Parque Nacional Pan de Azucar

A 5h du matin, le bus s’arrête, mes petits yeux collés s’ouvrent (pas trop grands) et le steward du bus (on va l’appeler comme ça puisqu’il travaille dans le bus mais que c’est pas le conducteur) annonce « Chañaral ! Chañaral ! ». Et m***, il est pas en retard, faut descendre…

Le plan, c’est d’acheter les billets de bus pour le trajet suivant et de squatter la gare routière jusqu’à ce que les hôtels ouvrent. Sauf qu’en descendant du bus, on s’aperçoit qu’on n’est absolument pas devant une gare routière mais devant une station-service et qu’il n’y a nulle part où squatter… Bon. La station-service étant en fait au bout de la rue principale de la ville, on se dit qu’on va essayer de repérer 2 ou 3 adresses et se poser sur un banc en attendant. En attendant quoi, on sait pas mais de toute façon à cette heure-là, y a rien d’autre à faire. Je sors mon bonnet et mes gants. Il fait pas chaud dans ce pays à cette heure-ci. A partir de 6h, on commence à voir quelques mineurs qui partent travailler dans des pick-ups avec de grands panneaux « EXPLOSIVES ». Parce que Chañaral est une ville minière à l’intérêt assez limité. Bah, qu’est-ce qu’on est venus faire là alors ? Et bah, d’après des sources plus ou moins fiables, Chañaral est la porte d’accès au Parque Nacional Pan de Azucar où on peut voir des pingouins de Humbolt, des renards gris, des guanacos (un genre de cousin du lama), des zorros (un renard gris kromeugnon) et tout un tas d’oiseaux.

Vers 7h, le soleil s’est levé et comme on commence à avoir mal aux fesses sur notre banc, on décide d’aller au terminal des bus acheter nos tickets pour la suite du voyage. Le terminal ouvre à 7h, on est les premiers clients de la journée. Il ne reste que 6 places dans le bus pour San Pedro de Atacama. On se dit qu’on a bien fait de ne pas attendre la fin de la journée pour s’occuper de ça ! En ressortant de là, on tombe sur un hôtel dont la porte est ouverte. On passe la tête et miracle ! y a quelqu’un. Le type nous fait visiter une chambre, on n’hésite pas longtemps, on n’a qu’une envie, c’est prendre une douche et finir notre nuit. On s’installe donc à la Residencial MiChica au milieu de la rue principale.

En fin de matinée, on décide de s’atteler à ce pourquoi on est là, la visite du parc. Je demande donc à la dame de l’hostal où est le bus pour se rendre au parc qui est tout de même à près de 30kms. Et là, je ne comprends pas grand-chose à ce qu’elle me répond mais je comprends l’essentiel : y a pas du bus pour aller là-bas. Quoi ??? Mais comment on y va alors ? Et bah… en taxi, mais ça risque de nous coûter pas loin de 30 000 pesos aller-retour. Je m’étrangle. Bon. Il nous faut un 2ème avis. On se rend donc à la mairie. Là, à peine on a passé la porte qu’un monsieur se précipite sur nous pour nous demander ce qu’on veut. Comme je lui demande s’il parle anglais, il part me chercher quelqu’un qui est supposé me comprendre. En attendant, il nous pousse dans un bureau de 9m3 où sont empilés 3 fonctionnaires dont un qui écoute de la musique à fond, 2 gros bureaux pleins de fouillis, 1 bureau d’écolier, 2 personnes qui sont venues demander des renseignements et nous qui ne savons pas trop où nous mettre pour ne pas gêner. Au bout de 15 minutes, on finit par demander à une des employés comment on peut se rendre à Pan de Azucar. Elle confirme : y a pas de bus, faut prendre un taxi. Bon. Bah vu qu’on est là pour 48 heures et qu’on est venus exprès pour ça, on va trouver un taxi, hein ? En ressortant, juste devant le trottoir, on tombe justement sur un taxi avec un petit panneau « Pan de Azucar » sur son tableau de bord. Un signe du destin. On tourne un peu autour de la voiture et on aperçoit un monsieur qui sort de la boulangerie d’en face et qui nous fait signe. C’est l’heureux propriétaire du taxi qui va devenir notre nouvel ami. On négocie donc les 2 allers-retours (bah oui, aujourd’hui et demain, ça fait 2) à 40 000 pesos et en voiture Simone ! 200 mètres plus loin, lorsque notre chauffeur apprend que demain, c’est notre anniversaire (ah oui, parce que demain, c’est notre anniversaire), il décide qu’avant de nous emmener au parc, on va passer par chez lui manger un morceau de gâteau. Bon bah… OK. Alors malgré le fait qu’il soit 11h et que franchement, la génoise à la crème c’est pas vraiment mon truc, on est polis et on mange. La conversation est un peu laborieuse entre notre espagnol et son anglais mais on s’en sort. Et puis Guisson décide que ce soir, on va fêter ça et il nous invite à venir manger des grillades sur sa terrasse. Nous, on dit pourquoi pas.

