Après un dernier petit déjeuner made in Denis-le-pirate, on quitte St Augustine. Sans payer notre hôtel. Non pas qu’on n’ait pas voulu payer. Mais ce matin, à l’hôtel, y a que Denis, et lui, il peut pas utiliser la machine à carte bleue. J’essaye de passer quelques coups de fil au propriétaire mais il est malade, il peut rien faire. Moralité, on part sans payer. Mais rassurez-vous, grâce à la technologie moderne et internet, les pirates vont quand même finir par me rattraper…
Aujourd’hui, direction donc Tallahassee, capital city of Florida. Oui, pour ceux qui croyaient que Miami ou Orlando était la capitale de la Floride, vous vous êtes fourrés le doigt dans l’œil. C’est Tallahassee. Evidemment, personne n’a jamais entendu parler de Tallahassee. Bah… c’est normal : y a rien à y voir. Mais avant donc de plonger plein ouest, on s’offre quelques derniers kilomètres le long de la A1A, notre route préférée le long de la côte atlantique. La route court littéralement tout le long de la côte floridienne du nord au sud (ou du sud au nord, tout dépend dans quel sens vous conduisez) et passe par toutes les petites îles ou presqu’îles si jolies qu’on voudrait s’arrêter tous les 500 mètres. C’est comme ça qu’on passe par la Kingsley Plantation, une ancienne plantation de canne à sucre tenue par M. & Mme Kingsley, des Gens de Couleur Libres. Oui parce qu’en Floride, y avait pas que des Blancs qui possédaient des esclaves et qui les faisaient trimer dans leurs plantations. Enfin ça, c’était avant que la Floride ne devienne américaine bien sûr. Parce qu’après, ça a été un peu plus compliqué pour les Gens de Couleur Libres. La ségrégation s’appliquait à eux aussi alors les Kingsley, ils se sont enfuis à Haïti. De la grande époque, il ne reste que la maison des maîtres, en pleine restauration à cause de l’humidité, des termites et des catastrophes naturelles, et quelques cases d’esclaves, en ruines. Et pourtant, avec un peu d’imagination, on s’attendrait presqu’à voir l’Oncle Tom sortir de la grange… Mais en fait, ce sont plutôt des nuées de moustiques qui nous sautent dessus alors on se dépêche de remonter en voiture et on file toujours le long de la A1A.
Un plus plus loin, on arrive à Big Talbot Island. Rien de spécial, c’est juste très joli, y a plein d’arbres morts couchés sur la plage parce que la marée les fait tomber un à un de la dune et avec le ciel au loin qui noircit un peu plus chaque minute (doit y avoir un sacré orage un peu plus loin), les couleurs sont magnifiques.
Et enfin, ça y est, virage à droite et adieu l’Atlantique ! Enfin… pour cette fois !
Quelques heures plus tard, nous arrivons à Tallahassee. Non seulement, y a rien à voir mais la ville n’est vraiment pas très belle : comme partout, des kilomètres d’avenues le long desquelles s’alignent les fast-foods (faudrait pas que quiconque soit à plus de 10 minutes à pieds d’un McDo ou d’un KFC), les vendeurs de meubles et les stations-services. Du coup, on préfère profiter de la piscine de notre motel avant d’aller dîner dans un petit resto de poisson et fruits de mer. Sur le papier, ça a l’air plutôt sain et diététique. Dans la vraie vie, tout ce que j’avalerai ce soir-là sera frit… le poisson, les frites de patate douce, les okras (un genre de poivron)… tout ! Et tout a beau être très bon, ça finit par être un peu écœurant…
Le lendemain matin, avant de reprendre la route, nous allons visiter le Civic District. Dans chaque capitale d’Etat se trouve le capitole. C’est là que le Gouverneur… gouverne. Et en Floride, on peut rentrer dans le capitole comme dans un moulin (après une bonne fouille à l’entrée quand même). Et on peut se balader là-dedans comme bon nous semble. A tel point qu’on arrive devant le bureau du Gouverneur himself, Rick Scott. Là, juste devant la porte, y a le bureau de son assistante, Christine. Et Christine, ce matin, elle a pas grand-chose à faire alors on papote. Evidemment, elle est venue en honeymoon à Paris et elle a adoooooré… elle pense d’ailleurs accrocher des photos que son mari a prises sur les murs de son bureau, qu’est-ce qu’on en pense ? Bon, pour ce matin, elle est désolée mais on ne peut pas voir l’intérieur du bureau de son patron, il bosse. D’ailleurs, on entend des voix derrière la grosse porte en bois. C’est pas grave, j’étais pas vraiment in the mood pour aller en réunion de toute façon.
Pour gouverner, Ricky, il est pas tout seul. Quelques étages plus haut, y a la chambre du Congrès (House of Congress) et la chambre des Représentants (House of Representatives). Bon, c’est sûr, ça a moins de gueule que notre Assemblée Nationale mais ils ont de sacrés fauteuils ! Pour finir, on grimpe à l’Observation Deck au dernier étage. De là, on se rend compte que Tallahassee, finalement, c’est pas bien grand et en plus, c’est perdu dans la forêt.
On ressort de là en se demandant à quelle heure ils commencent à bosser les fonctionnaires américains. Parce qu’il est 10h et à part nous et Christine, y a pas grand-monde dans ce building…
Tant qu’on est dans le quartier, on fait également un saut au Old Capitol State, celui qui était utilisé avant de devenir trop petit pour toute cet armée de fonctionnaires fantômes… et puis enfin, au Florida Historical Museum. Là, on apprend qu’il y a très longtemps, y avait des mammouths en Floride (sûrement les retraités qui venaient se mettre au chaud…) et que c’est ici qu’a été inventée la clim. En même temps, ça se comprend…
Cela étant dit, au moment où on reprend la route, il se met à pleuvoir. Et pas un petit crachin breton genre pipi de chat. Oh non ! Plutôt un déluge genre pluie tropicale. Si fort que les essuie-glaces peinent à tout essuyer et que la voiture soulève des gerbes d’eau plus haute qu’elle… impressionnant.
Et c’est toujours sous la pluie qu’on arrive au Wakulla Springs State Park. Ici, on a une chance d’apercevoir outre nos alligators préférés, des tas de jolis oiseaux et même, des lamantins. Mais pour ça, il faut prendre un bateau et vu ce qui tombe, les départs sont pour l’instant suspendus. Alors pour faire passer le temps, on pique-nique à l’abri dans le lodge du parc tout en allant régulièrement demander aux rangers s’ils remettent les bateaux à l’eau. Et la patience finit par payer : on embarque finalement avec tout un groupe de… retraités (sans blague !) et un capitaine à l’accent à couper au couteau. Mais peu importe, les lamantins sont là ! Et ils sont énoooormes ! Et probablement sourds vu qu’ils ne bougent pas à l’approche du bateau… ils sortent juste leur nez pour respirer de temps en temps. Dans l’eau un peu trouble de la rivière, on dirait de grosses quenelles…
En fin de journée, sur la route de Port St Joe, notre étape pour cette nuit, on s’arrête à l’Indian Pass Raw Bar, un resto dont la spécialité est les fruits de mer et plus particulièrement les huîtres, ulrta réputées dans la région. Crues, au four ou grillées avec du parmesan, y en a pour tous les goûts. Et vu le monde qu’il y a dans cette petite gargote du bout du monde, on se dit que ça doit valoir le détour. Bon, moi, je mange pas d’huîtres mais il paraît que c’était très bon. En repartant, on a droit à un superbe coucher de soleil sur la baie…
Photos ici.