On a réussi à monter dans le bus pour Vancouver. C’était pas une mince affaire : le bus est déjà bondé quand il arrive et tout les hikers qui veulent quitter Manning Park jouent des coudes. Heureusement, on a réservé nos places et on s’installe où on peut en essayant de ne pas trop déranger les autres passagers qui sont plus ou moins endormis. Il fait super chaud dans le bus. Je dors pas vraiment. Je glisse sur le siège en cuir et y a trop de lumières. Mais je me plains pas trop : nous au moins, on arrive sans encombre à Vancouver. On a même presque une heure d’avance. La semaine d’avant, Emily, Urs et Eike se sont retrouvés assis sur le bord de la route à 4h du matin : le bus était tombé en panne… Il est donc même pas 6h quand on arrive à Vancouver. Il fait encore nuit et on se réfugie dans un Tim Hortons ouvert 24h/24. Un grand café et 3 donuts plus tard, on commence à se dire qu’on va s’y faire à ce petit retour à la civilisation…
On passe la journée dans Vancouver à traîner, regarder les hydravions atterrir et décoller dans la baie, aller prendre un vrai petit déj, se balader encore un peu, aller manger au marché, traverser la baie en petit bateau… de vrais touristes !! On tue le temps en attendant de retrouver PJ qui va nous héberger pendant quelques jours. J’ai rencontré PJ au Nigeria et il se trouve qu’il habite un peu au nord de Vancouver et que sa femme et lui ont fait le PCT il y a 40 ans. Ils sont donc très compréhensifs et nous accueillent comme des rois.
On passe les 3 jours suivants à se balader dans les environs, visiter le village olympique de Whistler, observer les kite surfers dans la baie, aller se baigner dans des petits lacs gelés, regarder des photos et échanger nos souvenirs et surtout manger, manger, manger et encore manger…
Puis on finit par prendre congé de nos hôtes en les remerciant chaleureusement et reprendre le chemin de la Californie. Mais pas trop vite : on prend d’abord un bus de Vancouver à Seattle. A la gare routière de Vancouver, j’achète un Kinder Surprise pour Spider. Les Kinder Surprise sont illégaux aux Etats-Unis et la dame à la caisse me rappelle que si je traverse la frontière, je ferais bien de dire à mon enfant de le manger avant la douane sinon, il sera confisqué… Le passage de la douane et de l’immigration se fait sans problème. Personne ne semble se préoccuper du fait qu’on est sortis des Etats-Unis sans passer par un poste frontière officiel ou que nos passeports n’ont pas été tamponnés par le Canada. On ne nous demande même pas nos permis d’entrer au Canada. S’en est presque décevant.
Arrivés à Seattle, on trouve notre chemin jusqu’à l’aéroport où on a loué une voiture. On a tourné ça dans tous les sens mais le plus simple et le moins cher restait de faire le trajet jusqu’à Bishop en voiture. Spider se met donc derrière le volant et en route ! C’est la fin de l’après-midi, le soleil rase l’horizon, Spider baisse son pare-soleil et… surprise !! on trouve 200USD en cash que quelqu’un a visiblement oublié là. Fun money ! On avait prévu de camper quelque part sur la route ce soir mais du coup, avant ça, on décide de s’offrir un bon resto de sushis quelque part dans Portland. C’est hors de prix mais on n’a pas mangé de poisson depuis des siècles… On repart avec l’intention de se trouver un petit coin un peu planqué en dehors de la ville pour camper. On tente un ou deux tailheads mais peine perdue, y a des interdictions de camper partout. A minuit, on est à côté de Eugene, OR et on décide de se rabattre sur un bon vieux Motel 6. Après tout, avec la découverte de notre miraculeux trésor, c’est pas comme si on empiétait sur notre budget…
Le lendemain matin, on s’aperçoit qu’on est dans la purée de pois. La fumée des incendies en Oregon est entrain d’étouffer la ville. On s’offre un bon petit dej de pancakes au Dennys juste à côté du motel et on quitte Eugene. On veut faire quelques courses car on va encore passer une nuit sur la route avant d’atteindre Bishop. On fait donc un stop au supermarché et pour une fois qu’on a rien à porter, on fait le plein de bonnes choses pour se faire des sandwiches. Puis les kilomètres et les sandwiches défilent… Et à la nuit tombée, on arrive à Reno. Le Nevada, c’est une première dans ce voyage ! On arrive à trouver un camping à la sortie de la ville et alors qu’on vient tout juste de planter nos tentes, une petite pluie fine se met à tomber. On est bons pour dîner dans voiture…
Le lendemain, on attaque la dernière partie de notre road-trip. Les sommets enneigés de la Sierra réapparaissent au loin puis se rapprochent de plus en plus. Et en fin de matinée, nous voilà de retour à Bishop. Ça fait presque 3 mois qu’on a quitté la Sierra et on a mis moins de 3 jours pour faire le chemin dans l’autre sens… Mais on est vraiment super contents de revenir. L’hostel est beaucoup moins busy qu’en juin mais on retrouve les chiens de la maison et nos petites habitudes très rapidement.
On reste 2 jours à Bishop car on attend un colis important. Un de mes amis nous prête son appartement à San Francisco pour notre post-trail transition phase et il m’envoie les clés par la Poste. On profite donc du calme, de la proximité du supermarché et on prolonge nos vacances de quelques jours. Mais le colis finit par arriver et on se retrouve à cours d’excuses… Bon, bah, demain, on repart alors…