Au petit matin, j’ose à peine sortir le nez de sous ma couette : ça fait de la fumée quand je respire… Un bon tour de chauffage plus tard, les vitres de Ben sont presque désembuées et le soleil qui passe à travers les arbres commence à sécher la pelouse. C’est l’heure d’aller voir de plus près ce qui se passe sous terre.
Rotorua est située dans la zone géothermique la plus dynamique de Nouvelle-Zélande. Les Maoris avaient donc décrété l’endroit sacré et aujourd’hui, près de 35% de la population de la ville est maorie (ce qui est nettement au-dessus de la moyenne nationale à 14%). Les deux principales attractions du coin sont donc la visite des sites géothermiques et les spectacles de chants et de danses traditionnels. J’ai donc fait les deux. Dans cet ordre.
Des geysers, j’en ai déjà vu (pfff… comment elle se la raconte l’autre !). Des tas. Des très grands, très bouillants et surtout qui jaillissent très régulièrement. Mais là, c’est quand même le plus haut geyser de l’hémisphère sud. Le Pohutu Geyser (ce qui se traduit par « Grand Splash » ou « Explosion ») est situé dans le parc Te Whakarewarewatangaoteopetauaawahiao (« Le soulèvement des guerriers partis à la guerre de Wahiao » ou plus communément appelé Whaka, on se demande bien pourquoi…). Il crache son jet d’eau brûlant à près de 30 mètres de haut environ 20 fois par jour. Entre deux éruptions, ça continue de crachouter un peu. Mais y a tellement de vapeur qu’on ne voit pas ce qui se passe dans le trou. En tout, il y a près de 500 sites géothermiques dans le parc (sources chaudes, bains de boue bouillonnants, fumerolles et geysers). Y a donc de quoi faire. Et finalement, si on évite de marcher sous le vent, l’odeur est presque supportable.
Après m’être littéralement imprégnée de boue soufrée (ça colle aux pieds cette cochonnerie !), je suis allée visiter le centre culturel maori juste à côté. Les Néo-zélandais sont plutôt fiers de réussir à préserver ce pan de leur culture alors ils ont ouvert une école de sculpture et une école de tissage traditionnelles et ils ont recréé un village maori. Le clou de la visite est le spectacle donné par une troupe de guerriers Maoris avec chants, danses et haka. Le truc surprenant c’est que tous les Maoris n’ont pas le physique polynésien. En fait, le métissage est tel depuis toujours que les gens qui se revendiquent maori n’ont pas forcément la peau plus mate et les cheveux frisés (dit comme ça, je pourrais être maorie…). C’est plutôt une question de tradition et de culture que d’ethnie. En tout cas, c’est très chouette. Et très impressionnant, on dirait qu’ils vont nous manger tout crus !
Pour achever cette journée de la façon la plus agréable qui soit, je suis allée visiter les bains de Rotorua. Au début du siècle dernier (en 1908), profitant de la situation géographique et des sources chaudes de la ville, le gouvernement fit bâtir une immense demeure de style victorien assez jolie dans laquelle étaient dispensées des cures thermales. De nombreux Européens vinrent donc buller dans la boue et se faire électrocuter dans leur baignoire (oui, il parait que c’est très bon pour la circulation…). Mais la maintenance des canalisations et du bâtiment coûtait une petit fortune et l’endroit a dû être fermé. Le bâtiment est cependant resté en activité et a abrité jusqu’à la fin des années 90 un restaurant, un cabaret et même une boîte de nuit (ambiance Bains Douches, vraisemblablement). Depuis, tout ça a été transformé en musée et il reste juste une petite piscine en extérieur dans laquelle je suis allée me vautrer faire quelques brasses gracieusement.
Et puis, Ben commençait à en avoir marre de faire le pied de grue sur le parking alors on a repris la route et on est allés passer la nuit à Turangi, 150kms plus au sud, en plein cœur de l’île. Turangi est aux portes d’un autre parc, le Tongariro National Park, où là, c’est du sérieux, y a des volcans. Et ils sont même pas endormis… Mais ça, c’est l’histoire de demain.
Photos ici.