Rien qu’à l’aéroport on comprend qu’on a changé de monde. Immense, l’aéroport est immense. Y a au moins 50 guichets à l’immigration, 12kms de couloir après la descente de l’avion et les 22 tapis à bagages. Bangkok… Moi, quand j’entends Bangkok, je pense sang de serpent, Australiens en Ray Ban Wayfarer, chaleur suffocante et moite, bref, La Plage. Le film, La Plage. Sans jamais y avoir mis les pieds, j’en parle déjà comme si j’en connaissais les moindres recoins. « Ko San Road ? Pfff… Jamais de la vie, trop surfait, trop touristique. Le marché de Chatuchak ? Of course ! Et puis le Wat Phra Kaew ? Evidemment ! ». Y a ceux qui détestent, y a ceux qui adorent et y a moi, et j’ai hâte de pouvoir donner mon avis.
Mais commençons par le commencement. Je retrouve Stéphanie miraculeusement (miraculeusement parce que je n’avais ni l’horaire ni la provenance de son vol) entre 2 portes à la sortie de l’aéroport et on découvre avec joie les transports bangkokois. Bon, on est peut-être arrivées au pays du sourire mais pas au pays de l’efficacité. On va mettre près de 2 heures à rejoindre le centre-ville alors qu’on aurait pu mettre moitié moins de temps, juste parce que la gentille dame du guichet a omis de nous dire qu’on pouvait prendre un train direct plutôt qu’un omnibus… Mais c’est pas grave, on est trop contentes d’être là, tout est fantastique, c’est juste qu’on va arriver à l’hôtel (le Lub’d Siam Square, qu’on vous recommande chaudement) à 23h, qu’on a faim et qu’à cette heure-là, même à Bangkok, c’est compliqué de trouver un resto ouvert. Heureusement, y a un resto chinois pas loin qui lui, est ouvert 24/24 où on file avaler une soupe de nouilles avant de filer au pays des rêves.
Le lendemain matin, comme on est dimanche, on décide de s’armer de bienveillance envers nos prochains et on va arpenter les allées du marché de Chatuchak. Officiellement, c’est le plus grand marché du monde. Des milliers de stands qui vendent tout ce qui s’achète, des baskets second hand (ah ça, c’est sûr, c’est vraiment second hand) aux bébés écureuils. Le tout sous un immense toit de tôle ondulée surchauffée et littéralement envahi par la foule dès 8h du matin. Bon, nous, on est arrivées tranquillement à 10h30, alors forcément, on a été plongées dans l’ambiance dès la sortie du BTS (le métro bangkokois) où on nous avait dit « c’est facile, suffit de suivre la foule ». Mais Chatuchak n’a pas tenu toutes ses promesses : quelques chiots, 3 écureuils et une dizaine de chinchillas mais rien de vraiment exotique. Idem côté boustifaille où les stands de jus de fruits pressés se suivent et se ressemblent mais pas de véritables spécialités locales (OK, Stéphanie a failli défaillir devant une assiette de pattes de poulet mais c’était vraiment pour le folklore…). Alors, après 2 heures à se faufiler dans les allées minuscules et bondées, on a repris le BTS dans l’autre sens pour aller faire du lèche-vitrine se rafraîchir dans un des 700 malls de la ville. On a porté notre choix sur le Siam Paragon. Celui-là, sa spécialité, c’est qu’il concentre toutes les marques de luxe qui existent au monde. L’incontournable boutique Vuitton est à côté de Cartier lui-même à côté d’une concession Maserati, elle-même à côté de Chopard… Ce qui est bien, c’est qu’ici, on n’est même pas tentées de dépenser nos baths… Par contre, on a profité du sous-sol, entièrement consacré au Food Center, pour déjeuner dans un vrai resto (avec une nappe en tissu et des serveurs en uniforme). Et puis, quand on s’est mises à avoir presque froid, on est ressorties dans la fournaise pour aller visiter la maison