A vos marques… prêts… partez !!

On est mercredi, il est 12h04. Je suis dans la rue, je marche. Mon téléphone sonne.

– Allô ?
– Anne Lise ? C’est MSF. On vient de récupérer ton visa et ton passeport donc… tu prends l’avion demain soir pour Lubumbashi.
– … ???!!! Euh… OK…
– Bien. Tu pars avec d’autres personnes qui seront en mission avec toi donc rendez-vous à 18h pour un petit briefing avant que le taxi ne vous emmène à l’aéroport.
– Euh… Très bien… Mais… Faudrait pas que je signe mon contrat à un moment quand même ?
– Ah ? C’est pas encore fait ? Bon bah alors viens à 17h30, on s’occupera de ça juste avant !
– OK… bon bah… à demain alors ?
– C’est ça ! A demain ! Et… félicitations !!
– Euh… merci…

On est mercredi. Il est 12h07. Et je ne sais plus où j’habite. Evidemment que j’attendais ce coup de fil depuis des semaines mais là, tout plier en 24 heures… pfff ! Je ne sais pas par où commencer !!

Alors j’essaye d’être pragmatique. Petit 1, rentrer à la maison. Petit 2, faire mon sac. Petit 3, … aaaaaah ! Je ne sais pluuuuuus !! C’est un mélange d’excitation et de consternation. J’ai l’impression que mon cerveau tourne au ralenti et que j’ai deux mains gauches…

Et puis finalement, j’arrive à boucler mon sac (et en plus, il fait à peine 20kg), transférer mes films, ma musique et mes sauvegardes sur les disques durs qui vont bien, faire un tour à la déchetterie sous la pluie pour jeter des tonnes de papiers et faire de la place pour les affaires que j’ai déménagées, aller dire au bonjour au monsieur des impôts pour enregistrer une réclamation (oui j’aurais peut-être pu y aller bien avant… et alors ?) et même acheter quelques tablettes de chocolat pour mes futurs collègues perdus dans la brousse.

Car c’est bien là que je vais. Dans la brousse. A Malemba Nkulu plus précisément. Tout ce que je sais pour l’instant sur Malemba Nkulu, c’est que c’est à 2 jours de voiture de Lubumbashi. Et que là-bas, il y a des enfants qui ont la rougeole. Beaucoup d’enfants. Et qu’il faut les vacciner. Comment on fait, comment ça s’organise, qui est déjà sur place… tout ça, j’en sais rien ! On verra bien en arrivant !

Enfin… si j’arrive ! Parce que circuler dans Paris un jeudi soir veille de 1er mai, ça relève de l’exploit olympique… Et j’arrive chez MSF à 18h30 bien tassées, après être passée signer mon contrat  en sprintant (on repassera plus tard pour les questions, hein, là, y a pas l’temps !). Là, je récupère le graal : un t-shirt et ma carte d’identification MSF. « Je te donne un taille S ? » Mmm… non ! Dans 3 mois peut-être mais là, ça va être un peu juste hein… Enfin c’est bon, je suis parée au décollage. Enfin… je crois ?

Avant ça, je rencontre E., pédiatre, qui part aussi à Malemba. On devait partir à 4 mais les 2 autres n’ont apparemment pas eu leurs visas dans les temps ou quelque chose comme ça. On grimpe donc dans le taxi qui nous attend déjà. La circulation est toujours plus que dense, notre chauffeur reçoit 30 sms à la minute et il y répond, on frôle donc l’accident plusieurs fois. Ça nous permet de faire un peu mieux connaissance : E. est déjà partie en mission au Tchad et ça fait toute la différence ! Pour moi, ça fait d’elle une experte !

En partant, on m’a confié un petit colis tout enrubanné de scotch MSF à remettre à la coordination à Lubumbashi. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans et je l’ai mis dans mon bagage à mains en bourrant un peu. Comme par hasard, à Roissy, mon sac est fouillé. La dame qui s’en charge déballe absolument toutes mes affaires. Elle tombe sur ma GameBoy. Bah oui, c’est la brousse, hein, va bien falloir s’occuper de temps en temps ! Elle me dit que j’ai là un trésor ! Que ça peut se revendre pas loin de 2000€ ! Moi je me disais que vu son état, il pouvait pas lui arriver grand-chose alors qu’elle ne craignait pas un petit voyage en RDC… Et puis elle me demande d’ouvrir le fameux colis. Je ne suis pas très sûre mais je ne me vois pas trop lui dire que je ne sais pas ce qu’il y a dans mes bagages alors je déchire le scotch… et une dizaine de tablettes de chocolat Milka tombent sur le comptoir… Me voilà contrebandière de chocolat ! Il y a aussi un paquet de café en grains et quelques lettres. La dame rigole, nous aussi.

On finit par s’écrouler dans les fauteuils de la salle d’embarquement. Je suis un peu vidée. Je mâchonne distraitement quelques TUC achetés un peu avant. La précipitation du départ, l’inconnu total devant moi, je suis un peu absente au moment du décollage. Et pourtant c’est une grande première. Dans 7 heures, je serai à Addis Abeba. Je poserai les pieds pour la première fois sur le continent africain.

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