En descendant le long de la côte du Maine tout en m’empiffrant de lobster rolls, je décide de m’arrêter à Portland. Et pourquoi ça me direz-vous ? Et bah d’abord parce que c’est joli et qu’en plus, je ne suis pas vraiment pressée. Après avoir revu l’itinéraire pour la 173ème fois, j’ai finalement décidé de ne pas pousser jusqu’à Philadelphie et Washington. Ça sera pour une autre fois ! Du coup, je prends mon temps.
Bon, en cette première après-midi à Portland, j’observe surtout la pluie qui ruisselle le long des murs de brique… Alors je fais ce que je sais faire de mieux : je file m’enfoncer dans les banquettes d’un Starbucks pour siroter à petites gorgées mon Grande Chai Latte… (et je commence à me demander comment je vais faire pour m’en passer dans quelques temps)
Le lendemain matin, c’est grand soleil. Bon c’est aussi dimanche matin alors on peut pas dire que la ville déborde d’animation mais ça reste sympa ce petit port de pêche. Des jolies petites rues pavées bordées de maisons en brique, non, vraiment, ça ne ressemble à rien que j’ai pu voir jusque-là.
Et c’est sympa de constater que toutes les villes américaines ne sont pas copiées/collées. Et pour la 1000ème fois, y a rien à faire, c’est quand même mieux avec le soleil. Y a beau avoir un vent à faire valdinguer les mouettes, ça met le sourire.
Histoire d’en profiter encore un peu plus avant de rejoindre Boston, je vais faire un tour au Fort Williams Park pour admirer les vestiges dudit fort et le phare.
En poursuivant la route, je fais aussi un petit détour par Salem. Le Salem des sorcières. Dans cette petite ville sans histoires, à la fin du XVIIème siècle, des gens se mettent à agir de façon plutôt étrange. On est en pleine période coloniale, la religion tient une place plus qu’importante et long story short, ces personnes frappées d’hystérie sont accusées et reconnues coupables de sorcellerie. 19 personnes sont donc purement et simplement pendues le 22 septembre 1692. Aujourd’hui, on pense qu’une explication plausible de ce phénomène resté inexpliqué serait en fait que tous ces malheureux ont pu ingérer de l’ergot du seigle, un champignon qui attaque les céréales et contient une substance proche du LSD. Ils n’étaient pas possédés par le démon mais juste sooooo high…
Evidemment, j’ai la bonne idée de me pointer alors qu’on est le dimanche d’avant Halloween… Oui, pour nous, ça serait pas tellement un problème vu qu’Halloween, on s’en fout globalement comme de notre dernière chaussette mais ici, on rigole pas avec ça. Et comme on est dans la ville des sorcières, on rigole encore moins. Du coup, c’est blindé de monde partout, déguisé avec plus ou moins (et plutôt moins) de bon goût, le cimetière est envahi de visites guidées et y a même un parc d’attractions qui s’est installé pour l’occasion. J’arrive à naviguer entre les stands de tirs et les baraques à épis de maïs mais rapidement, je suis saoulée de monde et plutôt que de passer la nuit ici à attendre que les esprits se manifestent, je préfère continuer mon chemin jusqu’à Boston où j’arrive à la nuit tombée.
Boston, LA ville historique du pays. Enfin la ville qui a joué un rôle tout à fait particulier lors de la révolution et de la guerre d’indépendance. Et les Bostoniens ne sont pas peu fiers de leur passé. Le long des trottoirs court un ruban rouge traçant le Freedom Trail, un circuit de découverte des principaux monuments de la ville. Ça évite d’avoir le nez tout le temps dans le guide, c’est sympa. Et puis la ville en elle-même est sympa. On dit de Boston que c’est un mini-New York. C’est clair qu’on sent bien qu’on est sur la côte Est mais de là à comparer la ville à Manhattan… faut pas pousser non plus ! Mais c’est vraiment agréable, on voit le ciel, y a plein de boutiques organic (bio quoi !) et en plus, du port, on peut prendre un bateau pour aller voir les baleines. Me faites pas dire ce que j’ai pas dit mais ça pourrait en fait être presque mieux que Manhattan ! (j’rigole, y a rien de mieux sur terre que Manhattan. Et croyez moi, j’ai fait le tour…)
En tout cas, voici donc venue l’heure de mon rendez-vous avec les baleines. Comme je l’ai déjà raconté là et là, j’ai une fâcheuse tendance à faire fuir les cétacés. Mais cette fois, je suis bien décidé à ce qu’on se regarde dans le blanc des yeux ! Me voilà donc à bord du bateau de l’Aquarium de Boston à fixer l’horizon à m’en brûler les yeux. J’ai réussi à me caser à l’avant du bateau et ni le froid ni la marmaille qui braille ne me feront bouger d’un pouce. Pendant 4 heures. Enfin si. En rentrant, j’ai craqué, je sentais plus mes pieds alors je suis rentrée dans la cabine. Mais en attendant… quel spectacle !!
Avec un total de 7 baleines à bosses différentes, la naturaliste nous explique qu’on est sacrément chanceux parce que c’est la fin de la saison et que c’est plutôt rare d’en voir autant. Bon, elles s’approchent pas trop trop près et j’ai du mal à me rendre vraiment compte de la taille totale des bestiaux mais rien qu’à la queue qui fouette l’air… pfff ! impressionnant !
