Kratie

Bon. Bah dans la vie, des fois, tout ne se passe pas exactement comme on l’avait prévu, hein !

Arrivée à Kratie, je me suis rendue au CRD (Cambodia Rural Development) qui est censé t’aider à organiser des séjours en homestay et accessoirement t’expliquer comment t’y rendre tout en parcourant le « sentier de découverte du Mékong ». Censé. Parce qu’en fait, ils ont pas trop envie de bosser là-dedans. Déjà, ils t’expliquent que comme tu es toute seule, ça va te coûter un bras et une jambe. Comme tu es curieuse, tu pousses un peu et tu leur demandes quel est le cours actuel de chacun de ces membres. Bon, là, le gars, il réfléchit. Il se demande où il peut mettre la barre pour que tu lâches l’affaire rapidement. Alors très convaincu, il te balance « 100$ pour le transport et 20$ la nuit en homestay ! ». 20$ la nuit, OK, passe encore si y a une piscine et un jacuzzi et un masseur. Mais 100$ le transport !!! Il a fumé un « happy » tuk-tuk ou quoi ? Bah oui mais Madame, la jeep faut la ramener après, donc faut payer l’aller et le retour. Bon, là, il t’explique que si tu veux moins cher, tu peux aussi louer un vélo… C’est c’làààà oui ! Les vélos asiatiques n’ont pas de freins (une spécialité du coin), et le gars, il croit que toi et tes 25kgs de sacs vous allez aller pédaler sur plus de 200 bornes en 3 jours… Mais bien sûr ! Et la marmotte…

Bref, tu comprends vite que ton super plan tombe à l’eau. Mais tu ne t’avoues pas vaincue ! Tu lui demandes quand même si y a pas des trucs sympas à faire sur une journée. Ah bah là oui ! Vu qu’il aura rien besoin de faire, là, il te sort des tas d’itinéraires à pied, à vélo, bref, tu vas quand même pouvoir t’occuper.

Alors pour commencer (et vu qu’il est déjà 16h…), tu décides d’aller visiter Koh Trong (ça y est, toutes les îles s’appellent déjà Koh kekchoz, on se croirait en Thaïlande). Alors tu prends le ferry (enfin, la barge), tu files 2$ à la fille qui surveille les bicyclettes et hop là ! tu te mets à pédaler joyeusement… les 50 premiers mètres. Parce qu’au bout de 50 mètres, une certaine partie de toi te rappelle douloureusement que t’as déjà fait du vélo la veille et qu’en plus de pas avoir de freins, ces satanés tas de ferraille n’ont pas non plus de ressorts (ou de trucs qui pourraient jouer le rôle d’amortisseurs…) et que tu ne roules pas sur une belle route bien bitumée mais sur des pistes en terre pleines de nids de poule. J’ai beau être matinale… j’ai fort mal.

Mais qu’importe ! Tu n’es pas une chochotte, tu ne vas pas te laisser abattre par 2 fessiers endoloris ! Alors tu pédales, le nez au vent et t’essayes de ne pas te vautrer élégamment pendant que tu fais coucou à tous les enfants qui te courent après en criant « Hello ! Hello ! ». Pour un peu, tu te prendrais pour la British Queen. (M’étonnerais que la British Queen s’use la santé à vélo en suant à grosses gouttes mais bon…)

La dernière traversée de la barge étant à 17h30 (s’agirait de pas la louper quand même !), tu rends ta monture à la fille qui a déjà fermé la boutique et tu assistes à un magnifique coucher de soleil orange fluo derrière Koh Trong tout en sirotant un p’tit jus de citron pressé… Ha ! Des fois, j’te jure, c’est pas facile cette vie…

