Oui. Parce qu’autant que vous le sachiez tout de suite, si vous ne voulez pas passez pour au mieux un gros provincial et au pire un touriste (ah ! mon dieu ! mais qu’est-ce que c’est que ça ? un touriste ? iiiirk ! beurk ! c’est dégoûtant !), on ne dit pas « Kuala Lumpur » mais « Ké èèèèèl ». KL, quoi !
J’ai donc pris le bus pour KL. Bon, là, clairement, fini l’Asie du sud-est avec les vieux bus sans amortisseurs où on s’entasse à 60 quand il y a 35 fauteuils avec les poules, les vélos, les cochons et les vomitos. Ici, c’est l’Asie du sud-est version « nous, on sait faire du business et on est suffisamment malins pour pas avoir fait la guerre ces 50 dernières années donc on est pleins aux as ». Du coup, j’ai droit à un bus uuuultra deluxe, climatisé, avec un fauteuil où on aurait pu s’asseoir à 2 sans forcer, dossier inclinable à 50°, appuie-tête orientable, immeeeense espace pour les pieds et le chauffeur m’a répété 2 fois que mes pelures de bananes, c’était dans la poubelle, ok ? (bah oui, banane toi-même, je vais pas m’en faire un collier !) Bref, j’ai à peine vu passer les 4 heures de trajet mais j’ai quand même pu constater que le centre de la Malaisie… c’est vide. Rien qu’une immense et dense forêt interrompue de palmiers (des plantations de palmiers à huile en fait… bouh, c’est mal !). Qui laisse la place à une forêt de tours en béton quand on arrive à KL. Mais pas trop touffue, ça va. Et puis surtout, qui dominent ladite forêt, y a les Petronas… Et ça, c’est joli quand même. Et puis les Petronas, c’est un peu à KL ce que la tour Eiffel est à Paris. Alors ok, faut aimer les grands buildings mais dans le style, y a rien à dire, elles sont classes.
KL, c’est pas rien. Capitale de la Malaisie (enfin territoire capital de la monarchie fédérale malaisienne… bref, c’est pareil), 2 millions d’habitants, 5 lignes de métro, des temples en pagaille (confucéens, bouddhiques, hindous, si tu ne sais pas qui prier c’est que tu fais exprès), des mosquées monumentales (dont la 12ème plus grande mosquée du monde), des quartiers entiers qui poussent comme des champignons, les tours jumelles les plus hautes du monde (depuis un certain 11 septembre…) et des échangeurs routiers qui ressemblent à des manèges. Au milieu de tout ça, Chinatown et Little India. Et mon hostel dans la rue qui sépare les 2, autant dire on ne peut mieux situé (Backhome KL, on recommande même si j’ai écrasé Tata Cafard l’autre soir en allant me doucher…). Si Chinatown est le royaume du fake (« Combien de Rolex tu veux mon ami ? Allez, je te les mets dans un sac Vuitton, c’est cadeau ! ») , dans Little India, ça sent l’Indien comme dirait l’autre… Des vendeurs de fleurs qui embaument la rue de jasmin, des marmites de dal qui mijotent sur le trottoir, la musique bollywood qui claironne dès 7h le matin et des vendeurs de saree qui déchargent des camions de tissus… on s’y croirait !
Par contre, faut pas abuser, je ne peux pas me remettre à la cuisine indienne à haute dose et les stalls de street food, c’est dans les rues piétonnes de Chinatown (les Chinois sont les rois de la street food , c’est officiel). D’ailleurs, après 21h, c’est la seule partie de la ville qui reste animée (ailleurs, des rats gros comme des chats se battent dans les poubelles…).
Alors me voilà partie pour 2 jours d’exploration de cette ville… ah non, en fait. Ca fait pas 30 minutes que je suis dehors qu’un énoooorme orage éclate, les éclairs zèbrent le ciel dans tous les sens au-dessus de ma tête, le tonnerre gronde, roule et éclate entre les façades des buildings et il se met à tomber des hallebardes. En 20 minutes, la rue s’est transformée en ruisseau (y a bien 10cms d’eau) et les bus font des aquaplanings géants. Impressionnant !
Alors ? Vous voyez que je suis pas marseillaise !
Le truc rigolo c’est qu’au bout d’une heure, ça s’arrête, aussi vite que ça a commencé et tout sèche en un quart d’heure (oui, parce qu’ici, il ne neige pas si vous voyez ce que je veux dire…).
Alors ça ne m’a pas empêchée d’aller admirer les façades des vieux bâtiments coloniaux, de saluer le drapeau malaisien le plus haut du monde, d’arpenter les ruelles de Chinatown et de Little India à la recherche d’odeurs connues, de manger le meilleur melon de tous les temps, de vérifier que les 2 pointes aux sommets des Petronas sont bien des paratonnerres, de lécher ma cuillère (et mon ramequin) de mousse au chocolat, de renifler un durian (faisons les choses dans l’autre, d’abord, on renifle, ensuite on en mange… mangera… peut-être…), de laisser une tarentule approcher à moins de 10cms de ma main (on était séparées par une vitre, j’ai hyper bien géré) et de faire du lèche-vitrine chez Tiffany’s (d’ailleurs, ne cherchez pas d’idée pour mon anniversaire, j’ai trouvé).
Tout ça en m’émerveillant toujours de la diversité malaisienne, de la façon naturelle dont cohabitent ces communautés si différentes sans que ça ne pose le moindre problème. Comme quoi, c’est possible. Et ça marche plutôt bien. Oh bien sûr, je ne vis pas dans le monde des Bisounours, j’imagine bien qu’il doit y avoir des accrochages de temps en temps mais quand même, c’est impressionnant. Et très enthousiasmant.
Alors voilà, j’ai rajouté KL sur la liste des villes-dans-lesquelles-je-pourrais-habiter et demain, je reprends le bus, direction Malacca, encore et toujours plus au sud, dernière étape malaisienne. En espérant que les foudres de Zeus ne me suivent pas (non, parce que c’est joli un orage, surtout quand on est au sec, mais tous les jours, c’est lassant).
Photos ici.