Oui, bon alors finalement, je ne suis pas allée voir Champaner et Pavagadh : des heures et des heures de bus pour voir un caillou, certes un gros caillou mais un caillou quand même… posé au milieu de nulle part qui plus est. Par contre, j’ai profité de mon séjour à Vadodara pour assister 2 soirs de suite aux festivités de Navratri.
C’est quoi Navratri ? C’est la fête des Neuf Nuits. On rend hommage aux divinités féminines en général et à Durga, Lakshmi et Saraswati en particulier. Les célébrations se déroulent sur les places, dans la rue où des sanctuaires spéciaux sont installés. Les habitants, vêtus de leurs plus beaux atours, se lancent dans des danses endiablées jusqu’au petit matin. Au dixième jour de Navratri, on célébre Dussehra, la victoire du Bien sur le Mal, et ça, partout en Inde.
En arrivant à Vadodara, j’ai un peu galéré à trouver un hôtel : tout était plein. Autant dire qu’au bout d’un moment, la notion de « pas cher » est sortie de l’équation ! J’ai donc une belle grande chambre climatisée, un room-service de folie et ma fenêtre donne sur la rue juste au-dessus d’une petite scène dressée devant un temple kromeugnon avec plein de néons dessus. Je savais que Navratri avait commencé depuis 2 ou 3 jours mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’assister aux célébrations.
Vers 19h, la musique démarre (pas du live, hein, juste une sono qui beugle à fond). Fort. De jolies chansons indiennes qui font saigner des oreilles au bout de 20 minutes. Sauf que là, ça dure, ça dure, ça ne s’arrête jamais… Et il n’a pas l’air de se passer grand-chose.
En fait, la fête commence vraiment vers 22h. Les gens se sont amassés dans la rue, les femmes au milieu et les hommes assis sur les côtés ou aux balcons. Et la farandole démarre. En fait, seules les femmes dansent, formant une sorte de ronde tout le long de la rue. Apparemment, tout le monde connaît la choré : une sorte de madison revisitée à la sauce hindi. Le rythme est toujours le même, les mélodies varient à peine mais entretemps, la musique est devenue live (bien meilleur…). C’est assez bon enfant, tout le monde rigole, l’ambiance est plutôt détendue et ça dure effectivement jusqu’au petit matin… Genre à 4h, tout le monde est toujours là, à tournoyer (d’ailleurs, elles doivent être dans une sorte de transe), des petites filles jusqu’aux arrières grand-mères.
Et ça, tous les soirs pendant 9 jours.Quand t’habites à côté, t’es content…
Bref, Vadodara c’est gros comme un confetti donc on va pas y passer 100 ans ! Me revoici dans un train, direction Mumbai. Oui, je retente le train de jour. Mais en 3rdAC, s’il vous plaît ! Autant dire que c’est la même chose qu’en sleeper class sauf qu’il y a la clim ce qui diminue nettement la présence de mes amis les cafards… Bon, du coup, ça m’a permis de découvrir que les trains indiens hébergent aussi des souris. On n’est vraiment pas sectaire ici…
Petite réflexion en aparté parce qu’il est temps qu’on en parle : c’est franchement pas étonnant le nombre de bestioles qui trainassent dans les trains vu l’état du wagon après 12 heures de trajet. Ceci pourrait faire l’objet d’un post à part entière d’ailleurs. Le concept de poubelles est totalement inexistant. Partout. Je veux dire, à part dans mes chambres d’hôtel (et encore), je n’ai jamais vu de poubelles. Nulle part. Tout simplement parce que les Indiens n’en n’ont pas besoin : ils jettent tout littéralement par les fenêtres. Ou par terre. Faut dire qu’il y a des gens qui vivent du ramassage et du « recyclage » de ces déchets (enfin, ils revendent ce qui est récupérable). Du coup, les rues, les gares, enfin partout, il y a des détritus qui jonchent le sol (et ne pas oublier les bouses sacrées au milieu de tout ça, hein !). Et donc, bien sûr, dans le wagon du train. Ce qui n’empêche personne de mettre toutes les valises sous les banquettes (moi y compris) puisque de toute façon, y a pas de place ailleurs, et de jeter par terre les gobelets en carton avec un fond de chaï (ça colle mieux au sol), les épluchures d’oignon (oui, certains font la cuisine dans le train), les bouteilles en plastique (alors là, c’est carrément du délire le nombre de bouteilles qui restent dans le train à la fin du trajet) et tout le reste ! Je dois avouer que les premières fois, ça choque un peu de voir les gens balancer leurs trucs par la fenêtre (ah oui, j’ai oublié de vous dire qu’il n’y a pas de carreaux aux fenêtres en sleeper class) comme si c’était normal, mais c’est parce qu’en fait, c’est normal. Et puis même si je prends bien soin de garder tous mes déchets jusqu’à ce que je trouve un vrai endroit pour m’en séparer (parce que c’est pas parce qu’on est en Inde qu’on doit tout faire comme les Indiens), je ne sursaute plus quand ma voisine balance la couche du bébé ou crache par la fenêtre sous mon nez. Oui, ils font ça aussi… Quand je vous disais qu’on n’est pas obligé de « comprendre » les autres cultures…
Photos ici.