Va falloir « deluxer » un peu tout ça…

Oui parce que la vie de backpacker c’est bien joli, mais ne pas être obligée de ranger sa brosse à dents tous les matins et de garder ses tongs sous la douche de peur d’attraper une mycose, c’est mieux.

Et pour ça, rien de mieux que squatter chez HC, l’homme qui vous deluxe le voyage en moins de 2.

« Bah… c’est qui HC ? » me direz-vous. HC et moi, on bossait ensemble jusqu’à ce qu’il se débrouille bien mieux que moi et qu’il se fasse muter à Shanghai. C’est l’homme qui porte des chaussettes cardinales (allez donc consulter Google Image), qui n’aurait jamais mis les pieds à Center Park de sa vie si on n’y avait pas été en séminaire et qui sait exiger de son patron qu’on deluxe les fins de réunions à grands coups de Laurent Perrier (l’expression est de lui bien sûr…). Bref, il fait bon squatter chez HC.

D’abord, je le reconnais, ça fait bien plaisir de voir une tête connue dépasser de 40cm émerger de la foule chinoise après presque 3 mois à voyager en terres inconnues, elles.

Et puis comme ça fait presqu’un an qu’il habite à Shanghai, ça va être un guide de premier ordre pour découvrir la nuit shanghaienne (bah oui parce que le jour, apparemment, y en a qui bossent…)

Un peu d’histoire sur Shanghai quand même. Située à l’embouchure du Yangzi, à cheval sur le Hangpu, Shanghai (dont le nom signifie « au bord de la mer ») est de longue date un port de commerce idéal et fourmillait déjà de 50 000 habitants à la fin du XVIIème siècle. En 1842, les Anglais s’installent à Shanghai créant la concession britannique, bientôt suivis par les Français et les Américains et 10 ans plus tard, la ville devient le premier port chinois. Prospérant grâce au commerce de l’opium, de la soie et du thé, la ville attire alors les grandes firmes internationales qui y firent construire d’immenses bâtiments, tous plus somptueux les uns que les autres, le long du Bund, un ancien chemin de halage servant à remorquer les barges qui transportaient du riz et devenu la promenade de Puxi, la rive ouest de la ville. Mais elle devint aussi synonyme d’exploitation et de vice : ses innombrables fumeries d’opium, salles de jeux clandestines et maisons closes, contrôlées par des gangs formaient le centre de la vie locale. Après 1927, le gouvernement chinois coopéra avec tous les puissants du coin pour éradiquer toute agitation ouvrière et les « pauvres » de Shanghai se retrouvèrent exclus de leur propre ville (les parcs étaient interdits aux chiens et aux Chinois). Ils devinrent donc particulièrement sensibles aux idéaux communistes et révolutionnaires et c’est d’ailleurs ici que le Parti Communiste Chinois vit le jour en 1921. En 1949, les communistes « libérèrent » la ville et entreprirent de détruire les taudis, désintoxiquer des centaines de milliers d’opiomanes et supprimer le travail des enfants et l’esclavage. Bien que ce fut une éclatante réussite, Shanghai perdit sa splendeur d’antan et devint une ville industrielle, siège du pouvoir de la Bande des Quatre pendant la Révolution Culturelle. En 1990, l’annonce des projets de développement de Pudong, la rive est, permit à la ville de rebondir. Aujourd’hui, les gratte-ciels modernes de Pudong  font face aux édifices austères du Bund, témoins d’un autre temps.

Une économie en plein essor et des dirigeants influents ont permis à Shanghai de prendre une large avance sur les autres villes chinoises. Cependant, cette suprématie économique inquiète Beijing qui tente de contenir l’influence de Shanghai. Reflet de l’ambivalence de la Chine à l’égard du monde, l’ouverture de Shanghai sur le monde est couramment perçue comme encombrante et surfaite.

Bon.

Cela étant dit, Shanghai, c’est la première ville où je me prends la pluie depuis la mousson à Kochi, soit depuis 2 mois et demi… Et puis du coup, de jour et sous le ciel gris, ça perd un peu de son charme. Mais comme tout bon glandeur touriste professionnel, je suis allée faire un petit tour sur le Bund pour admirer la skyline de Pudong après avoir fait du lèche-vitrine dans Nanjing Road, à ma connaissance (pour l’instant), la rue au monde qui aligne le plus grand nombre de malls… D’ailleurs, c’est assez déconcertant. A Shanghai, y a plein de monde mais on dirait qu’ils passent leur temps soit à faire du shopping, soit à manger (ah ! on se disait bien aussi…). Du coup, j’ai fait pareil…

La ville est immense et il reste assez peu de quartiers historiques (ou même ayant plus de 30 ans) à part le Bund parce que les Chinois détruisent tout à grands coups de bulldozer pour construire d’immenses tours de verre. Mais y a des coins sympas : la Concession Française, avec ses platanes (qui eux, ont une bonne centaine d’années au compteur), ses vieilles maisons en brique, ses petites allées, le Yu Garden, un immense jardin entouré de reconstitution de vieilles maisons de thé façon Disneyland, Zhongshan Yu, un joli parc coincé entre d’immenses tours de béton très jolies la nuit avec tous leurs néons qui clignotent, la terrasse panoramique du Bottle Opener et la vue plongeante (c’est le cas de le dire !) sur Puxi.

Parce que finalement, c’est bien quand le soleil est couché que Shanghai devient belle. Ca clignote dans tous les sens, c’est de toutes les couleurs, bref, c’est beau une ville la nuit.

Et puis, je ne vous cache pas que j’en ai bien profité de la nuit, à Shanghai. Un concert des Lions of Puxi dans un bar après un dîner dans un resto salsa (c’est fou, ils dansent tout le temps ces Chinois), une très longue soirée très arrosée (et pas qu’à l’eau de pluie) pour l’anniversaire d’un ami d’HC, bref, le temps d’un week-end, j’ai retrouvé une vraie vie d’alcoolique sociale, et ça, c’était vraiment sympa.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et je vais aller soigner ma gueule de bois retrouver le calme des petites villes de province, direction Suzhou, la Venise de l’Orient, avec ses innombrables jardins et canaux qui ont inspiré le proverbe suivant : « Au ciel, il y a le paradis. Sur terre, il y a Suzhou. » Ça promet…


Le tube des Lions of Puxi. Je sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’elle va avoir du succès cette chanson…

Photos ici.

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