J’étais donc à Cuzco, je devenais parfaitement bilingue en espagnol et malheureusement, pour des motifs aéroportuaires, j’ai dû interrompre tout ça. Je me suis donc refarcie 22 heures de bus jusqu’à Lima (là, je vous passerai les détails olfactifs mais pas de bol, mon voisin n’avait pas un anti-transpirant 48 heures…) où, j’ai tout juste eu le temps d’aller à la laverie et me chercher à dîner dans mon resto préféré avant de refaire mon sac (non, je ne compte plus les fois) sans oublier de mettre dedans tout ce qui ne va pas dans le bagage à mains. D’ailleurs, saviez-vous qu’en fonction des pays, les briquets vont ou ne vont pas en soute ? C’est assez compliqué, ça m’oblige régulièrement à tout démonter et tout remonter juste sur le tapis de l’aéroport et ça agace passablement les gens qui attendent derrière moi mais je ne comprends pas pourquoi y a pas une seule règle pour tout le monde ? Et évidemment, idem pour les liquides ou des fois, ils s’en foutent et des fois, ils en profitent pour te piquer ta crème solaire que tu avais oublié dans une poche… Mais passons !
J’ai donc dit au-revoir à Lima et à ma copine Irina de l’hôtel et comme j’étais un peu en avance ce dimanche matin, j’ai décidé d’aller à l’aéroport en bus. Sur le papier, c’est simple. Tu prends le Metropolitana, tu descends à l’arrêt Thomas Valle et là, tu prends un bus qui va à l’aéroport. Si tu vas prendre l’avion avec un sac en plastique, pas de problème. Si t’y vas avec un sac à dos qui ressemble à une carapace de tortue et qui pèse 20kgs… tu rigoles moins. Et encore, dans le Metropolitana, ça va. Tu poses ton sac par terre, tu t’assoies dessus, tu rabats un peu des sangles pour que les gens ne marchent pas dessus, bref, tu t’en sors. Mais après, le fameux « bus » pour l’aéroport… bah, c’est pas vraiment un bus. C’est un collectivo. Du genre de celui dans lequel on entasse le plus de monde possible. Alors quand toi tu débarques avec ta carapace, la petite madame qui gère les montées et les descentes, elle te regarde avec un œil mauvais. Mais bon, elle te laisse monter quand même. Mais tout de suite après, elle se met à te hurler dessus parce que ton sac, il prend la place de quelqu’un ! Bon alors pour la calmer un peu, tu lui réponds que c’est pas grave, tu paieras pour 2 ! A une sole le trajet, t’es même prêt à payer le double pourvu qu’elle te demande pas de prendre le sac sur tes genoux ! De toute façon, tu peux pas : sur tes genoux, y a déjà l’autre sac (oui, le petit, celui qui pèse 10kgs parce qu’il contient tous les gadgets électroniques sans lesquels vous et moi ne pourrions pas communiquer… snif !). Mais ça n’empêche. Au bout d’un moment, à force de regards noirs, elle finit par te demander de prendre ton sac sur les genoux. Même les autres passagers du bus râlent, ils voient bien que je peux pas. Mais rien n’y fait, elle est intraitable. Au fur et à mesure des arrêts, je me retrouve coincée contre la fenêtre avec pas loin de 3 rangées de passagers à franchir pour atteindre la porte. Le tout avec un sac de 20kgs sur les genoux. Alors évidemment, quand on arrive à l’aéroport, c’est tout un cirque pour m’extraire de là. Heureusement, les autres passagers sont sympas et balancent mes affaires sur le trottoir m’aident. Et là, je m’aperçois que de toute façon, j’ai soit une pièce d’une sole, soit un billet de 100. Et autant vous dire qu’ils rendent pas la monnaie sur 100 dans les collectivos. Du coup, sans remord, je paye mon trajet et uniquement le mien toujours sous les mitraillettes des yeux de ma nouvelle copine… Mais peu me chaut ! Je suis devant l’aéroport, à l’heure et avec toutes mes affaires.
