Manuel Antonio

Après le fiasco (si, on peut le dire) du parc Marino Ballena, je compte bien me rattraper dans le parc national le plus petit et/mais le plus visité du pays, le parc Manuel Antonio.  En fait de parc, ici aussi, c’est une portion de la côte avec quelques plages planquées dans la jungle qui m’attend. Mais officiellement, il y a là des tas de bestioles à observer et une des plus belles si ce n’est LA plus belle plage du pays. Avec une pub pareille, je me suis dit que je ne pouvais pas me planter.

Et bah si.

Alors reprenons. Après le déluge des dernières 48 heures, le soleil fait enfin son apparition. Et c’est pas pour faire semblant : ce matin, il fait facile 35°C à l’ombre et les immenses flaques qui s’évaporent font monter le taux d’humidité à peu près 350%. Peu importe, j’attends le bus. Je sue et je ne suis pas la seule. Un couple d’Américains du Wisconsin (ça ne s’invente pas) se liquéfie également à mes côtés. Le bus est sensé passer à 9h. A 9h30, on admet qu’il ne passera pas. Le suivant est 2 heures plus tard… Et là, comme par hasard, un bon samaritain se présente et nous propose de nous emmener jusqu’à Dominical, à quelques 20kms de là. C’est la destination de mes colocs d’arrêt de bus et moi j’ai une chance d’y attraper un bus pour Quepos, on dit banco ! On a beau être dimanche, le bon samaritain n’est pas fou, il nous demande donc de payer 5$ par personne, facile 5 fois le prix du bus mais bon, vu le bon fonctionnement des transports publics dans le coin, on se dit que mieux vaut tenir que courir et qu’en plus, on n’a pas toute la journée.

On charge nos sacs dans le bolide de notre nouvel ami Yvan (qui étrangement, est en aussi bon état que celui de mon ancien ami Vladimir, le taxi de Paracas pour les intimes…) et c’est parti. Yvan est très bavard et nous fait donc la conversation. C’est charmant mais c’est en espagnol, Yvan ne parle pas un mot d’anglais et notre espagnol étant limité au minimum de survie, ça se transforme bientôt un long monologue ponctué de mes nombreux hochements de tête et froncements de sourcils… Mais ça n’a pas l’air de perturber beaucoup l’ami Yvan. 20 minutes plus tard, nous voilà à Dominical. Quand Yvan comprend que moi, je ne m’arrête pas là, ni une ni deux, le cœur sur la main et la main sur sa liasse de dollars, il me propose de me conduire jusqu’à Quepos. Moi je veux bien mais Quepos c’est quand même à 40kms de là, je voudrais pas me faire dépouiller abuser de sa gentillesse… On attend que mes amis du Wisconsin quittent la voiture, on négocie, on négocie et on tombe d’accord pour 5$ supplémentaires. Et nous voilà repartis. Yvan papote, papote… tout seul… j’ai beau essayer de me concentrer, je chope 1 mot sur 25 et le temps que je traduise, j’ai déjà loupé les 3 phrases suivantes… et j’arrive donc à Quepos avec un bon début de migraine. Je dis au revoir à mon nouvel ami, je lui fais comprendre que non, je ne vais pas prendre son numéro de téléphone, ça ne sert à rien, je ne vais pas retourner à Uvita et je saute dans la voiture de quelqu’un d’autre qui va en direction du parc Manuel Antonio. Ils sont comme ça les gens ici : quand ils voient quelqu’un qui poireaute à l’arrêt de bus, ils s’arrêtent et ils demandent s’ils peuvent te déposer quelque part. Ça te coûte toujours un peu d’argent mais t’attends pas le bus pendant 10 ans. Et je finis donc par arriver à mon nouveau camp de base. Il est 11h30, je n’aurais jamais pu arriver à cette heure-là avec le bus et j’ai l’après-midi devant moi. Et ça tombe plutôt bien parce que figurez-vous que je viens de m’apercevoir que le parc est en fait fermé le lundi et que si je veux aller admirer les fameuses plages, bah… c’est maintenant !

