J’suis reviendue à Montréal !

… dans un grand boeing bleu de mer…

(j’ai jamais bien compris cette histoire du boieng bleu de mer…)

Il a donc fallu que je fasse mes adieux à Flipper. Et avant même de m’en rendre compte, je me suis retrouvée sur le bord d’un trottoir de Brooklyn, tous mes sacs à mes pieds alignés en rang d’oignon, à regarder mon fidèle compagnon s’éloigner dans le hustle bustle des taxis jaunes…

Et j’y suis. New York. La dernière étape. Le temps de héler un taxi justement et de slalomer à mon tour entre les voitures, les joggeurs et le Brooklyn Bridge et me voilà « à la maison ». La maison, pour les 6 prochaines semaines, c’est un très joli studio dans le Lower East Side. Avec une vraie salle de bain rien que pour moi où tu peux te laver tous les jours et même 2 fois si ça te fait plaisir, une vraie cuisine où tu peux faire cuire des pâtes ET des saucisses en même temps (c’est dingue…) et 40m² pour laisser traîner l’intégralité du contenu de mon sac. Avec en prime un petit shop qui vend de délicieux bagels au bout de la rue et un café où tu trouves des eggs benedict qui tuent un peu plus loin… je suis à 2 doigts de me croire au paradis !

Mais avant de pouvoir s’installer vraiment et retrouver les joies simples de la vie sédentaire, il reste à régler le problème de mon visa. C’est que je n’ai plus que 2 jours avant de devenir officiellement une sans-papiers. Et bien que mon sens de l’amusement me dit que ça doit bien être le fun de se frotter aux agents de l’immigration américaine pour se faire jeter dans le premier avion direction Paris, je ne suis pas encore prête à retrouver l’odeur du camembert… Me revoilà donc à me traîner dans les rues de Manhattan avec mes sacs sur le dos. Cette fois, c’est direction la gare routière et un aller-retour express au Canada pour obtenir mon précieux sésame. Bien obligée d’emporter tout mon barda au cas où le retour ne se passerait pas exactement comme prévu. Quand je disais que je reviendrais à Montréal, je pensais pas que ça serait si rapidement…

C’est donc parti pour 7 heures de bus aller, 8 heures sur place et 7 heures de bus retour… Et clairement, une bonne petite dose d’angoisse parce que franchement, y a aucune raison que cette fois, j’obtienne le visa que je me suis déjà vue refuser 2 fois. Et d’ailleurs, ça loupe pas. Quand j’arrive devant le douanier avec mon grand sourire et mon petit passeport, il commence à froncer le sourcil. Et quand il me demande quand est-ce que j’étais aux Etats-Unis pour la dernière fois et que je réponds hier… là, j’ai carrément droit à une belle grimace. Et vas-y que j’appelle le chef et que je commence à tournicoter le passeport dans tous les sens et que ça fait des messes basses en me pointant du doigt… Bon, finalement, le chef vient me voir, m’explique que oui, bah, je suis bien gentille mais le visa de tourisme c’est 90 jours, je suis arrivée au bout et maintenant, faut que je retourne en France. Alors là, je commence à faire monter les larmes, je dis que je comprends pas, qu’un autre douanier m’a dit qu’il y aurait pas de problème, je jure de monter dans l’avion pour Paris mi-décembre et je leur agite frénétiquement le billet sous le nez pour me donner un peu de contenance. Et vas-y que ça re-chuchote en me regardant en coin, ça prend un air d’abord circonspect puis indulgent et finalement… alléluia ! d’un bon coup de tampon bien sonore, je suis à nouveau autorisée à entrer sur le territoire américain. Avec un long et gros sermon sur le fait que puisque je savais que j’allais rester plus de 3 mois, j’aurais dû demander un autre visa et même un avertissement pour pas que j’oublie de monter dans l’avion comme juré précédemment mais c’est bon ! Je vais pouvoir aller faire mon jogging dans Central Park et le long de l’East River, m’empiffrer de cookies chez Bouchon Bakery, faire des pirouettes sur la patinoire du Rockefeller Center, enchaîner les aller-retours sur le ferry de Staten Island, savourer mon Chai Latte dans mon gobelet Starbucks, essayer de surprendre les écureuils à Union Square, lécher les vitrines le long de la 5ème avenue et saluer l’Empire State comme si on était de vieux potes. Et tout ça pendant 6 semaines. En-fin !

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Photos ici.

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Tous les Acadiens, toutes les Acadienn-euh !

Honnêtement, je ne connais même pas cette chanson ! Mais depuis ma rencontre avec le petit papi de Lafayette (souvenez-vous, c’était ), je me dis que si tous les gens y sont aussi gentils, ça ne peut qu’être fantastique. La promesse des couleurs éblouissantes des feuilles d’automne n’est pas non plus complètement étrangère à mon enthousiasme.

Mais avant de mettre le pied en Acadie, faut déjà y aller. Et de Montréal, c’est pas complètement la porte à côté. D’abord, faut repasser la frontière…

– Bonjour Monsieur !
– Bonjour Mademoiselle ! Oh dites donc ! Il est sympa votre van ! C’est vous qui l’avez peint ?
– Ah non, c’est une location, j’ai pas choisi le design mais je l’aime bien !
– Ah ouais, il est cool. C’est un camper ? Vous pouvez dormir dedans ?
– Ouais, ouais, y a même un évier et un frigo, c’est super bien.
– Ah ouais super ! J’en ai jamais vu un comme ça avant !

(NDLR : le poste frontière se situe dans le Vermont au milieu de… rien, doit y avoir une voiture toutes les 6 heures…)

– Bon, allez, donnez-moi vos papiers. Vous venez faire quoi aux Etats-Unis ?
– Bah, je finis mon voyage, je dois rendre mon van dans 2 semaines à New York.

Il feuillette les pages de mon passeport.

– Bah dites donc ! Vous en avez des tampons là-dedans ! Vous voyagez beaucoup ?
– Bah cette année oui. Je suis en voyage depuis plus d’un an, vous êtes ma dernière frontière. Après ça, je rentre à la maison.
– Ah bon ? Et vous rentrez quand ?

– Bah le 18 décembre. Et justement…
– Ah oui, je vois. Votre visa ne sera plus valide, il vous en faut un nouveau.
– Oui ! Exactement !
– Pas de problème. Garez-vous là, je vous rapporte vos papiers.

Je souris de toutes mes dents, je fais ce qu’on me dit (si, ça m’arrive) et j’attends. Quelques minutes plus tard, mon nouveau copain revient.

