Si tu viens en Nouvelle-Zélande et que t’as pas vu la trilogie du Seigneur des Anneaux, c’est un peu comme visiter Paris et ne pas passer chez Ladurée : tu loupes quelque chose. Pas tant pour l’histoire (même si l’histoire est géniale, aucun rapport) mais parce que les films ont été tournés ici et que ce n’est qu’une succession de cartes postales du pays.
Alors je me suis faite une petite piqûre de rappel (voilà à quoi servent les longs après-midis pluvieux…) et je me suis mise en quête de reconnaître quelque chose. Pour ça, je me suis dit qu’il fallait arrêter de longer la côte et chercher des montagnes. Alors, j’ai traversé l’île. De part en part. C’est pas complètement dingue, ça ne fait que 300kms de large. Ça te prend quand même la journée parce que la route n’est pas toute droite et pas toute neuve.
Le truc, c’est que j’ai pas dû choisir de traverser au bon endroit. J’ai croisé des moutons, des vaches, encore des moutons, des oiseaux qui n’ont tellement pas l’habitude de voir passer des voitures qu’ils restent sur la route (… oui, certains connaissent une fin tragique), encore plus de moutons et oui, je le dis, il y a plus de moutons dans ce pays que d’hommes ! Mais pas la moindre trace d’une montagne. A un moment, la route s’appelait bien la Lewis Pass Highway (ça passait donc par un col, attention, altitude au moins 907m) mais j’ai attendu, attendu et attendu que ça se mette à grimper un peu et rien n’est venu. Ça n’empêche que c’était joli, hein, mais j’étais un peu déçue. Du coup, le soir, je suis arrivée à Greymouth, de l’autre côté de l’île, sur la côte ouest, j’ai regardé au loin et je me suis dit qu’en face, y avait la Tasmanie (puisque la mer s’appelle la Tasmanian Sea à cet endroit…). Et puis j’ai tourné la tête à droite, y avait des gros nuages qui disaient « Devine quoi ? Il va pleuvoir ce soir… ». « Pfff… » j’ai répondu et j’ai tourné la tête à gauche. Et là… y avait des montagnes…. Pas des collinettes, non non, des vraies grosses montagnes… avec de la neige dessus… Alors j’ai souri.
Mais comme je voulais pas gâcher le spectacle, j’ai passé la nuit à Greymouth (sous la pluie, bien entendu). Au petit matin, je suis retournée sur la plage pour vérifier que les montagnes étaient toujours bien au bout, j’ai fait faire une crise cardiaque à un lapin qui se trouvait là (depuis quand les lapins ça vit sur les plages ?), j’ai fait le plein d’essence et de sauce tomate et j’ai filé vers les montagnes. Dans le sud-ouest de la Nouvelle-Zélande se trouve donc une chaîne de montagnes que, manquant cruellement d’imagination, ils ont appelé les Southern Alps. La particularité de ces Alpes locales, c’est qu’elles regroupent le plus haut sommet du pays (le mont… Cook, évidemment, 3755m quand même) et des glaciers incroyablement bas (Franz Josef et Fox qui descendent jusqu’à 200m).
Et c’est pas n’importe quelles montagnes… Au sommet de ces montagnes, se trouvent les feux d’alarme du Gondor… Comment ça, keskecé le Gondor ? Bah, c’est le royaume des gentils-beaux-gosses !! Et quand ils sont attaqués par les méchants-très-moches (mais alors vraiment très très moches), ils préviennent leurs alliés du Rohan en allumant des feux le long des crêtes des Montagnes Blanches. Et bah j’y étais !!! Et j’étais pas peu excitée d’y être. C’est vrai, moi, des films comme ça, j’ai envie de croire que ça existe pour de vrai. Et que quelqu’un va écrire la suite pour que ça continue encore et encore. Et que je pourrai continuer à me prendre pour Frodo, à traquer Golum ou à ricaner avec un air maléfique en murmurant : « Mon Préééciiiiiiiieux… »
Pour l’heure, personne n’attaquant personne, on n’a pas allumé de feux de camp. Mais puisque j’étais là, je suis allée inspecter l’état du Franz Josef Glacier. Alors là, je vais faire ma snobinarde mais franchement, y a des trucs plus impressionnants en Islande. Là, tu vois à peine la langue du glacier, c’est tout moche, tout plein de cailloux et de terre, la glace est toute cracra et en plus y avait un vent à décorner les bœufs, j’ai failli m’envoler. Bref, déception. D’autant plus que c’est LE glacier sur lequel tout le monde s’extasie. Moi, j’ai pas été emballée et le ciel gris et les nuages qui cachaient les sommets aux alentours n’ont surement pas aidé.
Du coup, après avoir lutté contre les bourrasques, j’avais un peu de temps à tuer. Je me suis dit que j’allais me faire épiler les mollets. Oui, parce que être obligée d’attendre qu’il fasse nuit pour aller barboter dans le hot pot c’est sympa mais c’est pas tip top et y a que chez les Hobbits qu’on se fait des tresses sur les tibias. Alors, je me trouve un petit resort genre chalet où il y a un spa et je m’allonge sur la table des opérations. C’est quand Dennis (mon therapist, c’est comme ça qu’il s’est présenté) m’a dit qu’il était philippin que j’ai senti que les choses se gâtaient… Dennis n’est pas l’exception qui confirme la règle : les Asiatiques sont des brouettes dans le domaine de l’épilation. C’est encore ni fait ni à faire, j’ose à peine regarder le résultat mais je dis quand même « Merci Dennis… » et je me dis que c’est quand même à peine croyable qu’il n’y ait pas une esthéticienne compétente dans toute cette moitié du globe.
Bon, de toute façon, ça tombe bien, ce soir, y a pas de hot pot au camping. Et puis il pleut (encore…) alors après avoir englouti ma dose de pâtes, je me réfugie au creux de Ben et on s’endort en écoutant le plic-ploc sur son toit.
Photos ici.