à un cours en rentrant !

Allez, namaste, je vais réciter mes mantras en me mettant de la crème solaire. Et il se pourrait que je prolonge un peu mon séjour dans le coin…

Photos ici.

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Etre seule en Inde… (ben ouais, à un moment, va bien falloir qu’on en parle)

Bon alors… ça fait presque 2 mois que je traîne mes chappals en Inde et je vais vous donner mon avis (qui n’est qu’un avis) sur le fait d’être une touriste en Inde.

D’abord, tu peux avoir l’impression d’être une star… les gens te dévisagent (des fois, dans le bus, ça peut durer 7 heures d’affilée… si, si !), t’interpellent (d’ailleurs, je me demande s’ils n’ont pas été colonisés par les Allemands parce qu’ils disent « Hallo ! » tout le temps… on nous aurait menti ?), veulent te prendre en photo 50 fois par jour , te serrent la main, tu crois que tu es Lindsay Lohan !

Parfois, tu causes des accidents : les mecs se tordent le cou pour te regarder et… paf ! un vélo rencontre une vache ou une moto part dans le fossé… Des fois, t’as envie de rigoler mais tu te retiens et tu continues ton chemin la tête haute et le regard perdu dans le lointain…

Tout le monde te parle (enfin… tous les mecs te parlent. Tous. De 5 à 105 ans. Les filles, elles, elles te sourient. Ou alors c’est qu’elles veulent te vendre quelque chose.). Et la conversation est à chaque fois sensiblement la même : « How are you ? Where are you from ? How old are you ? Are you only ? ». Arrêtons-nous un instant sur cette dernière « Are you only ? »… En fait la veritable question est « Are you alone ? » Ouais… parce qu’une femme qui se balade toute seule, c’est suspect. Et potentiellement, c’est du gibier à chasser.

Alors là, tu choisis :soit tu dis la vérité (« I’m alone, I have no boyfriend, I am not married even if I am 29 and I’m fine, thank you. ») soit tu commences la broderie. Alors bien sûr, au début, je disais la vérité mais j’avais parfois vraiment du mal à me débarrasser de certains de mes interlocuteurs qui se mettaient à m’inviter chez eux ou à vouloir me faire visiter la ville ou à me prendre la main… Alors, rapidement, j’ai compris que si je ne voulais pas passer ma journée à refuser poliment de boire le thé, il fallait que je laisse mon délicieux caractère s’exprimer pleinement et  que je devais parfoisne pas sourire et répondre « No, thankyou » de façon un peu péremptoire.

Evidemment, j’imagine bien que TOUS les Indiens ne voient pas les touristes occidentales comme des morceaux de viande sur un étal du bazaar mais si j’empilais le nombre de gars qui ont manqué avoir un accident parce qu’ils se retournaient pour me regarder, on pourrait faire un tas aussi haut que la tour Eiffel. Et encore, je ne me balade pas en mini-short.

On peut quand même noter que le phénomène est plus marqué dans le Nord que dans le Sud de l’Inde, excepté au Ladakh où ils s’en foutent complètement et où tu retombes dans l’anonymat le plus complet.

Et ça fait partie des trucs qui rendent l’Inde parfois un peu agaçante. Ca, et le fait que quand quelqu’un te parle, tu ne sais jamais si c’est pour t’extorquer quelques roupies ou juste discuter simplement.

Mais tout ça n’empêche pas de faire de belles rencontres comme certains tuk-tuk drivers (comme Amar au Rajasthan), certaines familles avec qui tu partages une couchette dans le train ou certains chauffeurs de bus. Ils te prennent alors sous leur aile et tu peux passer de très chouettes moments.

Moralité, être seule en Inde, ça prend du temps (bah ouais, quand tu poses pour les paparazzis à chaque coin de rue, ça ralentit ta moyenne) mais c’est pas difficile. Il suffit de faire confiance à son instinct et il faut quand même le dire, la majorité des gens est quand même very friendly.

