Angkor ! Encore !

Pardonnez-moi pour ce jeu de mot tout pourri et ultra convenu mais j’ai pas pu m’empêcher…

Alors là, on rigole plus. Angkor, c’est du sérieux. Près d’une centaines de temples en ruines et bouffés par la jungle, encore une « merveille du monde » à rajouter à mon palmarès.

D’abord, je vous l’avais promis, un petit rappel historique.

La période d’Angkor, époque de la construction des temples et de l’accession de l’empire khmer au rang de grande puissance du sud-est asiatique, s’étend de 802 à 1432. Des phases de déclin et de renaissance ainsi que des guerres contre les puissances rivales du Vietnam, du Siam (Thaïlande) et de la Birmanie (Myanmar) jalonnent ces 6 siècles. Les centaines de temples qui subsistent ne constituent que la partie sacrée du vaste centre politique, social et religieux de l’ancien empire khmer, une cité qui à son apogée comptait 1 million d’habitants alors que Londres n’en dénombrait que 50 000. Les maisons, les bâtiments publics et les palais, construits en bois, ont disparu depuis longtemps ; la brique et la pierre étaient réservées aux édifices sacrés.

En 802, donc, le roi Jayavarman II accède au trône. Pour la première fois dans l’histoire khmère, il unifie les différents royaumes du Cambodge et se proclame devaraja, représentant sur terre de Shiva (son ego allait très bien, merci !). Du coup, il fait construire, au centre de sa capitale (pas très loin d’Angkor) un temple-montagne, symbole du mont Meru, la demeure de Shiva et le centre de l’univers. Ces successeurs feront de même, d’où la prolifération des temples. Les différents rois construisent donc des temples de plus en plus grands et de plus en plus somptueux au cours des années, tous consacrés à Shiva. Pendant ce temps, les Chams, les Siamois et les Birmans attaquent à tour de rôle l’empire khmer et mettent régulièrement à sac la ville, ce qui permet de  reconstruire de nouveaux temples par-dessus les ruines d’anciens, ça fait gagner de la place.

En 1112, le roi Suryavarman II réunifie le pays et étend son influence jusqu’en Malaisie et en Birmanie. Lui, il préfère Vishnu et il fait construire le plus grand et le plus beau des temples angkoriens, Angkor Wat (le plus grand édifice religieux au monde et celui qui est sur le drapeau du Cambodge aujourd’hui).

Juste après, en 1177, les Chams (ceux qui sont au centre et au sud du Vietnam) prennent les Khmers par surprise et viennent brûler Angkor. Mais heureusement, 4 ans plus tard, le roi Jayavarman VII les fout dehors et reprend le contrôle de la ville. Lui, c’est Bouddha qu’il préfère. Alors il fait construire la cité d’Angkor Thom, renfermant tout un tas d’édifices différents et encore d’autres temples à l’extérieur de la cité. C’est le plus grand bâtisseur des nombreux rois d’Angkor. Après sa mort, l’hindouisme redevient religion d’état. Du coup, toutes les représentations de Bouddha sont saccagées, abîmées ou transformées.

Remettons encore alors une petite couche d’invasion siamoise, quelques périodes où Angkor est à nouveau la capitale khmère mais à cause de l’envasement des systèmes d’irrigation et de la vulnérabilité du site, les rois khmers finissent par déplacer la capitale à Phnom Penh, moins exposée.

La « découverte » d’Angkor par les Français dans les années 1860 connut un retentissement mondial. Il ne s’agissait pas vraiment d’une découverte : lorsque l’explorateur Henri Mouhot arriva pour la première fois devant Angkor Wat, le temple abritait un monastère prospère, entretenu par des moines et des esclaves. Angkor devint alors l’objet d’expéditions financées par la France. A l’époque, l’ouest du pays est sous contrôle thaï. Les Français négocient en 1907 la restitution de la province au Cambodge et l’Ecole Française d’Extrême-Orient prit la responsabilité de dégager et de restaurer l’ensemble du site. Les premiers touristes étrangers découvrent alors la capitale de l’empire khmer.

Les campagnes de restauration se succèdent. Divers pays y participent : l’Inde, l’Allemagne, le Japon, la Corée et bien sûr la France. Pendant la période Khmer rouge et la période de la guerre civile, Angkor subit peu de dommages (les Khmers rouges voulant montrer au monde qu’ils connaissaient la valeur du site). Mais les restaurations sont interrompues et la jungle reprend ses droits. Depuis 1992, Angkor est classé au patrimoine mondial de l’Unesco et aujourd’hui jusqu’à 2 millions de touristes par an viennent admirer les racines de fromagers et de ficus qui serpentent dans les temples.

Et puis, pour bien comprendre ce qu’on vient voir à Angkor (non, ce n’est pas qu’un tas de cailloux cassés et mal rangés !), il faut avoir 2 ou 3 notions d’hindouisme et de bouddhisme. Parce qu’en fait, ces temples ont été consacrés d’abord à l’un puis à l’autre puis ça a changé tellement de fois qu’on ne sait plus très bien en l’honneur de qui les gens viennent y prier. On y trouve donc des représentations de Shiva, Vishnu, Nandin, Lakshmi, Ganesha, Hanuman (tous ces gens sont des divinités hindoues), du Râmâyana (une épopée genre « l’Odyssée » version indienne) mais aussi des statues de Bouddha assis, debout, couché, en méditation, et enfin, certaines parties des temples sont consacrées au culte des ancêtres (là, on saupoudre un peu d’animisme sur le tout).

