Et voici le dernier virage… On aperçoit la concurrente émerger lentement de la mêlée… On peut lire la fatigue sur son visage, ses traits sont tirés mais elle sait que l’arrivée n’est pas loin ! Dans 15 dodos, elle sera accoudée au comptoir de la boulangerie de la Rue de la Roquette à lécher ses doigts luisants du beurre du croissant dont elle rêve depuis bientôt 6 mois… Il faut qu’elle reste vigilante. C’est la dernière ligne droite et une blessure est si vite arrivée. Elle a plutôt bien négocié sa course jusqu’ici malgré les obstacles. On l’a vu trébuchée une ou deux fois, d’autres concurrents n’ont pas été particulièrement fair-play avec elle mais elle n’a pas flanché, elle a gardé le cap, la tête dans le guidon, les yeux rivés sur l’objectif.
C’est tout dans la tête maintenant. Pas le moment d’avoir un mental de chips, pas le moment de craquer. Il lui serait facile de tout lâcher maintenant et de se laisser porter jusqu’à la ligne d’arrivée mais elle tient bon, elle sait que même les derniers moments comptent. Elle sait qu’on la regarde. Elle sait qu’on l’attend de l’autre côté. Et elle sait aussi que dans très peu de temps, cette course ne sera plus qu’un souvenir et que sa mémoire commencera à effacer les moments où elle a serré les dents pour ne conserver que les moments où elle sentait son cœur battre au même rythme que le reste de l’univers.
C’est la dernière ligne droite. On dirait qu’elle ralentit un peu. Mais ce n’est pas parce qu’elle est épuisée. Ce n’est pas parce qu’elle lâche l’affaire. Non. C’est pour faire durer le plaisir…