Les chutes du Niagara

Je serais bien restée une journée de plus à Chicago. Et pas seulement parce que j’en ai perdu toutes mes photos. Non, plutôt parce que la ville est vraiment chouette, grande mais pas trop, animée, avec de beaux buildings, un front de mer (enfin, de lac en l’occurrence mais le lac est si grand qu’on peut tout à fait croire que c’est la mer), des tas de bons restos, de jolis parcs, des statues rigolotes, un métro aérien qui passe sur des ponts comme la ligne 6, bref… elle mériterait une exploration digne de ce nom. Sauf que le temps défile, les miles passent et le programme est encore chargé.

Ah oui. Je vous ai pas dit mais depuis près de 2 semaines, je passe des heures carrées à essayer de me trouver un appart à New York. Meublé, pas cher, bien situé et dont la déco me plaise évidemment. Enfin ça, c’étaient les critères au début. Parce que plus le temps passe et moins je deviens sélective… Pour vous dire, j’en suis à ne même plus me soucier qu’il soit à Manhattan ! Comment ça New York ne se réduit pas à Manhattan ? Non mais vous croyez quand même pas que je vais accepter de me retrouver à Staten Island ou pire, dans le New Jersey, non plus ?!! On pourrait croire que vu l’offre pléthorique, rien ne devrait être plus simple. Ben détrompez-vous mes p’tits potes ! Entre les arnaques repérables à 100 miles, les enf*** qui ne répondent jamais aux mails, ceux qui répondent pour dire que ah, non, désolé, l’appart n’est pas dispo à ces dates (alors qu’il est indiqué qu’il l’est sur le site internet, évidemment, sinon j’aurais pas demandé, pfff…) et ceux dont les commentaires des précédents locataires font froid dans le dos… ça a probablement été un des hébergements les plus difficiles à trouver de tout le voyage !

Mais heureusement, ça y est, le miracle s’est produit, j’ai dégoté la perle rare : un petit studio tout pimpant en plein cœur de l’East Village et dont le loyer rentre parfaitement dans mon budget. A propos, pour ceux qui se poseraient la question, j’ai pas fait mon budget cette année… je l’ai grandement explosé on pourrait même dire. Mais je ne m’étendrai pas sur la question, j’y reviendrai quand tout sera terminé et que sonnera l’heure des bilans. En attendant, dans quelques semaines, je pourrai dire « J’habite ici. » en regardant la Liberty Statue droit dans les yeux. Et ça, ça n’a pas de prix.

Tout ça, c’est bien joli mais je n’aurai les clés de mon palace newyorkais que le 6 novembre prochain. Et Flipper expire le 29 octobre. Entre les 2, y a une petite semaine de battement dont je ne sais pas trop quoi faire. Alors je réfléchis un peu (3 secondes, à peu près) et je décide de prolonger mon partenariat avec Flipper quelques jours de plus. C’est qu’on s’entend bien lui et moi. On s’attache facilement à ces p’tites bêtes-là…

Sauf que tout ça finit par se régler alors que j’ai déjà quitté Chicago. Tant pis, profitons du soleil qui m’oblige à ne conduire que d’un œil et laissons le bitume s’engouffrer sous les roues de Flipper. La destination du jour se trouve de l’autre côté de la frontière. Ce soir, on dormira à Niagara Falls. Mais pour y arriver, faut encore traverser tout un tas d’états (l’Illinois, le Michigan), faire un petit détour par Détroit pour voir à quoi ressemble la ville la plus endettée du pays et se prendre pour Eminem l’espace de 4 secondes (le temps qu’il faut pour faire le tour du panneau 8 Mile), faire la queue pour passer la frontière et avaler encore un bon paquet de kilomètres jusqu’à atteindre le Graal. Evidemment, quand on arrive, il est 22h passées et il fait nuit noire. Pourtant, la ville est étrangement morte. Personne dans les rues, pas un néon, rien… Pour une ville réputée ultra touristique, c’est plutôt bizarre. Bon, de toute façon, On s’enfonce dans des petites ruelles, on se camoufle entre 2 voitures et hop ! on tire le rideau pour la nuit.

