Me voilà donc à Penang. Plus précisément à Georgetown, capitale de l’île de Penang, un assez gros confetti posé entre la péninsule malaisienne et l’Indonésie au milieu des eaux turquoise de ce petit morceau de l’océan Indien qu’on doit appeler ici le détroit de Malacca.
Et pourquoi avoir choisi Penang comme première étape malaisienne ? D’abord parce qu’il faut savoir qu’en Malaisie, il n’y a pas que Kuala Lumpur et puis Georgetown est classée au patrimoine mondial de l’Unesco (d’après moi, ça ressemble aux Canaries, le côté joli des Canaries bien sûr, pas la côte bétonnée…).
La particularité de la Malaisie c’est que si ses habitants s’appellent les Malaisiens, ils ne sont pas tous malais. La population de la Malaisie est composée de Malais, de Chinois et d’Indiens (principalement). Il y a fort fort longtemps, la péninsule était située idéalement sur la route maritime empruntée par les navires marchands entre l’Asie du sud-est et l’Inde. Evidemment, l’endroit a également attiré les colonisateurs de tous poils et c’est donc devenu un de ces coins de la planète où cohabitent et se mêlent des gens d’ethnies différentes, de religions différentes, de traditions différentes, le tout dans un délire de couleurs, d’odeurs et de saveurs.
Bref, la Malaisie, c’est chouette.
Mais avant d’en arriver à cette constatation, revenons un peu à mes premiers pas malaisiens (alors, une bonne fois pour toutes, malaisien, c’est l’adjectif qui caractérise l’appartenance à la Malaisie, et malais, c’est l’adjectif qui définit une personne appartenant au groupe ethnique malais).
Après un voyage terrifiant en avion et avoir poireauté pas loin d’une bonne heure à la douane, j’ai soudainement réalisé que je venais d’atterrir en pays musulman : les douanières portent toutes le voile. La mienne est sympa, elle ne pose pas son tampon en plein milieu d’une nouvelle page mais elle le colle sur une page déjà bien entamée… merci ! Je réalise en même temps qu’il va falloir se mettre au bahasa melayu, la langue malaisienne (pas de bol, je commençais juste à maîtriser le kop koon kâââ !). Histoire de dire « Bonjour » et « Merci » correctement.
Pour arriver en ville, facile, je prends le bus 401 (ça, c’est la guesthouse qui me l’a dit). Et ultra facile, je dois descendre dans la rue Carnavon. Mouais… Sauf que je ne comprends rien aux arrêts, que le bus s’arrête parfois quand y a pas d’arrêt et ne s’arrête pas quand il y en a, qu’il n’y a rien de chez absolument rien d’inscrit sur les fameux arrêts et que je vais mettre près d’une demi-heure à comprendre que le plan qui est affiché dans le bus n’est en fait que la longue liste des rues que le bus emprunte et non la liste des arrêts. Pour ne pas gâcher le plaisir, il fait bien chaud, le bus est bondé et un petit papi va finir par tomber dans les pommes et s’écrouler dans les bras d’un Allemand qui passait par là. Aussitôt, branle-bas de combat, une dame se lève pour qu’on installe le papi à sa place et deux autres lui collent quelques claques et lui mettent quelques gouttes d’huile essentielle de perlimpimpin sous le nez. Papi finit par revenir à lui mais clairement, ça va pas fort. Sa tête dodeline de droite à gauche et il est tout blanc. Mais tout ça ne perturbe pas le moins du monde le chauffeur qui continue à rouler à tombeau ouvert. Bref, je finis quand même par descendre dans la bonne rue et par trouver ma guesthouse alors que de gros nuages noirs bien menaçants sont en train de s’amonceler au-dessus de ma tête. D’ailleurs, il tarde pas à se mettre à pleuvoir et la rue se transforme en torrent.
Mais rien ne m’arrête quand j’ai faim alors c’est sûrement pas ce mini-déluge qui va m’empêcher d’aller découvrir la mondialement connue (paraît-il…) street food de Penang. Au bout de la rue se sont installés des stalls, des stands de street food avec des tables et des chaises. L’idée c’est de trouver une table (ou juste un tabouret) et de commander ce qu’on veut aux différents stands. Alors je me laisse guider par l’odeur et je tente un char kway teoh, des nouilles plates sautées avec des fruits de mer et un peu d’œuf, le tout arrosé d’un somptueux jus de fruit de la passion… rien à dire, la street food de Penang, ça vaut son pesant de cacahuètes et en plus, ça coûte une poignée de kopecks.
