Quand j’ai officiellement annoncé que je partais faire ce voyage, un de mes frères m’a dit « Tu peux arrêter de te laver, c’est bon. » Il ne croyait pas si bien dire… ma dernière douche remonte à 4 jours. Ben oui mais bon, dans la montagne, les douches (chaudes de surcroît) ne sont pas légions ! Vous constaterez que je suis beaucoup plus conciliante dans l’Himalaya que dans les Pyrénées…
Je suis donc partie dans la vallée de Sham pour enchaîner les cols à plus de 3800 mètres en compagnie de Guonzan, ma guide, pendant 4 jours d’affilée et pour le plaisir s’il vous plaît !
Tiens, d’ailleurs, pour ceux qui se demandent si la crème « anti-ampoules » est efficace, je confirme : j’en avais pas et paf ! une belle ampoule au bout de 2 jours au talon gauche !
Pendant ces 4 jours, nous avons dormi dans des homestays. En guise de chambre, des matelas posés au sol et pour la salle de bain ce sera des toilettes sèches au fond du jardin, merci !
Bon, je vais pas vous raconter par le détail les noms des microscopiques patelins qu’on a traversés, mais retenons plutôt que au Ladakh, il y fait peut-être froid la nuit mais les gens sont tellement gentils et chaleureux qu’on aurait presqu’envie de passer l’hiver au coin du poêle avec eux. Et puis, j’ai appris à faire du shitaki (rien à voir avec le shitaké), des mo-mos, des chappattis, à compter jusqu’à 5 en ladakhi, à danser ladakhi, à faire sécher des bouses de vache pour alimenter le feu… bref, je suis une Ladakhie accomplie ! D’ailleurs, tout le monde me disait que je ressemblais à une Ladakhie, j’envisage donc une reconversion dès la fin de ce voyage ! (… enfin pas complètement quand même parce que la température descend jusqu’à -35°C et qu’à part le poêle, y a pas de chauffage). Et puis avec les 5 mots de vocabulaire que j’ai appris, c’est du tout cuit ! Julleyyyyyy !! (en insistant bien sur le « eyyyyyyyyy »… ça veut dire à la fois « Bonjour », « Au revoir », « Merci » et « S’il vous plaît », c’est très pratique…)
Je plaisante : la vie dans la montagne, c’est franchement pas une sinécure… Y a pas l’eau courante (faut aller la chercher à la rivière et des fois, c’est pas tout près), y a pas l’électricité courante (ça va, ça vient, on sait jamais quand ça marche) mais… le gouvernement fournit des panneaux solaires si on en fait la demande (je dis ça pour « le monde du solaire »…), on mange la même chose matin, midi et soir, été comme hiver, on se gèle les fesses dès que le soleil passe derrière la montagne d’à côté et les routes sont purement et simplement bloquées du 1er décembre au 15 mars si on est chanceux…
Alors, bien sûr, la communication n’a pas toujours été facile puisque nos hôtes ne parlent jamais un mot d’anglais et que Guonzan étant trainee guide, elle était pas encore tout à fait opérationnelle en traduction mais on s’est payé de bonnes tranches de rire. Et puis ça a aussi été l’occasion rencontrer L., anglaise d’origine bengladeshi et prof d’histoire en Australie, accompagnée de sa guide et avec qui nous avons passé une très chouette soirée à jouer au pouilleux massacreur…
Et puis le trek en lui-même n’était pas hyper palpitant. Mais rien que pour pouvoir en faire baver certains en disant « J’ai passé 8 cols à plus de 3800 mètres en 3 jours »… ça valait le coup !
La prochaine fois, c’est sûr, je prévois 4 semaines, et je me le paye, le K2 (et pas du fond d’un canapé…) !!
En attendant, retour à Leh, je refais mon sac pour la 50ème fois en 3 semaines et direction le Rajasthan !!
Photos ici.