… eating & shopping !!
Autant dire que je me suis sentie comme un poisson dans l’eau.
Mais reprenons. Grâce à un petit malin qui a encastré son camion dans un fossé, j’ai mis près de 7 heures à parcourir les 250kms qui séparent Malacca de Singapour. Du coup, le temps de me poser et de prendre une douche (si, c’était nécessaire, même la fille de la réception elle l’a dit…), la nuit était déjà tombée. Mais comme dit l’autre, c’est beau une ville la nuit. Alors, j’ai entamé le marathon sans plus tarder. Le marathon. Oui, oui. Parce que comme je ne reste que 48 heures à Singap (oui, on dit Singap, c’est comme ça, ça fait genre j’me la pète mais on le vit bien), pas question de se la jouer feignasse.
Alors comme les deux principales activités de cette ville qui ressemble à tout sauf à une mégapole asiatique sont manger et faire du shopping (je ne suis pas encore sûre de l’ordre dans lequel il faut ranger ça d’ailleurs), j’ai commencé par aller admirer la skyline de la baie en grignotant… (allez, devinez…) des nouilles (ouiiiiii, encore !).
Singapour a sa tour Eiffel. Ses Petronas ou son Empire State si vous préférez. Ici, ça s’appelle le MBS pour Marina Bay Sands et c’est vraiment impressionnant. Ca ressemble à ça.
C’est beau hein ? Au milieu du champ de Mars ça ferait un peu bizarre mais là, perché au-dessus de la baie, ça claque. Le paquebot, posé comme un ovni tout en haut, est juste plus grand que la tour Eiffel… Du coup, ils y ont mis une piscine à débordement sur le vide de 150m de long. C’est vrai, après tout, je vois pas pourquoi ils auraient mis une piscine standard, ça aurait fait un peu mesquin… Et puis comme le promoteur immobilier n’est autre que le type qui possède le Bellagio (le casino qu’on voit dans Ocean Eleven), y a son et lumières tous les soirs sur les façades et la baie. Un peu vegasien mais pas mal.
Et comme il y a un festival de musique en ce moment à Singap, j’ai pu assister à un concert d’un groupe californien qui chantait des trucs en espagnol, ce qui a confirmé mes doutes : je ne vaux pas une cacahuète en espagnol…
Bref, cette première soirée fut riche en néons et paillettes et ce n’était qu’un début.
Le lendemain matin, j’avais l’intention d’escalader le Mont Faber (la collinette Faber, ok…) pour voir la ville d’en haut. Me voilà donc dans le métro, à attendre sagement à l’endroit clairement indiqué (oui, à Singap, tu traverses pas en dehors des clous ou tu prends une amende de 500$ alors j’essaye de faire attention…). Un touriste s’approche de moi et me demande dans quelle direction va le métro que je suis en train d’attendre. Je ne lui fais pas remarquer que c’est écrit en énoooorme au-dessus de nos têtes, je souris poliment et je lui réponds. Trop poliment visiblement. Le type croit que j’ai envie d’engager la conversation alors il me demande où je vais et s’il peut venir avec moi. Et là, l’erreur bête. Prise de court, je réponds oui… Le métro arrive, on monte dedans et là, il passe le trajet à m’expliquer qu’il faut absoooolument que j’aille visiter les Universal Studios (un genre de Disneyland local, réplique des studios de Los Angeles), que c’est troooop bien et que d’ailleurs, on va y aller maintenant. Bafouillages, consternation, je me dis que décidément, c’est pas croyable, je suis un aimant à cas sociaux… J’arrive à le convaincre qu’on va quand même d’abord aller sur le Mont Faber et je me dis que d’ici là, je vais bien finir par trouver un moyen de le semer. Mais loin s’en faut… Non seulement il a décidé de m’emmener visiter son truc pourri mais en plus, il commence à organiser mon emploi du temps de toute la journée (« Alors on va aller manger là et après on ira là et… »). Hop hop hop ! Mais ça va pas du tout être possible ça, hein ?
Arrivés à destination, on s’aperçoit que pour aller sur le Mont Faber, faut encore prendre un téléphérique (qui coûte un bras au passage) et pas de bol, le téléphérique en question dessert également les Universal Studios… C’en est trop, je jette l’éponge, je prétexte avoir oublié de faire un truc hyyyyyper important à l’hôtel et pas le temps de dire ouf, je fausse compagnie à ma sangsue et je me jette dans les couloirs du métro en vérifiant par-dessus mon épaule qu’il ne m’a pas suivie. Moralité : je suis privée de Mont Faber… C’est donc la dernière fois que je réponds poliment à quelqu’un qui me demande son chemin, c’est pas possible, c’est beaucoup trop risqué.