Voilà. Armés de ça, je vous emmène faire un petit tour dans les temples d’Angkor.

Pour commencer, il faut déterminer quels temples vous voulez voir sur les 48 heures que vous avez devant vous. Tout voir est impossible et en plus, au bout d’un moment, y a rien qui ressemble plus à un temple qu’un autre temple (si vous voyez ce que je veux dire…). Le truc c’est que tous les temples ne sont pas à côté les uns des autres. Plusieurs solutions s’offrent alors à vous. Vous pouvez louer une voiture avec ou sans chauffeur avec ou sans clim (définitivement hors budget et de toute façon, je ne me rappelle plus comment on monte dans une voiture), louer un tuk-tuk à la journée (où c’est même pas la peine de négocier le prix, de toute façon, il doit y avoir un syndicat des tuk-tuk drivers à Angkor qui a fixé les prix depuis 1 000 ans et qui se frotte les mains) ou vous la jouer warrior ultra et louer un vélo (budget attitude certes, mais je rappelle qu’il fait 35°C à l’ombre…).

Comme 80% des feignasses touristes, bien sûr, vous optez pour le tuk-tuk.

Ensuite, il vous faut un guide. Bah oui, des tas de cailloux cassés, en vrac, envahis par la jungle, construits par une civilisation dont vous ne savez quasiment rien et qui pourtant à l’époque où nous, on construisait des châteaux forts (youhou !), a construit des dizaines de temples ornementés de millions de sculptures et de bas-reliefs qui illustrent des mythes dont vous ignoriez l’existence jusqu’à hier… va falloir que quelqu’un vous aide. Là encore, 2 options. Le vrai guide (en chair et en os) qui parlera un français plus ou moins approximatif mais si vous avez de la chance, qui aura de vraies connaissances sur le sujet (évidemment, hors budget) ou acheter un guide papier, véritable Bible sur les temples d’Angkor et éminemment recommandé par d’autres voyabloggeurs.

Bien sûr, vous choisissez l’option n°2.

Reste à faire le tri dans la foultitude de choses à voir. Là encore, plusieurs options. Ecoutez les conseils de votre guest house, écoutez les conseils des autres voyabloggeurs, écoutez la petite voix dans votre tête qui dit « Bof. Celui-là, ça me dit rien mais par contre celui-ci, ça a l’air plus rigolo ».

Là, vous mélangez les 3.

Et vous voilà prêts pour 48 heures de culture intense.

Alors moi, personnellement, je j’ai choisi l’itinéraire suivant.

J’ai démarré ma première journée comme une vraie feignasse à 8h (si tu te ranges dans la catégorie warrior ultra, tu fais le lever de soleil…). Le temps de rejoindre Angkor et la billetterie, d’acheter mon précieux sésame (à 40$ le pass, c’est précieux) et de me rendre jusqu’au premier temple, il était déjà 9h. Et là, mon guide dans une main, mon appareil photo dans l’autre, le cœur battant et les yeux grand ouverts, je me suis avancée vers le Preah Khan… J’ai suivi scrupuleusement le parcours indiqué par le guide et j’ai déambulé dans les galeries, les gopuras, les tours, les salles de danse… j’ai joué à repérer tous les bas-reliefs et les sculptures… et je suis ressortie de là, 2 heures plus tard, éblouie. Un  vrai « Wow… ».

Après ça, j’ai enchaîné. Le Ta Som, Banteay Samré, Banteay Srei, Banteay Kdei et je suis arrivée juste à temps pour le coucher de soleil au Pré Rup.

Le lendemain, je me suis fait violence, je me suis levée à 4h30 pour aller admirer le lever de soleil sur Angkor Wat puis le marathon a repris : Angkor Thom (qui comprend en fait le Bayon, le Baphuon, Phimeanakas, la Terrasse des Elephants et la Terrasse du Roi Lépreux), Ta Keo et le Ta Phrom.

A raison de 10 heures de visite sur chaque journée, je suis devenue une experte de l’architecture angkorienne. Mon vocabulaire s’est enrichi de mots comme apsara, garuda, anastylose, linga, yoni, gopura, asura, nâga… Je suis désormais capable de reconnaître les illustrations du Barattage de la Mer de Lait (un des mythes les plus souvent représentés dans les bas-reliefs) et je peux vous expliquer la symbolique de l’architecture comme si c’était moi qui avais fait les plans.

Enfin tout ça pour dire que WOW ! c’est vraiment hyper impressionnant. On a du mal à imaginer ce que ça pouvait être quand c’était en pleine activité mais des milliers de personnes travaillaient dans les temples. Les sculptures sont magnifiques, le grès n’ayant pas si mal résisté au temps et y en a dans tous les coins, on ne sait plus où regarder. On pourrait y passer des semaines.

Si vous prévoyez de faire un tour au Cambodge, ne zappez pas Angkor (ça serait comme ne pas aller voir la Statue de la Liberté à New York ou la tour Eiffel à Paris). C’est juste splendide et vous pouvez jouer à Lara Croft pour de vrai (d’ailleurs Tomb Raider a été tourné en partie ici).

Voilà ! Maintenant, place aux travaux pratiques, les photos c’est par ici.

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