Comme on est samedi matin, en quittant Santa Cruz je fais un petit tour par le marché. Le Farmers Market. Les producteurs des environs viennent y vendre leurs fruits et leurs légumes et il paraît que c’est à ne pas louper alors… Et en effet, c’est bien sympa. Déjà tout le monde fait goûter tout son étalage. C’est qu’il est hors de question d’acheter à l’aveuglette ! Bon, y a jamais qu’une dizaine de stands mais je me laisse tenter et une demi-heure plus tard, je repars avec, sous le bras, une barquette de framboises, quelques tomates, une baguette aux céréales (si, si, une VRAIE baguette) et un pot de ceviche. Il faut dire que mes occasions de manger du poisson sont plutôt rares (et puis, je veux pas vexer Flipper…).
A midi, je m’arrête donc à Pigeon Point où je déguste mon pique-nique de reine… Ah ! du vrai pain, du poisson frais, des tomates ultra goûtues et des petites framboises pour couronner le tout… qui a dit que je devais me farcir un régime déprimant ?
Et après les kilomètres d’asphalte plutôt déserts de ces derniers jours, je me retrouve soudain dans les embouteillages qui annoncent San Francisco. En fait, les embouteillages sont plutôt dans l’autre sens. En ce début d’après-midi, les gens quittent la ville pour aller à la plage. Du coup, Flipper et moi on se débrouille pas trop mal et on arrive à notre adresse dans le quartier de Haight Ashbury. Parce qu’on est comme ça nous : on se dit que quitte à passer un peu de temps à San Francisco, on va pas aller se perdre en banlieue et encore moins se prendre un motel. Non, non. On s’installe directement au cœur de l’action !
Bon, en fait, j’ai un peu cherché sur internet comment on pouvait faire et j’ai fini par trouver quelques adresses dans San Francisco où se garer la nuit ne gêne pas les voisins et où, si on est discret, on ne se fait pas déloger. Parce qu’il ne faut pas croire ! Passer la nuit dans son véhicule est toujours illégal ! Mais noyés dans le nombre de voitures de la ville, je pense qu’on a toutes nos chances.
Une fois installée, je m’occupe du plus pressé : la lessive. Et une fois que j’ai des affaires propres, je prends le chemin de la piscine. Non pas que je meurs d’envie de péter mon score au 100 mètres papillon… non. Disons plutôt que ça fait bientôt 4 jours que je n’ai pas vu une douche : il est grand temps de se décrasser ! Sauf que pas de bol : la piscine est déjà fermée. Je suis bonne pour revenir le lendemain matin. Parce que 5 jours sans shampoing… beurk !
Du coup, à 9h pétantes en ce dimanche matin, je suis à la piscine. Et c’est rigolo, y a que des Asiatiques dans le bassin. Même la maître-nageuse est asiatique ! Le temps de faire mes 40 longueurs (bah oui, tant qu’à être là, autant en profiter !) et d’user et abuser du savon sous la douche, il fait un soleil radieux quand je ressors. Par-fait !
Je me mets donc en route pour un petit tour en ville. Je suis déjà venue à San Francisco il y a 3 ans, je me concentre donc uniquement sur ce qui me fait vraiment plaisir de voir ou de revoir. Je commence par une petite balade dans Castro pour arriver devant… une maison bleue. Oui mais pas n’importe quelle maison bleue. LA maison bleue. Celle adossée à la colline, où on ne frappe pas, ceux qui vivent là ont jeté la clé…
C’est plutôt drôle parce que, à part cette petite plaque collée sur le mur, la maison n’a rien de vraiment spécial. Elle ressemble à toutes les autres dans cette rue. Et personne ne semble d’ailleurs vraiment s’y intéresser. A part moi. En tout cas, ça suffit à me coller la chanson dans la tête pour la journée ! Quelques rues plus loin, je grimpe dans un vieux street car poussif qui m’emmène jusqu’au Ferry Building. Là, on peut, évidemment, prendre le ferry, mais surtout… manger ! Y a plein de stands de bouffe tous plus appétissants les uns que les autres… Je craque pour un mixed salumi cone, un petit cône en papier dans lequel il y a du jambon, de la pancetta et tout un tas d’autres charcuteries italiennes en petits morceaux… mmmmh ! dé-li-cieux !
