Que ça se dit Rhangjo (bien raclé au fond du nez le « r »). Tu conviendras qu’ils auraient pu l’écrire comme ça au lieu de nous embrouiller… Et qu’y a-t-il donc à voir à Hangzhou ? Le lac de l’ouest. Non pas qu’on soit vraiment à l’ouest (Hangzhou a un port sur le Pacifique) mais le lac se situe à l’ouest de la ville. CQFD. Et il paraît qu’il est vraiment très joli, à tel point que les poètes pouet-pouet en parlent depuis des siècles. Ça tombe bien, j’ai un truc moi avec les poètes…
Enfin voilà quoi. Je suis remontée dans le train, ai fait 100kms vers le sud et suis donc arrivée à Hangzhou. Pas compliqué, c’était le terminus. Là où c’est devenu compliqué, c’est quand j’ai voulu aller de la gare (point A) à la youth hostel (point B). Pourtant, j’avais toute les cartes en main : les indications pour y aller (prendre le bus Y2 et descendre à l’arrêt Changqiao… non, je vous dirai pas comment ça se prononce, je suis fachée), la carte du Lonely Planet (sur laquelle il y avait la gare ET la youth hostel) et je savais même à l’avance combien fallait payer dans le bus (3RMB). Ça aurait dû être une affaire classée en 2 coups de cuillères à pot.
Oui mais voilà. Déjà en sortant de la gare, il y avait 2 grands panneaux avec des numéros de bus. Et si les chiffres étaient bien lisibles (enfin, arabes quoi !), les lettres… c’était une autre histoire. J’ai donc suivi les petites flèches qui m’ont sortie de la gare et m’ont amenée devant un carrefour où… y avait rien, c’était un carrefour. Demi-tour, je repars dans l’autre sens, j’écris sur mon téléphone « Y2 », je montre ça à 2 ou 3 personnes (oui, va dire « Y2 » en chinois…) et je finis par atterrir à l’arrêt du bus. Là, je me dis c’est bon, easy !
Oui mais non. Un premier bus s’arrête, je demande au gars qui est devant moi si il va à Changqiao, le gars me fait non de la tête et me montre un autre bus juste derrière. Je m’apprête donc à monter dans le deuxième bus quand quelqu’un me tape sur l’épaule. Je me retourne, c’est mon petit gars qui maintenant me fait signe que non, faut pas monter dans celui-là non plus (d’ailleurs, j’aurais dû m’en douter, dessus c’est marqué K270 et pas du tout Y2). Là, il me fait comprendre que lui aussi, il va à Changqiao et qu’il va m’indiquer le chemin. 10 minutes passent (ça fait déjà 40 minutes que je suis descendue du train), les bus stagnent devant le trottoir, rien ne bouge. Là, j’en ai marre, la station de métro est juste derrière, je descends donc dans le métro voir si, entre temps, ils auraient pas construit une nouvelle ligne qui irait à Changqiao. Ca travaille vite les Chinois, c’est capable de te percer des lignes de métro en 6 mois, faut pas les sous-estimer ! Evidemment, c’est l’heure de pointe, je fais la queue pour arriver au guichet (automatique le guichet hein, je vais pas expliquer mon problème à la fille en uniforme qui ne parle pas un mot d’anglais…) et bien sûr, je découvre que la ligne de métro va partout sauf dans le quartier qui m’intéresse. Je ressors du métro et je découvre que tous les bus sont partis. Là, je retombe sur un type qui doit bosser pour la RATP (il a un uniforme et une casquette et il traîne à l’arrêt de bus depuis encore plus longtemps que moi) qui se met à me crier dessus en me disant que j’aurais dû monter dans le bus parce que là, il est 17h45 et que le bus Y2 s’arrête à 18h. Je vous rassure, il me criait dessus en chinois et j’ai pas compris un traître mot de ce qu’il me disait mais il gesticulait de façon assez expressive et surtout, j’ai fini par remarquer le petit écriteau qui indiquait « Y2 : 8:00 – 18:00 »…
Bon, heureusement, un dernier bus Y2 est arrivé. Je grimpe dedans et je demande au chauffeur de me prévenir quand on arrive à Chongqiao : « Daolé Changqiao qing jiao wo ma ? » (je progresse vite en chinois… merci Lonely !) Il me regarde et me fait un signe de la main et je comprends « 6 ». 6 ? OK, j’avais compté 7 arrêts mais y en avait un entre parenthèses donc 6, ça semble logique. Ah oui, j’ai oublié de vous dire, les Chinois ne comptent pas sur leurs doigts comme tout le monde… Jusqu’à 5, on arrive à se comprendre et après, c’est du chinois si je puis me permettre… Mais sur ce coup-là, j’étais plutôt sûre de mon interprétation de 6 avec le pouce et le petit doigt en l’air. Bref, le bus démarre, je me mets à compter, après le 5ème arrêt j’appuie sur le bouton, je remets mon sac de pierres sur mes épaules et sans hésiter, et surtout sans un regard du chauffeur, je descends du bus.
