Le hasard du voyage fait que, sur les conseils d’un Australien avec qui j’ai discuté 10 minutes montre en main, j’ai décidé de ne pas repasser par Phnom Penh pour gagner le nord-est du pays mais plutôt de faire un stop à Kompong Cham.
Oucétidonkecéssa Kompong Cham ? Bah… quelque part au bord du Mékong entre Siem Reap et Kratie (qui est donc, vous l’avez deviné, la prochaine étape).
Et… koidonkaphère à Kompong Cham ? Bah… il paraît qu’il y a un pont en bambou. Voilà.
Mais bon de temps en temps, faut se laisser porter. De toute façon, Phnom Penh, j’ai déjà vu (et puis là, tout est fermé parce que c’est enfin les funérailles royales) alors, si le gars dit que Kompong Cham, ça vaut le coup, pourquoi pas ?
Du coup, j’ai pris le bus pour Kompong Cham. 5 heures sur le papier, 7 dans la réalité mais ça, je commence à connaître la musique. Mon nouveau credo ? Ne jamais laisser passer une occasion d’aller faire pipi, tu sais pas quand sera la prochaine. (Oui, le voyage, ça rend poète n’est-ce pas ?)
Et puis, finalement, les trajets en bus, c’est aussi un moyen d’observer certaines coutumes locales. Au Cambodge dans les bus, les chauffeurs ont toujours plein de petits sacs en plastique qu’ils distribuent généreusement parce que les Cambodgiens sont médaille d’or des malades en transport. Les adultes arrivent à peu près à se gérer mais alors les enfants… c’est un cauchemar… Faut rien laisser traîner par terre (même pas tes pieds), tu sais jamais ce qui va arriver… L’autre truc qui met des nerfs à rude épreuve c’est justement les enfants. Il doit y avoir une règle qui dit « Pas besoin d’acheter de ticket pour les moins de 10 ans ». Parce que tous les enfants de moins de 10 ans sont assis sur les genoux de leurs mères. Et s’ils sont plusieurs, c’est pas grave, on entasse. Si t’es assis sur le siège d’à côté, ne crois pas que la mère va faire attention à ce que ses rejetons ne s’étalent pas sur toi. De toute façon, elle est bien trop occupée avec tous ses petits sacs en plastique… Mais là encore, tu peux supporter. Le meilleur moment c’est quand y en a un qui se met à pleurer (oui parce que y en a, ce sont vraiment des mini-bébés et les mini-bébés, ça pleure et des fois, pendant trèèèèèèès longtemps, on n’y peut rien). Et là, ce sont les dominos. Ça se met à brailler dans tous les sens, les mères parlent donc plus fort pour se faire entendre (quoique le niveau sonore de base soit déjà bien suffisant) et le tout est, bien sûr, couvert par les clips de karaoké qui défilent pendant tout le voyage. Heureusement, t’as ton iTruc et tes écouteurs bien enfoncés dans les oreilles, tu tentes de survivre.
C’est comme ça que je suis arrivée à Kompong Cham. Fatiguée. Mais bon, je ne suis là que pour 24 heures, on va pas se laisser abattre par 3 pleurnichards et 2 vomis, hein ?
Alors après avoir posé mes affaires dans une chambre d’hôtel sans fenêtre (oui, avec, c’est 5$ de plus, y a pas de petites économies ma bonne dame !), et avalé un sandwich au contenu non identifié (la dame du marché me parlait khmer… j’ai rien compris), j’ai loué un vélo et je suis partie à la recherche du pont en bambou. Vous ai-je précisé qu’il faisait 45°C ? Vous avez déjà fait du vélo dans un sauna ? Bah, c’est pareil…
Bon, heureusement, Kompong Cham c’est plat. Et le pont en bambou était facile à trouver. Ce drôle de pont relie la ville à une petite île sur le Mékong qui s’appelle Koh Paen. A la saison des pluies, on ne peut rejoindre l’île qu’en bateau. Mais à la saison sèche, chaque année, les habitants construisent à la main un pont en bambou qui, de loin, ressemble à un pont en allumettes. Sur l’île, quelques petits villages, des champs, des poules et des carrioles à chevaux. Et surtout, des dizaines d’enfants qui jouent dans la poussière, te font d’immenses sourires et se mettent en rang pour te taper dans la main quand tu passes sous les yeux de leurs parents qui rigolent en criant « Hello ! ». Tout ça, à l’ombre des bananiers et des bambous (bah oui, faut bien les trouver quelque part pour tricoter le pont) et sous le regard vaguement surpris des vaches qui font la sieste au bord du chemin. Bref, une super balade.
En fin d’après-midi, j’ai repris le petit pont en bambou (je sais pas comment il tient et je veux pas savoir mais n’empêche que quand tu croises une voiture, ils plient dangereusement les bambous…) juste au moment où le soleil se décidait à aller se coucher derrière le Mékong sur lequel des enfants faisaient une course à la rame dans des bassines : fan-tas-tique…
Comme quoi, de temps en temps, faut écouter les Australiens et pas hésiter à changer son fusil d’épaule.
Le lendemain, j’ai repris le bus (encore ??? oui, quand on aime…) mais cette fois, sur le papier, seulement pour 3 heures. Et étonnamment, 3 heures aussi dans la vraie vie. On ne peut jamais savoir…
Direction Kratie (prononcez Kra-tché) qui va me servir de camp de base pour organiser la remontée du Mékong jusqu’à la frontière laotienne. Là, le plan, c’est de se dégoter 1 ou 2 nuits chez l’habitant, de trinquer à l’alcool de riz, de faire des balades à vélo, en bateau et surtout d’aller voir les dauphins de l’Irrawaddy…
Photos ici.