Un peu plus loin sur les docks, je tombe sur le village de l’America’s Cup. Si je comprends bien tout le remue-ménage autour, ça doit avoir lieu en ce moment. Moi, j’y connais pas grand-chose en compétition de voile : pour moi, la Coupe de l’America, ça a lieu en mer. Depuis les docks de San Francisco, je vois pas bien l’intérêt. Du coup, je continue mon chemin jusqu’au fameux Pier 39. Aux croassements (si, les otaries, ça croassent) et à l’odeur, je retrouve sans peine les otaries. Avachies en plein soleil, elles se donnent en spectacle sous les flashs de la bonne centaine de touristes qui se pressent sur le dock. Et tandis que je suis là, à contempler bêtement ces grosses quenelles, mon regard est attiré par quelque chose qui bouge dans la baie. Et qui bouge sacrément vite ! Deux immenses catamarans sont en train de finir une régate… la Coupe de l’América ! Ils sont suivis de toute une flottille de bateaux qui essaient tant bien que mal de les suivre. J’en ai jamais vu d’aussi grands ! Et surtout, jamais qui allaient aussi vite ! A peine le temps de les voir traverser la baie et hop, c’est fini, ils rentrent au port. Et ben dis donc… drôlement impressionnant !
Et puis, parce que aller à San Francisco et ne pas traverser le Golden Gate Bridge ça serait un peu comme aller à New York et ne pas traverser le Brooklin Bridge, je retourne louer un vélo pour passer de l’autre côté du pont. Je dis « je retourne » parce qu’il y a 3 ans, on avait fait la même chose. Sauf qu’on était parties assez tard et qu’on avait fini la balade à la nuit tombée. Là, j’ai toute l’après-midi devant moi. Mais pour autant, je n’ai pas tiré de leçons du passé : comme il y a 3 ans, il y a un vent à décorner les bœufs et comme il y a 3 ans, les côtes qu’on avait eu tant de mal à grimper sont toujours là ! Par contre, pas comme il y a 3 ans, en arrivant au pied du pont… rien. Pas de pont. Pas même l’ombre du pont. San Francisco s’est embrumé et le pont a disparu. Même une fois dessus, je ne vois pas le sommet du premier poteau ! Le fameux brouillard de San Francisco… que je n’avais pas vu il y a 3 ans ! Bah là, j’y ai droit dans toute sa splendeur ! La corne de brume retentit sans arrêt, il fait un froid de canard et on n’y voit goutte !
Enfin ça, c’est du côté de San Francisco. Parce que dès que j’arrive du côté de Sausalito (de l’autre côté, quoi), d’un coup, tout s’éclaircit, le ciel redevient bleu, le pont rouge et c’est magnifique… De la vraie carte postale. Avec la brume qui s’écoule de derrière la colline, qui s’agrippe dans les haubans du pont et le soleil qui fait briller la baie… J’ai mal aux cuisses (oui, je sais, c’est une balade de débutants, je ne suis pas vraiment une adepte de la petite reine…) mais ça valait le coup !
Reste quand même une dernière côte à grimper pour rejoindre le port… ce que je fais en pestant. A l’arrivée, j’ai 5 minutes avant le départ du prochain ferry. Parfait, juste le temps d’engloutir un smoothie mangue-passion et hop ! me voilà sur le pont à essayer de me réchauffer au soleil. C’est qu’on est en Californie du nord maintenant ! Et il fait pas bien chaud ! Et ça s’arrange pas quand le ferry retourne dans la purée de pois pour rejoindre San Francisco. Du coup, c’est quasiment frigorifiée que je rends mon vélo. Ce qui me donne une bonne excuse pour filer chez Boudin.
Et non, Boudin ne fait pas du boudin. Sinon j’irais pas, j’aime pas ça. Boudin fait du pain. Et du très bon pain même. Avec ce petit goût qui pourrait presque faire croire que ça vient de chez nous. Et pour ne pas manger du pain sec, Boudin le remplit avec de la clam chowder. De la chaudrée de palourdes, quoi.
Une fois réchauffée et le ventre plein, la nuit tombe. Il est donc temps de retrouver Flipper qui m’a attendu sagement toute la journée dans son coin, impatient de reprendre la route. Demain, on attaque la Californie du nord…
Photos ici.