Le jour où j’ai réalisé que je travaillais pour une agence de voyages

Ça fait 9 ans que je travaille. Et 4 fois que je change de métier. J’ai toujours pensé que je ne ferais pas la même chose toute ma vie. Mon imagination est beaucoup trop débordante pour ça. Ou alors je suis une éternelle insatisfaite, allez savoir…

J’ai fait 4 métiers différents mais j’ai aussi voulu être gérante d’une maison d’hôte en Bretagne, éleveuse de chèvres dans les Alpes, conductrice de camions géants dans les mines chiliennes ou éleveuse d’huîtres au large des côtes australiennes. Ou pâtissier-magicien. Pourquoi pas ?

Avec MSF, chaque jour, je découvre de nouvelles choses, de nouveaux terrains de jeu, de nouveaux métiers. C’était un peu la même chose quand je travaillais dans la restauration remarquez bien. Je suis tombée dedans un peu par hasard, j’y connaissais rien, j’ai appris sur le tas et j’y ai fait un petit bout de chemin. Bah là, c’est pareil. Il y a 6 mois, je ne connaissais rien à la gestion d’un projet médical en brousse et je suis en train d’apprendre sur le tas. Et j’apprends des tas de choses extraordinaires.

Par exemple, qu’il faut compter 40 litres d’eau par jour et par personne sur un projet rougeole. Ce serait un peu différent si on faisait du choléra (je vous fais pas de dessin…). Que dans la mesure du possible, il faut construire des latrines adaptées aux enfants sinon, ils ont peur de tomber dedans. Qu’il faut toujours prévoir un puit perdu plein de sable après une aire de lavage pour dégraisser les eaux. Que vouloir mettre un générateur triphasé quand on a plein d’installations électriques à monter c’est tout pourri, ça oblige à faire des calculs de malade qui ne fonctionnent jamais. Qu’il faut toujours mettre un kit de désembourbement dans une voiture. Même en saison sèche. On sait jamais. Qu’un Cessna 210 a besoin d’une piste de 1400 mètres pour atterrir quand il est chargé à plein. Et que la piste doit être bien plate et couverte de latérite pour que ce soit bien dur et que l’avion ne rebondisse pas.

On m’a dit : « Tu vas gérer les ressources humaines et la finance. » Mais moi, j’apprends des tas d’autres trucs. Et avouez que c’est quand même plus rigolo que la finance…

On m’a dit : « Tu pars travailler pour une organisation humanitaire. » Mais le week-end dernier, j’ai réalisé que je travaillais pour une agence de voyages.

Parce que gérer la finance, oui, on peut dire que je fais ça. Je fais des paiements à longueur de journées, je contrôle la saisie des écritures comptables, je valide les fins de mois, je calcule les taxes à reverser à droite ou à gauche, je fais des rapports sur le suivi du budget… oui, on peut dire que je gère la finance. Mais ça me prend pas tout mon temps non plus.

Et puis les ressources humaines, oui, on peut aussi dire que je m’en occupe. Je fais des organigrammes, je signe des contrats de travail, je calcule la paye de tous ceux qui ont signé les contrats susmentionnés, je signe les fiches de paye, je signe les chèques correspondants aux fiches de payes susmentionnées, j’accorde des congés, je gère les remplacements, je fais des entretiens disciplinaires, je rédige des courriers de sanction… oui, on peut dire que je gère aussi les ressources humaines. Mais c’est pas ça non plus qui me prend tout mon temps.

Ce qui me prend tout mon temps, c’est la petite ligne tout en bas de la partie ressources humaines. « L’administrateur de la base arrière est responsable des formalités administratives qui concernent le séjour des expatriés dans le pays ainsi que de l’organisation des mouvements de l’ensemble des staffs depuis et vers les projets. » Traduction : tu viens en RDC pour aller vacciner des enfants perdus en brousse ? Je vais m’occuper de ton visa et de t’envoyer là-bas, en brousse.

En ce qui concerne les visas, je vais vous la faire simple… c’est très compliqué.

