Prix d’un repas : 150 roupies pour du veg, 250 roupies pour du non veg (soit en moyenne 3 euros)
Prix d’un McDo : 149 roupies (soit 2,25 euros)
Prix d’une bouteille d’eau : 15 à 20 roupies (soit à peu près 0,25 euros)
Ce qui va me manquer : le petit dodelinement de la tête qui ne veut rien ou tout dire (bien plus pratiqué dans le Sud que dans le Nord de l’Inde), le chicken tikka, les sourires des Indiennes dans les bus, la plage à Goa, les vaches dans les gares, le type qui passe 50 fois dans le train en disant « Coffee, coffee, chai, chai, chai, coffee, coffee, chai ! », les soirées à fabriquer des mo-mos à la bougie, le rickshaw driver qui rigole quand je lui dis que c’est crazy qu’il utilise son compteur, les banana lassis, le chai, les petites échoppes où tu trouves tout à toute heure du jour ou de la nuit, les couleurs des sarees, les marchands de fleurs, le Taj Mahal, les singes qui dégringolent des lampadaires.
Ce que je ne vais pas regretter : les cafards (je les retrouverai plus tard, va !), certains regards un peu trop… carnivores, les odeurs d’urine impromptues, les matelas tellement durs que tu te réveilles avec les hanches bleues, les délicats raclements de gorge et les jets de salive rouges de bétel qui passent à 2cms de tes orteils (enfin ça, c’est pas fini), les types qui essayent de me gruger dans les files d’attente, le dhal (ah non, trop c’est trop), les klaxons trompettes, les bouses sacrées qui se débrouillent toujours pour finir sous ma tong.
La phrase qu’il fallait retenir : तुम नहीं जानती कि मेरी गाय को क्या हुआ? मैं मेरे tuk-tuk आज सुबह बगल में खड़ी थी. (Tu sais pas où est passée ma vache ? Je l’avais garée à côté de mon tuk-tuk ce matin.)
Alors oui, c’est vrai, l’Inde c’est sale, ça pue, c’est bruyant, les routes sont défoncées et les vaches se baladent tranquillement sur les autoroutes mais c’est aussi tellement plein d’autres choses qu’on ne peut pas la résumer aux bidonvilles de Mumbai ou aux plages de Goa.
Oui, on peut ne pas supporter le harcèlement dont sont victimes les touristes, les regards très trop appuyés, la totale incapacité à faire la queue « en file indienne » (mais d’où vient cette expression bon sang ?), être choqué par leur façon de jeter leurs déchets partout dans la rue, par les fenêtres des trains et de tout cramer n’importe comment, être choqué par les conditions de vie des millions de gens qu’on voit le long des routes et qui n’ont pour maison qu’une bâche en plastique bleue, par ces enfants de 2 ou 3 ans les cheveux en bataille qui viennent vous tirer la manche pour 2 roupies, par ces femmes de tous âges toutes maigrichonnes qui portent des sacs énormes sur leurs têtes pendant que leurs maris ont les mains dans les poches et par encore tant d’autres choses.
Mais on peut aussi admirer la capacité des Indiens à faire fonctionner une démocratie (un peu corrompue, certes, mais quand même) de plus d’1 milliard de personnes, à faire cohabiter de façon globalement pacifique plus de 12 religions et quelques milliers de dieux. On peut être impressionné par leur fierté d’ « être Indien » du Nord au Sud et avec des cultures et des traditions tellement différentes, par le fait qu’ils arrivent à faire de leur pays une puissance émergente alors qu’ils ne vont travailler que lorsqu’ils ont faim et que le mot capharnaüm a été inventé pour décrire leur quotidien.
Des fois, il ne faut pas essayer de comprendre l’Inde, faut juste être là et regarder. L’Inde change. Vite. Les jeunes générations veulent ressembler aux Occidentaux, porter les mêmes vêtements, écouter la même musique, se balader en amoureux et s’embrasser sur les bancs publics. La différence entre les mégalopoles comme Delhi et Mumbai et les régions plus rurales est encore énorme. Des millions d’Indiens vivent encore de l’agriculture qu’ils pratiquent comme il y a 100 ans et dans certains quartiers de Delhi, on ne sait plus où garer les Porsches. On construit des gratte-ciels à Mumbai et on transporte des chargements à dos de chameaux à Jaisalmer. Les rickshaws vont progressivement tous passer au GPL et dans certaines régions on a fermé les usines de sacs plastique mais il n’y a quasiment aucune poubelle dans les lieux publics. Il est extrêmement mal vu d’être homosexuel mais les hijras (travestis) animent traditionnellement les mariages.
Finalement, l’Inde c’est pas « on adore ou on déteste ». Mais on t’en parle tellement avant de partir que tu ne sais pas à quoi t’attendre en arrivant. Tout le monde a un avis (surtout ceux qui n’y sont jamais allés).
L’Inde, c’est fascinant. C’est comme une grosse vague contre laquelle faut pas lutter sous peine d’en être dégouté. C’est parfois de surprenantes et chouettes rencontres comme Guonzan, ma guide au Ladakh, Amar, mon tuk-tuk driver de Jaipur, ou Keshan, à qui j’ai appris à nager à Goa. C’est pas toujours agréable, c’est pas reposant mais pour savoir quoi penser de l’Inde, faut venir et faut plonger dedans. Moi, en tout cas, ça se pourrait que je revienne.
Alors, juste pour 4 petites minutes de plaisir, la mini-synthèse de ce foutu bazar qu’est l’Inde (et encore, c’est dommage qu’on puisse pas enregistrer les odeurs…) :