– Bon, y a un petit problème.
– Ah bon ? Qu’est-ce qu’il y a ?
– Bah en fait, je peux pas vous donner un nouveau visa parce que ça reviendrait à prolonger l’ancien et ça, c’est interdit.
– Oh… mais comment je vais faire alors ?
– Bah, ce que vous pouvez faire c’est attendre la fin de votre visa, revenir au Canada puis repasser dans l’autre sens. De cette façon, vous aurez un nouveau visa.
– Vous êtes sûr ?
– Oui oui. Y aura pas de problème. Mais là, je peux pas vous en donner un nouveau.
– Mais… c’est que ça m’arrange pas parce que je dois rendre le van le 6 et mon visa expire le 8 et…
– Je comprends bien mais je n’y peux rien, c’est comme ça.
– Bon… bah, merci quand même.
– Bon voyage ! Et… drive safely !

Bon, me revoilà donc aux Etats-Unis mais avec l’obligation d’en ressortir le 8 novembre. Le coup du tour de poteau au Canada pour récupérer un nouveau visa me semble louche tout de même. Mais d’un autre côté, j’ai pas vraiment le choix. J’ai passé toutes les autres frontières sans encombre et il est hors de question de rentrer en France plus tôt que prévu ! Me v’là donc bonne pour acheter un aller-retour New York / Montréal pour dans quelques jours. Quand je disais que je reviendrais à Montréal, je pensais pas si tôt ! Et en plus, va falloir chouiner à la frontière pour qu’on me laisse rerentrer, chouette programme en perspective…

Après une étude de marché approfondie sur le moyen de faire mon petit aller-retour au meilleur rapport qualité-prix, je décide donc d’acheter un ticket de bus, départ le 8 novembre de New York, retour le 9 novembre. C’est qu’entre-temps, j’ai versé un acompte pour la location de mon refuge in the city et qu’il commence à être temps d’arrêter de jeter l’argent par les fenêtres…

Une fois ces petits problèmes logistiques réglés, je reprends donc la route et après le Vermont, Fipper et moi découvrons le Maine… C’est… boisé, dirons-nous ! Les feuilles mortes se ramassent à la pelle (sur les trottoirs du boulevard La Chapelle, oui, chacun ses références…) et le soleil danse dans ce qu’il reste des branches dénudées. Ne serait l’ombre planante de ma potentielle expulsion vers la France, avec Flipper, on sautillerait presque d’émerveillement…

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En fin de journée, on arrive enfin à Ellsworth, la dernière ville avant d’entrer dans le Acadia National Park. Il est tard, il faut que je me connecte à internet pour cette histoire de visa, je décide donc qu’on passera la nuit sur le parking d’un McDo.

Au beau milieu de la nuit (si, 3h du matin, c’est carrément le milieu de la nuit), on frappe violemment à ma portière. Ah bah tiens ! ça faisait longtemps ! La puissance de la lampe torche qui essaye de deviner ce qui se cache derrière mes rideaux me laisse deviner qu’il s’agit bien d’un shérif de passage… Je ne bouge pas, je respire à peine, j’attends… Le shérif fait le tour de Flipper, frappe encore au carreau mais ne dit rien. Bon. S’il ne parle pas, je ne vais pas lui parler non plus, je me dis. Mais c’est là qu’il se met à essayer d’ouvrir mes portières. Et évidemment… j’ai oublié d’en fermer une. Au moment où la portière s’ouvre, je hurle. Quoi ? Et si jamais c’était pas un shérif ? Bon, en l’occurrence, c’en est bien un. Un peu surpris par mes vociférations. « What’s wrong ? » que je lui aboie dessus. « You’re trespassing Miss. You’re on a private property, you don’t have the right to park here. » Je change alors subitement de tactique (déstabilisation de l’adversaire) et je fais celle qui parle pas trop anglais et qu’a rien compris. « What ? Sorry, I’m french, I didn’t understand what you just said. Anyway, I asked them if I could stay here and they said yes ! » Ah oui, par-dessus le marché, je rajoute un beau mensonge. Mais balancé avec les paupières encore un peu collées, ça passe. Bon, le shérif se radoucit, il m’explique que si quelqu’un est garé sur la parking, normalement, quand le premier employé arrivera, il devra appeler les flics par souci de sécurité mais bon, là, vu que j’ai demandé la permission (hum, hum…), il vérifie mes papiers et on convient que je peux rester là. En fait, qu’ON peut rester là. Parce que comme je vois bien qu’il ne s’en va pas, je finis par réaliser que le shérif va passer le reste de la nuit dans sa voiture, à côté de Flipper en attendant le premier employé du McDo. Apparemment, dans le coin, il se passe pas grand-chose la nuit… Moi, je retourne sous mes couvertures et j’essaye de retrouver le fil de mes rêves.

Les 3 jours suivants, je me balade donc dans le Acadia National Park. Encore une fois, on est un peu hors saison, y a pas grand-monde et je peux profiter de l’océan Atlantique presque pour moi toute seule. Y a plein de sentiers, des points de vue, des écureuils, des petits oiseaux et de délicieux lobster rolls au village. Quand on peut se retrouver la bouche pleine de homards pour moins de 10 dollars, on dit rien, on mastique.

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3 jours, c’est vrai, c’est un peu long. Mais il faisait beau, j’ai fait ma feignasse et j’ai failli saigner Flipper à blanc. Un matin, après avoir passé la nuit à enchaîner les épisodes de la saison 5 de Breaking Bad (j’ai peut-être pas la télé mais ça ne m’oblige pas à être coupé du monde pour autant…), la batterie de Flipper a fait… pschitt ! A peine pschitt d’ailleurs… J’ai donc pris mon air le plus aimable et suis allée demander de l’aide au magasin d’à côté où un très gentil monsieur est venu avec tous ses câbles ressusciter mon Flipper. Et après avoir remercié le bon samaritain, on a repris la route. Cap au Sud moussaillon !

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Montréal

Nom d’un bébé caribou, me v’là arrivée dans le seul endroit pendant ce long voyage où les autochtones parlent français. Enfin français… Québécoué plutôt ! Mon Dieu cet accent… ! Moi je n’arrive pas à ne pas rigoler. Comment est-il possible de s’engueuler quand on parle comme ça !!??

Cela étant dit, heureusement qu’ils ont cet accent qui réchauffent le cœur parce que côté météo, j’arrive sous un beau petit crachin bien froid qui mouille…

La capuche rabattue jusqu’aux yeux, j’entame mon exploration de Montréal par un petit tour au marché Jean Talon. S’il y en a un qu’il ne faut pas louper, c’est celui-là m’a-t-on dit. Mouais. Bah alors soit il était encore trop tôt, soit c’était à cause des travaux mais y avait à peine une vingtaine de marchands de citrouilles et franchement, pas une ambiance de malade…

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Mais heureusement, les Québécois, ils ont non seulement ce parler incroyable mais encore un solide sens de l’humour. Dans la rue, je tombe fréquemment en arrêt devant ce genre de panneaux.