Quelques heures plus tard, me voici à Quito. Là, c’est la douche froide. On est censé être en Equateur, le pays où il fait toujours beau et chaud puisqu’il est à l’équateur… Et bah non ! Il fait gris, il fait froid (tout du moins, autant qu’à Lima) et à peine dans le taxi, il se met à pleuvoir… « Bienvenido in Ecuador ! » qu’il arrête pas de répéter mon chauffeur… Ah, et oui, ici, j’ai un chauffeur. D’abord parce que c’est loin et qu’il y a un trafic monstre (on mettra plus d’une heure à rejoindre le centre-ville alors en bus, j’imagine même pas) et ensuite parce qu’il est compliqué de se faire amener dans le bon hôtel par les chauffeurs de taxi normaux. Une petite histoire de commission…
Bref ! le temps de poser mes affaires dans ma nouvelle chambre et de faire le tour du propriétaire, il commence déjà à faire nuit. Et là, je prends ma deuxième douche froide : il est plus que fortement déconseillé de sortir dans la ville après le coucher du soleil, y a une invasion de vampires… Non, je rigole. Mais honnêtement, on n’en est pas loin. Tout le monde te met tellement en garde contre l’insécurité dans les rues de la ville que t’oses pas mettre un pied dehors. D’ailleurs, c’est bien simple, depuis la terrasse sur le toit de l’hôtel, j’entends les parents qui rappellent les enfants qui jouaient dehors et les rues se vident. Bientôt, il n’y a même plus de voitures. Bien. Nous n’irons donc nulle part. Ou alors, si tu veux sortir, faut impérativement que tu appelles un taxi. Et le type qui fait la sécurité à la porte de l’hôtel (et qui porte un gilet pare-balles) note le numéro de la plaque du taxi qui t’emmène. Tout de suite, ça met dans l’ambiance… Je pense sincèrement que oui, y a un problème d’insécurité dans Quito mais est-ce que ça vaut la peine de psychoter comme ça, j’en sais rien. Toujours est-il que pour ce soir, je me contente d’admirer la ville qui s’illumine doucement depuis la terrasse…
Le lendemain matin, je pars donc explorer les petites ruelles sombres qui ne le sont plus puisqu’il fait jour. Je dévore un petit déjeuner fait de jus de fruits frais, de tortillas, de yaourt et de céréales, je me balade dans la vieille ville (c’est très joli, c’est plein de petites rues pavées et d’églises à chaque coin), j’en profite pour m’offrir une épilation digne de ce nom (hourra ! les esthéticiennes latinos ne sont pas myopes !) et je finis par arriver sur la Plaza Grande, la place centrale de Quito, où la foule commence à s’amasser. Mais pourquoi donc ? Et bien parce qu’on est lundi ! Et que le lundi, c’est raviolis ! la relève de la garde devant le Palacio del Gobierno, l’équivalent de notre Elysée. Très bien, me dis-je, assistons au spectacle ! Mais c’est pas tout ! Quand le président des Equatoriens est en ville, il préside la cérémonie. Il se peut donc qu’il fasse une apparition sur le balcon. Alors à 11h pétantes, quand les trompettes se mettent à résonner, tous les yeux sont rivés sur le balcon et… ouiiii ! le voilà ! Hyper détendu, hyper à l’aise, genre « Hey ! Salut ! Qu’est-ce que vous faites là ? », il sourit et il salue la foule qui l’acclame. Parce que oui, mesdames et messieurs, ici, on acclame son président. On a la larme à l’œil quand il fait un geste dans sa direction. On porte des k-ways affreux aux couleurs de son président. On scande son nom. Ici, on fait pas semblant. Et moi, j’ai jamais vu ça. Et je peux dire que je suis grave impressionnée. La cérémonie démarre enfin, les soldats marchent au pas, font des petits tours et puis s’en vont et moi, j’en reviens pas que le président passe 45 minutes tous les lundis matins à agiter la main depuis son balcon. Hallucinant. Par contre, en terme d’image et de popularité, c’est un carton !
Et puis les émotions, ça creuse, alors je vais grignoter un sandwich au jambon (si, c’est une spécialité du coin, j’y peux rien) et je pars en expédition à l’autre bout de la ville m’acheter un ticket de bus pour dans 2 jours. La première compagnie que je tente ne dessert pas ma destination (pas de bol, c’est supposé être la plus confortable), je trouve mon bonheur quelques kilomètres plus loin. Parce que oui, Quito fait pas loin de 65 kms de long sur 10 de large (2 dans les parties les plus étroites). Alors quand on te dit : « C’est à l’autre bout de la ville. », t’as intérêt à savoir précisément où tu vas… Je repars donc avec mon précieux billet et je me mets en tête de rentrer à l’hôtel avec les transports locaux (mes pieds sont fatigués). A Quito, il y a 3 lignes de trolley-bus. Vous savez, ces machins qui sont comme des trams mais qui roulent sur des pneus. Sur le plan de la ville qu’on m’a donné, leurs trajectoires sont claires et bien distinctes. Et bah dans la vraie vie, c’est pas tout à fait pareil. Du coup, je me retrouve quasiment à l’opposé de là où je voulais aller et je finis par rentrer à pieds. Eux, au moins, ils vont là où je leur demande d’aller… Une petite soupe, une bonne douche et au lit ! Demain, le réveil sonne à 6h. Demain, je vais encore tutoyer les sommets. Demain, je vais chatouiller la glace du volcan Cotopaxi.
Photos ici.