Je décide donc de ne pas attendre le bus qui va jusqu’à l’entrée du parc (j’ai bien compris que le dimanche n’est pas un jour idéal pour se déplacer en bus) mais plutôt de marcher jusque-là. Idée fantastiquement extraordinaire puisqu’il fait toujours 35°C à l’ombre, que je marche toujours comme une petite vieille de 80 ans, que la route est à peine assez large pour les voitures et que les gens roulent comme sur un circuit de F1. Mais à cœur vaillant rien d’impossible, j’atteins enfin les grilles du parc. Après avoir payé mon ticket d’entrée (10$), j’ai la possibilité de « louer » un guide naturaliste pendant 1 heure pour observer quelques bestioles. Vu le monde qui arpente les sentiers, je me dis que je vais prendre l’autre option : je vais errer de groupe en groupe en laissant traîner mes oreilles et mes yeux et en souriant poliment au passage (si, je sais faire ça, c’est pas parce que je n’en abuse pas dans la vie courante que mes zygomatiques sont rouillés)… Mais il faut croire que la saison des pluies n’est pas extrêmement favorable à l’observation de la faune dans le coin. Les guides que je croise ont tous d’énooooormes longues vues qu’ils installent ça et là pour leurs groupes, je les entends râler et  je ne croiserai que 2 grenouilles et 3 petits singes en 3 heures de promenade. Alors, emportée par la foule (si, si, y a foule) je finis sur la plage. Ou plutôt LA plage. Ouais. Bien. Bof. OK, certes, c’est une jolie plage et y a la jungle en arrière-plan ce qui lui confère un certain charme mais franchement… pas de quoi se déboiter la mâchoire. Je commence à me poser des questions : est-ce que c’est moi qui suis devenue difficile après toutes ces plages de rêve au Cambodge, en Thaïlande et en Australie ou est-ce que les gens n’en feraient pas juste un peu trop sur les plages costaricaines ?

En attendant, je sautille quand même dans les vagues pendant un moment avant de sombrer dans l’inconscience sur le sable. Quand je rouvre les yeux, il fait nuit. Il est 16h et il fait nuit. Ou presque. Le ciel est tout noir, les oiseaux volent bas et la foule est en train de déserter. Du coup, je suis le mouvement. Et je grimpe dans le bus qui me ramène à l’hostel au moment où le déluge s’abat sur nous. Des éclairs gigantesques, des coups de tonnerre fracassants, les gouttières qui débordent et l’eau qui ruisselle le long de la colline et qui transforme le chemin en un ruisseau boueux… bien calée dans un canapé, je contemple le spectacle. Les plages sont peut-être un poil décevantes mais les orages sont magnifiques.

Le lendemain, le soleil est revenu. Je m’offre donc un petit tour en ville pour constater qu’ici aussi, les t-shirts souvenirs sont « made in china », que le salon de beauté du coin n’avait clairement pas prévu d’avoir de cliente aujourd’hui (et bah si ma p’tite dame, faut faire chauffer la cire, la mode du mollet poilu n’est pas d’actualité aux dernières nouvelles…) et qu’être dans un patelin touristique, ça a parfois du bon puisque je m’offre pour le déjeuner un sandwich au speck et au gorgonzola… mmmh ! Ah non. Je ne veux rien entendre. « Gnagnagna… c’est pas très local tout ça… » Non mais oh ! Vous avez déjà entendu parler de la gastronomie costaricaine ? Non ? Bah y a une raison. Franchement, ça se résume à riz-haricots-poulet et c’est pas bon. Voilà, c’est dit.

Et puis, encore une fois, avant que le ciel ne se déchaîne, je regagne mon nid. Incroyable la quantité d’eau qui tombe ici chaque jour !

Photos ici.

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