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A part ça, Montréal, comme dirait quelqu’un que je connais, c’est plus une ville qui se vit qu’une ville qui se visite. Comprenez qu’il n’y a pas de quoi occuper follement le touriste mais que la bonne chère et les bars sympas y pullulent. Et comme vous le savez, dans ce domaine, y a pas besoin de me forcer la main… J’enchaîne donc le sandwich à la viande fumée, la crêpe au gruyère et le brownie au chocolat et je décrète dans la foulée que cette ville a du potentiel.

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Heureusement, dans la journée, les nuages finissent par laisser place au soleil et me laissent déambuler dans le quartier Latin et le Vieux Montréal le nez en l’air et les cheveux au vent. Parce que les nuages ne se sont pas évaporés, non. Y a plutôt un mistral force 17 qui les a virés fissa. Même les mouettes le long du Saint-Laurent ont du mal à garder le cap.

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Je me retrouve donc avec une impression contrastée. Montréal ? Mouais. C’est sûrement très sympa et sûrement en grande partie grâce aux Montréalais mais finalement, je n’ai pas plus envie que ça de m’y attarder. Ça doit valoir le coût en hiver, quand la neige recouvre la ville, qu’on peut faire du patin sur le fleuve et boire du cidre chaud.

C’est décidé, je reviendrai à Montréal… (air connu)

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Ottawa

Pour ma première soirée dans la capitale canadienne, je me rends en centre-ville. Erreur. Je me suis visiblement mal renseignée, par ici, tout est mort. Il est 20h et même les restos sont fermés. Pourtant, on est samedi soir ! C’est bizarre… Bon, on verra demain, en attendant, je vais au cinéma m’imaginer aux prises avec des pirates le long des côtes somaliennes.

Le lendemain matin, je comprends mieux pourquoi dans ce coin, y a personne. En fait, je suis dans le quartier des bureaux. Et le samedi soir, dans les bureaux, y a pas grand-monde en règle générale… Pour une fois, le soleil brille et je pars donc me balader. Très vite, je sors mon bonnet et mes gants : c’est que c’est bientôt l’hiver, nom d’un caribou !

Alors, il faut le dire, Ottawa, c’est bien gentil, mais y a pas grand-chose à y voir. Enfin si. Y a plein de musées. Mais je suis rassasiée des musées, merci, je préfère le grand air. Je visite quand même la colline du Parlement, une collinette sur laquelle sont perchés tous les bâtiments du gouvernement canadien. Et au milieu de tout ça, la plus belle bibliothèque du monde. Qu’on en aurait presqu’envie de devenir un sénateur canadien dites donc !

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Puis je sautille sur les écluses du canal Rideau et je file au marché. Bah oui, nourrissons le corps à défaut de l’esprit. Les cookies Obama, du fromage, des saucisses, des soupes de nouilles, de la choucroute… je ne sais plus où donner de la langue tête. Et en plus, c’est l’Oktoberfest, y a des types en culottes de cuir qui dansent en se tapant les cuisses… quel spectacle !

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Je passe le reste de l’après-midi à faire du lèche-vitrine et à profiter du soleil. Et puis je retourne retrouver Flipper et on va se cacher pour la nuit. Demain, on va à Montréal.

Photos ici.

Les Thousand Islands

Avant de rejoindre la capitale canadienne, je traînasse le long du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. Oui, le même Saint-Laurent dans lequel frétillent des baleines. Sauf que là, on n’est quand même vraiment trop loin de la mer pour que les baleines passent dans le coin.

Y a donc pas de baleines mais des îles. Tout plein d’îles même. Tellement, qu’on appelle cette région les Thousand Islands. C’est la campagne, y a des champs, le fleuve, des herbes folles et les fameuses îles. Et tu n’as pas le droit de rouler à plus de 60km/h ce qui est parfait pour admirer le paysage et puis de toute façon, je ne suis pas pressée.

Moi non, mais ceux qui roulent derrière moi, visiblement, oui. Je me serre à droite pour qu’ils puissent me doubler mais personne ne double. Je finis par m’arrêter sur le bas-côté pour prendre des photos, les petits pressés poursuivent leur chemin et v’là-t’y pas qu’au loin, apparaît un stroboscope bleu et rouge.

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Je suis sur le point de remonter dans Flipper et de reprendre ma route quand le susmentionné stroboscope vient se garer juste derrière moi. A moins que lui aussi veuille faire des photos du paysage, je pense plutôt qu’il est là pour me parler. Je baisse donc obligeamment ma fenêtre et me colle un grand sourire sur le visage.

– Bonjour Mademoiselle. Comment allez-vous aujourd’hui ?
– Euh… bah bien. Y a un problème M’sieur l’agent ?
– En effet. Nous avons reçu une plainte parce que vous rouliez très lentement et sur le côté de la route. Avez-vous consommé de l’alcool ?
– Euh… non. Il est 10h du matin vous savez… Mais je croyais que la vitesse était limitée à 60, non ?
– Ah non, pas ici. Depuis le virage là-bas, vous pouvez rouler à 80.
– Ah désolée, je n’ai pas vu le panneau, je regardais le paysage.
– Ah oui ? Vous êtes touriste ?

S’ensuit une charmante discussion sur la région, le fait que ce soit complètement dingue que j’ai fait toute la route depuis la Californie et blablabla…

– Mais… pourquoi rouliez-vous sur le côté de la route ?
– Bah je voulais les laisser me doubler en fait…
– Ah… je comprends. Bon c’est pas bien grave. Je vais quand même vérifier vos papiers mais vous inquiétez pas, tout va bien.

Et pendant que Monsieur le Shérif va checker mon passeport, je réalise qu’en fait, sur les 800 derniers mètres (parce que le dernier virage n’est pas plus loin que ça), un des imbéciles qui me suivaient n’a rien trouvé de mieux à faire que d’appeler les flics pour dire que je ne roulais pas assez vite… Moi ! Pas assez vite ! Quand on sait le nombre de fois où je me suis fait arrêter dans ce pays parce que je roulais trop vite, c’en est risible… Enfin bref, Monsieur le Shérif me rend mes papiers, me conseille d’aller manger des chocolats, me souhaite un bon voyage et je reprends ma route. A 80km/h.

