Oui, bon bah là, Martine, elle va tourner de l’oeil alors c’est l’heure d’aller les coucher les enfants !
Donc, comment en suis-je arrivée là ?
Dimanche dernier, j’étais à Hanoi. Dernière journée dans la capitale avant de reprendre mon petit bonhomme de chemin plus au sud. J’ai donc profité de cette dernière journée pour me cultiver un peu (je suis allée au Musée Ethnologique du Vietnam qui présente les 54 minorités ethniques qui composent la population du coin), rigoler un peu (je suis allée me gondoler devant le cadavre empaillé et recouvert de métal d’une tortue géante… vous avez remarqué comme les Vietnamiens aiment conserver les corps des gens/animaux qui meurent ? c’est un peu étrange , non ?) et manger un peu (bah oui, je ne vis pas de l’air du temps !). Puis, je suis retournée à l’aéroport (pour la 3ème fois…) pour m’envoler pour Danang. So far, so good, jusque là, tout va bien.
Arrivée à Danang vers 20h, il faut pas trop traîner pour se trouver un hôtel parce que déjà qu’à Hanoi, tout était fermé à 22h mais alors en « province »… Je me dirige donc d’un pas confiant vers l’hôtel Vinapha (retenez bien ce nom et surtout, n’y allez pas !). Aucun problème, ils ont des chambres, ils vont me montrer… Bon, la cage d’escalier est plein de mégots et y a un couloir entier dédié aux « massages » mais faut peut-être pas trop faire la difficile… La chambre n’est ni propre ni sale et quand j’ouvre la porte de la salle de bain, un gros gecko s’enfuit derrière le lavabo mais ça pourrait aller (les geckos, c’est bon, ça mange les moustiques). Je redescends à la réception et j’essaye de négocier le prix en prétextant que c’est bruyant car la chambre donne sur la rue. Aucun problème, ils ont des chambres qui donnent sur la cour ! Je remonte visiter la deuxième chambre qui est dans le même état que la première donc je pose mes sacs et je m’apprête à redescendre donner mon passeport quand mon regard est attiré par un mouvement au fond de la salle de bain… Je m’approche prudemment et… je manque avoir une attaque : la Maman des Cafards est là, tâtant avec ses antennes le carrelage et nullement impressionnée de me voir là. Moi, par contre, je suis à 2 doigts de me sentir mal. For the record, Maman Cafard mesure 7cms et ses antennes au moins autant. Je prends donc mon courage et la poubelle de la salle de bains à 2 mains et d’un geste vif et précis, je l’abats sur Maman Cafard qui termine sa vie dans un craquement immonde…
Puis je réfléchis. Vite. Est-ce que je dors là ou est-ce que les millions d’enfants qui ont dû entendre le dernier soupir de leur mère ne vont pas venir m’attaquer pendant la nuit ? Ni une, ni deux, je remets mon sac sur mes épaules, je redescends la cage d’escalier et je dépose la clé de l’enfer sur le comptoir sous les yeux de la réceptionniste qui ne comprend rien (mais franchement, je prends pas le temps de lui expliquer).
Et me revoilà dehors. Avec le cœur qui bat à 100 à l’heure et la vision cauchemardesque de Maman Cafard qui danse devant mes yeux. Première pensée : « C’est vrai qu’il y en a des plus gros en Thaïlande ? Non c’est pas possible… ». Deuxième pensée : « Bon. On va où maintenant ? ». Troisième pensée : « Oh mon Dieu ce bruit horrible que ça a fait en craquant… ».
Bon, je reprends mes esprits et je trouve 2 rues plus loin un hôtel très moyen mais où rien n’est vivant dans la chambre à part moi. Et je peux vous assurer que j’ai vérifié. J’ai bien mis 2 bonnes heures à me détendre et j’ai même dormi avec la clim à fond et la lumière allumée juste par mesure de précaution.
Bon. Mais keskiya à Danang à part des trucs qui foutent les jetons ? Sous la domination française, Danang devint au XIXème siècle le principal port de la région (et l’est encore aujourd’hui). C’est ici que les 3500 premiers marines américains débarquèrent en mars 1965 et furent accueillis par de jeunes Vietnamiennes avec des colliers de fleurs. Pendant la guerre, c’est encore ici que les GIs seront envoyés en « repos » sur la plage. La ville et ses habitants ont alors fort mauvaise réputation. Dix ans plus tard, deux camions de combattants vietcongs, composés pour plus de moitié de femmes, pénétrèrent dans ce qui avait été la ville la mieux défendue du sud et, sans tirer le moindre coup de feu, décrétèrent la libération de Danang. La ville n’est pas belle mais le flux constant de voyageurs d’affaires et une communauté florissante d’expatriés (mais que sont-ils donc venus faire là ???) ont permis le développement de petites entreprises et de tout ce qui va avec (hôtels, restaurants, etc…).
Bref, y a pas grand-chose à voir à Danang. Mais comme y a un aéroport, c’est une halte pratique. Alors, puisqu’on y est, on va quand même en faire le tour !
Curieusement, il y a là un très très chouette musée de la sculpture cham. Les Chams, ce sont les gens qui habitaient au Vietnam avant même qu’on songe à appeler ça le Vietnam. Et comme ce sont de très proches cousins des Cambodgiens, leurs sculptures ressemblent assez à ce qu’on peut trouver dans les ruines cambodgiennes. C’est très joli. Et plein d’animaux imaginaires. J’aime bien.
Et puis, sinon, y a une église rose bonbon, une pagode avec un énorme Bouddha qui se fend la poire et un temple caodaïste (oui, bon, bah là, vous allez sur Wikipédia). Et ça y est, on a fait le tour de Danang !
Pour pas partir complètement fâchée, je me suis quand même offert un pantagruélique petit déj chez Bread of Life, un resto tenu par une association caritative pour les sourds. Ils sont sourds, en effet, mais ils sont pas manchots : les pancakes étaient dé-li-cieux ! Et oui, le petit déj a le droit d’être western style, ça compte pas. Et de toute façon le pho avant 11h30 c’est pas possible.
Voilà. Faut pas abuser des bonnes choses alors je reboucle mon sac et je me mets en quête d’un taxi direction Hoi An, 35kms plus au sud. Ces messieurs les taxis étant bien trop chers à mon goût et la gare routière bien trop loin, je rencontre Truong, un Easy Rider, qui sangle mon sac sur sa grosse bécane et en avant ! Finalement, Danang, ça se termine bien mieux que ça n’a commencé…
Photos ici.