En gros, les expatriés arrivent au Congo avec un visa de voyage qui ne les autorise pas à voyager dans le pays. Normal. Alors faut en demander un autre. Mais faut le demander à Kinshasa. Donc faut envoyer les passeports à Kinshasa. Et Dieu sait si les gens aiment se séparer de leur passeport et les envoyer se perdre dans les bureaux de l’administration congolaise… Puis faut attendre à peu près 2 mois. Normalement, le passeport ressort avec plein de nouveaux tampons dedans. Enfin pas plein, 2. Un qui t’autorise à rester 3 ans au Congo (merci, t’en demandais pas tant…) et un autre qui t’autorise à sortir du pays et à y rerentrer (oui, ça, ça peut être utile éventuellement…).

Evidemment, y a une petite subtilité. C’est que tu dois faire ta première sortie du pays dans les 3 mois suivants l’obtention de ton fameux visa. Puis que t’as le droit de rerentrer, ressortir et rererentrer autant de fois que tu veux dans les 7 mois suivants la date de première sortie. Ça va ? Tout le monde suit ? Si jamais au grand jamais, tu es hors du pays au dernier jour du 7ème mois, tu perds non seulement ton visa de sortie et rentrée mais aussi celui qui t’autorisait à rester 3 ans. Tu dois donc tout recommencer, et bien sûr, tout repayer. Ne passez pas par la case départ, ne touchez 20 000 francs mais filez 750 dollars à l’administration, merci !

En attendant d’obtenir ces visas, les gens se déplacent quand même. Pour ça, il leur faut une preuve de dépôt de la demande de visa. Ça aussi, ça s’obtient à Kinshasa. Mais heureusement, un tour de scanner et d’imprimante couleur et hop ! le tour est joué ! (oui, ici, une copie couleur passe facilement pour un original…)

Moralité, je passe mon temps à harceler le petit gars très sympa qui bosse à Kinshasa pour qu’il récupère les passeports avant que les gens ne repartent chez eux (bah oui, c’est toujours plus pratique d’avoir son passeport pour prendre l’avion…) et pour qu’il m’envoie les fameuses preuves de dépôt le plus vite possible. Et je connais par cœur les dates d’expiration des visas des presque 35 expats qui sont en ce moment sur le terrain. Oui… c’est très intéressant…

Et puis vient le meilleur… les mouvements. Oh alors oui… dit comme ça, on pourrait penser : « Bah quoi ? C’est quand même pas bien compliqué de mettre 3 petits gars dans une voiture puis de les envoyer en brousse ! » Alors oui. Mais non.

D’abord parce que si une personne était affectée à un projet de façon ferme et définitive… ça se saurait ! On change d’avis en moyenne 7 fois par jour. Puis parce que il ne suffit pas de décider qu’une voiture prend la route ou qu’un avion décolle pour que ça arrive effectivement. Faut aussi compter sur, au hasard, la météo, les coupeurs de route, la disponibilité en fuel, la bonne volonté de nos amis de la Direction Générale de la Migration…

Moralité, je passe mes journées à planifier, déplanifier et replanifier les arrivées et départs des uns et des autres, passer des coups de fils, hurler sur des petits gars qui sont sûrement de bonne volonté mais ont un gros baobab dans chaque main, et donner contre-ordres sur contre-ordres à l’adorable Papa C. qui gère ma maison d’hôtes.

Parce que oui. On gère aussi une maison d’hôtes. Bah vous imaginez quoi ? Que les gens débarquent et qu’ils vont se trouver tout seuls une petite chambre d’hôtel sympa avec vue sur le lac ? Non. Ça ne se passe pas exactement comme ça… J’ai une maison dans laquelle j’ai réussi à caser une petite dizaine de lits et je jongle avec les changements de draps et les rotations de serviette de toilette. Et Papa C. se charge du ménage et de la cuisine. Parce qu’on fait table d’hôtes aussi. Et que ça donne des trucs du genre : « Alors… lundi on sera 15, mardi 8, mercredi 12… ah non ! lundi 14, mardi 9, mercredi 15… ah non ! lundi 15, mardi 9, et mercredi… pfiou ! j’en sais rien… » Et Papa C. me regarde en rigolant…

Mais finalement, on s’en sort pas trop mal. Et du coup, je me dis que je suis en train d’acquérir tout plein de nouvelles compétences pour ma prochaine vie…

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Croisons les doigts !

Après avoir passé une bonne partie de ma journée dans le train, me voici arrivée à Nanning, toujours dans le Guangxi, dernière étape avant la frontière vietnamienne.