de Jim Thompson. Jimmy est un type très mystérieux (était, plutôt). Ancien agent de l’OSS, il s’est installé en Thaïlande après la seconde guerre mondiale où, tombé amoureux de vers à soie, il s’est mis à jouer le commercial international et à développer un sacré business. Il a mystérieusement disparu lors d’un week-end chez des amis en Malaisie, l’année où sa sœur a été assassinée aux Etats-Unis… Etait-il toujours « de la maison » ? Trempait-il dans des affaires louches ? Nul ne le sait… Sa maison (constituée de 6 maisons thaïes traditionnelles mises bout à bout) a depuis été transformée en musée et c’est très sympa à visiter. Comme après tout ça ( ???), on était crevées, on a passé un temps infini à regarder la machine à laver tourner en philosophant sur la nature humaine et on a (encore !) loupé l’heure du dîner ce qui fait qu’on a dû retourner manger quelques chinoiseries tout en évitant quelques cafards volants. Oui, ici, ils volent, c’est bien plus marrant, enfin c’est surtout la tête de Stéphanie qui est marrante…
Pour notre dernière journée à Bangkok, on a décidé de se la jouer « Culture & Confiture ». Enfin, surtout Culture. Alors on a démarré par la visite en règle du Palais Royal et du fameux Wat Phra Kaew (c’est d’ailleurs amusant comme chaque pays arrange l’Histoire à sa sauce à propos de cette petite statuette qui a beaucoup voyagé puisqu’elle est passée par le Laos, le Sri Lanka et la Thaïlande et appartient à tout le monde…). Puis, on s’est traînées (il fait 45°C et 80% d’humidité, l’Enfer doit probablement ressembler à ça…) jusqu’au Wat Pho et on s’est jetées dans la rivière Chao Praya… ou presque. On s’est plutôt laissées glisser lentement le long des canaux qui valent à Bangkok sa réputation de « Venise de l’Asie ». Vous avez remarqué comme chaque fois qu’une ville est traversée par plus de 5 canaux, elle devient la « Venise » de quelque part ? Pauvre Venise… Parce que Bangkok n’a vraiment rien de Venise… Certes, je n’y ai jamais mis les pieds (à Venise, la vraie) mais pas sûr qu’il y ait des auto-ponts bétonnés à 4 étages qui serpentent entre les buildings au point de cacher le ciel en plein cœur de la Cité des Doges… M’enfin bref ! Pour finir en beauté, on est allées se désaltérer dans un chouette bar en terrasse tout en regardant le soleil se coucher sur le Wat Arun.
Alors oui, Bangkok est folle. Folle de bruit, de pollution, de béton, d’immeubles en construction, de taxis aux couleurs qui mettent de bonne humeur, de McDo dans chaque station de métro, de murs de climatiseurs qui ronronnent 24/24, de jungle qui reprend ses droits dès que le béton se laisse aller, de cafards volants (ou rampants, on ne fait pas de discrimination), de 7-Eleven (mais ça, j’y reviendrai), de caissières du 7-Eleven qui ne sont pas vraiment des caissières mais plutôt des caissiers, de drôles de trucs à manger dans la rue (mes préférés), de chanteurs échappés de la StarAc, de rats gros comme des lapins et de durians qui puent (ça aussi, on y reviendra), bref, 2 jours, c’était bien trop court et Bangkok mérite qu’on s’occupe d’elle bien mieux que ça.
Ca tombe bien, il est prévu que j’y revienne.
En attendant, les photos, c’est ici.
PS : Oui, je sais, je suis très en retard. Vous attendez les bilans du Cambodge et du Laos et ne parlons même pas de votre cours d’histoire préféré sur la Thaïlande… Pas la peine de me le faire remarquer, je le sais. C’est tout le problème quand vous avez des invités, vous passez votre temps à en prendre du bon (temps) et vous procrastinez le boulot. Je suis sûre que vous voyez très bien ce que je veux dire…