Le marché de Bac Ha

Alors…

J’ai donc pris le train de nuit samedi dernier depuis Hanoi pour rejoindre la région de Sa Pa dans les montagnes du nord-ouest. Et peut-on savoir ce qu’il y a de si intéressant à voir là-bas ?

« Sa Pa est une charmante station climatique fondée par les Français en 1922 et la ville est orientée de façon à profiter du cadre splendide par temps clair (… nous y reviendrons). Juchée sur un versant escarpé et entourée de hauts sommets, elle surplombe une vallée jalonnée de rizières en terrasses (… ah… des rizières en terrasses, ça me rappelle quelque chose…). Souvent noyée dans le brouillard (… ah non ! ça va pas recommencer !), Sa Pa offre plus fréquemment des aperçus de ce paysage magnifique qu’une vue panoramique. Cependant, même par temps couvert et humide (… hum, hum !), la cité conserve beaucoup d’atouts, notamment son grand marché, fréquenté par les ethnies montagnardes de la région. »

Bon… bah, on peut pas dire qu’on n’a pas été prévenus…

« L’Histoire n’a pas épargné Sa Pa qui a souffert des guerres successives contre la France, les Etats-Unis et la Chine au cours du siècle dernier (NDLR : vous faire un petit rappel sur l’histoire du Vietnam un peu plus tard…). Mais l’essor du tourisme a marqué la renaissance de la ville et hôtels, boutiques et restaurants ont surgi comme des champignons. Autre conséquence de cet essor, la culture des ethnies montagnardes, dont les revenus dépendent désormais du tourisme, a fondamentalement changé. Les Hmongs et les Dzao rouges sont présents à Sa Pa. Les Hmongs, auparavant la minorité la plus pauvre de la région, sont désormais vendeurs d’artisanat ou guides de randonnée. »

Merci Lonely !

Donc en fait, je viens dans le coin pour aller au marché de Bac Ha (un peu plus loin, parce que celui de Sa Pa est devenu un marché de souvenirs pour touristes) et pour faire un trek de 3 jours dans les rizières et les villages de la région. Pour organiser tout ça, je suis passée par l’agence VietnamNomadtrails, chère mais comme j’aime, c’est-à-dire sympa et surtout hyper flexible.

L’aventure commence dès la gare d’Hanoi ou je dois faire appeler un certain Mr Tan qui doit venir me donner mon billet de train. Je trouve un guichet où un petit monsieur qui ne parle pas anglais me prête son téléphone gentiment. Je découvre par la même occasion que je ne suis pas seule à chercher Mr Tan : un couple de Français, M. et F., qui sont allés passer un an en Australie, attendent également. Bon, eux, ils ont pas réussi à convaincre le type de téléphoner à Tan mais bon…

Bref, Tan me répond «  OK, pas de problème, je suis là dans 15 minutes ! ». Une heure plus tard, (d’où l’intérêt de se pointer avec 2h d’avance…), toujours pas de Tan en vue… On se débrouille pour le faire rappeler, on nous dit d’attendre, on le fait rappeler encore une fois et finalement, c’est une agence de voyage qui finira par nous donner nos billets. Je soupçonne Tan d’avoir été pris d’une flemmite mythomaniaque aigüe…

Bref, je monte dans le train et là… WOW !! l’Orient Express !! (tout du moins comme je l’imagine) Déjà, à l’entrée du wagon, y a un gars en uniforme qui déroule un petit tapis et qui t’aide à porter ton sac jusqu’à ta cabine… Ah c’est sûr, ça change des conditions dans lesquelles je voyage d’habitude !! La méga classe… Des vrais matelas avec des petits chaussons, un kit de toilette, des petites lampes de chevet, des petites bouteilles d’eau, un gros cafard…. aaaAAAAH !! Comment ça un gros cafard ? Bah ouais, faut croire que les cafards aussi, ça aime le luxe. Un bon frisson et un gros coup de bouteille d’eau sur la tête dudit cafard plus tard, je me glisse dans mon « lit » et le train se met à cahoter doucement.