Le lendemain matin, le soleil est revenu, il fait donc 40°C à l’ombre dès 10h du matin (oui, l’équateur n’est plus très loin). Je pars donc gaillardement faire un tour de la ville qui n’est pas si grande. Alors, où peut-on voir en moins d’une heure une mosquée, un temple confucéen, un temple bouddhique et la plus vieille église anglicane d’Asie du sud-est ? Ah bah oui. C’est ici. C’est d’ailleurs ce qui fait tout le charme de la Malaisie en général et de Penang en particulier. Et dans la rue, c’est pareil. Des Indiennes en sari, des femmes en abaya, des Chinoises en short, des trishaws (la version locale du cyclopousse), des colliers de jasmin, de l’encens qui brûle devant des dragons, le muezzin qui se met à chanter et les cloches qui sonnent à midi. Sacré mélange !
Et partout, des stalls. Des nouilles, du riz, des crevettes séchées, des raviolis, des montagnes de fruits… ouh là là ! mais comment se fait-il que personne ne m’ait parlé de la Malaisie plus tôt ? C’est un peu le paradis ici ! Le paradis… ou l’enfer à vrai dire. Parce que la chaleur devient vite un véritable problème : je suis à 2 doigts de faire cuire un œuf au plat sur ma tête. Du coup, après avoir poussé la balade jusque sur les docks où sont historiquement installés les clans chinois, c’est rapatriement à la guesthouse pour se coller contre le ventilateur (oui, la clim, ça coûte trop cher, on ne la met que la nuit et de toute façon, elle ne marche pas…). Et on prend son courage à 2 mains pour aller jusqu’au 7-Eleven chercher une bouteille d’eau glacée toutes les 30 minutes. Et encore, il paraît que dans un mois il fera encore bien plus chaud. Je veux pas le savoir, je ne serai plus là, là, j’ai juste l’impression de me liquéfier à vue d’œil…
Le lendemain, je reprends mon exploration des petites ruelles bien sympathiques de Penang mais avec un thème : aujourd’hui, c’est street art chasse aux trésors. Je suis pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une fan de street art mais ça change un peu alors je pars d’un pas vif, ma carte dans une main et mon appareil photo dans l’autre. Bon, le pas vif, ça dure à peu près 10 minutes. Après, je cherche surtout l’ombre… Mais pour la partie street art, c’est un succès ! Il y a plein de petits dessins (et parfois des grands) qui habillent les murs de la ville. Des fois, ce sont des structures métalliques rigolotes, un peu genre BD. En tout cas, c’est très sympa. Au hasard de mes déambulations, je passe devant le Eastern & Oriental Hotel, LE palace de la ville (… comme le hasard fait bien les choses…), dans lequel ont séjourné Joseph Conrad, Orson Welles ou Charlie Chaplin. Du coup, sans hésiter, je pousse la porte (enfin… le groom me l’ouvre, évidemment) et je vais faire un tour au bar admirer la vue sur la baie de Georgetown… Pas mal !
Une fois que j’ai bien froid (c’est drôle comme il faut toujours qu’ils poussent la clim à fond dans les pays où on crève de chaud), je repars dans la fournaise (on ne s’étonnera donc pas que je sois super enrhumée) achever ma mission street art. Chaque coin de rue est prétexte à un petit rafraîchissement : une glace maison par-ci, un thé glacé par-là… jusqu’au soir où je termine sur un wan tan mee, une bonne soupe brûlante avec des raviolis qui flottent dedans. Bon, de toute façon quand t’as chaud, t’as chaud, c’est pas une petite soupe qui va changer grand-chose.
Bref, Penang c’était fort joli et fort agréable. Avec 10 degrés en moins, ça aurait été parfait (bah si, je me plains un peu quand même). Malheureusement, l’horloge tourne, c’est déjà l’heure de repartir et là, changement de décor complet parce que demain, je vais à… Kuala Lumpur !!
Je sais pas vous mais moi, rien que quand on dit « Kuala Lumpur », je trouve ça fascinant… Rendez-vous demain, donc !
Photos ici.