Le lendemain matin, t’as oublié que tu peux plus vraiment t’asseoir t’as décidé de te la jouer warrior ultra. Tu reloues un vélo (bah oui) et tu pars pour une boucle de 50kms. 50kms. 50. Oui, oui. Bon, à l’hôtel, le gars t’a dit de prendre un mountain bike dans la cour. Alors t’as choisi le plus beau. T’as testé les freins et t’as bien réglé la selle. Et tu pars. Fière. Et en plus, t’as même pas mal. Enfin presque. Tu suis donc d’abord la rive est du Mékong. C’est joli, le fleuve est tellement large qu’on dirait la mer, tout le long il y a des maisons sur pilotis et y a plein de petits îlots qui affleurent (normal, on est en saison sèche, le niveau de l’eau est au plus bas). Au fur et à mesure de la matinée, les perles de sueur qui apparaissaient délicatement dans ta nuque se transforment en rivière qui dévale le long de ta colonne vertébrale. T’as beau faire des pauses tous les quarts d’heure, l’ombre se raréfie (tiens donc ? mais comment cela se fait-il ?) et tu te demandes qui a allumé les radiateurs. Tu pédales plus le long du Mékong, tu pédales dans un four. Heureusement, tu sais que pas très loin, il y a la barge qui va te transporter sur la rive ouest et que tu vas pouvoir te rafraîchir sur l’eau. Hum, hum… Déjà, tu loupes 2 fois « l’embarcadère »… Faut dire qu’en fait, y en a pas. Y a juste une bande de sable sur laquelle la barge s’échoue, on descend une planche pour que les motos puissent monter, on charge tout ce qui est humainement possible de charger et voilà. Et puis, dans le coin, ça parle pas vraiment anglais (et mon niveau de khmer est plus que lamentable) alors autant vous dire que pour demander son chemin, c’est tout un poème. Mais bon, j’arrive quand même à monter à bord. Autant vous dire que je suis l’attraction du siècle. Une touriste ? A vélo ? Sans moteur son vélo ? Et avec des vrais freins et même des boutons pour passer les vitesses ? Et en plein cagnard ? Complètement dingue… Y a même un monsieur qui m’offre des légumes (un truc qui ressemble à un navet mais tout blanc et qui se mange cru après avoir pelé la première couche pleine de terre). Ça les fait hurler de rire de voir que je ne sais pas comment on épluche ce truc alors tout le monde me montre comment faire, on rigole, tout le monde regarde si je ne vais pas tout cracher par-dessus bord mais non, je sais me tenir et puis, c’est plein d’eau (ça, j’en ai bien besoin) et ça n’a pas vraiment de goût en fait.

Après ce petit intermède divertissant, je repars dans l’autre sens. Là, la route goudronnée a fait place à une piste en terre et j’ai beau faire semblant de ne rien entendre depuis ce matin, mes fesses commencent à me maudire d’avoir choisi la boucle de 50kms plutôt que la balade de 10kms. Mais de toute façon, je suis coincée sur la rive ouest, j’ai pas le choix, faut bien revenir au point de départ (principe de la boucle, oui, je sais, merci). Heureusement, des tas d’enfants me donnent un prétexte pour m’arrêter régulièrement et chanter des comptines ou faire des photos. Je pense qu’on n’est pas loin de 1 adulte (au-delà de 15 ans je veux dire) pour 10 gamins. Ils ont pas la télé ou quoi ? Et ça joue dans la poussière, ça court après les poussins, ça joue à la guerre avec des épées en bambou, à la marchande ou à la coiffeuse mais surtout, ils ont les plus beaux sourires (un peu édentés parfois) que j’ai vus jusque là. Un vrai bonheur. Alors moi, je continue à jouer à la reine d’Angleterre.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Je finis par trouver la barge qui me ramène sur l’autre rive et comme j’en peux plus le soleil est déjà en train de se coucher, je n’ai plus le temps d’aller voir les fameux dauphins. Pas grave, je pourrais aller les voir au Laos. Et oui ! Parce que le Cambodge c’est (déjà ???) fini ! Demain, mission « traversons la frontière et entrons au Laos ». Premier arrêt, les 4000 îles. Rien que le nom, ça a l’air bien, non ?

Dernières photos du Cambodge, ici.

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