du Mile 290 au Mile 313
Y avait beaucoup de vent quand on s’est couché hier soir mais heureusement, il est tombé pendant la nuit. Par contre, mes jambes sont 2 poteaux douloureux qui me réveillent sans arrêt. Faut que je pense à prendre un Ibuprofène avant de me coucher quand c’est comme ça. Dormir, c’est presque aussi important que marcher en ce moment.
On prend le petit dej vite fait (je mange mon oatmeal directement dans le paquet, ça fait moins de vaisselle) et on est prêts à décoller à 7h voire presque avant. Ça y est, la routine se met en place, je vais bientôt atteindre mon objectif de 45 minutes tout inclus pour lever le camp !
Ce matin, j’écoute un audiobook : 1984 de Orwell. L’histoire a l’air bien (je sais que l’histoire est bien mais bizarrement je l’ai jamais lu ce bouquin) mais je suis trop prise dedans et le trail demande un peu trop d’attention, ça me ralentit. A la première occasion je range mon MP3. Ça fera peut-être bien partie des trucs à rapporter à la maison en juillet…
On a encore prévu une grosse journée aujourd’hui pour essayer de rattraper les copains qui ont une quinzaine de miles d’avance. Le trail n’est pas très difficile mais y a un peu plus de dénivelé qu’hier et on avance un chouille moins vite.
Dans la matinée, au beau milieu du sentier, y a un hiker couché par terre. « Could you do me a favor? » il demande. Il a un moucheron dans l’oeil. Des moucherons, y en a partout. Ils tournent autour de ton nez, de tes yeux et de ta bouche sans arrêt. Tout à l’heure, j’en ai presque sniffé un. Je regarde dans son oeil mais je vois rien. Je lui verse donc un demi-litre d’eau dans l’oeil. Il dit merci, que ça va beaucoup mieux. Alors je repars.
Un peu plus loin, je me fais doubler par un gard qui me dit : « Bonjour ! » (en français dans le texte) « bah alors? c’est quoi ce drapeau ? » J’ai cousu un petit drapeau français sur mon sac. Mais comme y a plein de gens qui ne le reconnaissent pas, en général, je passe incognito. Bon là, en l’occurrence, c’est Manuel et comme il est français, c’était plus facile. On discute en marchant (enfin lui il parle et moi je cours derrière en répondant en monosyllabe) et puis je dois faire un stop pour refaire le plein d’eau et il continue son chemin.
Comme hier, le trail est à flan de colline toute la journée. Du sentier balcon qui suit une rivière dans le fond de la vallée à n’en plus finir… Ça serait presque un peu ennuyeux si dans l’après-midi, on finissait pas par tomber sur les Deep Creek Hot Springs. Ce sont les premières Hot Springs du trail. Y en a d’autres plus loin. Celles-ci, elles sont un peu particulières car c’est « clothing optional ». Traduction : si tu veux, tu te baignes tout nu. Et qu’est ce qui pourrait faire plus plaisir à un hiker dégueu que de se débarrasser de ses fringues qui puent et de se baigner dans une piscine naturelle d’eau chaude…? Rien. Ou peut-être une bière fraîche éventuellement…
Après les Hot Springs le sentier balcon reprend. Complètement plat sur 5 miles. La vue est la même depuis 10h ce matin, je commence à râler. Et puis soudain, à 1 mile de l’arrivée, les montagnes s’arrêtent net, y a un barrage sur la rivière et je me retrouve face à un panorama à 180 degrés sur toute la vallée et les montagnes suivantes dans le fond avec le mont Baden Powell enneigé. Wow… j’en oublierai presque qu’il est 18h30, que j’ai 23 miles dans mes pattes et que je ne rêve que de poser ma tente…
Juste après le barrage, on se trouve un petit coin abrité du vent et on fait connaissance avec Philip, un Allemand qui traînait par là et qui cherchait lui aussi un coin pour passer la nuit. En plus, le téléphone passe et on apprend qu’on n’est plus qu’à 7 miles de nos copains. Ça se pourrait bien qu’on les rattrape demain…