Un peu plus loin, j’atterris dans un parc où les trois-quarts des sentiers sont fermés (on est hors saison, hein, maintenant, c’est clair…) mais où on peut encore aller se perdre dans les dunes. C’est joli et y a des drôles de chenilles toutes poilues qui traversent la route.

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Et puis je continue ma route et je finis par arriver à Kingston, une charmante petite ville qui héberge le dernier collège militaire du pays mais également pas moins de 7 pénitenciers dont plusieurs de haute sécurité. En plein milieu de la ville. Rassurant. Du coup, ils ont un musée, le musée pénitentiaire du Canada, où on trouve de tout : des instruments de torture, des uniformes de gardiens, des énooooormes clés, des trucs rigolos qui ont été confisqués dans les cellules des détenus comme un arc et des flèches (pas vraiment pour jouer) ou un poignard fait avec un double-décimètre (j’ai toujours su que ce truc-là était dangereux…) et même des tentatives improbables d’évasions comme ce type qui s’est caché dans une pile de plateaux de cantine sales qui étaient envoyés ailleurs pour être lavés.

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Et puis, finalement, j’ai décidé de passer la nuit là. C’est pas tous les jours qu’on peut dormir à côté du plus grand nombre de détenus du pays ! Et en plus, y a un resto qui fait de monstrueux et délicieux burgers, difficile de ne pas se laisser tenter.

Le lendemain matin, après un petit tour au marché où l’on trouve désormais des citrouilles de toutes les tailles en quantité hallucinante, j’ai quitté mes prisons préférées (je crois qu’il ne faut pas y passer plus de temps que nécessaire…) et j’ai continué à suivre le Saint-Laurent. Parfois, sur les îles, y a des maisons. Juste comme ça, posées au milieu du fleuve. Et parfois, l’île est à peine plus grande que la maison. Alors y a un petit ponton, une petite barque et en général, une voiture sur la berge. T’as pas intérêt à avoir oublié le beurre…

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En fin d’après-midi, je suis arrivée à Ottawa. Et ça a beau être la mousson à l’extérieur, je suis allée prendre une douche à la piscine en intérieur.

Photos ici.

Mon voisin Totoronto

Pour ne rien changer à notre méthode qui gagne, Flipper et moi, on a décidé d’établir notre camp de base autour d’une station de métro. Un peu éloignée du centre-ville, certes, mais avec une connexion internet gratuite un Starbucks, un nail spa et des trottoirs pour se garer partout. Seulement, ici, faut être drôlement vigilant. Parce que tu peux te garer partout mais pas tout le temps. Pour t’expliquer ça, y a des petits panneaux comme ça.

Ah ouais… quand même ! Petite explication de texte : ici, à gauche du poteau, si tu fais une livraison, tu ne peux pas te garer entre 7h et 14h et de 14h à 7h, tu peux mais seulement 5 minutes. Si tu es un conducteur lambda, tu n’as pas le droit de te garer de 2h à 7h (typiquement, si tu penses passer la nuit là, c’est mort). Et à droite du poteau, t’as pas le droit de te garer du tout. Jamais. Et croyez-moi, y en a qui sont encore plus compliqués. Soyons honnêtes, ça nécessite un certain temps de réflexion avant que t’enclenches ta marche arrière pour faire ton créneau.

Malgré tout, je finis par nous dégoter une petite place d’où l’on ne risque pas de me faire dégager en plein milieu de la nuit et je m’endors.

Le lendemain matin, je me réveille en sursaut. Les freins d’un bus viennent de hurler à 30cms de mes oreilles. Tout va bien, tout est normal, le bus s’arrête juste au feu rouge à côté. Après avoir avalé un grande chai latte (ma nouvelle drogue), je laisse Flipper le long d’un autre trottoir où il ne risque rien et je pars à l’assaut de la ville.

Pourtant, il fait pas un temps à se balader le nez en l’air : il fait gris, il fait froid, y a du vent et la pluie ne tarde pas être de la partie. Et pas un petit crachin breton… non, non, une bonne grosse pluie de mousson, de celles qui t’obligent à rester sous un hall d’immeuble pendant que la gardienne te jette des regards en coin. Du coup, je fais ce que je sais faire de mieux : je me réfugie au marché et je teste les spécialités locales.

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Une fois la mousson passée (bah oui, comme toute mousson, ça ne dure pas toute la journée), j’ai repris ma balade et j’ai déambulé dans les ruelles du Distillerie District, une immeeeeense brasserie reconvertie en boutiques bobos et restos branchés et comme les nuages ont même laissé passer un petit rayon de soleil, j’ai grimpé en haut de la CN Tower pour aller voir à quoi tout ça ressemblait vu d’en haut.

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Et après la vue d’en haut, j’ai pris le ferry pour les Toronto Islands. Oui, y a des petites îles sur le lac Ontario, ça s’appelle les Toronto Islands. En été, c’est sympa, tu peux louer un vélo et en plus, c’est tout plat. En hiver, ou en automne plutôt, bah… y a franchement pas grand-chose à y faire. Mais peu importe puisque moi, je ne suis pas même descendue du ferry (je ne suis même pas sûre d’avoir tourné la tête côté Islands), je n’étais là que pour la vue. Celle-là.

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Après un beau coucher de soleil comme seuls les ciels nuageux savent en donner, j’ai fini cette journée en beauté et en musique en allant à l’opéra. Avec ma veste bleu fluo et mes gros godillots, j’avais un style certain au milieu des robes de soirée et souliers vernis…

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Le lendemain matin, j’ai commencé par me rendre au centre administratif. Parce qu’avec tous ces panneaux, j’ai bien fini par me faire avoir et j’avais une amende à payer…

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Et puis les contrariétés, ça donne faim alors je suis allée avaler une assiette entière de raviolis chinois puis un plateau de fromages… Parce que c’est ça qui est bien quand on est dans un pays à moitié francophone, on peut manger de la fourme d’Ambert sans passer pour la dernière des barbares. Et juste avant que mon estomac n’explose, j’ai encore réussi à y caser un petit cannelé…

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A petits pas (c’était ça ou rouler d’un trottoir à l’autre), je suis ensuite allée visiter le Parlement de l’Ontario (puisque Toronto est la capitale de l’Ontario) où tout fonctionne à peu près comme aux Etats-Unis et où quand tu veux aller au bureau 187, on te dit d’aller demander au bureau 186…

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Et puis, ça ne pouvait pas durer éternellement alors la mousson est revenue. J’en ai profité pour me réfugier au Bata Shoe Museum (oui, du nom de la marque de chaussures, c’est on ne peut plus approprié). J’y ai admiré des paires de pompes de tous âges et de tous styles et même des que je pensais même pas que ça pouvait exister.