C’est à peine si je vois passer la nuit. Y a rien à dire, les trains vietnamiens, ça déchire. Je sais pas comment seront les suivants mais celui-là, il claque. A l’arrivée à Lao Cai, un petit gars m’attend avec une pancarte à mon nom, m’emmène dans un resto pour un petit déj « baguette-beurre-confiture » (héritage colonial oblige) et me dit que quelqu’un viendra me chercher un peu plus tard pour m’emmener à Bac Ha. Im-pec (deux-pec, trois-pec, …) ! De temps en temps, se laisser conduire, c’est bien aussi…

Je grimpe donc à bord d’un minibus cosmopolite (Canadiens, Chinois, Allemands, Français, Singapourienne) direction Bac Ha, 2 heures de route plus loin.

J’ai choisi une place près de la fenêtre pour admirer le paysage… Je passerai donc les 2 heures suivantes à papoter avec mes voisins français parce que le paysage… bah… il est sûrement très beau mais là, il est très très très timide… Tellement timide que même la route a tendance à se cacher. Jamais vu une purée de pois pareille.

Heureusement en arrivant sur Bac Ha, le brouillard se lève un peu et après un premier tour du fameux marché mené au pas de course par Cha, notre guide Black Hmong en tenue traditionnelle s’il vous plaît, le feu vert est donné et on se disperse parmi les allées colorées. Le marché de Bac Ha est en fait un des plus importants marchés de la région et de nombreux montagnards descendent à cette occasion faire leurs emplettes mais aussi acheter un buffle, des oiseaux, un poney, mais surtout discuter et boire des coups. Malgré le ciel gris, les tenues des femmes de toutes les ethnies différentes réchauffent sacrément l’ambiance et je profite de l’occasion pour goûter quelques spécialités locales (beignets au gingembre, à la patate douce, riz gluant frit dans une feuille de bananier, …) et pour m’asseoir à 20cms du sol entre 2 Vietnamiens pour déguster un bon petit pho bien cuit et recuit (soupe de nouilles avec un peu de bœuf et surtout un chouette bouquet d’herbes qui parfume le tout). J’irai ensuite m’apitoyer sur le sort des chatons qui grelottent sur des bâches plastiques et attendent de finir en ragout (oui, cette fois, c’est confirmé, les Vietnamiens mangent les chats, les chiens, les oiseaux et parfois des chenilles).

A 14h, le marché remballe et les touristes aussi. La suite du programme c’est « découverte d’un village Hmong fleurs »… Bon, on voit 3 bicoques en bois, 3 Hmongs fleurs et surtout 200 touristes à la queue leu leu qui mitraillent le moindre épi de maïs… tout ce que j’aime… Quinze minutes plus tard, on remonte dans le minibus, direction Sa Pa et c’est reparti pour 3 heures… Sauf que. Certains (ou plutôt certaine) n’ont pas été raisonnables. Ils se sont empiffrés de tout un tas de trucs différents et 3 heures de route de montagne dans la purée de pois, ça finit par mettre leur estomac à rude épreuve. Ce qui devait arriver arriva : ma voisine singapourienne finira par se dégobiller sur les genoux à 10 minutes de l’arrivée. J’ai été héroïque : j’ai pas bronché, je lui ai tendu un paquet de mouchoirs, j’ai dressé une barrière de lingettes entre nous (Dieu soit loué l’inventeur de la lingette !) et je me demande encore comment j’ai évité le cataclysme.

Le temps de passer à l’agence faire le point pour le trek des 3 prochains jours, il fait nuit, et je m’installe dans un petit hôtel où je m’offre le « luxe » d’un petit chauffage d’appoint (parce qu’il fait 5°C dehors et que je suis une chochotte…). Evidemment, on est en toute fin de saison et Sa Pa qui est entièrement tournée vers le tourisme ressemble un peu à une ville fantôme en ce dimanche soir. Une ville fantôme mais avec le wifi partout, des salons de massage et des magasins qui vendent des vêtements de montagne à tous les coins de rue. On se croirait à Chamonix !

Photos ici.

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