Enfin dernière étape… SI tout va bien. Parce que. SI je récupère bien mon visa vendredi et SI j’arrive à avoir une place dans le train pour Hanoi demain soir et SI j’arrive à avoir une place dans le train pour Sapa après demain, je passerai Noël à dans une grotte humide dans la montagne vietnamienne. Youpi !

Sinon, SI j’arrive à avoir une place dans un train pour Hong-Kong, j’irai m’empiffrer au soleil…

Cruel dilemme…

Donc le visa. Que je vous raconte. En arrivant à la youth hostel, je constate (c’est marqué sur le mur) qu’ils peuvent s’occuper de porter mon passeport au consulat vietnamien et de me le rapporter avec le précieux sésame. Je demande donc à Natacha, la fille de la youth hostel (si, si, Natacha, c’est chinois), comment on procède. Sauf que. Natacha est pleine de bonne volonté mais son anglais l’est moins et y a pas moyen de comprendre si oui ou non je vais bien récupérer mon passeport en temps et en heure. Elle finit par me dire qu’il vaut mieux que j’aille moi-même au consulat du Vietnam, d’ailleurs, elle m’écrit (en chinois) l’adresse sur un bout de papier et me dit que tous les chauffeurs de taxi de la ville connaissent l’endroit donc… no worry ! Mouais.

En attendant, je passe la soirée à discuter avec le seul autre occupant de l’hostel, L., un Australien en vadrouille en Asie et qui prend un vol le lendemain pour Bangkok. Ici, c’est plutôt low season. L’hostel est en fait un grand appart et on est un peu comme à la maison, dans les canapés du salon à jouer à la Playstation. On fête son anniversaire, on boit quelques bières, on papote, on se couche tard et le lendemain matin, L. rate son avion. Voilà ce qui arrive quand on passe trop de temps au pays des gens qui ne supportent pas l’alcool…

En attendant, moi je suis pas là pour cueillir des marguerites donc, après avoir quand même jeté un œil sur Google Map, je pars pour la gare acheter mon billet de train pour Hanoi parce que y a besoin du passeport pour acheter le billet de train donc vaut mieux le faire avant d’avoir déposé son passeport au consulat… Etonnamment, ils se foutent complètement de savoir si t’as bien un visa vietnamien et si tu vas pas te faire refouler à la frontière… Déconcertants, ces Chinois.

Donc, mon billet en poche, je remonte dans le bus pour aller au consulat. Google Map m’induit en erreur de façon grotesque et me voilà à descendre du bus et à marcher 8 kms pour rien avant de finir par me dire que je vais bien prendre un taxi et montrer le petit papier de Natacha. Les 2 premiers me font comprendre qu’ils ne savent pas où est l’endroit et le 3ème, qui est au téléphone en même temps qu’il baisse la vitre, jette un œil sur mon papier et me fait signe de monter. En voiture Simone !

Il me dépose devant un petit immeuble (je suis supposée aller au 27ème étage…) qui va s’avérer être la Chambre de Commerce vietnamienne mais pas du tout le consulat. Heureusement, là, une petite dame va me donner un autre papier avec une autre adresse (toujours en chinois) et je repars à la recherche d’un taxi. Une chauffeuse s’arrête, lit mon nouveau papier, dit « OK », je grimpe et on est reparties ! Bon elle galère un peu, elle demande le chemin à 2 ou 3 autres taxis qui traînent dans le coin et là, comble du comble du n’importe quoi, elle me ramène quasiment à l’endroit où j’ai laissé tomber la marche à pieds ! Grâce à Google Map, j’ai juste pas pris la rue dans le bon sens (et puis y avait des travaux et des palissades mais bon)…

Bref, il est 12h30, j’arpente la ville depuis 4 heures et je dépose enfin mon passeport au consulat. Hy-per simple, d’ailleurs. Un seul formulaire, sur un vieux papier tout photocopié, une seule photo. Ea-sy ! La fille au guichet me tend un reçu avant même que j’ai eu le temps de dire quoi que ce soit. Je lui demande quand même si je vais bien récupérer mon passeport le lendemain. Elle répond « OK », elle griffonne un truc sur mon formulaire et elle rajoute « 5 PM » ! WHAT ??? 5 PM ??? Mais mon train est à 6:20 PM !!! Bon, bah va falloir jouer serré mais avec un peu de chance (et y a rien à dire, la chance, c’est mon truc), ça va être nickel… hein ?

