Evidemment qu’il ne s’agit pas de football. Vous m’imaginez, moi, courant derrière une ba-balle avec 21 autres types en short ? Beckham a beau avoir quelques arguments, faudrait vraiment que ce voyage m’ait retourné le cerveau…
Malheureusement, il ne s’agit pas non plus de rugby. Ça serait pourtant de bon ton et je ne désespère pas d’assister fortuitement à une partie de jeu de massacre mais pour l’heure, il n’en est point question.
Non… c’est tout aussi sportif et ça peut aussi être fort dangereux, aujourd’hui, je pars à l’assaut du Fox Glacier et pour ça, je me greffe une paire de crampons parce que la glace… ça glisse.
Je dois vous avouer que ce matin, quand le réveil a sonné et que ça faisait déjà plus d’une heure que j’étais réveillée à cause du plic-ploc incessant au-dessus de ma tête, j’étais pas hyper motivée à l’idée d’aller passer la journée dans le froid et la pluie à crapahuter sur des glaçons géants en prenant le risque de tomber dans une crevasse. Non, j’étais pas emballée.
Mais Internet est un outil fantastique. Non seulement tu peux réserver ton excursion à l’avance mais en plus, tu la payes à l’avance donc tu te dis que y a pas moyen de pas y aller, t’as quand même donné 165NZ$ à un guide, va falloir sortir de Ben pour aller faire sa connaissance. Et puis la vie n’est pas si injuste, il arrête de pleuvoir. Juste le temps de s’habiller, de prendre son petit-déj et de se brosser les dents. Mais bon, maintenant que t’es prête, tu vas pas te recoucher.
Chez Fox Guiding, ils ont tout prévu. Tu peux arriver en short et en tongs, ils te filent le pantalon anti-pluie, la polaire, les gants, les chaussettes, les chaussures de rando, la veste et les crampons. Moi, je ne suis pas une assistée, j’avais juste besoin du pantalon anti-pluie et des crampons. On est une petite vingtaine à s’infliger l’ascension du glacier ce matin (enfin l’ascension… une partie de l’ascension, hein, ne vous méprenez pas, Frison-Roche n’est pas de la partie non plus…). Alors le temps d’équiper tout le monde et de nous expliquer comment va se dérouler la journée, la pluie s’arrête à nouveau. Vous voyez que ça va bien se passer !
Tout le monde grimpe donc dans le bus qui nous dépose 2kms plus loin au parking d’accès au glacier. Après une « marche d’approche » de 30 minutes dans la vallée glaciaire (en « U », c’est comme ça qu’on sait que c’est une vallée glaciaire et pas une vallée creusée par une rivière qui serait en « V », elle), on aperçoit enfin la langue du glacier. Et là, c’est autre chose que le Franz Josef ! C’est grand, c’est haut, c’est plein de crevasses et les gens qui sont dessus ont l’air tout petits dis donc… Alors certes, le ciel est gris, le vent rafraîchit bien l’atmosphère mais hauts-les-cœurs ! on enfile ses crampons et on s’élance sur le monstre…
Au début, on n’est pas très confiants, on dirait une couvée de pingouins qui batifole sur la banquise. Mais au bout d’un moment, ça s’organise et même si les guides passent leur temps à nous hurler dessus « Marchez DERRIERE moi ! », on s’en sort pas trop mal. Le problème, à partir du moment où tu es en groupe, c’est que les premiers doivent toujours attendre les derniers. Et pendant que tu attends, tu ne grimpes pas sur ce foutu glacier et surtout, tu te refroidis. Mais quand même, ça reste impressionnant de gambader sur toute cette glace en mouvement (on entendra un ou deux craquements suspects et quelques éboulis de pierres sur les falaises autour mais rien de sérieux). Et quand on passe à côté de ceux qui ont pris l’option « piolets et escalade », on se laisserait bien tenter… Une prochaine fois ! En attendant, on redescend en prenant bien soin de ne pas s’emmêler les crampons.
Et là, parce que le monde est finalement ridiculement petit, je tombe sur… Tête de Chat ! Himself ! Tête de Chat, c’est un de ceux qui m’ont fait dire « Mais au fait… et si je faisais le tour du monde ? ». Alors se croiser là, au détour d’un petit sentier, c’est une drôle de surprise. Sauf que moi, le bus qui nous ramène en ville m’attend et eux, ils vont voir le glacier. Alors on se donne rendez-vous dans 2 jours à Queenstown et on se dit « A+ ». J’en reviens toujours pas d’être tombée sur eux…
C’est la fin de l’après-midi et le ciel semble s’éclaircir. Avant qu’il fasse nuit, je décide donc d’aller faire un tour au Lake Matheson, à quelques kilomètres de là, fameux pour son effet miroir et le panorama fabuleux sur les deux sommets les plus haut perchés du pays : le Mount Tasman (3498m) et le Mount Cook (3755m). Et là… j’ai droit à 10 minutes montre en main de ciel bleu et les nuages s’écartent juste assez pour me laisser le temps de faire 3 photos de ce paysage grandiose et pof ! toute cette beauté disparaît à nouveau dans la purée de pois. J’ai même droit à quelques gouttes de pluie sur le chemin du retour. Bah… j’avais failli oublier comment ça faisait quand le soleil brille et que le ciel est bleu ! Parce que c’est vrai que le décor est assez fantastique mais quand en plus, on a les sommets enneigés derrière et le ciel bleu, c’est juste… wow ! fabuleux…
Alors même si encore une fois, j’ai été obligée de me calfeutrer dans le ventre de Ben après le dîner (parce que regarder les étoiles, ça, non, il n’en n’est pas question), c’était une belle journée. Vraiment.
Photos ici.