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Oui madame ! Des chaussons pour vaches ! Parce que les vaches, c’est bien connu, ça n’aime pas avoir les pieds mouillés…

Et comme décidément la mousson ne voulait pas s’arrêter, j’ai fini par aller retrouver Flipper.

Et le lendemain matin, je me suis encore réveillée en sursaut. A cause d’un chasse-neige. Enfin plutôt à cause du bip-bip que fait le chasse-neige. Et puis, j’ai réalisé que vu qu’il n’y avait pas de neige, ça ne pouvait pas être un chasse-neige. Non, non, c’était… la remorqueuse qui était en train d’enlever Flipper !! Pas le temps de réfléchir, je saute dans mes chaussures et je descends sur le trottoir.

– Euh… bonjour Monsieur. Qu’est-ce que vous faites là exactement ?
– Ah bah là ma p’tite dame, j’enlève ce van qui est garé là où il ne devrait pas.
– Non mais c’est mon van, je vais le déplacer, pas la peine de vous donner tout ce mal.
– Bah allez voir avec la dame là-bas, c’est elle qui décide.

La dame là-bas, c’est la police…

– Euh… bonjour Madame. C’est mon van là. Je vais le déplacer, pas de problème vous savez.
– Ah bon ? Ah, bah… OK alors. Mais vous gardez quand même l’amende parce que vous ne deviez pas être garée là.
– Oui, oui. Pas de problème. Désolée…

Et là, je lève le nez et dans la foultitude de panneaux où on ne comprend rien, y en a un qui dit que le vendredi matin, faut pas se garer entre 7h et 9h. On est vendredi et il est 7h23…

Le remorqueur enlève les fers de Flipper et on s’enfuit. Pfiou ! On n’est pas passés loin ! Pour un peu, je me réveillais en train de rouler à l’arrière de la remorqueuse. T’imagines la tête du gars à la fourrière quand il m’aurait vu sortir du van…

En attendant, je suis fort contrariée, je dois retourner payer mon amende et ce coup-ci, je suis bonne pour 60 dollars… Mais bon, c’est toujours moins pire que de se retrouver à la fourrière ! Alors à l’ouverture du centre administratif, je suis déjà devant la porte. Et là, le miracle se produit. Madame la policière n’a pas encore transmis l’amende que je dois payer alors elle est purement et simplement annulée… Hourrah !

Du coup, c’est de fort bonne humeur que je reprends la route. Et oui, Toronto, c’est fini, direction Ottawa maintenant.

Photos ici.

Les chutes du Niagara

Je serais bien restée une journée de plus à Chicago. Et pas seulement parce que j’en ai perdu toutes mes photos. Non, plutôt parce que la ville est vraiment chouette, grande mais pas trop, animée, avec de beaux buildings, un front de mer (enfin, de lac en l’occurrence mais le lac est si grand qu’on peut tout à fait croire que c’est la mer), des tas de bons restos, de jolis parcs, des statues rigolotes, un métro aérien qui passe sur des ponts comme la ligne 6, bref… elle mériterait une exploration digne de ce nom. Sauf que le temps défile, les miles passent et le programme est encore chargé.

Ah oui. Je vous ai pas dit mais depuis près de 2 semaines, je passe des heures carrées à essayer de me trouver un appart à New York. Meublé, pas cher, bien situé et dont la déco me plaise évidemment. Enfin ça, c’étaient les critères au début. Parce que plus le temps passe et moins je deviens sélective… Pour vous dire, j’en suis à ne même plus me soucier qu’il soit à Manhattan ! Comment ça New York ne se réduit pas à Manhattan ? Non mais vous croyez quand même pas que je vais accepter de me retrouver à Staten Island ou pire, dans le New Jersey, non plus ?!! On pourrait croire que vu l’offre pléthorique, rien ne devrait être plus simple. Ben détrompez-vous mes p’tits potes ! Entre les arnaques repérables à 100 miles, les enf*** qui ne répondent jamais aux mails, ceux qui répondent pour dire que ah, non, désolé, l’appart n’est pas dispo à ces dates (alors qu’il est indiqué qu’il l’est sur le site internet, évidemment, sinon j’aurais pas demandé, pfff…) et ceux dont les commentaires des précédents locataires font froid dans le dos… ça a probablement été un des hébergements les plus difficiles à trouver de tout le voyage !

Mais heureusement, ça y est, le miracle s’est produit, j’ai dégoté la perle rare : un petit studio tout pimpant en plein cœur de l’East Village et dont le loyer rentre parfaitement dans mon budget. A propos, pour ceux qui se poseraient la question, j’ai pas fait mon budget cette année… je l’ai grandement explosé on pourrait même dire. Mais je ne m’étendrai pas sur la question, j’y reviendrai quand tout sera terminé et que sonnera l’heure des bilans. En attendant, dans quelques semaines, je pourrai dire « J’habite ici. » en regardant la Liberty Statue droit dans les yeux. Et ça, ça n’a pas de prix.

Tout ça, c’est bien joli mais je n’aurai les clés de mon palace newyorkais que le 6 novembre prochain. Et Flipper expire le 29 octobre. Entre les 2, y a une petite semaine de battement dont je ne sais pas trop quoi faire. Alors je réfléchis un peu (3 secondes, à peu près) et je décide de prolonger mon partenariat avec Flipper quelques jours de plus. C’est qu’on s’entend bien lui et moi. On s’attache facilement à ces p’tites bêtes-là…

Sauf que tout ça finit par se régler alors que j’ai déjà quitté Chicago. Tant pis, profitons du soleil qui m’oblige à ne conduire que d’un œil et laissons le bitume s’engouffrer sous les roues de Flipper. La destination du jour se trouve de l’autre côté de la frontière. Ce soir, on dormira à Niagara Falls. Mais pour y arriver, faut encore traverser tout un tas d’états (l’Illinois, le Michigan), faire un petit détour par Détroit pour voir à quoi ressemble la ville la plus endettée du pays et se prendre pour Eminem l’espace de 4 secondes (le temps qu’il faut pour faire le tour du panneau 8 Mile), faire la queue pour passer la frontière et avaler encore un bon paquet de kilomètres jusqu’à atteindre le Graal. Evidemment, quand on arrive, il est 22h passées et il fait nuit noire. Pourtant, la ville est étrangement morte. Personne dans les rues, pas un néon, rien… Pour une ville réputée ultra touristique, c’est plutôt bizarre. Bon, de toute façon, On s’enfonce dans des petites ruelles, on se camoufle entre 2 voitures et hop ! on tire le rideau pour la nuit.