Reste plus qu’à confirmer la suite du programme au Vietnam ! Croisons les doigts de mains et les doigts de pieds ! (Et le premier qui dit que je ne suis pas capable de croiser mes doigts de pieds, je lui fais avaler des graines de baobab…)

Se frotter à l’administration chinoise en Inde ou… pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

C’est vrai, après tout, pourquoi ?

J’aurais pu faire une demande de visa pour la Chine à Paris, où j’aurais eu accès à une photocopieuse, une imprimante, des fonctionnaires mal lunés mais qui parlent français, et trois fois moins de paperasse à remplir. Mais franchement, est-ce que ça aurait été rigolo ? Non.

Alors que là, j’ai dû entrer en contact avec l’ambassadeur de France en Inde, l’ambassadeur de Chine en Inde, trouver un endroit pour faire photocopier mon passeport sous toutes ses coutures mais en un seul exemplaire (oui, parce que si j’en avais voulu 100, ça aurait été un jeu d’enfant, mais pour une seule photocopie… faut chercher), me faire envoyer des attestations d’assurance en-anglais-s’il-vous-plaît, passer quelques heures sur internet et traverser tout Delhi pas moins de 4 fois. Bien plus amusant, tout ça !

Bon alors, pour commencer, j’avais un gros problème : je ne pouvais pas prouver que j’allais bien sortir de Chine à un moment donné. Mon vol suivant partait de Singapour et le billet de train pour le Vietnam n’était pas réservable depuis l’étranger ni par une tierce personne (merci HC pour avoir tenté le coup !). J’ai donc contacté l’ambassade de Chine en Inde en expliquant mon problème. Ils m’ont répondu en m’envoyant la liste des documents à produire pour la demande de visa et en me disant qu’ils comprenaient bien ma situation, que je devais expliquer tout ça dans la lettre de motivation que je devais rédiger à l’attention de l’ambassade et qu’au final, l’ambassadeur déciderait si oui ou non il m’accorderait le visa. Bref, je n’étais pas plus avancée. Si ce n’est qu’ils ont rajouté une petite ligne : pour les personnes demandant un visa depuis un territoire tiers (autrement dit, depuis un autre pays que leur pays de résidence… et devinez qui est dans ce cas ?), il fallait un courrier de ma propre ambassade expliquant ce qu’on faisait là et pourquoi on faisait la demande depuis un autre pays. Ni une, ni deux, j’ai contacté l’ambassade de France en Inde. Qui a commencé par me répondre qu’ils n’avaient jamais fait de courrier de ce type et qu’ils ne souhaitaient pas créer un précédent et que de toute façon, puisque j’étais résidente en Inde ( ???), je n’avais pas besoin de ce document. Après avoir dissipé le léger malentendu sur le motif de ma présence en Inde (hé ho ! je vis pas ici moi ! je vi-si-te !!),  ils ont finalement accepté de me faire ce fameux courrier que je devais passer chercher à l’ambassade (bah ouais, ils filent quand même pas des courriers racontant n’importe quoi à n’importe qui n’importe comment…). Sauf qu’évidemment, s’est posé un petit problème de timing : je comptais déposer ma demande de visa le 1er novembre à mon arrivée à Delhi. Mais mon ami de l’ambassade est un petit rigolo, il a posé des congés et n’est pas là avant lundi prochain. Ce qui faisait que je ne peux récupérer ce f***ing courrier qu’à partir du 5 ! Ce qui aurait potentiellement retardé le dépôt de mon dossier chez les Chinois d’autant et m’aurait obligé donc à rester à Delhi à pester contre l’administration…

Mais heureusement, l’histoire s’est déroulée tout autrement…

Après avoir rempli 2 formulaires (au stylo bic noir et en lettres majuscules s’il vous plaît !), fait des tas de photocopies de tout un tas de trucs différents, fais des tas de réservations d’hôtels que j’ai annulées dans la foulée et rédigé une très jolie lettre de motivation manuscrite, j’ai pris le métro, plein d’optimisme, direction Patel Chowk et le Chinese Visa Application Service Center (on l’appellera le CVASC, c’est son nom officiel, pour la suite de l’histoire). Le CVASC, donc, est censé se trouver au 2ème étage d’un building appelé Le Méridien (c’est un hôtel). En arrivant, je me fais refouler par le vigile concierge à l’entrée qui me dit que oui, oui, c’est bien là mais merci de passer par l’entrée de service parce que là, c’est pour les gens importants avec de belles voitures et pas pour les filles qui se sont pas brossées les cheveux le matin. Bref, je fais le tour de l’immeuble et là, je trouve un autre type qui fait la sécurité (très gentil celui-là) à qui je demande si c’est bien là, le CVASC ! Et il me fait un grand sourire en me sortant un papier qui dit… « Désolé, mais on a déménagé il y a 3 jours ! Notre nouvelle adresse c’est D-2, Satek District. A+ ! »

