Après avoir jeté un dernier coup d’œil par-dessus mon épaule et poussé un dernier soupir (pfff… qu’est-ce que c’est… oui, bah, c’est bon, on a compris !), Ben et moi, on a repris la route, direction Akaroa.
Akaroa, c’est un petit village tout au bout de la péninsule de Banks, à une heure de Christchurch. C’est là que j’ai décidé de passer ma dernière soirée en tête à tête avec Ben. Parce que oui, ça y est, après 18 nuits (un record de longévité dans le même lit en ce qui me concerne), il va être temps de nous séparer. Après avoir roulé le long de la côte toute la journée, on débarque donc à Akaroa. Et là, surprise, tous les noms des hôtels sont en français (Chez La Mer), tout comme les magasins de souvenirs (Pot-Pourri), et même les rues (Rue Jolie). C’est qu’en fait, Akaroa a été la première colonie française en Nouvelle-Zélande après que le capitaine Jean Langlois l’eut achetée aux Maoris en 1838. 63 colons furent alors envoyés en 1840 mais seulement quelques jours avant leur arrivée, les Anglais paniqués, plantèrent leur drapeau sur la péninsule et y déclaraient la souveraineté de la couronne britannique. Si les Français étaient arrivés 2 semaines plus tôt, la face de la Nouvelle-Zélande en eût été changée… Ils s’installèrent quand même à Akaroa mais en 1849, leurs terres furent revendues à la New Zealand Company (qui gérait déjà tout le reste) et de nombreux colons britanniques arrivèrent. Reste que la ville garde un petit parfum nostalgique de son ancienne nationalité.
En soit, la ville n’est pas extraordinaire mais la route pour y arriver vaut vraiment le détour. Une petite route de montagne qui serpente sur les pans du volcan qui forme la péninsule, des à-pics sur des criques désertes de sable blanc, des oiseaux à la pelle, des moutons partout et en toile de fond, le Pacifique sud… Pfff… oui, bon, ça va, on a dit !
Le lendemain matin, après avoir refait mon sac (j’avais presque failli oublier comment il fallait empiler tout mon foutoir dedans pour que ça ferme du premier coup, dis donc !), passé un petit coup de balayette à l’intérieur de Ben et vidé le frigo, on a donc pris, la mort dans l’âme, la direction de Christchurch. Mais pour faire durer le plaisir, plutôt que de prendre la même route que la veille, j’ai décidé de passer par le nord de la péninsule pour jeter un œil à 2 ou 3 petites criques merveilleuses qui bordent la route. Enfin… la route. Le chemin plutôt. Parce qu’en fait, les bétonneuses ne sont jamais arrivées jusqu’ici et c’est donc sur un petit chemin d’abord en gravier puis en terre et qui se rétrécit à vue d’œil que je me retrouve. J’y croise quelques possums (morts, comme d’habitude, de toute façon, ces bestioles ne naissent que pour se retrouver en format galette sur un bord de route), une flopée de moutons mais heureusement, aucun autre véhicule. Je me dis juste que c’est vraiment pas le moment de crever parce que personne ne pourra venir me chercher là et à tous les coups, mon téléphone ne capte pas. Mais après une bonne heure à grimper péniblement le long du volcan, on finit par retrouver une route, une vraie, et on avale les derniers kilomètres jusqu’à Christchurch.
Là, je claque une dernière fois la portière de Ben, je rends les clés et je remets mon sac sur mon dos (ça aussi, j’avais failli oublier…). Et à un jet de bus de là, je me retrouve dans le centre-ville de Christchurch.
Christchurch, comme son nom l’indique, a été fondée en 1850 comme une colonie de l’Eglise britannique. Jusqu’au début du XXIème siècle, c’était la deuxième plus grande ville du pays. En septembre 2010, un séisme de magnitude 7,1 sur l’échelle de Richter secoua la ville. Les dommages furent gigantesques et miraculeusement, personne ne fût tué. Mais 6 mois plus tard, en février 2011, un deuxième séisme ébranla la ville et cette fois, 185 personnes y perdirent la vie. Depuis, la région a été régulièrement victime d’assez forts tremblements de terre : en juin 2011, décembre 2011 et janvier 2012. Depuis, l’activité sismique semble s’éloigner dans le Pacifique et diminuer en intensité. Christchurch est donc en pleine reconstruction. Toute la ville. Partout. Tout un quartier est même complètement inaccessible. La cathédrale, symbole de la ville, a été démolie après plusieurs tentatives de rénovation. Le tramway ne circule plus. La plupart des boutiques sont fermées et ont été relogées dans des containers le long de la rue piétonne.
D’ailleurs, il n’y a personne. C’est comme si tout le monde avait fui la ville et laissé ces grandes rues à l’abandon. Je croise juste quelques familles au Botanic Garden, quelques étudiants à la terrasse des cafés-containers mais il règne ici une ambiance très particulière…
Du coup, c’est sans regret que je rentre faire mon sac (encore…) et me plonger dans le Lonely Planet du Chili. Mañana es una nueva aventura !
Photos ici.