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Le lendemain matin, je prends mon petit déj à la laverie histoire de ne pas perdre de temps et une fois que j’ai fini de me battre avec ma couette, je pars enfin à la recherche du point de vue. Celui où j’aurai le souffle coupé. En fait, la veille, je suis arrivée par le nord de la ville et comme les chutes sont au sud, c’était un peu normal qu’il n’y ait personne. Parce que dès que je m’approche de la rivière, mon village fantôme se transforme en mini Vegas. Atroce. Des hôtels immenses avec des néons qui clignotent de partout, des centres commerciaux, des restos de chaînes qui s’alignent les uns à côté des autres… beuark ! Et évidemment, pas moyen de se garer au milieu de tout ça. Enfin si. Si t’as l’intention de dépenser 15 à 20 dollars pour une place dans un parking « public », y a aucun problème. Sinon, t’es bon pour aller te garer à 4 kilomètres et revenir en marchant. Alors que je tournicote dans l’espoir vain de trouver une faille dans le système, soudain… je les vois ! Là, comme ça, même Flipper les voit ! Y a la route, le trottoir, un vague parapet et… là, elles sont juste là !

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Et franchement, on a beau eu me dire que c’étaient pas les plus belles chutes du monde, en ce qui me concerne, je trouve quand même ça vachement impressionnant. C’est vrai qu’elles sont pas très hautes mais la rivière est vachement large ! Et ça fait un bruit d’enfer en tombant ! On se rend bien compte que le débit est sacrément élevé. D’ailleurs, en tombant, l’eau fait plein de gouttelettes et ça remonte jusqu’en haut et ça bruine même sur Flipper encore plus haut. Alors OK, il fait gris, il pleut et le cadre est vraiment moche mais… wouah… y a des fois, la nature fait du bon boulot quand même…

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Et puis je comprends pourquoi tout le monde te dit de venir côté canadien plutôt que côté américain. En fait, les chutes sont en forme de fer à cheval et côté américain, bah… tu vois pas le fer à cheval. Le truc bien, c’est qu’un peu plus loin sur la rivière, y a un pont et tu peux passer d’un côté à l’autre hyper facilement. A condition d’avoir ton passeport en règle. Alors je sais pas si c’est la trouille qu’on m’explique que je peux pas avoir de nouveau visa US (oui, je reviendrai aussi plus tard sur mes petits tracas administratifs…) ou juste parce que je me suis repue les yeux de ce que je voyais côté canadien mais je ne suis pas passée de l’autre côté. A force de patience, le soleil a même fini par faire une apparition. Et c’était beau.

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Mais quand même, on peut pas regarder de l’eau tomber toute la journée. Déjà, à force, ça donne envie de faire pipi et puis, on finit par être trempés (non, pas parce qu’on a fait pipi, juste parce que les embruns des chutes, c’est pas du pipi de chat !). Bref, y a la possibilité de faire quelques attractions attrape-couillons (un petit tour en bateau au plus près des chutes, passer derrière les chutes, aller voir un film en 3D qui explique comment les chutes ont évolué depuis un millier d’années) le tout pour une somme relativement indécente.  Y a aussi un petit musée rigolo qui recense toutes les tentatives de franchissement des chutes. Je veux dire, tous les gens qui se sont lancés dans la rivière depuis le haut de la falaise et qui ont espéré arriver en bas vivants.

Là encore, j’ai été poursuivie par un souvenir d’enfance. Je devais avoir 10 ans. Mes parents m’avaient emmenée à la Géode et sur cet écran géant, j’avais vu un film qui racontait l’histoire de Annie Taylor, cette institutrice de 63 ans qui fut la première à franchir les chutes enfermée dans un tonneau. Elle avait pris avec elle un petit chaton noir. Quand elle est ressortie (vivante), le petit chaton était blanc. Et bah, dans ce musée, y a le tonneau d’Annie. Et toutes les autres embarcations totalement farfelues qu’une poignée de cinglés ont construites pour défrayer la chronique. Tout le monde n’a pas eu la chance d’Annie, tout le monde n’en est pas sorti indemne. Au bout d’un moment (et d’un certain nombre de morts), les autorités ont fini par déclarer qu’il était illégal de tenter de franchir les chutes.

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Bref, après avoir regardé un sacré paquet de baignoires se remplir (au rythme d’un million par minute, ça fait vraiment un sacré paquet), j’ai fini par quitter la ville. Je suis allée un peu plus loin, à Niagara-on-the-Lake. Là, changement d’ambiance radical. Des propriétés immenses, des vignobles à perte de vue, de jolies boutiques en briquettes, des galeries d’arts et des antiquaires… un autre monde ! J’ai donc fait un peu de lèche-vitrine et j’ai presque même bien failli lécher la vitrine pour de vrai.

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Et puis, comme c’est pas le genre d’endroit où Flipper passe tout à fait inaperçu, j’ai continué ma route jusqu’à Toronto. Et pour clôturer cette journée en beauté, je suis allée me laver les cheveux faire quelques longueurs à la piscine.

Photos ici.

Le pays où le ciel est plus grand qu’ailleurs

Puisqu’il est désormais certain que le gouvernement américain m’en veut personnellement et ne réouvrira pas ses foutus parcs avant la Saint Glinglin, je reprends donc la route. Et cette fois, elle va être longue. Très longue. Globalement, je vais aller jusqu’à Chicago d’une traite. Enfin, d’une traite. En 6 jours. C’est qu’il y en a un certain paquet de miles à mettre au compteur de Flipper ! Mais quitte à avaler tout cet asphalte, autant le faire côté américain. Même s’il n’y a pas grand-chose à voir, ce sera toujours moins pire que côté canadien. Je quitte donc Banff, direction la frontière… que je passe comme une fleur. Un peu trop vite d’ailleurs. Le douanier ne met même pas de tampon sur mon passeport parce que soi-disant le visa que j’ai déjà est encore valide et y a pas besoin d’en mettre un nouveau. Bon. OK. Sauf que quelques kilomètres plus loin je réalise que mon visa est certes encore valide mais seulement jusqu’au 8 novembre… et moi, je ne repars que le 18 décembre. Petit souci administratif en vue… Heureusement, il est prévu que je repasse au Canada puis aux Etats-Unis avant le 8 novembre. Va falloir la jouer fine…

En attendant, je roule…

Et pendant 6 jours, j’ai parcouru près de 2300 miles et traversé 6 états.

D’abord le Montana. Moi, quand j’entends Montana, je pense à ça.

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Ou encore à ça.