En attendant, il nous emmène au parc où on doit passer par la case CONAF pour s’enregistrer auprès des gardiens. Là, on constate qu’on est les premiers à entrer pour cette journée et qu’il n’y a pas eu plus de 5 touristes par jour toute la semaine précédente… Ceci expliquerait peut-être pourquoi il n’y a pas de bus pour se traîner jusqu’ici. Bref, maintenant qu’on est là, on part pour le Mirador. Les yeux vifs, les oreilles aux aguets, si la moindre bestiole bouge dans les 5kms à la ronde, on va la repérer. Mais les kilomètres s’écoulent et à part quelques nuages qui flottent au loin, on ne voit rien. Bon, certes les paysages sont impressionnants, la vue sur l’océan éblouissante, les cactus tout cramés et le soleil tape mais après 5 heures de balade, notre tableau de chasse ne comporte qu’un tout petit lézard gris qui a filé entre nos pieds… On finit donc sur la plage où Guisson vient nous rechercher comme prévu. Sur le chemin du retour, on croise 2 Français qui partent à pieds vers le parc. Eux, ils veulent camper dans les cailloux, alors on les laisse faire mais on leur donne rendez-vous le lendemain pour louer un bateau et aller voir les pingouins.

Il nous ramène à l’hostal à Chañaral et réitère son invitation pour la soirée. Comme on ne peut pas vraiment dire qu’on a autre chose de prévu, on accepte. Mais en fait, ça n’est pas vraiment une invitation. Il faut qu’on partage les frais pour les courses et Guisson nous extorque 15 000 pesos supplémentaires… malin l’ami Guisson ! En plus, il nous donne rendez-vous à 21h, heure à laquelle on avait plutôt prévu d’aller nous coucher vu qu’on est debout depuis 5h… Mais peu importe ! La perspective d’une soirée en compagnie de notre ami et de sa femme est bien trop tentante, alors après une petite sieste, on le retrouve devant l’hostal et on retourne chez lui où les braises sont déjà prêtes pour l’asado. Il nous livre alors son secret pour des grillades parfaites : une pincée de sucre sur les braises et une petite feuille de journal sur la viande en fin de cuisson… Et c’est vrai que c’est très réussi ! Après un micmac d’assiettes où on ne comprend pas grand-chose, on finit par se mettre à table. Là, il nous propose de couper notre vin rouge au Coca (une pratique courante dans les pays hispanophones) mais on n’est pas tellement fan. Madame est un peu réservée mais finit par se détendre et (avec l’aide de 2 ou 3 verres de pisco) on apprend plein de choses sur les Chiliens, la période Pinochet et le Chili d’aujourd’hui. Mais l’air de rien, il commence à se faire tard et Guisson nous ramène nous coucher (après un dernier verre).

Le lendemain matin, en rangeant mon sac, je m’aperçois que mon appareil photo de secours (celui que je suis censée utiliser si je me fais faucher celui que j’utilise tout le temps) n’est plus à sa place… Comme je ne l’ai pas touché depuis le début du voyage, il ne devrait pas avoir changé de place tout seul mais sait-on jamais, je vide l’intégralité de mon sac pour vérifier. Et là, une fois que toutes mes affaires sont étalées sur mon lit, je réalise qu’il manque ma veste. Mon manteau. Mon seul et unique manteau. Le seul truc qui puisse me protéger du vent et de la pluie. Panique. Consternation. Enervement.

Je refais mentalement l’inventaire de mon sac et je vérifie que rien d’autre ne manque. Il semblerait que non. A tout hasard, j’ouvre ma pharmacie. Elle est sens dessus dessous. Clairement, quelqu’un a ouvert mon sac, sorti toutes mes affaires, fouillé ma pharmacie, pris ma veste et mon appareil photo et remis le reste suffisamment bien pour que je ne m’aperçoive de rien Damned ! Mais où ? Qui ? Comment ? Ça ne peut être qu’ici, la veille pendant qu’on était en train de chasser le renard gris. Pourtant la chambre était fermée à clé. Incompréhension. Est-ce que c’est quelqu’un de l’hôtel ? Mon père avait fermé son sac avec un cadenas, rien ne lui manque à part un chargeur d’appareil photo. On nous l’avait dit : bienvenue en Amérique du sud et… joyeux anniversaires !!!