Je vous expliquerai plus tard comment fonctionnent les adresses à Delhi, ce n’est pas le sujet du jour et pourtant c’est infiniment intéressant… Donc reprenons. Toujours pleine de bonnes résolutions, je lève le bras en gesticulant au milieu de la rue hèle un rickshaw avec distinction et je lui donne la nouvelle adresse : D-2, Satek District. Là, il commence à chouiner négocier en m’expliquant que c’est à 25kms, qu’il va jamais trouver de client pour revenir et que donc, ça va me coûter un bras. Mouais… je commence à connaître la chanson… mais étant donné que je n’ai aucune idée de l’endroit où est Satek District et encore moins D-2… je grimpe dans le rickshaw. Et effectivement, c’est loin… En fait, je retraverse toute la ville dans l’autre sens pour finir par m’apercevoir que Satek District, c’est à 3kms de GK1 et que j’aurais pu y aller directement depuis la maison si j’avais vérifié l’adresse sur le site internet du CVASC !

Sauf que… arrivée là, je m’aperçois que j’ai oublié de coller une photo sur mon formulaire… Heureusement, les Chinois ont pensé à tout et ils me tirent le portrait vite fait bien fait. Résultat : les pires photos d’identité que j’ai jamais faites… Mais bon, tout ce que je veux c’est déposer ma demande donc, je ferme les yeux et je colle une de ces horreurs sur mon formulaire.

Je me présente ensuite au guichet. Un fonctionnaire indien (étrangement, y a aucun Chinois dans ce bureau…) commence à regarder mes papiers… La pression monte… Et là, c’est le drame : un de mes formulaires est en français ! Mais heureusement, il a un exemplaire en anglais sous le coude que je remplis illico presto. Puis il me fait signe qu’il va sortir de son guichet pour venir me parler directement… ooooh non ! qu’est-ce qui ne va pas encore ?

Bon, bah, c’est très bien ma p’tite dame mais la lettre de motivation, il nous la faut tapée à l’ordinateur et pas manuscrite et puis surtout… il vous manque la lettre de votre ambassade… J’essaye de jouer la blonde (Ah bon ? Une lettre de l’ambassade ? Mais pour quoi faire ? Non, ce n’est pas marqué sur votre site internet…) mais ça ne marche pas ! Il me fait un grand sourire et il me dit : « C’est pas grave ! Allez à l’ambassade et revenez demain ! » Aaaaargh ! Si, c’est grave ! Je viens de perdre une journée !

Bon, je me dis que je tente le coup quand même et je fonce à l’ambassade de France (… à l’autre bout de la ville, bien sûr, quoisiment à côté du Méridien…). Bien sûr, il est 14h, et la pause déjeuner dure jusqu’à… 15h !!!! Je poireaute donc, assise dans l’herbe devant la grille en compagnie d’un groupe de moines du Ladakh (Julley !!) qui reviennent de Grenoble (???) et on rigole en comparant nos points de vue sur nos 2 pays (ils en reviennent pas qu’on utilise des machines pour laver la vaisselle…) et Grenoble est si propre et si calme…

Bref, je finis par me retrouver dans la salle d’attente du service consulaire et là, devinez qui vient presque m’enguirlander de pas avoir prévenu que je passais ? Mon ami que j’avais eu par mail et qui était censé être en congé ! Oui parce qu’en fait, aujourd’hui, y a tournois de pétanque inter-services à l’ambassade (l’administration française… ça fait pas rêver ?) et du coup, il est venu quand même et j’ai bien de la chance qu’il soit passé par son bureau et bon, ben, puisque je suis là, il va me le faire ce courrier !!

Et comme en fait, c’est un gars sympa, il m’indique même qu’au fond du hall, bien cachée, y a une boulangerie qui vend des baguettes…

Et je repars donc de l’ambassade toute guillerette avec mon courrier tout bien tamponné et ma baguette sous le bras. Je suis tellement contente que j’en offre même un bout au rickshaw driver qui me ramène jusqu’au métro !