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Bref, des paysages de malade, des chevaux, des cow-boys qui ressemblent à Brad Pitt (tous, oui, sans exception) et de la bonne musique country (oui, comme vous avez pu vous en rendre compte, c’est devenu ma spécialité). Et la vérité, c’est que le Montana, c’est presque ça. Des montagnes enneigées dans le fond, des plaines dorées devant, des chevaux la crinière au vent, des centaines et des centaines de vaches qui paissent paisiblement, un ciel 1000 fois plus bleu et plus grand que n’importe où ailleurs et un ruban d’asphalte qui s’étend à l’infini… C’est beau. De temps en temps, on tombe sur un hameau. Voire un village. Voire même une ville. Enfin pas trop grande la ville quand même. Et toujours ce ciel démentiel.

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Après le Montana, je suis passée au Wyoming. Là, les montagnes font progressivement place à des montagnettes puis à des collines et des collinettes. Les champs sont toujours aussi dorés et le ciel toujours aussi immense. Y a toujours des veaux, vaches, cochons, couvées et même quelques troupeaux d’antilopes. Si, dans le Wyoming, y a des antilopes.

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Y en a même un bon paquet. Et régulièrement couchées au bord de la route… Bon, y a aussi des ratons-laveurs sur le bord de la route. Et tout ça n’est pas en très bon état en général. Y a aussi des gens bizarres sur les aires de repos qui passent la nuit à veiller à côté de votre van et vous laissent au petit matin une lettre de 3 pages sur le pare-brise pour vous dire qu’il faut se méfier des inconnus… Mais le Wyoming, c’est aussi des couchers de soleil à tomber par terre et ce ciel qui s’enflamme et prend des teintes violacées comme on n’en voit que dans les photos de National Geographic.

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Et puis après le Wyoming, y a le South Dakota. Bon, celui-là, on savait à peine qu’il existait avant d’y mettre les pieds. Et pourtant ! Y en a des trucs dans le South Dakota ! D’abord y a ça.

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Ah ! C’est pas un peu connu ça ? Et non, ça n’est pas la vague réplique de l’étiquette d’une encore plus vague bouteille de whiskey… Et oui, ça aussi c’était censé être fermé (shutdown toussa-toussa…), mais comme tu peux le voir depuis la route, ça serait vraiment bête de vouloir payer les 11 dollars du parking (oui parce que c’est gratuit mais comme t’as pas le droit de te garer le long de la route, faut payer le parking…). En ce moment, les rangers sont plutôt sympas, ils te laissent t’arrêter quelques minutes devant l’entrée du mémorial et prendre tes photos. D’ailleurs, y a pas que des rangers qui traînent là-devant. Y a ça aussi.

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Et puis dans le South Dakota, tu trouves ça.

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Oui, c’est une espèce de château recouvert d’épis de maïs. Et à l’intérieur du château, y a… rien. Enfin si, une salle de sport. Et non, des fois, tu comprends pas tout chez les Américains.

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Mais dans le South Dakota, tu trouves aussi ça.

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Quoi ? Non, c’est pas juste une maison. C’est une maison située à l’angle de Ingalls Drive et Prairie Avenue !

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Parce que le South Dakota, c’est aussi la patrie de Laura Ingalls Wilder. Oui, LA Laura Ingalls. Celle qui habite dans une petite maison au beau milieu d’une prairie. Laaalalalaaaa laaalalaalalaaaa ! Et hop ! Vas-y que je me gamelle dans la prairie ! Oui, parce que moi, j’ai jamais lu les livres écrits par Mme Ingalls. Je connais que la série télé. Sauf qu’il y a un truc qui ne colle pas. Dans la série, les Ingalls habitent à Walnut Grove. Et ici, on est à De Smet. Jamais entendu parler de De Smet… c’est louche. C’est qu’en fait, avant de déménager à De Smet, les Ingalls vivaient bien à Walnut Grove mais ça, c’est dans le Minnesota. Alors le scénario de la série a un peu tout mélangé mais la petite maison dans la prairie, elle est bien ici. A De Smet.

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J’ai même pu aller me recueillir sur les tombes de Charles et Caroline.

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Et comme je ne voulais pas en rester là, j’ai poursuivi ma course folle dans le Minnesota. Où je suis évidemment passée par Walnut Grove. Mais là, curieusement, ils en font pas tout un foin des Ingalls. C’est tout juste s’ils mettent un petit drapeau sur les lampadaires.

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Et puis après le Minnesota, j’ai encore traversé le Wisconsin pour finir par arriver à Chicago, Illinois. Et après 6 jours à avoir contemplé l’horizon à perte de vue, d’un coup, retrouver des gratte-ciels et des autoroutes à 3 voies, ça a fait tout bizarre… Et d’un coup, le ciel a retrouvé une taille normale : juste un petit coin de bleu entre 2 buildings.

Photos ici.

Banff National Park

J’ai beau être matinale, j’ai mal. Ce matin, le bout de mon nez m’indique clairement que la température extérieure est de loin la plus froide que j’ai connue à ce jour (depuis que je dors dans Flipper, cela s’entend). Même enroulée dans 2 couvertures polaires et 2 couettes, j’ai presqu’eu froid. D’ailleurs rien que de replier tout ça, j’ai les doigts gelés. Et quand j’ouvre les rideaux, je m’aperçois qu’il n’y a pas que mes doigts qui sont gelés. Le pare-brise aussi.

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Mais c’est quand même pas ça qui va m’arrêter (et puis, hé, j’ai déjà dormi en tente par -4°C et j’ai survécu… si, si) alors je me précipite à la douche. Clairement, ces derniers temps, je prends de mauvaises habitudes : douche brûlante tous les matins, va falloir mettre le holà. En attendant, je profite… Du coup, je fume en revenant vers Flipper. Pas bien longtemps, cela étant dit.  Et puis j’ai commis l’erreur bête, je suis revenue en tongs. Mes orteils mettront près de 12 heures à s’en remettre…

Mais peu importe, aujourd’hui le ciel est bleu et y a plein de jolis lacs qui se cachent entre les glaciers. Ah bah oui, ici aussi, ça glace de partout. Faut dire que vu la température qu’il fait…

Je commence donc par le Moraine Lake. Après quelques kilomètres dans la forêt, tout à coup, je déboule sur un grand parking et tout au bout du parking… le lac. D’un bleu qui pique les yeux et entouré par des montagnes aux sommets enneigés… une vraie carte postale !

