Monter un escalier et manquer s’évanouir

Voilà ce qui arrive quand on veut faire sa maligne et qu’on passe sans transition du niveau de la mer à 3500 mètres d’altitude.

J’ai donc changé de décor. Après une nuit hachée (3 avions différents entre 20h30 et 6h30 et une incrédulité certaine devant les règles de l’aviation civile indienne, genre t’as le droit d’avoir 10 litres de liquide sur toi du moment que c’est dans une bouteille d’eau ou tu ne passes pas le contrôle de sécurité avant minuit si ton vol est à 2h du matin…), le commandant de bord qui te dit de regarder par le hublot parce qu’on voit l’Everest, le survol de la chaîne du Zanskar et l’atterrissage au milieu de nulle part entre les sommets enneigés après plusieurs loopings au-dessus de Leh… ça avait presque quelque chose d’irréel ! Même depuis l’avion on se sent tout petit !

Bon, quand tu descends de l’avion et que le froid te mord les mollets, là, tu remets direct les pieds sur terre : t’es dans l’Himalaya fillette ! Youhou ! Fallait mettre la polaire sur le dessus du sac !

Mission n°1 : se trouver une guest house pas trop chère mais avec de l’eau chaude ! Bah ouais, autant c’est pas gênant quand il fait 40°C et que tu sues à ne rien faire, autant là… elle coule directement des glaciers d’à côté l’eau du robinet ! Mission accomplie chez Indus Guest House où je tire de son lit un petit papi qui pensait que la saison était finie.

Bref, je négocie comme une chef le prix de la chambre pour les 3 nuits à venir et je m’écroule comme une moule jusqu’à midi. Quand je rouvre les yeux, je me suis faite un nouvel ami : le mal des montagnes… Et keskessafé le mal des montagnes ? Ça te pilonne le crâne, t’as l’impression que ta langue est une pierre ponce, tu pourrais faire le ramadan sans même t’en apercevoir et quand tu montes un escalier… tu vois des petites étoiles !

Je me dis que je suis forte, que je vais patiemment attendre de m’être acclimatée à l’altitude et que ça n’a jamais tué personne (à vrai dire si, c’est très sérieux le mal des montagnes, ça peut tuer…). Mais vers 16 heures, les aiguilles qui sont enfoncées dans mes yeux, mon cerveau et ma nuque devenant franchement pénibles, je craque et je vais à la pharmacie.

Ah la pharmacie indienne… on n’en parle pas assez je trouve. D’abord, les boites de médicaments sont rangées sur des étagères et les gens se servent eux-mêmes. Du coup, les 3/4 des boîtes sont ouvertes avec les tablettes de pilules qui dépassent et il y a un petit gars qui est chargé de tout ranger au fur et à mesure. A la caisse, le pharmacien (enfin… on sait pas trop si il est pharmacien celui-là…) a une cadence 20 fois supérieur à la caissière de Monop’ et hurle des prescriptions à tue-tête.

Je lui demande ce qu’il peut me donner contre le mal des montagnes et une plaquette de paracétamol tombe littéralement du ciel, jetée par le petit gars qui est sensé ranger mais finalement, on n’est plus trop sûr de ce qu’il doit faire… Mouais, bah pour prendre un Doliprane, j’ai pas besoin de tout ce cirque. Bref, j’arrive à négocier qu’il me donne autre chose et me voilà avec mes nouvelles pilules en poche, heureusement furieusement efficaces.

NDLR : il n’est pas particulièrement conseillé d’acheter des médicaments en Inde car le marché noir du médicament est florissant et les contrefaçons sont légions. Mais bon… en cas de force majeure…

Entre temps, j’ai quand même fait le tour de la ville (qui n’est pas bien grande) et repérer une bonne dizaine d’agences organisatrices de trek et autres excursions dans les environs.

On arrive en low season, il faut très souvent des permis pour circuler dans la montagne et les permis ne sont délivrés qu’à partir de 2 personnes. Il va donc me falloir me joindre à un groupe et donc m’adapter aux excursions déjà programmées. C’est un vrai casse-tête de faire coïncider les itinéraires et les dates de départ et tout ça au meilleur prix bien sûr !

Etant donné ma condition physique exceptionnelle (qui a rigolé ?) et ce sacré problème de l’altitude, l’idée de franchir allégrement les cols à 6000 mètres est abandonnée rapidement. Le lendemain matin, après un petit déj avec des nutella toasts (des fois, la mondialisation, ça a du bon), je trouve l’itinéraire, le guide et les dates qui vont bien chez Ladakhi Women’s Travel Company, la seule agence de Leh qui emploie des femmes guides (non, je ne milite pas chez les Chiennes de Garde mais je trouve ça cool et en plus ce sont les seules à pouvoir faire le trek que je veux quand je veux). Et en plus, à part le fait que monter 10 marches me donne encore l’impression d’avoir couru un marathon, le mal des montagnes est en train de s’estomper. Le programme pour les jours à venir est donc le suivant : excursion en jeep de 2 jours au Pangong Lake puis retour à Leh et départ le lendemain pour un trek de 4 jours dans la vallée de l’Indus, le Sham Trek (autrement appelé Baby Trek parce que normalement c’est un trek pour bébé d’acclimatation avant de passer aux choses sérieuses… mais ça, c’est pour les gens qui ont prévu de passer 3 semaines au Ladakh et pas 8 jours).

Photos ici.

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