Palolem Beach

L’état de Goa est minuscule : genre 80kms à tout casser du Nord au Sud. Mais évidemment, les liaisons sont… indiennes ! Pour aller d’Anjuna à Palolem, il me faudra donc pas moins de 4 heures et 4 bus différents. N’ayant pas très très bien anticipé le trajet (enfin, la durée du trajet), j’arrive donc à Palolem à la nuit tombée. La rue principale est bordée des mêmes échoppes que partout ailleurs mais les restaurants ont l’air plutôt sympas et il y a même une librairie avec des livres en toutes les langues.

Je prends donc une des premières chambres que je trouve en me disant que je chercherai mieux le lendemain. En attendant, je vais dîner avec B., qui passe sa dernière semaine indienne sur la plage d’à côté, et L., une allemande qui termine ses vacances à ne rien faire.

D’ailleurs, il semble que « ne rien faire » soit l’activité favorite des gens qui viennent ici. Et il faut dire que le coin s’y prête : la plage est une immense étendue de sable blanc, la mer transparente clapote gentiment, les palmiers se dressent en arrière-plan et le soleil cogne trop fort pour qu’on s’énerve à faire quoi que soit. Le lendemain matin, après avoir pris mon petit déj sur la plage, je me dis que je pourrais louer un scooter pour visiter les environs as free as a bird. Je préviens le loueur que je n’ai jamais conduit de scooter de ma vie et qu’il ferait mieux de m’apprendre 2 ou 3 trucs avant de me laisser partir. Aucun problème, on monte ensemble sur un scooter et en avant Guingamp ! Ou presque… je manque de nous jeter par terre 4 fois sur 200 mètres et je tourne la poignée des gaz dans le mauvais sens 1 fois sur 2. Et j’oublie de rouler à gauche. Bref, après concertation, on convient qu’il vaut mieux ne pas me laisser de scooter entre les mains, je suis plus dangereuse que les Indiens. Tant pis pour le « as free as a bird », ça me donne une bonne excuse pour me vautrer sur la plage en regardant les nuages. Entre temps, je change de guest house pour n’avoir plus à me traîner que sur 50 mètres avant de m’échouer sur le sable. Et me voilà partie pour les 4 prochains jours. ..

Oh, désolée, j’avais oublié que chez vous, c’est l’automne, il pleut, il fait froid, les jours raccourcissent et vos prochaines vacances sont à Noël… Je vous déconseille donc de regarder les photos qui sont là, ça va vous faire du mal…Sooooo sorry !

Photos ici.

Arrivée à Goa

Goa, Goa, Goa… Je sais pas vous, mais moi, quand j’entends Goa je pense plage de sable fin, palmiers, mer turquoise et bons hippies coincés dans les années 70 qui fument des joints en faisant du yoga et en dissertant sur la paix dans le monde. Je peux aussi entendre groupes d’Israéliens fraîchement délivrés du service militaire qui viennent faire la fête et fumer des joints (à tel point que le gouvernement indien pose désormais des restrictions aux visas pour les Israéliens) ou gros Russes ivres morts qui picolent de la vodka dès le petit déj, qui sont tous rouges et qui beuglent jusqu’à 4 heures du mat. L’un n’empêche pas l’autre.

Evidemment, Goa, ce n’est pas que ça. Déjà, Goa, c’est un état, pas une ville. On ne peut donc pas dire : « je vais à Goa ». C’est grammaticalement incorrect (et Dieu sait si on est tatillon sur la grammaire sur ce blog…). C’est donc un tout petit état, certes, mais qui a été colonisé par les Portugais, une exception dans l’Inde britannique, ce qui saute aux yeux tant en terme architectural que culinaire ou musical et qui fait donc son charme et sa particularité.

Et pour ceux qui se posent la question : fumer, c’est mal et la drogue, c’est illégal. Même à Goa. Bon, c’est pas très difficile d’en trouver mais si t’as envie de visiter les cellules des prisons indiennes, ça te regarde, chacun sa vision du tourisme.

