du Mile 756 au Mile 1 du Mt Whitney Trail après la jonction au Mile 766
Aujourd’hui on rejoint le camp de base du Mont Whitney, the tallest mountain in the lowest 48. L’ascension du Mont Whitney ne fait pas partie du PCT mais le sommet n’est qu’à 8 miles du trail et l’occasion est plutôt unique. Seulement voilà, encore une fois, cette année les conditions sont vraiment particulières : il y a tellement de neige et pas tellement de gens qui sont passés avant nous, du coup, on n’a pas tellement d’infos sur l’état et la difficulté du trail.
D’ailleurs, pour l’instant, je suis pas convaincue de grimper au sommet du Whitney demain. C’est un grand débat dans le groupe : certains pensent qu’il FAUT faire le Whitney, d’autres n’ont pas trop envie. Et les premiers ont tendance à mettre la pression sur les seconds qui du coup, ne savent plus trop quoi faire. Le Whitney culmine à plus de 4400m et si les uns n’arrivent pas jusqu’au sommet, ça obligera les autres à faire demi-tour : dans la Sierra, on reste ensemble. La journée va se passer à argumenter pour ou contre.
En attendant, on a quand même quelques miles à faire et la neige est toujours au rendez-vous. Pour ne rien gâcher, y a aussi quelques rivières à traverser. La première arrive après une longue descente bien abrupte où je me vautre et commence à glisser sans rien contrôler jusqu’à ce que Spider me rattrape au vol et m’évite d’embrasser un arbre un peu trop passionnément. Les microspikes c’est bien mais ça ne s’enfoncent pas assez profondément pour tenir sur des pentes pareilles. Du coup, je descends vraiment lentement avec la trouille de glisser à chaque pas et je commence à me demander si j’aurais pas mieux fait d’acheter des crampons…
Puis arrive la rivière. Normalement, c’est un petit cours d’eau à enjamber avec un grand pas. Cette année avec la neige, la rivière fait presque 5 mètres de large et le courant est plutôt impressionnant : ça bouillonne fort dans le milieu. Spider essaye de passer en premier mais la rivière est trop forte et trop profonde. Il faut trouver un autre moyen. On remonte un peu plus haut et on finit par trouver des troncs d’arbre qui, les uns après les autres, sont tombés en travers de la rivière et nous permettent de passer à pieds secs. Tout le monde n’est pas super à l’aise sur les rondins un peu glissants qui surplombent le bouillonnement et le rugissement de la rivière mais ça passe. Sauf que. Arrivés de l’autre côté, la plaine est inondée et on se retrouve à patauger dans un marécage dans lequel on s’enfonce parfois jusqu’au genou. On rejoint Emily, Urs et Eike qui avaient choisi un autre chemin et ont trouvé un autre tronc d’arbre sur lequel ils ont pu aussi traverser. Eux n’ont pas eu à traverser le marécage et leurs pieds sont secs…
On ne croise vraiment plus grand monde depuis qu’on est dans la Sierra et particulièrement depuis qu’on est dans la neige… On entend tout et n’importe quoi : la Sierra est infranchissable, y a trop de neige, les rivières sont trop grosses et peuvent t’arriver jusqu’au menton. Encore une fois, on ne sait pas différencier le vrai du faux et la situation évolue plutôt rapidement avec la fonte de la neige. On essaye donc de rester prudents et de ne pas prendre de risque inutile mais d’avancer le plus loin possible.
L’après-midi avance et on enchaîne tous les gamelles avec plus ou moins de talent artistique. Heureusement personne ne se blesse et on finit par arriver à la jonction du side trail qui mène au Whitney qui correspond à une rivière et un tronc d’arbre bienvenu pour essayer de garder des chaussures vaguement sèches mais le tronc est plutôt fin et on passe un par un en retenant un peu notre respiration.
Quelques mètres plus loin, on croise Alex, un Français qui redescend juste du Whitney. C’est l’occasion de récupérer le maximum d’infos. Lui dit que ça passe, que c’est long et qu’il y a pas mal de neige mais qu’en partant tôt, on devrait pas avoir de problème. Par contre, il nous conseille de ne pas aller plus loin pour aujourd’hui car le reste du trail est couvert de neige. On voulait s’approcher le plus possible pour réduire l’ascension le lendemain, c’est râpé. Du coup, il est 15h et pn plante les tentes ici comme tous les autres hikers qui arrivent progressivement. C’est tôt mais ça nous laisse le temps de sécher nos chaussures et de déterminer notre plan d’attaque pour le lendemain. Ce sera un départ à 4h30 pour ceux qui se sentent capables d’y aller.
Les arguments d’Alex m’ont convaincues : demain, je tente l’ascension du plus haut sommet des États Unis.