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Sauf que Madame la Ranger me l’a bien expliqué, ici, faut pas se balader tout seul. C’est par groupes de 4 personnes minimum ! C’est que les grizzlis aiment bien le coin eux aussi et comme il semblerait qu’ils n’hibernent pas encore… Bon, y a moyen de se poster au début du sentier et de se joindre à des groupes de marcheurs si on veut mais en ce qui me concerne, je me contenterai de faire le tour du lac (qu’est pas très long, ultra facile et que t’as le droit de faire tout seul).

Après cette petite introduction, je passe aux choses sérieuses : le fameux Lake Louise. Le ultra populaire Lake Louise. Que tout le monde te dit que y a rien de plus merveilleux au monde. Rebelote, je traverse la forêt, j’arrive sur un parking encore plus grand et au bout du parking… le lac. Alors c’est vrai, c’est très très beau. Le lac bleu-vert, les pentes couvertes de sapins, le glacier dans le fond… c’est sûr, Dame Nature n’y est pas allée avec le dos de la cuillière ! Mais j’ai pas pu m’empêcher de trouver ça vraiment dommage qu’une espèce d’énorme hôtel genre château Disneyland soit construit juste sur la rive. Bon, cette fois, y a droit de se balader où on veut comme on veut (c’est juste à 10kms de l’autre lac, j’vois pas bien pourquoi les grizzlis traîneraient pas dans le coin mais après tout, c’est peut-être comme le nuage de Tchernobyl : ça ne passe pas la frontière…). Du coup, j’en profite pour grimper un peu et prendre un peu de hauteur. Mais rien n’y fait : l’hôtel gâche franchement le panorama.

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Et pour finir la journée en beauté, je décide d’aller admirer les chutes de Takkakaw, dans le parc Yoho voisin. Soyons honnêtes, ce qui m’attire c’est bien sûr, les chutes mais surtout la route pour y aller. Il paraîtrait que c’est pas pour conducteurs nerveux et que les caravanes sont interdites parce que les épingles à cheveux sont pas à piquer des hannetons.

Bon, là, c’est la déception totale. Sur 14kms de route, y a que 3 épingles à cheveux et une seule qui nécessite que je fasse une marche arrière avec une roue à moitié au-dessus du vide pour passer. Le reste, c’est du gâteau. Même Flipper est déçu, je le sens bien.

Et puis les chutes…

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Oui. Bon. Elles sont très hautes, certes. Mais ça reste un petit filet d’eau qui dégouline le long de la falaise…

Le lendemain, après une nouvelle nuit frigorifique vivifiante, je décide d’aller jusqu’au village de Banff. Banff, ça ressemble furieusement à une station de ski : 4 rues principales, 50 hôtels et 200 boutiques de souvenirs. Mais c’est mignon. En fait, au départ, je n’avais pas prévu d’y passer. Les principales attractions du parc se situent plutôt à Lake Louise et la suite de la route ne passait pas par là. Sauf que. Comme on le sait, il en va dans la vraie vie autrement que dans les plans. Ces crétins du gouvernement américain n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le fait que bon-bah-oui-va-falloir-remonter-le-plafond-de-la-dette-parce-que-comme-tous-les-pays-du-monde-on-dépense-bien-plus-que-ce-qu’on-gagne et c’est le shutdown. De là où vous êtes, le shutdown, on en a parlé aux infos mais franchement, ça vous a pas franchement perturbé. De là où je suis… bah franchement, on m’aurait pas averti, j’aurais rien vu. Je me serais donc pointé la bouche en cœur aux portes du Glacier National Park et j’aurais pas eu l’air finaude…

Comme j’arrive pas à croire qu’ils puissent me faire ça à moi (non mais c’est vrai quoi, combien de fois dans ma vie je décide de traverser le continent ? Fallait vraiment qu’ils fassent ça maintenant ?), je me dis que je vais patienter quelques jours dans le coin, que tout ça va bien se débloquer et qu’il est pas né celui qui va m’empêcher d’aller à Yellowstone ! Parce que le grand moment de ma semaine, c’était ça : Yellowstone… LE parc national américain par excellence. Avec des ours, des bisons, des marmottes, des geysers, des lacs multicolores, des sources thermales, des montagnes, bref, la totale ! Je vous fais pas un dessin, je ne suis pas allée à Yellowstone

Mais reprenons. Je me retrouve donc à Banff et en plus, il fait gris. Pour passer mes nerfs et sur les bons conseils d’un Monsieur Ranger, je pars donc de grimper le Mount Sulphur. Je pourrais faire ma feignasse et grimper en téléphérique. Ça me prendrait 10 minutes. Mais j’ai décidé d’y aller à pieds et ça va donc me prendre presque 2 heures… Des petits lacets bien raides dans la montagne et ces grosses feignasses en téléphérique qui passent juste au-dessus de ta tête… On peut pas dire qu’il fasse vraiment chaud mais la montée se fait bien en t-shirt !

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Evidemment, quand j’arrive au sommet, la vue est moins impressionnante qu’elle ne devrait : les nuages gris foncé sont bien bas et le vent t’oblige à remettre vite fait tes 3 pulls.

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Après être redescendue, je file me réchauffer au McDo. Bah oui, y a le wifi, des prises électriques aux murs (faut bien chercher mais y en a) et personne te dit rien si tu restes 2 heures en buvant juste un coca.

Je finis par rejoindre le camping à la nuit tombée. En chemin, je me rends compte qu’il serait carrément possible de passer la nuit le long d’un trottoir. Mais ce soir, j’ai vraiment besoin d’une douche alors…

Le lendemain, dans l’espoir que les Américains réouvrent les parcs, je décide de prolonger mon séjour à Banff. De bon matin, je grimpe au sommet du Mount Tunnel. Un point de vue un peu différent de la veille mais les nuages sont toujours là.

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Dans l’après-midi, je vais jusqu’au Johnston Canyon. C’est un petit canyon creusé par une jolie rivière qui serpente dans la forêt. Et apparemment, je suis pas la seule à avoir décidé de me promener par là ! Il faut dire qu’ici, plus aucune consigne concernant les ours ! Vas-y , promène toi tout seul dans la forêt, ça craint rien ! Mouais… je reste perplexe quand même…

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Cette nuit, je reprends mes vieilles habitudes et je gare Flipper le long d’un trottoir. J’entends les commentaires des gens qui passent dans la rue sur Flipper et sa plaque californienne mais personne ne semble se douter que je dors dedans.

Demain, on reprend la direction des Etats-Unis. Et puisque visiblement, personne ne semble prêt à vouloir rouvrir les portes de ces fichus parcs, bah… on va traverser tout le Midwest d’une traite jusqu’à Chicago. Mais ça, c’est l’histoire de demain.

Photos ici.