Bon. On avait prévu de laisser nos sacs à l’hostal pour la journée en attendant le bus de nuit, on va changer d’avis. En quittant l’hostal, je signale tout de même à la dame à qui on rend les clés que mes affaires ont disparu. Elle semble surprise et m’assure qu’il n’existe qu’une seule clé de chaque chambre. Mouais. On va quand même laisser nos sacs à la consigne du terminal des bus, hein ? On retrouve notre ami Guisson qui nous explique qu’il s’est couché très tard et qu’il est très fatigué et que tout ça, c’est de notre faute.

En tout cas, nous, aujourd’hui, on a prévu de faire le tour de la Isla Pan de Azucar en bateau pour voir les fameux pingouins de Humbolt (si, ils sont fameux). Sur la route, on croise 2 petits touristes qui font du stop. Guisson s’arrête et devinez quoi ? ils sont français ! On les convainc de monter avec nous en voiture, et comme eux aussi, ils veulent voir les pingouins, on se frotte les mains en se disant qu’à 6, la négociation sera plus facile. En arrivant à Caleta Pan de Azucar (c’est LE village du parc, 3 cabanes et 4 chiens), on trouve 2 pêcheurs qui sont prêts à nous emmener faire un tour mais pas à moins de 60 000 pesos. Comme les campeurs fous manquent à l’appel, on trouve quand même que ça fait cher le pingouin… On hésite, on hésite, on tente de faire baisser le prix, on arrive à 50 000 pesos mais honnêtement, ça ne fait pas une grande différence. C’est là qu’arrivent Arturo et Martin (les campeurs). Sauf qu’ils n’ont pas un rond et qu’à 6, le pêcheur ne veut clairement pas descendre en dessous de 60 000. On argumente, on la joue sympas, en colère, désespérés, compréhensifs… rien n’y fait, c’est 60 000 ou rien. On finit donc par accepter le deal. Statistiquement, quand il y a un plan pourri du genre visiter un parc hors saison avec 6 touristes sur toute la journée et galérer à mort pour trouver un bateau qui t’emmène voir des pingouins sous un ciel tout gris, tu peux être sûr que les touristes sont français. C’est statistique.

D’après le pêcheur, il faut y aller à 16h, c’est l’heure où les pingouins sortent de l’eau et regagnent leurs nids. Du coup, on part faire un petit tour à la plage et à force de se raconter des histoires de voyage, on arrive à tuer l’après-midi. Quand on se repointe devant la cabane du pêcheur (avec des cailloux au fond du jardin), il grimace… Non, là, c’est trop tard, la marée est trop haute, on ne peut plus y aller. Alors on veut bien se faire couillonner un peu mais là, faut pas abuser des bonnes choses. On arrive donc à convaincre cette feignasse de pêcheur de nous emmener quand même et à 16h pétantes, on est dans sa barque. La marée… non mais sans blague, il a pas trouvé mieux comme excuse ?

Maintenant qu’on peut enfin les approcher, on profite du spectacle de ces petits pingouins très énervés qui font des grands mouvements de moulinets avec leurs bras pour grimper tout en haut de l’île. Ceux qui arrivent jusqu’en haut sont considérés comme les plus forts et les femelles se battent pour venir dans leurs nids… On voit aussi des loutres, des pélicans, des tas d’oiseaux et un lion de mer qui bouffe un pingouin. Bah oui, normalement, les lions de mer, ça bouffe des poissons mais là, y a pas beaucoup de poissons alors ils se mettent au pingouin. Beurk.

Et puis, comme la veille, Guisson vient nous chercher et nous ramène en ville en fin d’après-midi. Il est temps de dire au revoir à Arturo et Martin qui continuent le stop vers le nord et on va dîner avec Justine et Josselin qui, eux aussi, prennent un bus le soir même, direction Calama. Comme ils pensent aller ensuite à San Pedro de Atacama qui est notre prochaine destination, on se dit qu’on se recroisera sûrement. Et à minuit, après avoir attendu loooooongtemps notre bus entre 2 courants d’air, on grimpe enfin dedans, direction San Pedro et le désert d’Atacama, notre dernière étape chilienne.

Photos ici.

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