Bon, du coup je change mon fusil d’épaule et je pars explorer Chinatown. C’est tout mignonnet, tout propret, tellement propret que c’en est suspect (un Chinatown sans odeurs qui te prennent à la gorge n’est pas vraiment un Chinatown…) mais heureusement, au détour d’une ruelle, je tombe nez à nez (c’est le cas de le dire) avec un étalage gigantesque de durians qui parfument l’atmosphère de façon délicate. Et puis, Singap, c’est rigolo. Les vieilles maisons restaurées s’étalent aux pieds d’immenses gratte-ciels, ça offre des perspectives saisissantes. Bref, jolie balade. Mais voilà, il est midi, il commence à faire beaucoup trop chaud pour se mouvoir alors je me réfugie à l’ombre du Maxwell Food Center pour déguster un chicken rice de chez Tian Tian, la star locale du chicken rice évidemment. Ambiance survoltée et poulet moelleux à souhait, le tout arrosé d’un passion fruit juice glacé. Et puis, je me traîne à nouveau jusqu’aux couloirs réfrigérés du métro pour aller voir de plus près (et de jour) à quoi ressemble le MBS. C’est tellement énorme qu’ils ont construit une station de métro qui arrive directement dans les sous-sols de l’hôtel qui ne sont en fait qu’un gigantesque shopping mall de luxe (achetez des actions Cartier, je peux vous assurer que l’entreprise se porte bien…). A l’intérieur, fontaines acrobatiques, canal digne du Venetian (un autre casino vegasien) avec gondoliers qui te font faire un petit tour à la rame et restos chics (Guy Savoy et Wolfang Puck, rien de moins). Je lèche un peu les vitrines mais je ne suis pas là pour ça. Je suis là pour monter au Ku Dé Ta (admirez le jeu de mots), le bar panoramique du 57ème étage. Heureusement pour moi, le dress code n’est imposé qu’à partir de 18h, je peux donc monter en tongs boire un thé et profiter de la vue.
Tant de calme, luxe et volupté de boutiques, la tentation est trop forte, je finis par craquer. Rassurez-vous, je ne me suis pas offert un imper Burberry ni une paire de Louboutin mais juste une crème cosmétique beaucoup trop chère et une boîte de macarons. Avec un peu de chance, j’ai calmé mon envie de shopping pour quelques mois.
Mais avec tout ça, il est déjà tard, c’est l’heure de rentrer parce que ce soir, j’ai rendez-vous. Ce soir, je fais la tournée des bars grands ducs avec un ami qui habite à Singapour et que je n’ai pas vu depuis 10 ans (ouh là là, ça nous rajeunit pas ma bonne dame !). L’occasion de visiter quelques quartiers bien sympas, de boire autant d’alcool en une soirée qu’au cours des 6 mois (pas de panique, rien d’extraordinaire, j’ai dû boire 4 bières depuis le mois de septembre…), de refaire le monde et de fêter comme il se doit ma dernière soirée en terre asiatique car oui, mesdames et messieurs, demain, c’est le grand jour, demain, je me mets la tête à l’envers, demain, je passe dans l’hémisphère sud !
Mais mon vol pour Sydney (Syyyyydneyyyyy, woaw !) n’étant qu’à 20h, j’ai encore le temps de prendre 2 aspirines (nan, je rigole), d’aller manger (quand je vous dis que c’est super important ici, c’est pas des blagues) avec Cat (avec qui j’avais traversé le plateau des Bolovens au Laos, souvenez-vous) dans un food center où elle me fait découvrir son dessert singapourien préféré, un espèce de flan au lait de soja pas très sucré. Mouais… intéressant mais pas de quoi vendre sa mère.
Et puis, on papote, on papote et voilà, c’est l’heure d’aller récupérer mon sac à la guest house, de prendre le chemin de l’aéroport, de bien vérifier que je n’ai aucun liquide dans mon sac, de faire tamponner mon passeport, de flâner au milieu du monstrueux duty free (le shopping, y a que ça de vrai !) et d’avaler une dernière soupe de nouilles en regardant le soleil se coucher sur le tarmac. En passant, si un jour vous avez une longue escale à faire quelque part en Asie, je vous suggère Singapour, l’aéroport est fantastique : free wifi partout, transats pour ceux qui ont envie de faire dodo, jardins… quand je repense à Roissy, j’ai presque honte.
En montant dans l’avion, je réalise soudain que l’Asie, c’est bel et bien fini. J’avais trouvé de nouveaux repères, pris de nouvelles habitudes, je m’étais acclimatée à cette chaleur moite qui m’était littéralement tombée dessus en sortant de l’aéroport de Delhi. Quand reposerai-je les pieds dans le coin ? Aucune idée… Mais là tout de suite, difficile de croire que demain, je n’entendrai plus ces accents, je ne sentirai plus ces odeurs, je ne verrai plus 4 personnes sur la même moto, je ne négocierai plus ma course en tuk-tuk. Demain… BACK TO CIVILISATION !!
Photos ici.