Je rentre au port congelée mais ravie : enfin ! j’ai vu des baleines ! La prochaine fois, ce sera dans un plus petit bateau pour pouvoir s’approcher vraiment près…
Le lendemain, c’est journée « rhaaa… comment c’était bien d’être étudiant… ». Ouais, je sais, quand t’es étudiant et que t’entends des gens te dire que ce sont les meilleures années de ta vie, en général, tu te dis que c’est des vieux cons. M’enfin rappelle-toi, quand t’avais 15 ans, tu croyais que les gens qui en avaient 30, c’étaient des vieux cons. L’un dans l’autre… on s’y retrouve. En attendant, clairement, maintenant t’es dans la catégorie de ceux qui sont nostalgiques. Et pourquoi donc ces considérations philosophiques ? Et bah tout simplement parce qu’à Boston se trouvent 2 des plus prestigieux établissements universitaires du pays. Le MIT (Massachusetts Institute of Technology) dont sont issus rien de moins que Benyamin Netanyahou et Howard Wolowitz (oui, j’ai des références moi, môsieur…) et l’immensément prestigieuse Harvard avec son festival d’anciens présidents, de prix Nobel et accessoirement Marc Zuckerberg. Et les 2 campus se visitent. Gratuitement. Accompagné d’étudiants. Ce qui rend en fait la visite particulièrement intéressante puisque du coup, on a un peu l’impression d’y être soi-même étudiant pendant 1 heure ou 2. Oui, 1 heure ou 2 parce que si tu veux rester plus longtemps et connaître l’immense privilège de profiter des infrastructures de malade (non mais vraiment de malade) ou simplement te faire un bon bizutage d’une fraternité quelconque, va falloir casquer près de 100 000 dollars l’année… Ouais. Ça refroidit. Et ça pose la question de l’accès à l’enseignement. Comme quoi, en France, on râle mais quand même, le système n’est pas si mauvais…
Après cette petite journée revival où je me suis dit que malgré tout, l’expérience universitaire aux Etats-Unis, ça n’a rien à voir (mais alors rien de chez rien) avec ce qu’il y a chez nous, j’avais prévu de reprendre la route. Mais le destin en a décidé autrement. En lisant les gros titres de Métro dans le métro (oui, ils ont aussi Métro aux US), j’apprends que le lendemain, l’ami Barack vient justement à Boston faire un petit discours pour défendre l’Obamacare. Comme j’ai pas encore eu le temps de goûter la clam chowder du coin, je décide donc de rester une journée supplémentaire. Evidemment, ce jour-là, il pleut.
Le discours n’étant qu’en fin de journée, je vais d’abord traîner sur les quais où sont amarrés des bateaux de la Marine. Un très très vieux, l’USS Constitution, très joli avec tous ses haubans, ses canons et ses petits hamacs qu’on se dit qu’on n’aurait pas aimé d’être un marin ayant le mal de mer dans ces conditions, et un beaucoup plus récent, tout gris et assez moche (comme ceux qu’on voit à Toulon quoi !) et où j’arrive à me faire choper parce que je me retrouve dans un coin où y a pas le droit d’aller. En même temps, c’est pas de ma faute, y a quelqu’un qui n’a pas remis la chaîne…
Pendant ce temps, autour du Quincy Market, on sent qu’il va se passer un truc important.
J’arrive un peu à la dernière minute et y a plein de monde partout mais ça ne m’empêche pas de jouer des pieds et des coudes pour me frayer un chemin jusqu’aux barrières de sécurité pour apercevoir l’Homme-qui-dirige-le-monde. Bon, évidemment, grosse déception. D’abord la police a bouclé tout le quartier et il est impossible d’approcher l’entrée du bâtiment dans lequel le président s’exprime. N’est admis qu’une liste d’invités triés sur le volet. Le reste des curieux (dont votre serviteuse bien évidemment) est parqué à l’arrière du bâtiment dans l’espoir de l’apercevoir à la sortie. Mais comme il ressort par là où il est entré, bah… on ne voit rien du tout. Bon, j’ai quand même réussi à l’apercevoir à travers les vitres teintées de sa grosse voiture mais en fait… il est comme à la télé. Sauf qu’à la télé, tu le vois en plus grand.
En général, tu vois pas non plus les pancartes des anti-Obama qui réclament que son prix Nobel soit donné plutôt à Poutine… Ah, ces Américains…
Après toutes ces émotions, j’ai fini ma journée en tutu. Je suis allée voir La Bayadère, un ballet par le Boston Ballet. Alors autant chez nous (en France je veux dire), aller voir un ballet, c’est un peu un truc classe, autant ici, tu peux arriver dans la salle avec un gobelet de bière dans chaque main (acheté 1 millier de dollars au bar quand même), ça gène personne. En tout cas, heureusement qu’il y avait l’histoire imprimée dans les programmes parce que sinon, je suis pas sûre que j’aurais tout compris… Mais les danseurs étaient vraiment bons. Les solistes en tout cas. Parce que je suis toujours un peu déçue du corps de ballet aux Etats-Unis (oui, je sais, j’me la raconte grave, c’est pas la première fois que je vais voir un ballet et pas la première fois non plus aux Etats-Unis mais là n’est pas la question). Ils manquent de synchronisation. Ça fait un peu brouillon. Mais à part ça, c’était plutôt chouette.
Et c’est donc sur cette note élégante et raffinée (hormis les effluves de bière…) que j’ai achevé mon séjour bostonien. Demain, Flipper et moi, on se prend pour les Kennedy, on file à Cape Cod.
Photos ici.