Depuis que je suis rentrée, je me bats avec la sensation de ne jamais être partie. Oh, bien sûr, pas tout le temps. Mais j’ai régulièrement l’impression d’être happée par ma nouvelle routine et de ne plus penser au voyage que comme à un doux rêve cotonneux et coloré. Alors comme ce retour me fait l’effet d’un délicieux petit bain d’acide tous les matins au réveil, il y a certaines choses qui en adoucissent la saveur.
Comme par exemple dévorer un burger dans un pub pendant que tous les regards sont braqués vers l’écran descendu le long du mur sur lequel courent des joueurs de foot un samedi soir froid et venteux de janvier. Après m’être gelée dehors à tenter de faire du skate (et pourquoi pas d’abord ?), ce petit mélange entre là-bas (l’ambiance du pub, le patron british, la Guinness qui coule à flot) et ici (les Girondins de Bordeaux, les gens qui étonnamment parlent français (ça continue à surprendre mes oreilles), le fromage de chèvre dans mon burger), je sais pas, ça résonne d’une façon toute particulière et… c’est sweet.
Ce qui est derrière moi est magique, incomparable, inoubliable, profondément ancré en moi pour le reste de mes jours. Et je suis loin d’être rassasiée. L’envie de recommencer a déjà commencé à me chatouiller. Bien avant même que je ne remette les pieds à Paris. Mais devant, bien que j’ai du mal à voir plus loin que le bout de demain, il y a des tas de samedis soirs, de pubs, de burgers et de matchs. Je ne sais pas quel goût ils vont avoir. Mais celui-ci a un joli parfum et me donne envie de laisser venir les autres…