Bon, ça va faire 3 jours que je suis à Delhi et à part régler mes petits tracas administratifs, qu’ai-je donc fait pour mériter ça ? (là, si quelqu’un voit l’allusion, je lui tire mon chapeau) pour occuper mes journées ?
Ben tout d’abord, j’ai fait connaissance avec mes colocs. J’ai notamment dîné avec G., un français en tour du monde (original me direz-vous…) après 8 ans d’expatriation à Dallas (la classe…) et avec qui on s’est rué chez Pizza Hut (parce qu’on n’arrive plus à faire la différence entre le masala et le butter masala).
Je suis allée visiter le tombeau de Humayun, « le site le plus merveilleux de Delhi » dixit nos Lonely amis. Bizarrement, ça m’a fait penser à un autre truc… Enfin, vous me direz ce que vous en pensez.
J’ai observé la faune locale… et découvert que les perroquets, ça ne vit pas qu’au zoo.
Et puis ce matin, je me suis dit qu’il fallait prendre son courage à 2 mains et plonger dedans pour de vrai. Et me voilà partie pour un tour de la ville à vélo. Rendez-vous donné à 6h30 (Hein ? Quoi ? 6h30 ? Du matin ? Vous rigolez ? Non ? Ah bon…) parce qu’après « la circulation est trop dense et ça devient compliqué d’apprécier la balade » (sans blague…). Première surprise : quand tu mets les pieds dans la rue à 6h du matin, 1/ y a personne donc y a pas de bruit et c’est suffisamment rare pour être signalé, 2/ il fait froid… genre vrai froid (comme qui dirait)… genre il fait 15°C (bah si, pour la région, c’est froid).
Bref, c’est un peu la galère pour trouver un rickshaw mais je finis par en trouver un encore tout endormi et tout emmitouflé dans une grande couverture en laine qui se trompe de 100 roupies dans le prix de la course parce qu’il est encore trop tôt donc je saute dedans !
Le point de ralliement des malades du vélo est au fond d’un parking tout noir et plein de chiens qui aboient… Bizarre… Mais les vélos sont bien là, les guides avec leurs K-way oranges aussi et à 6h45, tout le monde est en selle et c’est parti mon kiki ! Non, sans rire, Delhi ByCycle est un super tour operator et puis ça permet de voir la ville autrement qu’à travers le pare-brise d’un tuk-tuk et ça, ça change ! On traverse donc Old Delhi à l’heure où les camions déversent des montagnes de quartiers de chèvre et de pieds de buffle bien sanguinolents, où les gens se lavent et se brossent les dents en groupe devant les pompes à eau, où les plus pauvres font la queue devant les temples pour avoir un petit-déjeuner et où les enfants partent à l’école, entassés à 15 dans un rickshaw qui, pour la peine, est fermé par des grilles pour ne pas perdre son chargement. On fait également un petit tour en barque sur la Yamuna River qui traverse Delhi… Alors quand je disais que j’avais pas envie de me baigner dans la Seine… je vais peut-être changer d’avis ! L’eau de la Yamuna est si noire qu’on ne voit même pas le bout des rames ! La rivière est sacrée et le plus grand crématorium de Delhi se situe au Nord de la ville. Dans le temps, les gens se faisaient incinérer avec du bois de santal (sacré, lui aussi) mais aujourd’hui, les gens n’ayant pas les moyens de s’offrir un joli bûcher en bois de santal, on ne met qu’une seule buchette en santal et le gaz fait le reste du boulot. Par ailleurs, les femmes ne sont pas admises dans le crématorium : leurs pleurs et leurs lamentations pourraient troubler les âmes au moment du grand départ… Bref, les cendres sont toutes balancées dans la Yamuna dans laquelle se déverse aussi les égouts de la ville et on comprend vite pourquoi, après Delhi, la rivière n’est plus qu’un immense ruban de détritus noirâtre… Depuis quelques années, le gouvernement dépense des fortunes pour tenter des actions de dépollution mais visiblement, y a encore du boulot !
Bref, après avoir pédalé pendant plus de 3 heures, en évitant les vaches, les chiens, les enfants, les tas d’ordures, les charrettes qui viennent à contre-sens et les fils électriques qui sont suspendus à 1m50 du sol, on finit par aller prendre le petit déj dans un très fameux restaurant de Old Delhi, le Karim’s. Le restaurant est tout petit, existe depuis presqu’une centaine d’années et sert des naans tout frais et tout chauds. Au menu, chèvre marinée et bouillie pendant 7 heures, curry de légumes et bien sûr, un peu de dhal. Dé-li-cieux !
Après tout ce sport et cette culture, il était temps de se ramollir un peu le cerveau et j’ai donc fait la même chose qu’une bonne majorité d’Indiens à Delhi le samedi après-midi, je suis allée au mall faire du lèche-vitrine. Très drôle de voir toutes ces marques connues, ces cosmétiques de luxe et ces boutiques de chaussures quand on sait que la majorité des Indiens sont en tongs, achètent leurs vêtements dans la rue et ne mettent pas crème anti-rides. Pourtant, il y a un monde fou, les gens ont les bras chargés de sacs et le food court est plein à craquer. J’envisage une très sérieuse épidémie d’obésité en Inde dans les 20 prochaines années. Les franchises américaines pullulent (KFC, McDo, Pizza Hut, …) et les gens mangent à longueur de journée des trucs archi sucrés, frits et bien gras. Cela étant dit, ça ne concerne que ceux qui sont capables de s’offrir un repas à plus de 300 roupies et rapporté au 1,2 milliards de gens vivant dans ce pays, c’est peut-être finalement pas énorme.
Pour finir ce samedi en beauté, j’ai été invitée à une soirée très sympa sur un roof-top avec plein d’expats qui vivent et qui travaillent à Delhi. Tout le monde demande à tout le monde « Et toi ? tu fais quoi ici ? » et c’était plutôt drôle de répondre : « Moi ? Rien ! Je tourisme professionnellement… ». Tout ça en grignotant des brochettes de bœuf (sacrilège !!) et en sirotant des vodka-cranberry… Un petit morceau d’ancienne vie en quelque sorte !
Photos ici.