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Le lendemain matin, je prends mon petit déj à la laverie histoire de ne pas perdre de temps et une fois que j’ai fini de me battre avec ma couette, je pars enfin à la recherche du point de vue. Celui où j’aurai le souffle coupé. En fait, la veille, je suis arrivée par le nord de la ville et comme les chutes sont au sud, c’était un peu normal qu’il n’y ait personne. Parce que dès que je m’approche de la rivière, mon village fantôme se transforme en mini Vegas. Atroce. Des hôtels immenses avec des néons qui clignotent de partout, des centres commerciaux, des restos de chaînes qui s’alignent les uns à côté des autres… beuark ! Et évidemment, pas moyen de se garer au milieu de tout ça. Enfin si. Si t’as l’intention de dépenser 15 à 20 dollars pour une place dans un parking « public », y a aucun problème. Sinon, t’es bon pour aller te garer à 4 kilomètres et revenir en marchant. Alors que je tournicote dans l’espoir vain de trouver une faille dans le système, soudain… je les vois ! Là, comme ça, même Flipper les voit ! Y a la route, le trottoir, un vague parapet et… là, elles sont juste là !

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Et franchement, on a beau eu me dire que c’étaient pas les plus belles chutes du monde, en ce qui me concerne, je trouve quand même ça vachement impressionnant. C’est vrai qu’elles sont pas très hautes mais la rivière est vachement large ! Et ça fait un bruit d’enfer en tombant ! On se rend bien compte que le débit est sacrément élevé. D’ailleurs, en tombant, l’eau fait plein de gouttelettes et ça remonte jusqu’en haut et ça bruine même sur Flipper encore plus haut. Alors OK, il fait gris, il pleut et le cadre est vraiment moche mais… wouah… y a des fois, la nature fait du bon boulot quand même…

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Et puis je comprends pourquoi tout le monde te dit de venir côté canadien plutôt que côté américain. En fait, les chutes sont en forme de fer à cheval et côté américain, bah… tu vois pas le fer à cheval. Le truc bien, c’est qu’un peu plus loin sur la rivière, y a un pont et tu peux passer d’un côté à l’autre hyper facilement. A condition d’avoir ton passeport en règle. Alors je sais pas si c’est la trouille qu’on m’explique que je peux pas avoir de nouveau visa US (oui, je reviendrai aussi plus tard sur mes petits tracas administratifs…) ou juste parce que je me suis repue les yeux de ce que je voyais côté canadien mais je ne suis pas passée de l’autre côté. A force de patience, le soleil a même fini par faire une apparition. Et c’était beau.

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Mais quand même, on peut pas regarder de l’eau tomber toute la journée. Déjà, à force, ça donne envie de faire pipi et puis, on finit par être trempés (non, pas parce qu’on a fait pipi, juste parce que les embruns des chutes, c’est pas du pipi de chat !). Bref, y a la possibilité de faire quelques attractions attrape-couillons (un petit tour en bateau au plus près des chutes, passer derrière les chutes, aller voir un film en 3D qui explique comment les chutes ont évolué depuis un millier d’années) le tout pour une somme relativement indécente.  Y a aussi un petit musée rigolo qui recense toutes les tentatives de franchissement des chutes. Je veux dire, tous les gens qui se sont lancés dans la rivière depuis le haut de la falaise et qui ont espéré arriver en bas vivants.

Là encore, j’ai été poursuivie par un souvenir d’enfance. Je devais avoir 10 ans. Mes parents m’avaient emmenée à la Géode et sur cet écran géant, j’avais vu un film qui racontait l’histoire de Annie Taylor, cette institutrice de 63 ans qui fut la première à franchir les chutes enfermée dans un tonneau. Elle avait pris avec elle un petit chaton noir. Quand elle est ressortie (vivante), le petit chaton était blanc. Et bah, dans ce musée, y a le tonneau d’Annie. Et toutes les autres embarcations totalement farfelues qu’une poignée de cinglés ont construites pour défrayer la chronique. Tout le monde n’a pas eu la chance d’Annie, tout le monde n’en est pas sorti indemne. Au bout d’un moment (et d’un certain nombre de morts), les autorités ont fini par déclarer qu’il était illégal de tenter de franchir les chutes.

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Bref, après avoir regardé un sacré paquet de baignoires se remplir (au rythme d’un million par minute, ça fait vraiment un sacré paquet), j’ai fini par quitter la ville. Je suis allée un peu plus loin, à Niagara-on-the-Lake. Là, changement d’ambiance radical. Des propriétés immenses, des vignobles à perte de vue, de jolies boutiques en briquettes, des galeries d’arts et des antiquaires… un autre monde ! J’ai donc fait un peu de lèche-vitrine et j’ai presque même bien failli lécher la vitrine pour de vrai.

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Et puis, comme c’est pas le genre d’endroit où Flipper passe tout à fait inaperçu, j’ai continué ma route jusqu’à Toronto. Et pour clôturer cette journée en beauté, je suis allée me laver les cheveux faire quelques longueurs à la piscine.

Photos ici.

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