Bon, on n’arrive pas comme ça à Goa, genre « youhou !  je débarque, je vais me la couler douce pendant une semaine ». Non. On se tape d’abord 16 heures de bus… Oui madame. 16 heures. Dans un bus sans clim et sans couchette. Parce que les couchettes, ça sert à rien, de toute façon, la route est trop défoncée et le chauffeur est trop indien et qu’avec la clim, il fait trop froid, t’es obligé de sortir un pull de ton sac et ça, c’est no way.

Puis, une fois que tu es arrivé en Goa (puisque c’est comme ça qu’il faut dire) et plus précisément à Mapusa, tu prends encore un petit bus local pour atteindre la plage de tes rêves à Anjuna dit Anjuna-la-hippie, ça tombe bien. Bon, le chauffeur du bus pour Anjuna, il a pas du tout comprendre au concept de « hippie » parce qu’il fait tourner en boucle Justin Bieber à fond les ballons. Après une nuit blanche et à la 17ème heure de trajet, ça m’a valu une belle crise de fou rire avant de chanter avec le chauffeur « Baby, baby, baby, ooooooh ! ». Incredible India !

Après m’être installée dans une petite guest house qui fait aussi resto, salon de beauté, loueur de vélos et cybercafé, je pars donc avec ma serviette sous le bras, fermement décidée à rattraper mon bronzage backpacker ridicule (c’est-à-dire que j’ai les bras et le visage noirs, la marque des tongs sur les pieds et tout le reste d’une pâleur à rendre jaloux un lavabo… mais pas indien le lavabo, hein ? parce que là aussi, ils aiment la faïence flashy).

Première constatation, les touristes occidentaux sont bien là. Rien qu’à la terrasse de la guest house, je trouve un Suisse (trop bizarre d’ailleurs…), 2 racailles québécoises (kromeugnon l’accent québécois sur le langage 9-3), 2 Israéliennes, un couple d’Allemands, un couple d’Anglais, et une Américaine et une Espagnole venue faire un stage de yoga.

En arrivant sur la plage, petit moment de solitude avec ma serviette : y a pas de plage, y a juste une falaise ! Pour la plage, faudra attendre la marée basse… et de toute façon, y a que des rochers. Je marche donc le long de la falaise histoire de choisir le meilleur bar pour le coucher de soleil (c’est pas compliqué, ils s’appellent tous Sunset, ça devrait m’aider…). Les sentiers sont bordés d’échoppes de fringues, de sacs, de tentures et de sandales pour touristes. Les invitations pleuvent : « Come see my shop ! », « No shopping, just looking ! », « Promise you come back tomorrow ! ». Mais ma volonté est inflexible ! Je finis par trouver la plage, une petite bande de sable coincée entre 2 rochers. Là, on se croirait à Saint Trop’ : un très esthétique alignement de bars, musique à fond, et demoiselles rouges fluo en bikini entourées d’Indiens qui font des photos. Occidentales, les demoiselles. Et russes (c’est facile à reconnaître les Russes : ça hurle des trucs qui ont l’air très méchants tout le temps). Les Indiennes se baignent en jeans, elles.

Mais je ne suis pas venue à Anjuna que pour la plage (heureusement…) ! Le mercredi, il y a le « fameux » flea market qui déplace les foules depuis bientôt 3 ou 4 décennies.Bon alors en fait de flea market, ce sont les mêmes échoppes qui se déplacent juste 300 mètres plus loin pour se rassembler sur un terrain vague avec 3 ou 4 vaches… Clairement décevant.

La vérité, c’est que je ne reste pas à Anjuna. Trop de touristes, trop d’échoppes pour touristes tenues par des touristes qui ne sont jamais repartis, trop de d’Indiens qui essayent de t’extorquer quelques roupies… Je descends dans le Midi. A ma connaissance, personne ne rentre chez lui, là-haut dans le brouillard. Conquérir des plages vierges de tout Russe et grignoter du poisson grillé. Ça, c’est la vraie vie.

Photos ici.