Na na na na na na au soleil… (air connu)
Je continue mon petit bonhomme de chemin à travers la Chine. Toujours sur la côte pacifique. Non pas qu’il n’y ait rien à voir au centre mais les trucs intéressants sont tellement compliqués à atteindre (genre 1 nuit de train puis une demi-journée de bus pour voir un petit village historique bucolique dont tu fais le tour en 2 heures) que j’ai opté pour la facilité et je longe la mer et puis j’ai pas que ça à faire de passer ma vie dans des trucs qui roulent.
J’ai donc décidé de laisser les températures inférieures à 15°C et les voyages sauts de puce derrière moi et je file à presque 200km/h (OK, c’est nul, mais c’est pas si mal pour un train chinois) plein sud vers Xiamen. Je vous passe les détails logistiques sordides (du genre, c’est dimanche, les bus qui vont à la gare ne passent pas au même endroit que d’habitude mais ce n’est écrit nulle part ou tiens, tiens, as-tu pensé à demander au chauffeur si tu as bien pris le bus dans le bon sens ? ah non ? bah, paye ton taxi pour te retaper tout le chemin dans l’autre sens alors ! …) et il me faudra presque 12 heures pour faire les 650kms qui séparent Hangzhou de Xiamen, autant dire que les 200kms/h, c’est pas tout le temps. Mais en fait, Xiamen n’est pas ma destination finale. Je vais à Gulang Yu, une petite île en face de Xiamen (qui est déjà une île mais plus grosse) où les gens sont fort sympathiques puisqu’à 21h, un petit papi m’a pris par la main pour m’amener jusqu’à la youth hostel puisque la biiiiiiiip !! de carte du Lonely était complètement fausse…
Et qu’allait-elle faire dans cette galère à Gulang Yu ? Et bah, figurez-vous que sur cette île, il y a plus de 1000 villas coloniales, des vestiges délabrés, de vieux banians dont les franges tombent jusqu’au sol et les voitures n’y sont pas autorisées d’où un charme certain. La communauté étrangère était bien établie sur l’île dans les années 1880. Elle y possédait un journal, des églises, des hôpitaux, des bureaux de poste, des bibliothèques, des hôtels et des consulats. En 1903, Gulang Yu devint officiellement une concession internationale, dotée d’un conseil municipal et d’une police composée de sikhs (comme on se retrouve !). Et l’île a été le berceau de plusieurs grands pianistes chinois, à tel point que les Chinois la surnomment « l’île du piano ».
Bref, je suis donc arrivée un peu fatiguée et légèrement très énervée mais je suis arrivée. Et les 4 petits Chinois avec qui je partage le dortoir en sont restés sans voix ! Comme je suis polie (si, si, même quand je suis énervée…), j’ai dit « Hi ! » et j’ai commencé à faire mon lit en poussant un long soupir de désespoir en constatant que le « matelas » était en réalité une planche en bois… Du coup, ils ont dû se dire qu’il fallait faire bonne impression et ils ont arrêtés de cracher leurs coques de graines de tournesol sur le sol et ils ont fait pareil. Ça m’a fait rigoler. Mais à l’intérieur parce que je ne suis pas folle, je ne vais pas me foutre de la tronche des Chinois à 4 contre 1. Bref, malgré l’heure tardive, j’avais repéré tandis que Papi me trainait à travers les ruelles, que pas mal de stands de street food étaient encore ouverts. J’ai donc filé me mettre quelque chose sous la dent et là, ô surprise, la street food d’ici n’a rien à voir avec ce que j’ai déjà expérimenté. Ici, on est au bord de la mer et ça se voit dans ton assiette. Les rues sont pleines (au sens propre puisque tout ça est posé dans des seaux au milieu de la rue) de crustacés, poissons, calamars, sea cucumber et tutti quanti. J’ai donc testé la conque farcie, avec sa dose de piment et d’ail, cuite sur le grill et servie dans un petite barquette en polystyrène… dé-li-cieux !
Réveillée de bon matin par mes esquarres sur les hanches (bah oui, à force !), j’ai constaté avec plaisir qu’à Gulang Yu, il fait non seulement grand beau mais aussi grand chaud. J’ai donc claqué allègrement 10 yuans dans une machine à laver et j’ai étendu avec soin mon linge au soleil sur la terrasse… (des fois, dans la vie, y a la première gorgée de bière et des plaisirs minuscules) Et puis je suis sortie faire le tour de mon îlot. Oui parce qu’en fait Gulang Yu, c’est plutôt un îlot. En 3 heures, t’as fait le tour. Et en 2 heures de plus, t’as arpenté les ruelles du centre, alignement bien net de boutiques de souvenirs, de restaurants et de cafés, bondés de Chinois en goguette. Du coup, je me suis trouvé un banc sur la promenade en bord de mer, et j’ai fait la sieste. Au soleil. Un lundi. Sous les palmiers.
…
Oh ! Désolée pour vous. C’est lundi. J’avais oublié… (Mouahahahaha ! – rire démoniaque de l’intérieur parce que je suis pas folle, je vais pas ouvertement vous provoquer de la sorte, ça serait pas fair play…)
PS : Je vous ai déjà dit que j’adorais ma nouvelle vie ? Ah oui ! Tiens… Mais je vous ai montré les photos au moins ?