Pas la peine de vous dire qu’évidemment, ça n’est pas le bon arrêt, je suis descendue un arrêt trop tôt. Tu crois que ce biiiiiip de chauffeur me voyant descendre (on était 4 dans le bus) m’aurait dit « Euh non mademoiselle, c’est pas là, c’est la prochaine ! » (dans n’importe quelle langue j’aurais compris…) Ben non ! Il a refermé les portes et il a redémarré aussi sec. Et puis entre 2 arrêts de bus, c’est pas comme entre 2 stations de Vélib, c’est plutôt comme entre 2 stations de RER… Mais vu qu’il n’y a plus de bus, j’ai pas bien le choix, me voilà à pieds.
Bon, je vous épargne la fin de cette rocambolesque aventure, je suis bien arrivée (puisque j’ai une connexion internet pour me plaindre) et j’ai même repris le bus (une autre ligne) un peu plus tard pour aller manger. Je ne suis donc pas si fâchée que ça. Et en plus, pour ce que j’en ai vu de nuit, Hangzhou, ça a l’air vraiment très très sympa. D’abord y a des concessions BMW, Porsche, Aston Martin, Ferrari, Maserati et Lamborghini (oui, oui, alignées et dans cet ordre… ouais, tu comprends, la Chine, ils sortent juste de 100 ans de communisme, ils commencent à s’ouvrir au commerce extérieur, la classe moyenne émerge… bah la classe supérieure, je sais pas où elle était cachée mais elle se porte plutôt bien !). Ensuite, c’est Vegas. Y a un son et lumière sur le lac 3 fois plus grand que les fontaines du Bellagio. Et pour finir, j’ai slurpé (du verbe manger en faisant « slurp ») de délicieuses nouilles. Et voilà, je suis plus fâchée du tout.
Le lendemain, sous un beau soleil d’hiver, je pars faire le tour du lac de l’ouest. Et de jour aussi, c’est très joli. C’est même tellement joli que c’est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et qu’on le retrouve sur le dos des billets de 1 yuan. Bon, il fait 15kms le tour du lac (et pour une fois, je ne suis pas marseillaise) mais pour tenir le coup, ils sont futés ces Chinois, ils ont disséminé des stands de brochettes de kumquats et de barbes à papa à intervalles réguliers. Et comme on est samedi, c’est archi blindé de monde qui fait du vélo, qui fait du roller, qui promène le bébé, qui chante à tue-tête dans des micros hyper saturés, qui donne à manger aux carpes, qui joue du flutiau, qui se prend en photos devant la moindre feuille morte, qui grignote des pattes de poulet au soleil. Après avoir assisté au coucher du soleil (c’est pas mal en hiver non plus), j’étais claquée j’ai fait un petit tour dans la Rue de la Culture Historique (c’est son vrai nom), histoire de compléter mon étude sociologique de la street food chinoise. Mais je crois que je commence à avoir un bon dossier.
Et sinon, le groupe Le Duff n’a qu’à bien se tenir… On m’en avait parlé mais je ne l’avais pas encore vu de mes propres yeux. En avant-première et rien que pour vous, voici la BrIIoche Dorée !!

(désolée pour la qualité de la photo mais cette séquence a été tournée en caméra cachée…)
Allez, zou ! Fini le Zhejiang ! On n’est pas là pour cueillir des marguerites ! En route pour Xiamen, 600kms plus au sud en ligne droite, dans le Fujian. Non parce que là, fini de rigoler, il est grand temps de ranger l’écharpe et de terminer l’hiver.
Photos ici.