Le lendemain matin, avec mes tout nouveaux courriers et pleine d’assurance, je me repointe donc au CVASC. Et là… le même type qui m’a expliqué la veille que j’ai très bien fait de demander un visa double entrée puisque je compte passer par Hong-Kong (ce qui est considéré par les autorités chinoises comme une sortie du territoire… va comprendre !), m’explique alors que comme j’ai actuellement un statut de touriste en Inde, je ne peux pas postuler pour un visa double entrée mais seulement simple entrée et valable 1 mois… Je souris… Je ne dis rien, je souris… Et intérieurement, je fulmine… Mais extérieurement, je souris… JE L’AVAIS DÉJÀ HIER LE STATUT DE TOURISTE, TÊTE DE *** !!!

Mais mon dossier est déposé, je récupérerai mon passeport dans 5 jours et je vais pouvoir aller m’entraîner chez les moines Shaolin pour botter les fesses des fonctionnaires du monde entier !

Oh, j’oubliais ! Maintenant que je sais que je vais récupérer mon passeport le 7 novembre (qui est définitivement une date qui compte), j’ai voulu réserver mon billet de train pour aller à Varanasi. Bien sûr, tous les trains sont complets. Heureusement, il reste des places en quota touriste (ouais, là aussi, encore une bizarrerie indienne mais c’est vraiment très long à expliquer). Mais devinez quoi ? Bah… pour réserver un billet en quota touriste… FAUT MONTRER SON PASSEPORT AU GUICHET DES RÉSERVATIONS !! Mouahahahahaha…

PS : Désolée pour mes lecteurs fonctionnaires, mais là, trop… c’est trop !

Premières formalités : le visa indien

Ca y est ! Je commence les démarches administratives, les vraies !

J’ai d’abord rempli consciencieusement mon petit formulaire sur le site internet du centre de demande de visa pour l’Inde : tout un poème, le lien qui ne marche pas, les questions dont je ne connais pas les réponses, …
Et puis j’ai fait très soigneusement la photocopie de tous les documents demandés (liste ici).
J’ai ensuite imprimé mon petit formulaire tout frais et j’ai voulu coller mes photos d’identité. Et là, surprise ! je n’avais pas le bon format… Et oui, faut surtout pas se gourer : les photos doivent être conformes aux normes établies par le gouvernement indien et bien sûr les photos établies dans les machines automatiques déployées sur le territoire français ne sont pas compatibles… En même temps, ça aurait été trop facile !!
J’ai donc eu le choix : faire des photos au centre de demande de visa parce que eux, ils ont les machines adaptées… (comme par hasard…) ou aller chez un photographe. J’ai choisi la 2ème option parce que j’avais peur de me faire piquer ma place dans la file d’attente des demandes de visa si je m’en échappais pour aller m’asseoir dans le photomaton… L’histoire dira plus tard que c’était une angoisse totalement exagérée…

Lundi après-midi, je vais d’un pas dynamique chez le photographe dont j’avais pris soin de vérifier les horaires d’ouverture sur internet. En arrivant devant la porte, je tombe nez à nez avec une petite feuille A4 m’indiquant « Horaires d’été – fermeture le lundi »… Seulement, j’avais prévu de déposer ma demande mardi matin avant d’aller au boulot et pas de photo… pas de visa, pas de visa… pas de voyage ! Hé ho, ça va pas non ?
Donc… mardi matin, l’empereur, sa femme et le petit prince, je suis retournée chez le photographe qui n’a pas pu s’empêcher de me faire une délicieuse remarque sur les milliers de petits cheveux qui flottent autour de ma tête et qui créaient un halo bizarre sur les photos… Bref, j’ai récupéré mes photos, j’ai foncé au centre de demande des visas et je me suis préparé psychologiquement à faire la queue pendant des heures…
Sauf que… il n’y avait que 12 personnes devant moi, c’était super bien organisé et ça ne m’a pris que 20 minutes ! J’étais presque déçue…

Évidemment, avant d’y aller, j’avais vérifié que ce n’était pas un jour férié indien. Bah oui, l’avantage de bosser dans les ambassades ou autres institutions de ce genre, c’est qu’on bénéficie des jours fériés du pays dans lequel on est ET de ceux du pays qu’on représente… à méditer pour plus tard…